“Messi van’t Ruytershof sera mon prochain cheval de championnat”, Janne Friederike Meyer-Zimmermann (2/2)
Emerald, Le Blue Diamond, Diamanthina, Pegase… La dynastie des Ruytershof est loin, bien loin d’être terminée. Alors que Luna était sacrée championne de Belgique cette année, un autre représentant de l’affixe belge a éclos au grand jour : Messi. Le bien nommé a ébloui son monde en se révélant pour sa première vraie saison au plus haut niveau. Sensible, timide, presque introverti, l’immense bai au doux regard a bénéficié, au cours de ses dix premières années de vie, de toute la panoplie pour devenir un champion. Né au cœur des prairies de Bert van den Branden, à l’origine de la reproductrice star qu’est Carthina et de la myriade de cracks qui en découlent, le BWP a ensuite été formé par nul autre que Kurt de Clercq, avant de rejoindre Janne Friederike Meyer-Zimmerman. Après avoir fait sensation dans les Coupes des nations de Sopot et Aix-la-Chapelle cette saison, la paire nourrit, à juste titre, de grands objectifs, et vise, notamment, les Jeux olympiques de Paris 2024. Portrait en deux volets.
La première partie de cet article est à (re)lire ici.
Comme souvent, Kurt de Clercq prend son temps avec son jeune élève, et préfère pratiquer le saut d’obstacles en compétition plutôt qu’au sein de ses propres installations. “À la maison, nous avons beaucoup travaillé, aussi bien d’un point de vue physique que mental. Tous nos chevaux vont au pré quotidiennement. Notre idée est qu’ils doivent avant tout être heureux pour performer”, appuie Kurt. “Nous avons très peu sauté à l’entraînement. À la place, nous avons fait pas mal de concours, mais de petites épreuves. C’était une bonne chose pour Messi en raison de sa grande sensibilité. Il a suivi le Cycle belge à quatre, cinq et six ans. À quatre ans, il a été sacré champion de Belgique (à Gesves, ndlr), puis il a remporté le Cycle national des jeunes chevaux de son âge l’année suivante, ainsi qu’été finaliste aux championnats national et du monde (à Lanaken, ndlr). À six ans, avant d’être vendu à Janne (Friederike Meyer-Zimmerman, ndlr), il a disputé six épreuves sur le Cycle belge, avec autant de doubles sans-faute à la clef.”
Gagner sa confiance
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“Nous avons trouvé Messi lorsqu’il avait cinq ans. Il était dans une écurie en Belgique. Kurt de Clercq le montait en concours et il se montrait très prometteur dans les épreuves jeunes chevaux. Nous faisons toute confiance à Kurt pour former et éduquer les jeunes chevaux. Encore aujourd’hui, nous travaillons ensemble. Avec Messi, Kurt a toujours dit ‘c’est un cheval spécial, avec un grand avenir’, mais il était également spécial à monter”, se souvient Janne Friederike Meyer-Zimmerman. Parfois emporté par ses émotions, le hongre a pû donner du fil à retordre à ses cavaliers. “C’était un cheval très sensible. Il a vraiment besoin de faire confiance à la personne avec laquelle il travaille. Une fois cela acquis, Messi est extrêmement généreux”, dépeint Kurt. “Poulain, Messi était un peu timide”, ajoute Bert van den Branden, son naisseur.
Et Janne de reprendre : “Messi est très calme avec les gens, et vraiment proche de l’Homme, mais il a peur des autres chevaux. Au début, je dois dire que cela était un peu difficile à gérer. Je n’ai pas pu disputer beaucoup d’épreuves jeunes chevaux avec lui parce qu’il était trop effrayé au paddock et je ne pouvais pas effectuer ma détente correctement. Pour cette raison, je l’ai surtout présenté dans des concours comme Oliva, où les pistes sont spacieuses. Cela permettait d’éviter qu’il s’approche trop des autres chevaux. Au départ, nous n’avons pas fait d’indoors, parce qu’il était vraiment, vraiment intimidé. Je ne voulais pas l’apeurer davantage et j’ai pris le temps de le faire évoluer petit à petit. Il a vraiment besoin de nous faire confiance. Il est un peu timide, mais vraiment adorable. C’est un cheval très respectueux. Il n'essaiera jamais de mordre ou de taper. Il faut simplement prendre le temps de gagner sa confiance.”
Rapidement, un lien solide s’est tissé entre les deux complices, si bien qu’ils forment aujourd’hui l’un des duos les plus en vue à haut niveau. “Nous avons rendu visite à Janne, et nous avons pu constater que Messi est vraiment heureux. Ils forment un super couple. Janne est une cavalière qui aime sincèrement ses chevaux. Messi fait beaucoup pour elle, et inversement. Messi avait sans doute aussi besoin de cela : une personne capable de le gérer au mieux”, louent Kurt et sa compagne.
