Sanne Thijssen et son formidable Con Quidam confirment leur talent à Madrid
Pour la première fois de la saison, ce n’est pas l’Allemagne qui a triomphé sur une étape du Longines Global Champions Tour. Après les victoires de Ludger Beerbaum et Katrin Eckermann, les Pays-Bas ont été mis à l’honneur grâce à Sanne Thijssen. À seulement vingt-trois ans, cette talentueuse amazone compte déjà dans son palmarès les Grands Prix 4* d’Opglabbeek et Vejer de la Frontera, ainsi que celui du CSIO 5* de Rotterdam. Vient donc s’ajouter celui de Madrid, dans lequel elle a levé les bras, une nouvelle fois grâce à son formidable Con Quidam RB, qui a semblé voler au-dessus de chaque obstacle. En ayant tous deux coupé la ligne d'arrivée en 39”91, l’Irlandais Darragh Kenny et le Brésilien Marlon Modolo Zanotelli se partagent la deuxième place.
L’Espagnol Santiago Varela a dû se faire quelques sueurs froides, samedi 14 mai. Désigné comme chef de piste pour l’étape hispanique du Longines Global Champions Tour (LGCT), quatrième de la saison régulière, le technicien avait dessiné un parcours subtil, comprenant treize obstacles pour seize efforts, dont un triple, une rivière et une palanque, le tout dans un temps largement réalisable, sur l’immense piste en herbe de Madrid. La preuve, seul Jur Vrieling, sorti de piste avec trois fautes, a écopé de deux points de temps. Pourtant, en tout début d’épreuve, Sergio Alvarez Moya et Brian Moggre, tous deux auteurs d’un parcours à huit points dans la qualificative précédente, support de la Global Champions League (GCL), ont arraché un sans-faute qui paraissait presque facile. La porte à un barrage fleuve était alors entrouverte… mais s’est rapidement refermée, pour laisser dix couples se faufiler en finale.
Dans une premier temps, l’ultime vertical, défendu par une fine palanque, a semblé être le juge de paix du tracé, si bien que Bertram Allen, pourtant associé à Pacino Amiro, rompu à l’exercice, le Belge Gilles Thomas, classé à Miami et Mexico avec sa meilleure jument, le Néerlandais Bart Bles, le Turc Ömer Karaevli, l’Allemand Philipp Weishaupt ou encore les championnes olympiques par équipe Malin Baryard-Johnsson et H&M Indianna ont fait les frais de cet obstacle. Même Simon Delestre, pourtant en passe de décrocher son ticket pour la finale au chronomètre, a renversé ce maudit vertical numéro treize sur son passage. Résultat, le Lorrain termine onzième avec Tinka’s Hero, après avoir signé le tour à quatre points le plus rapide.
Outre la palanque, le triple, antépénultième difficulté du tracé, ainsi que le vertical numéro quatre, qui surplombait un bidet placé le long d’allées noires de monde, se sont aussi montrés redoutables. Ainsi, le centaure Marcus Ehning, le très en forme Denis Lynch ainsi que Sergio Alvarez Moya, lauréat de la GCL quelques heures avant, ne sont pas sortis indemnes de ce temps. À l’inverse, Yuri Mansur, Fernando Martinez Sommer, Marlon Modolo Zanotelli, Ioli Mytilineou, Jodie Hall-McAteer, Katrin Eckermann et Sanne Thijssen ont rejoint Eduardo Alvarez Aznar et Brian Moggre au barrage.
