Ce jour-là, il n’est pas près de l’oublier. Aux côtés de Highway M TN N.O.P et Willem Greve, Richard Skillen a vécu un moment incroyable, en remportant le Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc. Depuis un peu plus de deux ans et demi, l’Irlandais de trente ans prend soin des montures de l’actuel trentième meilleur cavalier du monde. Pour Studforlife, le sympathique et souriant groom revient sur son week-end en terres bataves, mais aussi sur son parcours rempli d’expériences plus riches les unes que les autres, les collègues et amis qui lui ont le plus appris et sur ses extraordinaires compagnons de route à quatre jambes. Deuxième partie.
La première partie de cet article est à (re)lire ici.
Depuis un peu plus de deux ans et demi, Richard Skillen, riche de ses expériences précédentes, prend soin des chevaux de Willem Greve. “J’ai rencontré Dany (Daniel Gorbing, ndlr), l’ancien groom de Willem, sur un concours. Je venais juste de quitter mon ancien emploi et je ne savais pas vraiment dans quel genre d’écurie je voulais exercer. J’en ai discuté avec Dany et comme Willem était souvent sélectionné en Coupes des nations tout en faisant des concours de niveau 2 ou 3*, auxquels j’étais déjà habitué, tout en ayant des jeunes chevaux, ce que j’adore, je me suis dit que ce serait une bonne transition. Je suis allé rencontrer Willem et tout s’est bien passé. Nous avons de superbes écuries ici, à Markelo. Et puis je suis resté et je n’ai pas bougé d’ici depuis ! Nous avons eu la chance d’avoir Highway et Grandorado en pleine forme et de vivre de très belles expériences, notamment avec l’équipe néerlandaise”, narre l’Irlandais. “Cela m’a demandé quelques ajustements pour m’habituer à travailler avec les étalons et m’adapter au système de Willem, mais j’adore mes journées ici. Les écuries sont si calmes et tranquilles. C’est génial pour les chevaux. Cela rend le travail agréable et facile la semaine lorsque je ne suis pas en concours. J’apprécie tout autant le temps passé à la maison.”
Highway, le nouveau roi des écuries
Aux Pays-Bas, Richard a rencontré quelques chevaux d’exception, comme le fabuleux Highway M TN N.O.P, vainqueur du Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc dimanche 10 mars. “J’ai tout de suite accroché avec lui. Les gens peuvent penser qu’il est un peu grognon, mais lorsqu’on le côtoie au quotidien, il est extrêmement doux. Lorsqu’on le connaît, on sait lorsqu’il en a assez de nous voir et a besoin de tranquillité, ou si, au contraire, il a envie de passer du temps avec nous. Et surtout, il se bat toujours, peu importe l’épreuve dans laquelle il est engagé ou ce qu’il fait pour Willem : il veut toujours bien faire. Il sait lorsqu’il doit mettre les bouchées doubles et réaliser une bonne performance. Cet été, Highway a dû faire son premier Rotterdam. Un mois avant, lors d’une Coupe des nations 3* du circuit de la Fédération équestre européenne (EEF), Willem m’a confié qu’avec le sentiment qu’il avait en selle, on allait gagner à Rotterdam. Lorsque Willem a quelque chose en tête, il travaille pour et est extrêmement concentré. Nous avons remporté ce Grand Prix, puis avons pris part à la Coupe des nations de Falsterbo, où il a fait un sans-faute puis un parcours à quatre points. Il s’est battu comme un lion. Puis nous avons fait le Grand Prix (avec une deuxième place à la clef, ndlr), et encore une fois, il nous a tout donné. À chaque fois qu’il entre en piste, Highway veut vraiment se donner à cent pourcents pour Willem. C’est un personnage à part. Je pense qu’il veut être le roi des écuries ! (rires) Et il l’est devenu. Je pense qu’il le sait. Je lui laisse peut-être passer trop de choses, mais s’il continue de faire ce qu’il fait, je pense que c’est acceptable et qu’il a le droit de jouer au bad boy de temps en temps”, sourit le soigneur, originaire du nord de l’île d'Émeraude.
À Bois-le-Duc, à quelques kilomètres de ses terres natales, à Horst, chez Rita et Peter Verdellen, Highway a gagné son titre de roi des Pays-Bas à la loyale. Toute la semaine, Richard et son cavalier s’en sont tenus à leur routine, sans jamais perdre leur objectif de vue. “La semaine qui a précédé le concours a été normale. Nous avons travaillé comme d’habitude. Willem a son système et nous n’avons rien changé. Mercredi soir, lorsque je préparais le camion, Willem est venu me parler de son plan pour le week-end, de qui allait sauter quelle épreuve, etc. Willem est très bon pour cela : une fois son plan en tête, il s’y tient. De mon côté, je sais comment va se dérouler le week-end et cela est agréable”, révèle le groom du fils d’Eldorado vd Zeshoek. “En concours, j’aime bien longer mes chevaux, non pas pour leur demander un travail difficile, mais pour leur permettre de faire fonctionner gentiment leurs muscles et s’étendre. Sinon, ils marchent beaucoup en main. En général, après ces premières sorties matinales, les étalons sont toujours partant pour une petite sieste. En fonction des épreuves et des horaires, Willem les monte aussi sur le plat, puis vient l’heure de leurs parcours en piste. En règle générale, je ne fais rien de spécial. J’essaye de ne pas changer notre routine et les choses que nous faisons à la maison lorsque nous sommes en concours, même si les contraintes horaires sont un peu différentes. Le plus important pour moi est que les chevaux puissent se dégourdir les jambes et que tout reste aussi normal que possible. Je pense que tous les grooms essayent de faire cela en concours”, poursuit-il. Et cette recette a porté ses fruits le week-end dernier, pour le plus grand bonheur de tout l’entourage de Highway.
