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Scuderia 1918 et Vivaldi Jumping investissent dans Feel Good Chance

Sport jeudi 23 juin 2022 Mélina Massias

Surfant sur une dynamique fort positive, l’écurie de groupe Vivaldi, lancée à l’initiative de Didier Krainc en 2020, a repéré une nouvelle monture prometteuse pour Kevin Staut. En partenariat avec Scuderia 1918, le groupe d’investissement a acquis la moitié de Feel Good Chance, sacré champion de France des six ans Autres Stud-books en 2021, lors de la Grande Semaine de Fontainebleau. Encore en pleine formation, cet attachant bai, décrit comme joueur et proche de l’homme par ses naisseurs, Marie Bourdin et Antoine Dechancé, que les performances de leur crack Vital Chance placent au deuxième rang du classement des meilleurs éleveurs mondiaux de chevaux de jumping, pourrait former la relève de son nouveau cavalier.

Kevin Staut, meilleur cavalier français du classement mondial Longines du mois de juin, a profité de Compiègne Classic pour effectuer ses débuts en compétition avec Feel Good Chance (OC, Cazador LS x Quick Star). Âgé de sept ans, le hongre a été acquis par Scuderia 1918, dont il a pris le préfixe commercial, et Vivaldi Jumping, société d’investissement déjà co-propriétaire des cracks Cheppetta (Holst, Chepetto x Cash) et Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie (SF, Quaprice Bois Margot, ex Quincy x Apache d’Adriers). Propriété de ses éleveurs, Marie Bourdin et Antoine Dechancé, jusqu’au mois de mai dernier, Feel Good Chance avait été sacré champion de France des six ans Autres Stud-book, l’an dernier, lors de la Grande Semaine de Fontainebleau, sous la selle de la Britannique Skye Higgins. “Feel Good est un peu Monsieur bonne surprise”, sourit Marie Bourdin. “Il était parmi les derniers étrangers (le hongre est Origine Constatée et n’avait pas accès aux épreuves réservées aux Selle Français et Anglo Arabe, ndlr) qualifiés pour Fontainebleau. Comme nous emmenions une autre de mes juments, Feeling Chance (SF, Cornet Obolensky, ex Windows vh Costersveld x Diamant de Semilly), nous avons pris Feel Good avec nous, dans le but de lui donner de l’expérience. L’idée première était de l'emmener à Oliva, en octobre. Et puis, à Fontainebleau il a fait un, deux, trois, quatre sans-faute, jusqu’à gagner ! Nous avons décalé notre sortie à Oliva à mars/ À ce moment-là, il y avait une pluie battante. Malgré tout, Feel Good a terminé troisième du dernier Grand Prix des sept ans de la tournée. Il est imperturbable et a à cœur de toujours bien faire.” 

Avant d’endosser son costume de premier de la classe sur les terrains de concours, Feel Good a vu le jour dans les herbages de Christian Baillet, sous le regard bienveillant de Floriane et Jacques Navet, à qui Marie et Antoine vouaient une confiance aveugle pour élever leurs protégés. Poulain modèle, le fils du tout bon Cazador, vainqueur jusqu’à 1,45m avec l’Irlandais Darragh Kenny, est ensuite débourré par Antoine Mineo à trois ans et confié quelque temps à Louisiane Chesnier l’année suivante, avant de retourner au pré. Teddy Thellier, avec qui travaillent les deux éleveurs pour l’apprentissage de leurs jeunes vers le haut niveau, prend le relais à cinq ans, sur des épreuves Formation, puis sur le Cycle classique à six ans. Quelques mois avant l’échéance de Fontainebleau, Skye Higgin récupère le bai avec l’objectif de courir des tournées internationales. Bien qu’écourtée plus rapidement que prévue, l’aventure entre ces deux-là aura été une vraie réussite. “À la base, nous ne voulions pas vraiment vendre Feel Good. Skye l’adorait et il était le petit chouchou de ses écuries. Même s’il ne fait pas le spectacle et ne fait jamais de sauts démesurés, elle a toujours cru en lui. Il est devenu splendide en quelques mois chez elle. Sa groom, Sandy Lesade, était également très attachée à lui. Mais l’opportunité de voir l’un de nos chevaux être monté par Kevin Staut nous a convaincus”, révèle l’éleveuse. “Feel Good a une grande personnalité et il est très rigolo. Il est joueur et adore les humains. Il a toujours été très gâté : les bonbons, les carottes, les caresses, il adore ça ! Il a un peu le même caractère que Vital Chance, bien qu’ils n’aient rien à voir du côté génétique. S’ils le pouvaient, tous les deux viendraient s'asseoir dans le canapé pour regarder la télévision avec nous (rires).”