Sanne Thijssen prend son envol
Contrairement à l’acte initial, le second tour, réduit à huit sauts, s’est ouvert par plusieurs parcours fautifs. Eduardo Alvarez Aznar s’est, en effet, mal engagé dans sa finale aux rênes du bon Selle Français Bentley de Sury, un fils de Sunday de Riverland âgé de onze ans et né chez Brigitte de Faverges, dans la Nièvre. Le duo, qui participait à son septième Grand Prix de ce niveau, a enregistré son meilleur résultat, terminant dixième. Parti avec du train, Brian Moggre s’est laissé piéger par le vertical final avec son fidèle MTM Vivre le Rêve, né Urmel 117 du côté de l’Allemagne et surnommé Erkel. Sans doute ravi de retrouver son complice adoré, resté de l’autre côté de l’Atlantique tout au long de la saison estivale 2021, le jeune américain a occupé le huitième rang, juste devant le sympathique Mexicain Fernando Martinez Sommer, fautif sur le troisième obstacle du tracé avec Cor Bakker, sa monture de tête. Aux rênes de son olympique QH Alfons Santo Antonio, de retour à son meilleur niveau après avoir décrété une petite boiterie en fin d’année dernière, Yuri Mansur a, lui, renversé le numéro deux, pour achever ce concours madrilène à la septième place.
Premier à dérouler un barrage parfait, Darragh Kenny a coupé la ligne d’arrivée en 39”91 avec son formidable VDL Cartello, quinze ans mais fringuant comme un jeune homme. Le somptueux étalon gris, qui restait sur une victoire à 1,50m à Mexico après un hiver assez calme en termes de compétitions, a dominé son parcours. Mais, rapidement, Marlon Modolo Zanotelli a répondu à son homologue irlandais. En selle sur son imposant VDL Edgar M, l’Auriverde a tout donné. Bien qu’il ne semblait pas si rapide que cela, le pilote a parfaitement utilisé l’amplitude de son complice, notamment dans la dernière courbe du parcours, pour franchir les cellules en… 39”91 ! Longtemps, il a semblé que la victoire serait partagée, ce soir, à Madrid.
Sans prendre de risques inconsidérés, la Grecque Ioli Mytilineou a suivi une bonne stratégie sur son léger L'artiste de Toxandra. Sixième, le duo suit au classement final une autre jeune amazone, Jodie Hall McAteer. La Britannique, remarquée l’an dernier au pied de la Tour Eiffel, et notamment formatrice de l’excellent Hello Vincent, né sous le nom de Coquin de Coquerie, a enregistré une nouvelle belle performance avec Salt’n Peppa. Quatrième, Katrin Eckermann, lauréate de l’épreuve de Miami et douzième à Mexico, aurait pu offrir une quatrième victoire de rang à l’Allemagne sur le circuit de Jan Tops. Mais, la cavalière de trente et un ans a arrêté le temps en 40”91 avec sa Cala Mandia, malgré un tracé au cordeau. Ne restait alors plus que Sanne Thijssen pour tenter de chiper la victoire à ces messieurs. Contrat rempli pour la téméraire cavalière de vingt-trois ans ! Aux rênes de son cher Con Quidam RB, qui ne semble avoir aucun défaut, la Néerlandaise est partie tambour battant et n’a jamais baissé de pied, à part peut-être à l’abord du dernier vertical, qu’elle a dit avoir voulu assurer, sachant son rythme suffisant pour l’emporter. Déjà lauréate des temps forts des CSI 4* d’Opglabbeek et 5* de Rotterdam l’an dernier, la fille de Leon Thijssen avait démarré 2022 de la même manière, en s’offrant un Grand Prix 4* à Vejer de la Frontera. Avec ce nouveau succès, l’amazone et son étalon de seize ans, qui a joué de malchance dans sa carrière, confirment définitivement leur talent et seront à coup sûr de sacrés candidats pour les Oranje. “Je n’ai pas de mots pour décrire ce qu’il vient de se passer. Actuellement, je peine à parler et même à respirer”, a régi Sanne à chaud, quelques secondes après sa victoire, applaudie par tous les Espagnols massés sous le soleil madrilène. “Mon cheval a fait un travail fantastique. Après le dernier saut, c’était incroyable. Con Quidam était consacré à 100%, il a parfaitement terminé son parcours et ensuite, et j’ai eu un sentiment formidable.”
Photo à la Une : Sanne Thijssen et Con Quidam en route pour inscrire une dix-septième victoire individuelle à leur palmarès commun. © Sportfot