Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Rik Hemeryck : le rêve d'un travailleur

Reportages samedi 14 avril 2012 Julien Counet

Dernière partie de notre reportage en cinq volets avec le cavalier Belge Rik Hemeryck.

Par rapport à la fin de saison dernière où ça allait un peu moins bien, qu'est-ce que vous avez changé ?

« Evidemment, on cherche toujours des petites choses. Je trouvais que sa ferrure était une taille trop petite donc on a changé totalement ça. Maintenant, cela fait près de trois mois que je travaille avec un cavalier de dressage qui s'occupe aussi de Vigo d'Arsouilles. Je le travaille tout à fait différemment sur le plat et il y a peut être aussi toutes les petites choses que l'on a changé. Aujourd'hui, il sort deux fois par jour ce que l'on ne faisait pas avant. Au concours, on a un peu changé les guêtres derrière, je le monte tout à fait différemment au paddock … oui, évidemment, je cherche toujours à m'améliorer. Ce n'est pas parce que le cheval a 12 ans qu'on ne peut plus rien lui apprendre. On cherche les défauts, ce qu'on peut lui apporter, c'est peut-être toutes ces petites choses là qui font qu'aujourd'hui, ça va très bien. »

A Malines, vous aviez de nouveau énormément de pression sur les épaules avec de nombreux cavaliers qui tournaient autour de Quarco… Votre performance a eu le mérite de remettre les choses bien au clair ?

« Je pense que la pression est là tous les jours. Il faut aussi être bien conscient que Quarco est un hongre de 12 ans qui appartient à une charmante dame qui le considère comme son enfant … mais il a une très grande valeur donc il se peut qu'un jour, il soit vendu, mais ça, c'est la vie. Pour en revenir au Coupe des nations, je pense que lorsque je vais monter un Grand Prix à Malines, Göteborg, Paris … , j'ai aussi énormément de pression et je ne vois pas pourquoi je devrais avoir plus ou moins de pression parce que c'est une coupe des nations … mais lorsque ça va un peu moins à Göteborg, on n'en parle pas.  Je suis aussi un cavalier qui n'a pas tous les talents… je ne suis pas Gregory Wathelet qui est quand même un cavalier avec beaucoup de talent et que j'apprécie très fort. J'ai quand même travaillé chez Albert Voorn qui me disait lui-même qu'il n'avait pas de talent mais je pense que c'est vraiment à force de travailler tous les jours, sans relâche, que tout le monde peut y arriver. Je n'ai pas beaucoup de chevaux au travail mais tous les chevaux qui me sont confiés travaillent fort et si on parle de moi dans le milieu, je pense qu'on dira que Rik Hemeryck est un grand travailleur. Lorsque je rentre du concours, le lundi, je suis de nouveau à cheval et je monte tous mes chevaux et c'est peut-être grâce à cela qu'aujourd'hui, j'arrive au haut niveau. »

L'an dernier, le départ de Challenge vd Begijnakker et, à moindre mesure, l'arrivée d'Erco van't Roosakker ont fait coulé un peu d'encre. Comment avez-vous vécu cela ?

« Le départ de Challenge, j'étais évidemment très déçu car quand il a fait son refus à Aix-la-Chapelle, comme il évoluait à ce moment là, je me voyais aller aux championnat d'Europe et s'il y sautait bien, j'avais déjà un pied pour aller aux Jeux Olympiques. Malheureusement, il s'est arrêté là, j'ai dû faire de plus petits concours et à ce moment là, le cheval a vraiment eu un coup au moral … Le propriétaire m'a appelé après Calgary et m'a dit qu'il reprenait le cheval mais il y a une chose que j'ai voulu absolument, c'est rester en bon terme avec le propriétaire. J'ai compris son point de vue, s'il veut essayer chez un autre cavalier, on ne peut pas lui refuser, c'est quand même lui qui paie tous les mois la pension … etc. Je comprenais très bien la décision et aujourd'hui lorsque l'on se croise au concours, nous buvons une tasse de café ensemble. Il n'y a aucune histoire. J'ai été vraiment déçu après Aix la Chapelle, j'ai continué à faire des concours … puis Joris de Brabander m'a proposé de monter Erco. Je savais que c'était un très bon cheval qui était un peu trop fort pour sa fille, Karline, qui s'entraine régulièrement chez moi. Au début, j'ai eu un peu de mal avec lui puis de concours en concours, il va vraiment de mieux en mieux. Je ne veux pas du tout faire les mêmes erreurs que j'ai faites avec les autres chevaux. Cette année-ci, il va aller comme deuxième voire troisième cheval dans de grands concours et il ira faire quelques deux étoiles et lorsqu'il ira très bien dans les Grands Prix, il fera quelques trois étoiles… J'attends beaucoup, beaucoup de ce cheval … mais il faut le revoir d'ici un an ou deux. »

Un Darco, très sensible aussi. Y-a-t-il des similitudes avec Quarco ?

