L’étalon BWP Scuderia 1918 Halifax van het Kluizebos tire un trait définitif sur son rôle de sportif. À seize ans, et après avoir tant donné à Lorenzo de Luca aux quatre coins de la planète, le fils d’Heartbreaker va désormais se concentrer sur ses devoirs d’étalons. Si le bel alezan compte déjà quelques produits, la priorité a toujours été donnée à la compétition, mais ce temps est désormais révolu. Alors que la saison de monte s’apprête à battre son plein, le Groupe France Elevage va prendre en charge sa carrière de reproducteur.
Titulaire de près de 900.000 euros de gains, acquis au cours d’une prolifique carrière au plus haut niveau, dont les temps forts ont été réalisés au côté de Lorenzo de Luca, Scuderia 1918 Halifax van het Kluizebos s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire. Toujours en quête de nouveaux reproducteurs pouvant étoffer son offre, le Groupe France Elevage (GFE), a misé sur ce compétiteur d’exception. Et pour cause, l’attachant alezan, présente aussi de précieuses qualités qu’il semble transmettre à l’élevage, couplées à une génétique particulièrement intéressante. Fils du recherché Heartbreaker et de Dalida vd Heffinck, qui fait partie des juments d’exceptions du programme Mares of Macha (MoM), Halifax provient d’une solide souche. Si sa première mère, une fille du Selle Français Fétiche du Pas, n’a que peu produit avant de rejoindre les rangs de MoM et de s’adonner plus largement à la production d’embryons à partir de 2018, les autres juments de sa lignée ont produit de bons chevaux. Ovanna van de Heffinck, sa deuxième mère, a donné Upsilon et Versace, deux fils de Clinton vu jusqu’à 1,60m, toujours pour l’affixe van de Heffinck, ainsi que Cremant, un propre frère de Dalida qui a été exporté sur le continent africain. Mais, les excellents Utrillo van de Heffinck et ASB Conquistador (ex Bush van de Heffinck) sont sans doute les représentants les plus connus de cette lignée, made in Belgique.
“Je pense qu’Halifax a séduit tout le monde. Nous avons saisi une occasion qui se présentait à nous et nous sommes rapprochés de Scuderia 1918 et Stephex, afin de pouvoir gérer sa carrière d’étalon. Halifax a concouru jusqu’en 2022, notamment avec le jeune américain Michael Hughes. Ses propriétaires ont toujours voulu prendre leur temps avec lui, mais ont convenu, d’un commun accord, qu’il était temps de lui accorder une retraite sportive complète et de le concentrer sur l’élevage. Cela n’étant plus tout à fait le cœur de métier des écuries Stephex, nous nous sommes associés avec Scuderia (qui est désormais entièrement propriétaire de l'alezan, ndlr) pour ce nouveau tournant”, explique Brice Elvezi, Directeur du GFE. “Halifax est un crack cheval, qu’on a envie d’utiliser, issu d’une très bonne souche maternelle et certainement le meilleur fils performeur d’Heartbreaker. Tout cela nous plaît. Pour l’heure, il a environ deux cents produits (dont une vingtaine sont nés en France, ndlr), mais sa carrière d’étalon n’a jamais été la priorité, et les conditions auxquelles il était proposé étaient un peu compliquées. Nous allons désormais le proposer avec un contrat au poulain vivant, dans la même gamme qu’Untouchable 27 et Candy de Nantuel. Halifax a véritablement débuté sa carrière à l’élevage lorsqu’il est devenu numéro un mondial (en 2017, ndlr). Ses premiers poulains sont nés en 2018, voire 2019. Ils ont donc entre quatre et six ans. Jusqu’à maintenant, l’objectif a toujours été le sport.”
