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“Notre rôle est de tout mettre en œuvre pour aider les éleveurs dans leur réussite et faire perdurer les succès de 2024”, Bérengère Lacroix

Bérengère Lacroix
jeudi 30 janvier 2025 Jocelyne Alligier

L'année 2024 a été un grand cru pour le stud-book Selle Français, premier du classement annuel publié par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH) en saut d’obstacles et troisième en concours complet. Les succès des Jeux olympiques, où neuf des vingt représentants du livre de race hexagonal sont montés sur les podiums, puis du championnat du monde des stud-books à Valkenswaard, ont été les temps forts de ce millésime réussi. Bérengère Lacroix, directrice du stud-book Selle Français, revient sur 2024 et expose les perspectives possibles pour faire perdurer ces succès.

En plus des excellents résultats aux derniers Jeux olympiques, qui permettent au Selle Français d’être le meilleur stud-book de la compétition avec quarante-cinq pourcents de réussite, les éleveurs ont particulièrement apprécié d'être invités à Versailles, afin de voir leur protégé affronter cet événement. Comment avez-vous géré cette opération ?

La décision de s'impliquer dans l’événement des Jeux olympiques a été prise avec la Société hippique française (SHF). Elle est née d’une volonté commune de récompenser les éleveurs des chevaux Selle Français présents à Versailles. C'était une occasion de promouvoir le Selle Français, mais aussi de profiter de ce moment fort pour leur témoigner notre reconnaissance. À travers celles et ceux qui se sont rendus à Versailles, nous avons voulu saluer le travail de l’ensemble des éleveurs. Nous sommes très satisfait de voir qu'en plus des cavaliers français, d’autres nations ont pu compter sur des chevaux français pour décrocher des médailles (ce fut notamment le cas de Dallas Vegas Batilly (Cap Kennedy) pour la Grande-Bretagne, championne olympique par équipe avec Ben Maher, Caracole de la Roque (Zandor) pour les Etats-Unis, en argent aux côtés de Karl Cook, Dynamix de Bélhème (Snaïke de Blondel), médaillée d’argent en individuel sous la selle du suisse Steve Guerdat, en saut d’obstacles, ndlr). Nous espérons que cela générera de nombreuses retombées. Le soutien à la commercialisation fait partie de nos missions et nous espérons qu'à travers les succès de Versailles tous les éleveurs profiteront d'une belle promotion.

Dynamix de Bélhème, née chez Laure et Frédéric Aimez, fait partie des meilleures représentantes du Selle Français. © Scoopdyga

Il y a ensuite eu le championnat du monde des stud-books de la WBFSH, organisé à Valkenswaard. Là aussi, le Selle Français s'est illustré, en s’imposant dans les catégories réservées aux chevaux de six, huit et neuf ans. Comment avez-vous préparé cette échéance ?

Il s’agissait de la deuxième édition du championnat organisé par la WBFSH et nous avons profité de l’enthousiasme suscité par la première, où nous étions un peu partis dans l’inconnu. Nous avons été étonnés par l'engouement qu'il a suscité auprès des éleveurs/propriétaires et des cavaliers. Cet événement fait le lien entre le travail des éleveurs et celui des formateurs. La nomination de Franck Schillewaert, par la Fédération française d’équitation (FFE), comme chef d'équipe a été un élément fédérateur. Tout le monde s'est senti impliqué dans un championnat d'équipe, et, au-delà des équipes par tranche d'âge, s'est battu pour la victoire du collectif, autour du stud-book. C'est vraiment un beau rendez-vous, très sympathique. Il est entièrement géré par la WBFSH, en liaison avec la Fédération équestre internationale (FEI), puis chaque stud-book établit son propre règlement afin de désigner ses représentants.

À Valkenswaard, les couleurs du Selle Français ont brillé, à l'occasion du championnat du monde des stud-books. © Longines Tops International Arena



“Nous renforçons notre soutien au Selle Français Originel”

Après ces succès et de nombreuses performances internationales, couronnés par la tête du classement de la WBFSH en jumping et la troisième place en concours complet, comment abordez-vous 2025 ?

