Le barrage signé par Max Kühner et EIC*Cooley Jump The Q dans le Grand Prix Coupe du monde de Londres frôle la perfection. Si le duo était battable par qui tenterait d’aller plus vite et de serrer encore davantage ses courbes, la mission s’est révélée impossible. Pas même les redoutables Robert Whitaker et Vermento n’y sont parvenus, tandis que l’impression de vélocité laissée par deux autres héros locaux, Donald Whitaker et Millfield Colette, a été balayée de plus d’une seconde et demi. Deuxième, la grise s’incline, mais supplante l’impressionnant Chatolinue PS, complice fraîchement débarqué sous la selle de Cian O’Connor et déjà sensationnel. Le duo complète un podium pris d’assaut par trois chevaux nés en 2013 !
Deux héros locaux tirés de la longue dynastie des Whitaker pour jouer la victoire, mais un Autrichien trouble-fête. Le charmant Jumping international de Londres, relocalisé à ExCel depuis quelques éditions déjà, n’a pas failli à sa réputation. Dimanche 21 décembre, le Grand Prix Coupe du monde a fait vibrer le public local, évidemment tout acquis à la cause de ses deux gloires maison : Donald et Robert Whitaker. Associé à Millfield Colette, son incroyable grise à l’efficacité inégalée, le premier avait toutes ses chances. Ouvreur du barrage, où seulement cinq paires sont parvenues à se qualifier à l’issue d’un parcours exigeant au temps accordé piégeux, le Britannique n’a pas laissé grand-chose en route. Impressionnante de vélocité, sa complice des derniers championnats d’Europe, qui a catalysé la saison et la carrière de Donald Whitaker, semblait en bon chemin pour glaner le plus beau succès de sa vie, du haut de ses douze ans. Mais Sue Jaggar, son éleveuse, devra attendre encore un peu avant de déboucher le champagne. Si la fille de Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky, a coupé la ligne d’arrivée de ce second parcours en 35’’52, EIC*Cooley Jump The Q, son conscrit et partenaire de Max Kühner, a fait mieux juste après elle. Le fils du regretté Eldiam de Rêve, alias Pacino, un BWP aux origines "sang pour sang" françaises, a amélioré le temps de référence de plus d’une seconde et demi et n’a jamais été rattrapé.
“EIC*Cooley était vraiment avec moi aujourd’hui, j’ai senti ce qu’il attendait de moi, notamment un certain soutien en selle. Il était très à mon écoute, ce qui nous a permis d’aller vite tout en restant connectés l’un à l’autre. Cela m’a procuré un très bon sentiment ! Venir à Londres est toujours un grand plaisir. Le public est vraiment génial, et il y a toujours de l’ambiance. Les gens nous soutiennent tous, même s’ils ont évidemment un petit faible pour les Britanniques”, a souri le discret et presque un brin timide Max Kühner, qui a remporté son premier Grand Prix Coupe du monde, lui qui a si souvent collectionné les deuxièmes places.

Quelle victoire pour Max Kühner et EIC*Cooley Jump The Q ! © Jon Stroud / FEI
Souvent dans l’ombre de ses camarades d’écuries, dont Elektric Blue P et EIC*Up Too Jacco Blue, Cooley Jump The Q a remporté la plus belle victoire de sa carrière, et avec la manière ! Le hongre ISH n’a, en effet, rien laissé au hasard, suivant parfaitement les indications de son cavalier. Grâce à un tracé sans faille, le duo a mis la pression sur ses poursuivants, poussant les uns à la faute et les autres à assurer un double zéro. S’il a montré quelques signes de tension en piste, notamment avant que la cloche sonne, le bai brun a laissé une impression générale de calme, si bien que son avance sur Millfield Colette, qui brille par un style opposé, fut presque une surprise.

Un court instant, le public d'ExCel, nombreux pour profiter de cette belle fête à l'esprit de Noël, a cru en la victoire de Donald Whitaker et Millfield Colette. © Jon Stroud / FEI
Stratégie payante pour Cian O’Connor, déception pour Robert Whitaker et Pénélope Leprevost
Né sur l’île d’Émeraude comme la monture de Max Kühner, Cian O’Connor était déjà ravi de son sans-faute dans l’acte initial de l’épreuve, et le sera sans doute encore plus avec sa troisième place finale. Alors qu’il ne monte le spectaculaire Chatolinue PS que depuis quelques semaines, le numéro vingt-deux mondial a déjà trouvé les codes. Remarquable à Genève, où il a terminé troisième de l’épreuve majeure du jeudi avant de concéder cinq points dans le Grand Prix Rolex, le fils de Chacco Lover, alias Diablo Blanco, et ancien partenaire de l’Italien Ricardo Pisani, confirme. Après deux parcours parfaits, où il a survolé chaque obstacle avec beaucoup de marge, le hongre de douze ans semble bien lancé pour conquérir 2026 avec la même aisance. Forcément, les Mondiaux d’Aix-la-Chapelle se dessinent comme un passage incontournable pour lui et son cavalier, si avide de réussite en grands rendez-vous. En ne prenant pas de risques inutiles à Londres et dans ce qui reste une jeune association entre lui et Chatolinue, Cian O’Connor a coupé la ligne d’arrivée en 37’’24. Assez pour ne pas être devancer par d’autres duos, les deux derniers barragistes étant partis à la faute.