Avant d’être davantage utilisé à partir de 2018, Halifax avait déjà séduit quelques éleveurs les années précédentes. Ainsi, ses descendants les plus âgés, peu nombreux, ont douze ans. Si quelques-unes de ses premières filles se consacrent déjà à la reproduction, plusieurs de ses fils se sont frottés au niveau 1,40m et plus, à l’image de Modest van der Eik (mère par Skippy II), Monseigneur van de Ceulshagen (mère par Lys de Darmen), Halissa (mère par Landkaiser), Hazard van T&L (mère par Artos) ou le prometteur Prestige van het Kluizebos (mère par Corrado I), monté par le Belge Pieter Devos. Pour autant, les premières vraies générations d’Halifax, bien plus nombreuses, n’en sont qu’à leurs débuts. Parmi ces jeunes espoirs, cinq étalons, nés en 2019, sont d’ores et déjà approuvés. “Nous sommes évidemment très heureux et très excités de pouvoir proposer un tel cheval. Nous avons des numéros un mondiaux à l’élevage grâce à Kannan, Contendro ou encore Diarado, qui l’est encore actuellement, mais nous n’en avions jamais eu dans le sport. En plus, Halifax perpétue le courant de sang très recherché de Heartbreaker. Nous voulions vraiment un cheval avec ce caractère, cette envie de bien faire et ce mental de gagnant. Je crois que c’est vraiment ce qui le caractérise”, se réjouit Brice Elvezi. “Nous avons pu le constater lorsqu’il était au sommet du sport, où sa technique et sa souplesse faisaient aussi partie de ses gros points forts.”
Au haras de Saint-Lô, où il sera, tout d’abord, présenté aux éleveurs lors des portes ouvertes organisées samedi 1er avril puis distribué en frais, Halifax a une place toute trouvée. “Il sera entouré de Contendro, Stakkatol, Rahotep de Toscane et Jet des Forêts”, sourit le Directeur du GFE. “Et nous essaierons de le mettre à l’honneur l’année prochaine, au salon des étalons de Saint-Lô.” Surtout, son arrivée résulte d’une stratégie réfléchie. “Depuis quelques années, nous avons recruté des chevaux avec beaucoup d’envergure. Je pense bien entendu à Apardi, mais aussi à Suspens Floreval, Stakkatol ou Giovanni de la Pomme, par exemple”, ajoute Brice Elvezi. “Ils ont concouru au même niveau qu’Halifax, mais ont un physique qui leur confère de gros moyens et dégagent beaucoup de force. Halifax, lui, est plus sanguin. Il ressemble beaucoup à son père et s’est appuyé sur sa technique, sa souplesse, son respect et sa volonté pour briller dans le sport. C’est un cheval très énergique. On nous demandait depuis quelque temps un cheval un peu plus instinctif, qui correspond à ce que propose Halifax. Pour croiser leurs juments puissantes, un peu charpentées, les éleveurs pouvaient par exemple se tourner vers Candy de Nantuel, bien que cela ne soit pas toujours évident, lui-même ayant une mère par Diamant de Semilly, ou Contendro, par exemple, mais nous souhaitions leur offrir une option supplémentaire. De plus, Halifax a une très bonne semence, ce qui est aussi un point important pour nous, et il sera proposé à des conditions intéressantes.”
Côté sport, difficile de résumer la prolifique carrière de l’étalon BWP, né chez Stefan Delabie et déjà sacré champion de Belgique à six ans. Avec treize victoires internationales au compteur, dont le Grand Prix du CSIO 5* de Rome, qu’il a décroché en 2018, Halifax a permis à Lorenzo de Luca, son plus fidèle pilote, de connaître certaines de ses plus belles heures de gloire. Ensemble, le duo a parcouru le monde, de 2015 à 2021, de Miami à Knokke, en passant par Bordeaux, Aix-la-Chapelle, Vérone, Shanghai, Londres, Göteborg, Wellington, Madrid, Mexico ou Oslo. Formé par Frédéric Vernaet et Ben Schuurmans, l’attachant alezan, qui a conquis le cœur de nombreux fans, a également évolué quelques mois sous la selle de Daniel Deusser, avant de filer rejoindre le piquet du Transalpin Lorenzo de Luca. Ses nombreuses performances auront permis à Halifax d’amasser un peu moins de 900.000 €, de devenir le meilleur compétiteur du monde pendant plusieurs mois en 2017, devançant par exemple Clooney 51 et HH Azur Garden’s Horses, selon les classements établis par la Fédération mondiale de l’élevage et des chevaux de sport, et de recevoir le titre de cheval de l'année. Désormais, la page sportive se ferme pour le fils d’Heartbreaker, mais une nouvelle, toute aussi belle, s’ouvre.
Photo à la Une : Halifax van het Kluizebos face à la plage, à Miami. © Sportfot