Feel Good Chance poulain. © Collection privée

“Nous souhaitons tout le meilleur à Kevin avec Feel Good”, Marie Bourdin

Si Vital Chance (SF, Diamant de Semilly x Rivage du Poncel), la star de l’Irlandais Conor Swail et actuel deuxième meilleur cheval du monde d’après le classement édité par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH), est la tête d'affiche de l’affixe Chance, Feel Good descend d’une tout autre souche. “J’avais une très bonne jument de concours hippique, Queenie II. Je n’ai pas fait de grandes performances avec elle, mais elle avait notamment attiré l’attention de George Morris et Hubert Bourdy, qui auraient souhaité en faire l’acquisition. Elle était très près du sang, de par son croisement entre Franc Ryk, un Pur-Sang ayant couru une multitude de courses, et Brilloso du côté maternel. Elle était très respectueuse et avait une force colossale. J’ai décidé de la mettre à la reproduction. Elle m’a donné une jument par Kannan, prénommée Obain Marie. Cette dernière s’est également consacrée à l’élevage. Elle a engendré une bonne jument par Capital, vendue à une cavalière amateure qui l’adorait, puis une fille de Quick Star, Unbelievable Chance”, retrace Marie. Particulièrement proche du sang et délicate, cette dernière prend la relève de sa très bonne souche, d’où sont issus plusieurs chevaux indicés à plus de 140, à l’image de Duke I (Pierreville), Jeune Dame (Brilloso), Dynasty de la Loge (Quito de Baussy), Osanna de la Loge (Narcos II), Hang Over (Quappa) ou encore Figaro de Ravel (Sunderland). Son premier produit, un fils de Vagabond de la Pomme baptisé Do It Chance, performe à cinq et six ans sous la selle de Teddy Thellier. Suit Easter Chance (Dollar dela Pierre), vendu aux Etats-Unis en début d’année, puis Feel Good, qui montre beaucoup d’énergie dès ses premiers jours de vie. Parmi les plus jeunes produits d’Unbelievable, Marie et Antoine croient particulièrement en In Style Chance, une prometteuse fille de Candy de Nantuel âgée de quatre ans. Unbelievable Chance avait également engendré le regretté Jumping Jack Chance, un descendant de Diamant de Semilly.

Feel Good et Kevin Staut à Compiègne. © Agence Ecary

À Compiègne, Feel Good Chance a fait ses premiers pas sous la selle de son nouveau cavalier dans les épreuves réservées aux chevaux de sept ans. Le néo duo a conclu la compétition avec deux parcours à quatre points et un sans-faute. De quoi laisser entrevoir de belles choses pour l’avenir. “Nous souhaitons tout le meilleur à Kevin avec Feel Good et nous espérons qu’ils écriront une belle histoire. Peut-être que Feel Good connaîtra la même gloire que Vital Chance dans le futur”, rêve Marie Bourdin. Montrant des moyens, du sang et une très bonne technique des antérieurs, le hongre rappelle également Quel Homme de Hus, médaillé de bronze avec la Belgique aux derniers Jeux olympiques, dans sa façon de sauter. “Il rentre en quelque sorte sa tête lorsqu’il saute, mais, comme Quel Homme de Hus le fait aussi, cela m’a rassurée”, plaisante sa naisseuse.

