L’étalon approuvé Naxcel V, né chez Leo Vermeiren du croisement entre Balou du Rouet et Qaroline, une fille de Landetto, a fait forte impression lors de l’étape de la Coupe du monde Longines de Vérone. À seulement neuf ans, le BWP a terminé deuxième, sous la selle de l’Autrichien Gerfried Puck. En Italie, son frère utérin, Ornaat V s’est également offert une troisième place à 1,45m. La génitrice de ces deux mâles prometteurs descend de la lignée 72 du BWP et a donné, elle-même ou via ses filles, de nombreux performers internationaux, dont l’étalon Excenel V. Coup de projecteurs sur l’histoire derrière ces cracks en devenir.
Leo Vermeiren est un éleveur comblé par la réussite de sa jument Qaroline, mère, entre autres, du très en vue Equitron*Naxcel V, un fils de Balou du Rouet. “J’ai acheté Qaroline lorsqu’elle était pouliche, auprès d’un ami, il y a une trentaine d’années”, débute l’intéressé, installé à Loenhout, dans la province d’Anvers, en Belgique. “Elle est la pierre fondatrice de mon élevage. Qaroline s’est consacrée à l’élevage en raison d’une blessure mineure, survenue lorsqu’elle avait trois ans. J’ai fait naître environ vingt-trois poulains avec elle. Chaque année, elle a porté un poulain elle-même et j’ai également fait quelques transferts d’embryons. Elle a engendré tant de produits exceptionnels. Excenel V (Thunder vd Zuuthoeve), par exemple, a un temps concouru avec Harrie Smolders, avant de rejoindre Jamal Rahimov, puis Marcel Ewen. À quatre, cinq et six ans, il a été sacré champion de Belgique. Je me demande si cela est déjà arrivé à un autre cheval. Charisma V (Heartbreaker), une fille de Qaroline, a évolué jusqu’à 1,60m aux rênes de Grant Wilson. Au total, cinq descendants de cette jument ont pris part à des épreuves internationales, et trois sont des étalons approuvés au stud-book BWP. L’un d’eux a remporté l’approbation, et les deux autres ont terminé vice-champions.”
Une histoire d’amitié
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La précieuse Qaroline a vu le jour chez Jozef Vermeiren. Si le patronyme de Leo et Jozef suggère un lien de parenté, il n’en est rien. “Nous partageons le même nom de famille et habitons le même village, mais nous n’avons aucun lien de parenté. Nous sommes amis depuis de longues années”, s’amuse Leo. “Jozef a fait l’acquisition de la quatrième mère de Naxcel V, Vicky (Sudan - Lady x inconnu, éleveur : Remy de Schutter). Son père, Sudan, était par le Pur-Sang Sudan xx, et ses origines maternelles sont inconnues. Vicky était incroyable. Tout le monde voulait l’acheter, mais Jozef ne souhaitait pas la vendre. Son fils, Jan, l’a montée jusqu’à 1,30m en Belgique. À l’époque, il allait encore à l’université et je faisais travailler Vicky de temps à autre. Son coup de saut était exceptionnel. Vicky a donné à Jozef la jument Caroline, que sa fille a monté pendant une courte période. Lorsqu’elle n’a plus eu de temps à lui consacrer, Caroline est devenue poulinière. Son père était Wendekreis et, grâce à lui, elle disposait de très bonnes allures. Vicky a été croisée à Lys de Darmen, qui a ramené le sang de l’Anglo Arabe Et Hop AA. Cela a donné Maroline, qui a, plus tard, été exportée aux Etats-Unis, où elle a concouru jusqu’à 1,50m. Bien avant qu’elle ne rencontre ce succès, j’avais demandé à Jozef si je pouvais avoir une fille de Maroline. C’est ainsi que j’ai fait l’acquisition de Qaroline. Son père, Landetto, était phénoménal et était doté d’un formidable caractère. Je n’oublierai jamais comment cet étalon a sauté un triple lors d’une présentation d’étalon faite par Michel Spaas. Ils avaient mis des poneys sous les deux premiers obstacles de la combinaison, et des jeunes chevaux entre les plans de l’oxer final ! Landetto n’a pas montré la moindre hésitation pour franchir ces obstacles. C’était bluffant. Lorsqu’elle a donné naissance à Qaroline, Maroline n’avait que quatre ans. Cinq de ses six premiers produits étaient des femelles : une par Cash, une par Ahorn et trois par Heartbreaker.”
Varoline, la fille de Maroline et Cash, donne naissance en 2009 à Jura V (Thunder vd Zuuthoeve). Cette dernière engendre à son tour Equitron Melody vd Smidshoeve (Epleaser van’t Heiker), qui évolue à 1,60m avec Gerfried Puck, mais aussi la nouvelle star de Daniel Deusser : Narcos vd Smidshoeve (Toulon), lauréat vendredi 18 novembre d’une épreuve à 1,50m à Prague et ancien complice de l’Allemande Kendra Claricia Brinkop. “Nous avons vendu Jura V lorsqu’elle était âgée de trois ans, mais nous avons toujours essayé de racheter ses produits. Narcos est resté avec nous jusqu’à ses sept ans, puis a été cédé aux écuries Stephex pendant les championnats de Belgique. Nous sommes ravis que ces chevaux réussissent aussi bien sportivement parlant”, se réjouit Gert, le fils de Leo Vermeiren.