Notre rôle est de tout mettre en œuvre pour aider les éleveurs dans leur réussite et faire perdurer ces succès !  Le problème réside dans le fait que nous sommes sur un cycle long, dont on ne voit les effets qu'au bout d’au minimum cinq ou six ans. Nous devons donc avoir une réflexion permanente. Pour cela, nous continuons notre travail pour offrir aux éleveurs les meilleurs outils. Plusieurs axes sont lancés dans ce sens. Il y a tout ce qui concerne la jeune génétique. Nous nous sommes aperçus que les éleveurs utilisent une population d'étalons âgés et nous voulons attirer leur attention sur le risque de manquer l'amélioration génétique proposée par les nouvelles générations. C'est ainsi que le programme Génétique Avenir, destiné aux étalons approuvés de neuf ans et moins, applicable pour leurs trois premières années de monte, s’étendra désormais sur leurs cinq premières années. La prime PACE (Prime d'aptitude à la compétition équestre) sera réservée aux juments saillies par des étalons de seize ans et moins. Mais nous prévoyons une extension des points PACE dont peut bénéficier une jument grâce à sa mère, jusqu’à ses sept ans, soit une naissance lors de sa huitième année, car il est aussi souhaitable de favoriser la mise à la reproduction des jeunes juments. Nous voulons également présenter des tables de croisement plus claires. C'est pour cela que nous supprimons la notion de facteur de Selle Français : la labellisation des juments issues de stud-books affiliés à la WBFSH devient obligatoire. Nous renforçons notre soutien au Selle Français Originel en rendant accessible la prime PACE aux juments à partir d'un seul point PACE et sans restriction pour l'âge de l'étalon. Nous voulons aussi mieux faire connaître les travaux autour de la génomique. Dès le salon des étalons de Saint-Lô nous aurons des documents sur ce sujet essentiel.

Les équipes du Selle Français attaquent 2025 avec ambition et motivation. © Mélina Massias

Au sein de la communauté des éleveurs, un certain nombre de voix s'élève pour obtenir plus de transparence autour des nouvelles technologies de reproduction, notamment en ce qui concerne l'ICSI (Injection Intracytoplasmique de Spermatozoïde). Quelle est la position du Selle Français sur ce sujet ?

Notre rôle est de faire en sorte que les éleveurs disposent de tous les éléments de traçabilité et de transparence. Il serait dangereux de prendre position sans savoir. Nous sommes porteurs, pour les éleveurs, de cette demande d'information. Pour 2026, nous avons demandé que les naissances relevant de l'ICSI soient mentionnées sur les documents SIRE. Cela est possible grâce à la collecte d'informations, mais il y a différents éléments techniques à prendre en considération. Il y a une variété de nouvelles technologies à considérer, comme l'implantation d'embryons congelés qui n'ont pas forcément été collectés en vue d’une production par ICSI. Il faut avoir une vision complète des éléments d’information dont nous disposons. Par exemple, pour les naissances par transferts d'embryons qui sont enregistrées dans notre base de données, nous constatons que les produits ont tendance à avoir un indice de performance supérieur à la moyenne. Cela ne veut pas dire que la technique de reproduction est meilleure, mais on sait que ces poulains sont le résultat d'un investissement, que les éleveurs poursuivent généralement dans la valorisation de leurs chevaux. Une enquête de la WBFSH est en cours auprès des différents stud-books. Certains pays, comme le Brésil, offrent déjà une information détaillée. Dans le cas du Brésil, par exemple, cela s'explique par les très grandes distances qu’implique le territoire et qui favorisent le recours à des technologies sophistiquées. Il y a tellement de facteurs qui évoluent dans le domaine de la reproduction et autour que nous devons avoir une réflexion permanente, afin de travailler sur les bonnes informations, avec un jugement objectif.

Dans beaucoup de secteurs, les restrictions financières sont à l'ordre du jour. Comment se présente l'avenir du stud-book ?

Nous n'avons pas encore travaillé sur le budget, mais nous savons qu'il faudra bien faire avec des baisses annoncées. Néanmoins, nous ne sommes pas pessimistes car nous avons réussi à remonter nos fonds propres, nous permettant une autonomie de soixante-dix pourcents. Nous souhaitons développer nos ressources propres, dont l'essentiel provient des naissances. C'est le fondement de la filière ! On compte sur le dynamisme généré par les succès du Selle Français pour poursuivre dans cette voie !

Bérengère Lacroix compter "sur le dynamisme généré par les succès du Selle Français" pour continuer à faire prospérer le stud-book, en France comme à l'étranger ! © Mélina Massias

Photo à la Une : Bérengère Lacroix, directrice du stud-book Selle Français, se projette avec optimisme sur l'exercice 2025. © Jean-Louis Perrier