Cian O'Connor a trouvé une sacrée recrue avec Chatolinue PS. © Jon Stroud / FEI
Chauffé à blanc par le public, Robert Whitaker était lancé vers la victoire avec son surprenant mais redoutable Vermento. Très agile en indoor, et titulaire de plusieurs victoires à ce niveau, le puissant fils d’Argento était poussé par un seizième homme bouillant à Londres. Jusqu’à la dernière ligne, l’étalon de douze ans et son pilote tenaient la corde, mais l’avant-dernier obstacle leur a été fatal et a roulé à terre. Une déception évidemment immense, mais au moins en partie effacée par une honorable quatrième place.
Pénélope Leprevost et l’atypique Baloubet de Talma, qui continue de prendre du galon à l’aube de son quinzième anniversaire, fermaient le barrage. Comme à Lyon, tous deux ont signé un premier acte impeccable, avant de concéder quatre points pour leur seconde venue en piste. Pourtant à l’aise sur la première moitié du tracé raccourci, la paire n’a pas pu éviter quatre points à l’entrée de la combinaison, faisant disparaître tous ses espoirs de podium. Qu’à cela ne tienne, la revanche viendra pour ces deux-là, qui surprennent leur monde depuis leur rencontre en début d’année !
Frustrant chronomètre
Des trente-sept engagés dans ce Grand Prix Coupe du monde - Matthew Sampson ayant déclaré forfait juste avant le début de la compétition -, cinq sont rentrés à la maison avec du temps dépassé. Il s’agit, dans l’ordre de leur classement, de Zascha Nygaard, Hessel Hoekstra, Rik Hemeryck, Ben Maher et Tom Wachman. La première misait sur son partenaire des derniers championnats d’Europe, Charino PS, un représentant de la bonne souche de Chatinue. Il a été privé du barrage pour trente et un centièmes de trop. Pour Comthago*VDL, auteur d’un parcours tout bonnement exceptionnel, qui confirme un peu plus sa place parmi l’élite après avoir essuyé une déconvenue à Aix-la-Chapelle l’ayant privé de l’échéance continentale avec Hessel Hoekstra, ce sont cinquante-quatre centièmes d’excès qui se sont mis en travers de son chemin. Rik Hemeryck est, lui, huitième sur Inouï du Seigneur et a dépassé le couperet de quatre-vingt-seize centièmes. Il devance Enjeu de Grisien, vainqueur de cette épreuve en 2023 et excessivement impressionnant dans ses sauts aujourd’hui, notamment en début de parcours et sur les oxers, où il a largement dégagé ses postérieurs dans les airs. Sont-ce ces sauts trop démonstratifs qui lui ont infligé deux points de temps dépassé ? Peut-être. En prenant le temps de soigner ses courbes et chaque obstacle du parcours, Tom Wachman a aussi encaissé deux points sur le formidable Tabasco de Toxandria, un peu plus à son affaire que la semaine passée à Genève, où il retrouvait le niveau 5* après une pause de trois mois à ce niveau.
Du côté du classement général, après six étapes Max Kühner s’installe confortablement en tête. L’Autrichien devrait être très facilement qualifié pour la finale de Fort Worth au printemps, puisqu’il compte déjà quarante-cinq points. Il devance Willem Greve, titulaire de quarante unités grâce aux deux victoires offertes par sa géniale Pretty Woman van’t Paradijs à Stuttgart et La Corogne. Suivent Richard Vogel, avec trente-six points dont dix-sept chipés sur le continent américain, et un tir groupé serré comptant entre vingt et vingt-neuf unités. Bref, toutes les cartes sont encore ouvertes, avant les rendez-vous fixés à Malines, Bâle, Leipzig, Amsterdam, Bordeaux, Göteborg et Helsinki.
Le classement général complet.
Photo à la Une : EIC*Cooley Jump The Q s'est offert la plus belle victoire de sa carrière à Londres. © Jon Stroud / FEI
Les épreuves du CSI 5*-W de Londres sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.