“Willem Greve est un super homme de cheval”
Depuis bientôt un an, Highway, douze ans, ne cesse de progresser et de s’imposer comme l’un des meilleurs chevaux du monde. Un temps dans l’ombre de Grandorado TN N.O.P, blessé une partie de la saison 2023, l’étalon KWPN est désormais bien dans la lumière. “Lors de ma première saison avec Willem, Highway était toujours notre deuxième cheval. Il sautait les épreuves qualificatives pour le Grand Prix et des parcours à 1,50m en général. Mais Grandorado avait un an de plus que lui. Depuis, Highway a vraiment pris du galon. Je pense qu’il a senti que nous avions besoin qu’il assume le rôle de numéro un et il a juste relevé le challenge. Willem et moi avons toujours cru en lui, et je pense que cela a été bénéfique pour lui. Il l’a senti. Plus on a cru en lui, plus il a voulu nous donner en piste. Et plus en on a cru en lui, plus il a brillé”, apprécie Richard. Dixième des championnats d’Europe de Milan et classé dans de nombreux Grands Prix ces derniers mois, Highway est désormais largement au niveau de son demi-frère, d’ailleurs bien différent, tant physiquement que mentalement.
“Pour deux fils d’Eldorado, Highway et Grandorado ont deux personnalités très différentes”, confirme leur groom “J’adore aussi travailler avec Grandorado. Granny est un peu plus sensible. Tout le monde l’imagine plus facile à gérer que Highway, mais il est parfois un peu délicat. Il m’a fallu du temps pour m’habituer à lui et découvrir ce qu’il aime ou non. Je me suis entendu beaucoup plus rapidement avec Highway. Cela étant, avoir Grandorado en concours est toujours un plaisir. Je l’adore. Il dégage une telle présence… Il est aussi spectaculaire et fait tout sans effort.”
Highway et Grandorado, les deux étalons de tête de Willem Greve, font partie des chouchous de Richard. “Je travaille avec beaucoup d’étalons maintenant. Avec eux, j’ai l’impression qu’on peut vraiment établir une connexion lorsqu’on les connaît. Dans le fond, ils sont beaucoup plus doux et tendres qu’on ne le pense”, souligne le jeune trentenaire. “Willem est un super homme de cheval et c’est l’un des avantages à travailler avec lui. J’essaye de l’être autant que lui. Je ne suis pas parfait, mais j’essaye d’aller dans le sens des chevaux, comme Willem le fait. J’apprends d’eux et travaille avec eux. On doit leur fixer un cadre, mais les laisser être des chevaux aussi.”
Pretty Woman, la future star du clan néerlandais ?
Si Grandorado n’était pas à Bois-le-Duc, Minute Man, né O’Neil van’t Eigenlo, et Pretty Woman van’t Paradijs étaient de la partie. Les deux descendants de Vigo d’Arsouilles, âgés de dix et neuf ans, ont rempli le contrat et réalisé de bons parcours jusqu’à 1,55m, confirmant leur progression. “Minute Man est un étalon très facile. En concours, lorsqu’il est avec Highway, je ne l’entends jamais. Je crois qu’il accepte que Highway est le boss ! Il est très sympa et je dois dire qu’il progresse beaucoup avec Willem. Il était un peu dans sa coquille lorsqu’il est arrivé, et il s’ouvre de plus en plus. Il a tout le talent du monde et le voir s’épanouir est très agréable. C’est bien pour lui qu’il commence à faire de grandes choses”, développe Richard. “Ensuite, j’avais Pretty Woman. Elle est très spéciale pour moi. Elle, Grandorado et Highway sont mes trois préférés. Pretty porte bien son nom. Elle adore ce qu’elle fait, elle adore sauter. Elle donne le sentiment de pouvoir tout faire à Willem. C’est un pur plaisir de travailler avec une jeune jument aussi talentueuse qu’elle. C’est très cool. Je n’ai pas prévu d’arrêter ce que je fais de sitôt, alors je devrais pouvoir être aux premières loges lorsque, on l’espère, Pretty fera les mêmes choses que Highway ou Grandorado. Pretty a tout le talent du monde et Willem croit énormément en elle. Alors je n’ai aucun doute que cela arrivera ! C’est très excitant pour l’avenir et cela permet de rester motiver aussi. J’apprécie de travailler avec les jeunes chevaux. Lorsque nous ne sommes pas sur un concours international, ou le mardi et le mercredi, nous nous rendons sur de nombreux événements nationaux réservés aux jeunes chevaux avec Willem. C’est très plaisant aussi. On voit les cinq et six ans sauter et débuter leur carrière. On apprend à découvrir celles et ceux qui nous accompagneront plus tard sur les pistes internationales. C’est super. Lorsque je passe un week-end avec Pretty, Highway et Grandorado, comme ce fut le cas à Amsterdam, je vis mes meilleurs jours. Les avoir tous les trois en concours avec moi me rend très heureux.”
Photo à la Une : Highway sait donner le sourire à tout son entourage, et en particulier à son groom, Richard Skillen. © Tiffany Van Halle / Vygo