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Quel cheval et quelles origines pour devenir champion de France ?

Urdy d'Astrée
jeudi 2 mai 2024 Jocelyne Alligier

La quête du titre de champion de France Pro Elite est l’occasion d’une belle confrontation entre des cavaliers français habitués du très haut niveau et d’autres plus coutumiers des pistes nationales. Qui sont les chevaux engagés dans cette course au titre national, où miser sur un cheval étranger s’est avéré être un bon choix ? Décryptage.

La liste des soixante-six chevaux alignés au départ de la première étape du Master Pro Elite de Fontainebleau, fin avril, fait apparaitre une très grande diversité d’origines, avec beaucoup de sangs venus des stud-books des pays voisins : vingt-huit chevaux sont immatriculés dans un livre de race étranger, tandis que parmi les trente-sept Selle Français en lice, dix-sept affichent un père né en dehors des frontières de l’Hexagone. De son côté, Olivier Robert avait sellé le seul Anglo-arabe de la partie : l’étalon Espri du Figuier, un fils d’Upsilon et Pomone du Figuier, par Ryon d’Anzeix, né chez Thierry Fruchet. 

Olivier Robert montait le seul Anglo-arabe du championnat de France Pro Elite : Espri du Figuier. © Mélina Massias

Trois étalons seulement se distinguent par la paternité de quatre partants. On note ainsi l’arrivée de la première génération du très prisé et malheureusement disparu prématurément Vigo Cécé (Quincy, alias Quaprice Bois Margot), encore en quête de confirmation sur une telle échéance. Et, sans surprise, on retrouve les deux sires très utilisés aussi bien par les éleveurs français que ceux des pays voisins : Diamant de Semilly et Kannan.

Deuxcatsix d'Eglefin, l'un des quatre produits du regretté Vigo Cécé aligné au départ du championnat de France Pro Elite. © Mélina Massias



Les Diamants plus brillants à l’international

Toujours performants sur la scène internationale, en attestent les sept et onzième rangs de Bond Jamesbond de Hay et Vannan, tous deux issus d’une fille de... Kannan, dans le Grand Prix 5* de Fontainebleau, où il comptait cinq représentants, le sire de Semilly a vu ses produits manquer de réussite dans le championnat de France Pro Elite. Charlotte Spaas Levallois, quatrième de l’édition 2023 avec Dream de Beaufour, une jument élevée par sa mère Sylvie Levallois, a signé une bonne Chasse, mais la première manche de la finale ne lui a pas souri. Julien Gonin, en revanche, y a signé un tour sans-faute aux rênes d’une autre fille de Diamant de Semilly, Estrella de la Batia, née chez Sabine Dechamboux, qui a – un peu trop - hérité du tempérament pétulant de son père de mère, Lando, avant de faire les frais de l’énergie débordant de sa baie en seconde manche. 

Lors de l'ultime acte de la finale, la bouillonnante Estrella de la Batia n'a pas facilité la tâche de son cavalier, Julien Gonin, et a été débordée par son énergie. © Mélina Massias

Les descendants de Kannan ont, eux, pu miser sur deux solides porteurs de célèbres affixes : Du Valon, né chez Jean-Pierre Herpin de Nouvelle du Valon, une fille de Quidam de Revel, et qui termine au neuvième rang de ce championnat sous la selle de Nicolas Layec, et Eleven de Riverland, fils Si Belle des Bois, par… Diamant de Semilly, né à l’élevage de Riverland et quatorzième avec Nicolas Sers. Kannan comptait aussi un des sept neuf ans au départ : l’agile Fais Pas Ca, né chez Gregory Gibault dans l’Allier, issu de Quintette Mail, par Fergar Mail, en parfait accord avec Mégane Moissonnier sur la première étape de la compétition. Mais pour cette génération nouvelle venue dans le grand bain, seul le puissant Feedback des Forêts (Ogano Sitte), présenté par Alexis de Roubaix, est allé jusqu’à l’ultime parcours. Sa mère, Volvic des Forêts, par Lupicor, a produit Kasallito des Forêts (Casall), gagnant du championnat Selle Français des deux ans.

Le puissant Eleven de Riverland et Nicolas Sers. © Jean-Louis Perrier

Très belle prestation pour Feedback des Forêts, meilleur représentant de sa génération dans le championnat de France Pro Elite. © Jean-Louis Perrier



Des chevaux d’expérience au rendez-vous

Après la première manche de la finale, les adeptes du Selle Français Originel ont pu rêver d’un titre pour Pierre-Marie Friant, aux commandes du bon Urdy d’Astrée, issu du mariage entre Bouffon du Murier et Quatchina d’Astrée, par Pamphyle, né dans l’élevage vendéen de Fabien Bachellereau et présentant un authentique pédigrée de ce terroir. Malgré la bonne forme de ce hongre de seize ans, une faute le relègue au cinquième rang, derrière la gagnante de la Chasse, la toujours véloce T’Obetty du Domaine, dix-sept ans. La complice de Harold Boisset et une fille de Kashmir van’t Shuttershof et O Betty du Domaine, par Diam’s du Grasset. Ce couple reste à la porte du podium, trusté par des cavaliers ayant fait le choix de chevaux nés dans d’autres stud-books. 