« Ce n'est pas du tout le même cheval car Quarco est un cheval très léger alors qu'Erco est un peu plus lourd. Quarco a un galop qui est difficile alors qu'Erco a vraiment un très bon galop. Ils ont tous les deux beaucoup de sang car même si Erco est un cheval lourd, il a beaucoup de sang. Au final, ce sont deux chevaux tout à fait différents. »

Vous collaborez actuellement avec un cavalier de dressage mais au début, avec Quarco, vous travailliez beaucoup avec Henk Nooren. Travaillez-vous encore avec lui aujourd'hui ?

« Oui. J'ai un peu ralenti cet hiver en fait mais je lui demande toujours conseil lorsque je reconnais la piste ou même au paddock et ce n'est pas parce que j'ai fait 3-4 mois un peu sans lui que je n'y retournerai pas. Lors du Saut Hermès, je lui ai d'ailleurs demandé si je pouvais y aller avec Erco et il ira ce mercredi chez lui. La seule chose, c'est qu'Henk me connaît très bien, je le connais très bien et il connaît Quarco par c?ur… Il m'apportait donc un peu moins puis il ne faut pas cacher que financièrement, lorsqu'on va toutes les semaines là-bas avec un ou deux chevaux, ça vous coûte aussi de l'argent. Je fais tout moi-même, je dois donc avant tout faire tourner mon écurie. Je suis tombé sur ce cavalier de dressage qui s'investit à 100% dans son travail et comme cela fonctionne bien actuellement en concours et que les résultats suivent, je continue comme cela. »

La vie est parfois étonnante. Cette année, vous allez disputer votre première finale de Coupe du monde en ayant disputé seulement quatre Grands Prix qualificatifs alors que la saison dernière, c'était un objectif malheureusement loupé.

« Je dois dire que durant ces deux saisons hivernales, on m'a souvent donné ma chance pour participer aux manches de Coupe du monde. L'an dernier, j'avais fait Oslo, Helsinki, Londres où j'ai fait sans faute et 4 points au barrage … mais je n'avais pas eu ce brin de chance nécessaire. Quarco sautait aussi bien à cette période là mais j'ai fait des petits 4 points comme à Malines sur le dernier ! Il me manquait juste ce petit brin de réussite que j'ai peut-être aujourd'hui grâce à l'expérience. »

Comment avez-vous vécu les désistements qui vont vous permettre de participer à cette finale ?

« Philippe Guerdat m'avait dit que les Anglais n'allaient pas être nombreux et que je ne serai pas loin de la finale. Ensuite, je regardais « Studforlife » et tout d'un coup, j'ai vu que Meredith Michaels ne participait pas, puis l'un, puis l'autre … et j'avais évidemment regardé qui était juste devant moi. C'était Angelica Augustsson. Lorsque je suis arrivé à Paris, la première chose que j'ai faite, c'est de lui demander si elle avait des nouvelles pour la Coupe du monde en me disant que comme elle était juste devant moi, elle aurait plus vite des nouvelles et elle m'a répondu qu'en effet, elle avait reçu un mail en début de semaine … mais qu'elle ne faisait pas la finale.

J'ai de suite été très content. Le soir, j'ai vu Steven Roche qui m'a dit qu'il savait qu'Angelica ne montait pas et que le suivant sur la liste serait appelé en début de semaine. Je pense que de tous les travaux que j'ai fait dans ma vie de cavalier, c'est vraiment un cadeau de pouvoir faire cette finale de Coupe du monde. »

Que peut-on vous souhaiter pour cette saison et le futur ?

« La première chose, c'est que j'aimerais vraiment me concentrer à fond sur cette finale de coupe du monde. J'espère que Quarco va sauter très bien, il est en pleine forme donc ça devrait bien se passer. Mon objectif serait de faire partie de la finale. Il ne faut pas rêver non plus mais si je pouvais finir 3, 4, 5ème, ce serait déjà magnifique.

Maintenant, je vais faire épreuve par épreuve. Je sais que le premier jour, c'est une chasse et que Quarco est très rapide. Evidemment, un petit 4 points peut toujours arriver mais il peut avoir un très bon temps. On fera ensuite étape par étape, je n'ai jamais fait de finale alors je dois un peu découvrir mais c'est certain que je ne vais pas y aller pour débuter en essayant de faire un petit tour sans faute tranquilou. Je suis un cavalier compétitif, j'ai toujours été vite lors des barrages, je ne changerai pas, ensuite c'est Quarco qui nous guidera. Pour la suite, il faudra que j'en parle avec Philippe Guerdat. J'espère pouvoir participer à Rome ou Saint Gall. En principe, je ne suis pas trop sur la liste pour ces concours là… mais si Quarco va très bien, j'aimerais quand même avoir ma petite chance de le montrer. Les Jeux Olympiques, je ne les vise pas … mais avec tous les désistements qu'il y a, je veux quand même garder mon cheval bien en forme. J'espère évidemment que Vigo et Valentina resteront en grande forme d'ici là… mais pour les autres couples, cela semble assez ouvert alors j'aimerais qu'on me donne ma chance. »

FIN !