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Un partenariat long de deux décennies avec Gerfried et Robert Puck
Les noms de Gerfried et Robert Puck sont souvent associés à ceux des chevaux produits par la famille Vermeiren. Et pour cause. “Notre histoire remonte à vingt-cinq ans”, révèle Gert. “Robert louait une écurie dans notre village, et nous allions prendre des cours là-bas. Notre collaboration s’est étendue lorsque sa compagne a commencé à travailler pour Havikerwaard (une écurie et station d’élevage néerlandaise réputée, ndlr). Robert a monté Maroline, la grand-mère de Naxcel V. Si je ne me trompe pas, ils ont même participé au CSI d’Amsterdam ensemble. Olympic, un fils de Vicky et Lys de Darmen a participé aux championnats d’Europe d’Arnhem (en 2001, ndlr) avec Gerfried. À cette période, j’ai travaillé quatre ans pour Robert. Nous avons commencé ainsi. Naxcel V est resté à nos côtés car la belle-famille de Gerfried a investi en lui.” Depuis, éleveurs et cavaliers voient leur association fleurir.
Naxcel V, le bon élève devenu super star
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Avant de briller à Vérone, en s’inclinant face au couple double champion du monde en titre, à quoi ont ressemblé les débuts de la nouvelle star de Gerfried Puck ? “Naxcel a été élevé dans une écurie en Belgique, avec d’autres jeunes chevaux. Nous l’avons ramené à la maison lorsqu’il avait deux ans. Nous l’avons fait sauter trois ou quatre fois en liberté. Ce n’était pas particulièrement remarquable, mais il montrait de bonnes choses. Surtout, il n’a jamais touché une barre ! Ces qualités étaient suffisantes pour que nous le présentions à l’approbation. C’était le premier étalon que nous emmenions à un tel événement”, se remémore Gert. “Naxcel a été sacré champion ! C’était une immense surprise pour nous. Avec le recul, je dois avouer que nous n’avons pas vraiment réalisé ce qui s’était passé. Naxcel s’est confronté au saut en liberté avec beaucoup d’aisance, puis tout a été facile avec lui : de son débourrage à ses premiers sauts montés. C’est un peu l’histoire de sa vie : tout a été simple. J’ai seulement compris l’ampleur de ses qualités lorsque j’ai présenté d’autres étalons à l’approbation.”
Naxcel V, ici lors de son approbation au BWP.
Jusqu’à se révéler au plus haut niveau, Naxcel n’a jamais montré le moindre effort. Monté à quatre et cinq ans par Gert, qui l’a confié quelques semaines ci et là à Gerfried, notamment lors du championnat du monde des cinq ans de Lanaken, dont il a pris la quinzième place après une faute au barrage de la finale, le bel alezan a suivi une progression constante. Après les championnats de Belgique des sept ans, disputés avec Gert, l’étalon est resté définitivement chez son pilote actuel. “Voir Naxcel confirmer ce que nous pensions de lui est incroyable”, s’enthousiasme Gert. “À trois ans, il nous donnait déjà un sentiment extraordinaire. Lorsque je l’ai monté à sept ans, je savais qu’il devait encore progresser sur certains points, mais il m’a procuré des sensations vraiment spéciales.”
Moyens, bon caractère et respect
S’il est parfois difficile de concilier carrière sportive et élevage, Naxcel V a tout de même donné quelques produits. “Nous aimerions qu’il honore plus de juments. Je pense qu’il a environ quarante-cinq poulains. Trente sujets sont nés en Belgique lors de sa première année de monte. Nous en avons élevé cinq nous-même, et en avons acheté six. Je les ai vendus à des cavaliers internationaux”, explique Gert. “L’un est parti en Espagne et est devenu champion des quatre ans là-bas. Je pense que nous avons quelques très bons produits de Naxcel, mais seul l’avenir nous le confirmera.”
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Il faut dire que l’étalon, tout comme sa lignée maternelle, ne manquent pas de qualités. Moyens, envie de bien faire, respect ; tout est là. Il suffit de regarder la production de Qaroline et celle de ses filles pour le confirmer. À cela, il convient d’ajouter la facilité d’exécution dégagée par le fils de Balou du Rouet. “Naxcel V a un caractère incroyable. Il a fait la monte en frais et en congelé, mais il se comporte très bien lorsqu’il est en concours et entouré d’autres chevaux. Tous nos chevaux ont bon caractère”, souligne Leo. “J’ai utilisé l’étalon Convento van de Helle sur Qaroline. C’était un fils de Contender. J’ai vendu la jument issue de ce croisement, et son nouveau propriétaire a fait naître Karoline of Ballmore (Diarado, lauréate du dernier Grand Prix 5* de la tournée du Winter Equestrian Festival de Wellington au printemps dernier, ndlr). Elle est aux Etats-Unis et évolue à haut niveau avec Ashlee Bond. Cette souche est fantastique.”
Et l’avenir pourrait bien réserver de belles surprises à la famille Vermeiren. “J’ai encore quatre poulinières issues de cette lignée. Je suis à la retraite, et je poursuis cette activité d’élevage avec mon fils, Gert. À l’époque, j’étais à la recherche d’une bonne jument, et j’ai trouvé Qaroline. Grâce à elle, j’ai commencé à vraiment étudier les lignées maternelles et j’ai bénéficié de l’aide de super personnes”, achève Leo Vermeiren. “Je n’élève qu’à partir de cette souche et je peux dire que je suis fier de ce que j’ai accompli. Faire naître des chevaux était vraiment une passion. Pour des raisons de santé, j’ai levé le pied, mais je suis toujours au milieu des chevaux, chaque jour.”
Adriana van Tilburg
Photo à la Une : Gerfried Puck et Equitron*Naxcel V lors de leur première épreuve de la Coupe du monde Longines, à Lyon. © Mélina Massias