Après moultes septièmes places, acquises sur quelques beaux terrains 5* l’an passé, Abdel Saïd et Bonne Amie ont cette fois marqué les sept points de l’essai transformé en s’imposant dans leur première épreuve internationale : un Grand Prix 5*. Sur la piste de Doha, le Belge et sa jument estonienne ont ouvert les hostilités de l’une nouvelle saison du lucratif Longines Global Champions Tour. Les deux complices se sont montrés redoutables face au chronomètre et ont repoussé les assauts de Harry Allen et Marcus Ehning, associés à leurs excellents Calculatus et Coolio 42.
La saison 2024 du Longines Global Champions Tour (LGCT) est lancée. Et de quelle manière pour Abdel Saïd et sa formidable Bonne Amie. “Je suis ravi de Bonne Amie. C’est une jument incroyable, mais c’est une grande dame sensible. J’ai rencontré quelques difficultés avec elle aux barrages l’an dernier. J’en faisais parfois un peu trop, ou ne montais pas avec assez de sentiment. Aujourd’hui, j’ai eu l’impression qu’elle avait gagné en maturité et avait grandi grâce à quelques petits changements. Je suis vraiment satisfait que tout ait bien fonctionné aujourd’hui. Bonne Amie mérite vraiment cette victoire”, a réagi le sympathique Belge. Septième des épreuves reines des CSI 5* de Miami, Mexico, Ramatuelle, Riesenbeck et Dublin l’an dernier, la baie de douze ans, née en Estonie, a réussi à transformer l’essai, samedi 2 mars au soir, sur la piste de Doha.
Alors que Wilm Vermeir, auteur du deuxième double zéro de ce Grand Prix avec son fidèle Iq van het Steentje, tenait la corde devant Abdulrahman Alrajhi, surprise de la série de concours organisée à Doha avec Ventago, son compatriote Abdel Saïd lui a coupé l’herbe sous le pied. Le Diable Rouge, qui pouvait légitimement espérer empocher sa première épreuve de ce niveau après un bon barrage bouclé en 39’’09, l’ancien représentant égyptien a lâché les chevaux, ou plutôt Bonne Amie, pour améliorer son chronomètre d’un peu plus d’une seconde. Malgré quelques ruades, et un geste des postérieurs marqué au-dessus des obstacles, la fille de A Big Boy (Kannan) et petite-fille de Landfriese I (Landadel), sur la Stamm 425 du Holstein, a coupé les cellules d’arrivée en 37’’33. Encore incertain sur l’issue du match, Abdel Saïd n’a pas tardé à arborer un large sourire en caressant sa complice.
Alors que les barres du barrage, imaginé par le maestro Uliano Vezzani et regroupant dix concurrents, tombaient, le Belge et sa jument n’ont pas tremblé. À part peut-être au passage de deux sérieux concurrents. Vainqueur par deux fois à Doha, en 2022 et 2023, hors LGCT, Marcus Ehning avait cette fois sellé Coolio 42, son excellent Stargold étant resté au repos ces deux dernières semaines malgré sa présence au Qatar. Le jeune duo, déshabillé de la bride qui l’avait accompagné vers la victoire du côté de Madrid il y a quelques semaines et évoluant sans martingale, a réalisé deux balades de santé. Si le geste de devant du fils de Casalito reste perfectible, il se sert à merveille de ses atouts et dégage une folle impression d’aisance en piste, si bien qu’on pourrait le croire en face d’obstacles à 1,40m. Face au chronomètre, le très plaisant bai brun formé par Marcel Marshall n’a pas encore toute l’expérience avec son Centaure de cavalier, mais a tout de même signé une prestation impeccable en 38’’08, laissant présager de grandes choses pour les mois à venir. “Coolio reste un cheval assez nouveau pour moi. Cela fait environ six mois que nous évoluons ensemble. Vendredi, il a signé un double sans-faute dans la Global Champions League, et il réitère aujourd’hui. Je suis très impatient de voir ce que l’avenir nous réserve et plus qu’heureux de ses prestations”, a confié Marcus Ehning.
Deuxième durant quelques secondes, la paire formée par Marcus Ehning et Coolio 42 a finalement été rétrogradée au troisième rang par le jeune Harry Allen, associé à son fabuleux Calculatus, un fils de Cachassini et issu d’une lignée maternelle somme toute modeste qui avait déjà démontré tout son potentiel l’an passé à Dublin, Gijon et Saint-Lô. Le cadet de Bertram Allen, ancien disciple de Marcus Ehning, a arrêté le temps en 37’’54, passant à un rien d’offrir sa première victoire en Grand Prix 5* à son hongre de dix ans. “J’ai eu beaucoup de chance : Bertram a pris l’avion hier pour m’aider. Nous avons établi un très bon plan et cela a payé”, a expliqué le jeune Irlandais, qui portait un bandage à la main gauche. “Je suis aux anges. Mon cheval n’aurait pas pu mieux sauter !”
Derrière les cinq couples à avoir réussi à conserver leur score vierge de bout en bout, Christian Kukuk, Olivier Perreau et Eduardo Alvarez Aznar ont réussi trois bons parcours à quatre points aux rênes de leurs respectifs Checker 47, GL Events*Dorai d’Aiguilly et Rokfeller de Pleville Bois Margot. Le premier, fils de Comme Il Faut, avait achevé 2023 tel un boulet de canon, avec de très bons parcours à Barcelone, et surtout Genève, où il avait terminé troisième du Grand Prix Rolex. Au repos pendant deux mois, le génial gris a repris du service en février sous la selle de… Ludger Beerbaum ! Officiellement retraité du très haut niveau, le Kaiser a profité du programme chargé de son pilote pour relancer certains de ses chevaux sur de petites épreuves dans son fief de Riesenbeck. Cela a semble-t-il payé, puisque Checker s’est classé lors des deux Grands Prix 5* organisé à Doha en l’espace de deux semaines. Bon bilan aussi pour Dorai d’Aiguilly, produit maison de la famille Perreau. La fille de Bijou Orai attaque cette année olympique sur le bon pied et devrait encore monter en puissance dans les mois à venir. Enfin, et à dix-neuf ans, son homologue Selle Français Rokfeller de Pléville ne baisse pas de pied. Deuxième sur cette même piste la semaine dernière, le fils de L’Arc de Triomphe a cette fois concédé une faute au barrage mais a de nouveau affiché une très bonne forme.
Avec huit et douze points, Philipp Schulze Topphoff et Christian Ahlmann n’ont pas su reproduire leur premier parcours et ont pris les neuf et dixième places avec Carla et Mandato van de Neerheide.
Photo à la Une : Abdel Saïd et Bonne Amie ont défilé en tête de leur premier tour d’honneur, samedi soir à Doha. © Ljuba Buzzola / LGCT