“Pour Feel Good, nous nourrissons un vrai objectif sportif”, Didier Krainc

Grâce à ses fidèles soutiens que sont Scuderia 1918 et Vivaldi Jumping, Kevin Staut va donc pouvoir poursuivre la formation de ce jeune talent. “Nous avons créé Vivaldi Jumping il y a deux ans. L’idée est d’acheter des jeunes chevaux et de les valoriser sur le long terme, voire de les conserver pour Kevin s’ils atteignent le haut niveau. Dès 2020, nous avons investi dans cette optique. Ces deux premières années ont toutefois été difficiles, en raison du Covid et des problèmes de Cheppetta et Viking (en raison d’un problème à l’œil, la première a longtemps été en convalescence dans la région bordelaise, tandis que le second avait contracté une blessure lors du CSIO 5* de Rome en 2021, ndlr). Le projet a donc été mis quelque peu en stand-by, avant de repartir très fort cette année”, rappelle Didier Krainc, qui a importé ce modèle du monde des courses, dans lequel il est aussi impliqué via l’écurie Vivaldi. “Nous cherchions à acheter des chevaux depuis assez longtemps, pas forcément en entier, mais davantage en collaboration avec d’autres propriétaires. Kevin essaye donc régulièrement des montures. Récemment, nous en avons acquis deux : une six ans, Vida Loca (Z, Vigo d’Arsouilles x Cornet Obolensky) et Feel Good, à 50% avec Scuderia 1918. Nous sommes ravis de cette association. Pour Feel Good, nous nourrissons un vrai objectif sportif. Bien qu’il reste jeune, il a déjà montré un gros potentiel. Kevin a de bonnes sensations avec lui et nous espérons qu’il pourra être la relève de Viking, Cheppetta et nos autres bons chevaux. En tout cas, Kevin l’aime beaucoup et l’a conservé dans ses écuries, tout comme Vida Loca, tandis que nos autres jeunes chevaux, à l’image d’Halko (SF, Quinoto Bois Margot x Quatro de Riverland) et Feeling de Riverland (SF, Kannan x Kashmir van’t Schuttershof), que nous avons acheté l’an dernier lors des ventes aux enchères de l’élevage éponyme, sont montés par Eliott Souster et progressent bien. Nous comptions également Fantastico Riverland (SF, Quatro de Riverland x Jus de Pomme) dans notre effectif, qui a été cédé à Cian O’Connor en fin d’année dernière.”

Feel Good et son nouveau pilote à Compiègne. © Agence Ecary

Basée sur une mutualisation des moyens pour tenter d’atteindre le haut niveau, et sur le partage, l’écurie Vivaldi semble dans une très bonne dynamique, en attestent les dernières performances de Cheppetta, lauréate du Grand Prix 5* du Saut Hermès en mars puis classée à Sopot, et Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, de retour à très haut niveau et auteur de sans-faute dans le Longines Global Champions Tour de Ramatuelle, puis dans la Coupe des nations de Sopot. Après des débuts difficiles, marqués par les pépins de santé de Cheppetta et Viking, privés de sport pendant de longs mois, puis par la crise sanitaire, l’affaire semble enfin voir la lumière au bout du tunnel. “Nous avons commencé par vivre des choses pas très rigolotes. Nous avons d’abord manger notre pain noir. Maintenant, nous apprécions pleinement le pain blanc !”, ajoute Didier Krainc. “Kevin a un mental d’acier. En ce moment, il a quatre ou cinq chevaux de 5*. C’est vraiment génial. Lorsqu’il a cessé son partenariat avec le haras des Coudrettes, il est quasiment reparti de zéro. Le voir de nouveau dans le top 10, trois ans plus tard, après une année de Covid, est incroyable. C’est un cavalier hors du commun. Tous les membres de notre écurie de groupe sont particulièrement heureux du déroulement de cette aventure. Ce que nous avons vécu au Saut Hermès était incroyable et nous allons tous nous retrouver le 25 juin à la Tour Eiffel (où a lieu une étape du Longines Global Champions Tour, nldr) pour voir Cheppetta dans le Grand Prix. Ce concept, importé des courses, fonctionne très bien dans le jumping et nous permet de nous réunir, tous ensemble, autour du cheval. Nous organisons des repas festifs avec Kevin et tout le monde est impliqué dans le choix des chevaux. Nous allons organiser une journée dédiée aux écuries Vivaldi sur l’hippodrome de Clairefontaine. Nous sommes parvenus à mêler les gens des courses et du saut d’obstacles, ce qui est vraiment chouette.” Et de conclure : “C’est avec joie que nous avons investi dans Feel Good, que nous adorons. Il est sympa comme tout, s’adapte très bien à son nouvel environnement et a l’air d’être particulièrement doué.” Espérons désormais que le protégé de Marie Bourdin et Antoine Dechancé poursuive la belle aventure initiée par les passionnés réunis autour de Kevin Staut et ajoute d’autres titres de champion à son palmarès.

Photo à la Une : Kevin Staut et Scuderia 1918 Feel Good Chance à Compiègne. © Agence Ecary