Sans une faute lors de son ultime parcours du week-end, Urdy d'Astrée aurait signé une victoire "sang pour sang" tricolore. © Mélina Massias

Toujours en pleine forme à dix-sept ans, T'Obetty du Domain a remporté la Chasse du championnat de France Pro Elite avec Harold Boisset. © Mélina Massias

Hasard ou nécessité, les cavaliers les plus en vue de l’équipe de France avaient d’ailleurs choisi des chevaux étrangers, sans beaucoup de réussite pour Julien Epaillard et Cancun Torrel (Cosinhus), alors que son Selle Français Originel Donatello D’Auge, (Jarnac et Tequila d’Auge x Hello Pierville), lui offrait la sixième place du Grand Prix 5* dimanche 28 avril, Kevin Staut et Cloé GP (Corrdino), Julien Anquetin avec le doyen de l’épreuve, Gravity van het Haverhof alias Gravity of Greenhill (Nabab de Rêve), dix-huit ans, ou encore Grégory Cottard, qui a tenté le coup avec sa toute nouvelle recrue Action Bellevue PS (Action Breaker). 



Un melting-pot de stud-books européens pour le podium

En revanche, Simon Delestre a signé un coup de maître en s’adjugeant la médaille d’argent pour sa toute première sortie en compétition avec l’irlandaise de douze ans Kinmar Agalux, fille du BWP Aganix du Seigneur et de Kinmar Lux Good, par le Hannovrien Lux, née chez Gerrard Marron. Le couple est l’un des trois doubles sans-faute de la finale, comme Alix Ragot, associé à son suédois de dix ans KS Carat, alias QH Sole Moi San Antonio, né chez Pernilla Sjostrand et Jonas Jonson. Ce gris, réactif sur les barres, est un produit de Canvas Plus, lui-même fils de l’excellent Cardento, et de KS Diamant, par Diabeau van de Heffinck. 

Coup d'essai, coup de maître pour Simon Delestre et sa nouvelle recrue, Kinmar Agalux, pensionnaire de ses écuries le temps du rétablissement de sa cavalière, la Thaïlandaise Janakabhorn Karunayadhaj. © Mélina Massias

Alix Ragot et le SWB KS Carat. © Jean-Louis Perrier

Fantasio Floreval, le nouveau champion de France, est inscrit au stud-book Zangersheide, mais est bien né en France, en Essone, chez Evelyne Plater. Le partenaire de Cédric Hurel est le fruit du croisement des sangs belges de Florian de la Vie, un fils de Berlin, né Caspar, et Une Dame du Seigneur, une fille de Clinton. 

Bien qu'enregistré au stud-book Zangersheide, le champion de France Pro Elite 2024 Fantasio Floreval est bien né en France ! © Jean-Louis Perrier

Trois autres chevaux nés à l’étranger entrent ont été appelé à la remise des prix du championnat de France Pro Elite, se classant respectivement entre les six et huitième rangs : Miss Marie v’t Winnenhof (Edjaz van’t Merelsnest), qui avait offert le bronze à Philippe Leoni lors de cette même échéance en 2022, Lord de Muze (Nabab de Rêve), monté par Mathieu Billot et Kipling van het Beetjen, une fille d’Epleasure van’t Heike présentée par Clément Boulanger. 

Sous la selle de Philippe Leoni, Miss Marie v't Winnenhof a confirmé sa bonne régularité. © Mélina Massias

De son côté, le championnat de France Pro 1 s’est achevé sur la victoire du cavalier et éleveur jurassien Alexandre Fontanelle, qui misait lui aussi sur une jument étrangère : la KWPN de neuf ans Kyra Rosa, par Cidane et Royal Rosa, par Damiro B, née chez J.E Kragt. Sacré champion de France Pro 2, Arnaud Bourdois a imposé le jeune Selle Français Gin Fizz des Matis, issu du mariage entre le Holsteiner Contendro I et la Selle Français Originel Perle de Cheux (Trésor de Cheux) imaginé par son éleveuse Isabelle Berzinger, tandis que le titre suprême de la catégorie Jeunes cavaliers est revenu à Alexandre Reumaux, juché sur le Selle Français Dragon Boy d’Ick, né chez Richard Dick et fruit du mélange des sangs belge du SBS Vagabond de la Pomme et allemand du Holsteiner Cash, le père de sa mère, Urline de Muze, fille de Fragance de Chalus et également à l’origine de l’étalon A Big Boy, père de la géniale Bonne Amie, gagnante du Grand Prix 5* de Doha sous la selle d’Abdel Saïd en début d’année !

Les résultats complets des championnats de France de Fontainebleau.

Photo à la Une : Le Selle Français Originel Urdy d'Astrée et son cavalier Pierre-Marie Friant sont passés à une barre du titre de champions de France Pro Elite 2024. Jean-Louis Perrier