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Pas à pas
Mais quel chemin a suivi le timide Messi, alors presque inconnu du grand public, avant de briller au grand jour, à partir de 2022 ? “À huit ans, nous n’avons pas fait beaucoup de concours, en partie à cause du Covid (la paire compte seulement douze sorties internationales en 2020, ndlr)”, détaille Janne. “Nous avons pris part à quelques épreuves nationales et avons poursuivi son éducation, le tout sans être sous le feu des projecteurs. Par exemple, il n’a pas participé au CSI réservés aux jeunes chevaux à Aix-la-Chapelle. Cette année était sa première expérience sur cette piste ! L’an passé, Messi avait neuf ans. Je savais déjà qu’il serait un atout précieux pour le futur. Nous avons une bonne relation tous les deux, et je crois que nous nous connaissons presque par cœur, mais il n’a pas énormément d’expérience. Il a progressé de ses premières épreuves comptant pour le classement mondial, jusqu’à son premier résultat en Grand Prix 3*. Ensuite, j’étais enceinte, et mon dernier concours a eu lieu en septembre. Je me suis évidemment reposée quelques mois, puis nous avons repris la route des compétitions en mars dernier, à Oliva. Tout est allé très vite pour moi après ma grossesse, mais pour Messi aussi. Nous avons remporté notre premier Grand Prix 4* à Hagen en avril, ce qui était très important pour moi. J’ai pu montrer que j’étais de retour et que j’avais un excellent cheval. Avant cela, c’est assez drôle, mais peu de gens connaissaient Messi. Bien sûr, nous savions qu’il était spécial, Kurt le premier, ainsi que quelques autres personnes qui l’avaient vu, mais il n’était pas au centre de l’attention. Il a plus que fait ses preuves en étant double sans-faute dans les Coupes des nations de Sopot et Aix-la-Chapelle, ce qui m’a rendue particulièrement heureuse et fière de lui. L’immense piste d’Aix-la-Chapelle peut être effrayante pour certains chevaux, avec ce terrain en herbe, l’éclairage artificiel, etc, mais il a prouvé qu’il était à la hauteur. Depuis, je pense que tout le monde sait qu’il fait partie des meilleurs chevaux du moment. Je continue à prendre mon temps : nous n’avons pas disputé d’épreuve majeure après avoir été réservistes pour les championnats du monde. Il a eu un peu de repos et pris part à quelques petits parcours, pour le garder heureux.”
Cette formation progressive et tout en douceur, effectuée tour à tour par Kurt et Janne, a eu le mérite de laisser cet imposant cheval grandir à son rythme, tant mentalement que physiquement. “J’ai toujours espéré qu’il deviendrait le cheval que nous voyions en lui. Il a un corps très long. Lorsqu’on le voit en mouvement, on peut parfois penser qu’il est un peu faible. De temps en temps, pendant ses jeunes années, je me demandais s’il allait rencontrer des problèmes plus tard pour se rassembler, par exemple pour aborder un triple. Messi est un grand cheval, mais il est tellement intelligent qu’il peut tout apprendre. S’il y a quelque chose que l’on de ne peut pas faire pour l’instant, il finira par l’assimiler et sera capable de le faire, tôt ou tard”, encense l’amazone. “Lorsqu’on le regarde dans son box, il donne l’impression d’être aussi long que deux chevaux ! Mais, dans mon esprit, je retiens surtout son intelligence et son respect. Il a les moyens, et malgré sa taille, il a du sang. C’est pourquoi il peut aussi être rapide. Il est beaucoup plus pratique qu’il ne laisse paraître. Lorsqu’on le monte, on n’a pas l’impression d’être sur un grand cheval.”
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Vers Paris et au-delà
En plus de sa formation sur-mesure, Messi bénéficie, chaque jour, de toute l’attention de l’équipe qui l’entoure. “Il sort de son box plusieurs fois par jour. Il va quotidiennement au pré, sauf si le temps ne le permet pas. Dans ce cas, il profite du paddock, puis va au marcheur. Nous le montons, le longeons ou l’emmenons en promenade en fonction de son programme. Nous essayons de le garder actif. Il aime être à l’extérieur. Comme il est grand, il a besoin d’être en mouvement aussi souvent que possible. Cela lui permet de rester souple dans son corps. Nous sommes occupés toute la journée avec lui”, s’amuse Janne.
Avec son regard doux, et toutes ses qualités, le bai en ferait craquer plus d’un. Et, à n’en pas douter, bien d’autres cavaliers. Mais, son amazone allemande peut être rassurée. “Nous avons un partenariat avec Jürgen Fitschen, qui était l’ancien propriétaire de Goja (vd Begijnakker, ancien complice de l’Allemande, auteur de nombreux clear rounds en Coupes des nations de première division et notamment deuxième du Grand Prix 5* de Vienne en 2016, ndlr). Il nous soutient en faisant l’acquisition de jeunes chevaux à grand potentiel. Le travail de mon mari, Christoph, est de les trouver, puis le mien est de les former pour le sport de haut niveau. Nous allons conserver Messi et il sera notre prochain cheval de championnat”, assure Janne. “J’aime aussi le sentiment d’avoir grandi ensemble. C’est chouette d’avoir un cheval déjà près pour sauter de belles épreuves, mais en formant son propre groupe de jeunes chevaux, lorsqu’on atteint le niveau escompté, on les connaît déjà par cœur. Se faire confiance mutuellement est un sacré atout pour affronter les échéances majeures.” Et des grands événements, Messi van’t Ruytershof et Janne Friederike Meyer Zimmerman devrait en affronter. À coup sûr, les deux complices donneront tout pour être de la partie, à Paris, dans moins de deux ans, et être les messies de l’Allemagne.
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Photo à la Une : Messi van’t Ruytershof et Janne Friederike Meyer Zimmerman sur l’immense piste d’Aix-la-Chapelle. © Mélina Massias