Une nouvelle finale du circuit des Coupes des nations Longines s'est achevée à Barcelone. Avant de faire peau neuve l’an prochain, l’historique compétition par équipes de la Fédération équestre internationale a sacré l’Allemagne, qui avait déjà inscrit son nom sur le trophée en 2016, après un duel inoubliable entre Marcus Ehning et Nick Skelton. Cette fois, point de barrage ; avec trois sans-faute, les moussaillons d’Otto Becker ont mené la barre sans discussion possible. Quatrième, derrière la France et la Belgique, le Brésil a rempli sa mission, en décrochant son ticket pour les Jeux olympiques de Paris, au détriment des Etats-Unis, qui ont gagné le droit de rejouer, dans quelques semaines, aux Jeux panaméricains de Lima.
Il aura fallu attendre l’antépénultième et l’avant-dernier cavalier pour connaître le dénouement de la finale du circuit des Coupes des nations de Barcelone, dimanche 1er octobre. D’abord, United Touch S et Richard Vogel ont dû déployer leurs ailes pour sécuriser la victoire de l’Allemagne. Presque projeté hors de sa selle sur le premier saut du tracé imaginé avec brio par Santiago Varela, le Germanique de vingt-six ans n’a pas tremblé, s’est concentré et appliqué pour caser l’immense amplitude de son étalon au regard envoutant dans les trois combinaisons du parcours, avant de laisser les siens exulter au pied du kiss and cry, dont le sol n’a pas résisté à la pression du jour et cédé à quelques couples de la fin. Une fois la mise empochée pour la Mannschaft, et un tour de piste mérité sous la clameur du public, venu nombreux ce week-end après un jeudi bien terne au Real Polo Club, Rodrigo Pessoa est entré en piste sur son fantastique Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve. Difficile d’imaginer ce couple en mesure de toucher une barre, tant son aisance impressionne depuis plusieurs mois. Et pourtant ! La paire a joué avec les nerfs des supporters du clan auriverde en poussant à terre le second plan de l’oxer numéro 5, défendant l’entrée du premier des deux doubles du parcours. Cette faute a alors porté le total du Brésil à huit unités, mais il restait encore treize efforts à produire pour s’ouvrir la voie royale vers Paris. Mission accomplie. Toujours aussi fiable, Rodrigo Pessoa a fini le travail pour délivrer ses partenaires et prendre l’ascendant sur les Etats-Unis, qui ont achevé cette finale avec… neuf points au compteur !
L’Allemagne : clair, net et précis
La seconde manche de la finale du circuit des Coupes nations Longines de première division, qui changera de visage dès l’an prochain avec seulement quatre étapes - Abu Dhabi, Ocala, Saint Gall et Rotterdam - mais conservera sa finale barcelonaise, a vu neuf couples quitter le stade olympique avec un score vierge. Parmi eux, trois avaient déjà signé pareille performance jeudi, dans l’acte initial, et se partageront un super bonus de 100.000 euros : Wilm Vermeir, toujours aussi remarquable avec son fidèle Iq van het Steentje qui vieillit comme le bon vin et devrait être un sérieux candidat à une sélection à Paris l’an prochain, Martin Fuchs et Commissar Pezi, en train de prendre une toute nouvelle stature au sein du piquet du Suisse, et Hans-Dieter Dreher, aux rênes du fantastique Elysium. Ce dernier duo a d’ailleurs pu lever les bras avec l’équipe allemande, impeccable aujourd’hui. “Si l’on veut gagner une Coupe des nations, il faut faire trois sans-faute. C’est tout”, s’est amusé Santiago Varela, chef de piste de l’événement qui sera aussi de la partie à Paris dans quelques mois aux côtés du Français Grégory Bodo, en conférence de presse.
“Je suis très heureux, extrêmement fier de mon équipe et de ce qu’elle a montré toute la semaine. Tous ont très bien monté, lors des deux manches de la Coupe des nations. Ils méritent cette victoire et me rendent fier dans mon rôle de chef d’équipe”, s’est réjoui Otto Becker, indéfectible sélectionneur des Germaniques. “Santiago a construit de super parcours toute la semaine, y compris dans les épreuves majeures jouées en individuel. Aujourd’hui les obstacles étaient hauts, mais le tracé est resté juste pour les chevaux. C’est le sport que nous voulons voir. Pour moi, c’était la journée parfaite. Je suis aussi très content car les quatre cavaliers qui ont monté ont tous signé au moins un sans-faute, entre jeudi et aujourd’hui.”
Impeccable jeudi sur sa géniale Dorette, Jana Wargers a mal lancé son escouade aujourd’hui, en fautant à deux reprises. Qu’importe, en “mettant un peu de pression” sur ses coéquipiers, la résidante d’Ashford Farm leur a presque rendu service. “Je crois que j’avais besoin d’un peu de pression”, a souri Christian Kukuk, auteur d’une prestation sans fausse note sur le génial Checker 47. “J’avais un très bon sentiment en venant ici. Notre équipe était très solide, et nous avions tous les cinq réalisé une très bonne saison. J’étais un peu déçu jeudi et j’avais à cœur de faire mieux aujourd’hui. Je me suis battu tout au long du parcours et mon cheval a sauté d’excellente manière. Je suis heureux d’être assis ici aujourd’hui, dans la position des gagnants. Mais je ne serais rien sans mes coéquipiers.”
Une fois les clear rounds de Christian Kukuk et Hans-Dieter Dreher, associé au brillant Elysium, un fils du Selle Français Quamikase des Forêts, alias Zirocco Blue, enregistrés, il ne restait plus qu’à Richard Vogel de finir le travail. Seulement, son complice, le stratosphérique United Touch S, n’avait pas sauté de la semaine ! Encore plus frais qu’à l’accoutumée, l’étalon bai qui attire tous les regards à chacune de ses sorties a volé au-dessus de tous les obstacles pour mettre un point final au suspense. “C’est chouette. Comme l’ont dit mes homologues, notre équipe était forte et c’est toujours encourageant de sentir cela. Jana a, certes, fait huit points aujourd’hui, mais grâce à elle je n’ai pas eu besoin de sauter jeudi. De fait, United était très frais aujourd’hui. Je suis content d’avoir pu faire quelque chose pour l’équipe car jusqu’à cette après-midi j’avais l’impression d’être davantage spectateur qu’acteur ! Avec l’immense amplitude de mon cheval, j’ai dit à Santiago que son parcours me donnait mal à la tête. Il m’a répondu de prendre de l’aspirine (rires). United s’est vraiment donné aujourd’hui et a répondu présent. Je suis très fier. C’est une boule d’énergie, il a énormément de force et de moyens. Certains chevaux n’ont pas les derniers moyens, mais sont très intelligents. Lui, c’est un peu l’inverse ; il saute plus avec sa force qu’avec la meilleure technique. Il y a finalement plein de façons de faire pour les chevaux. United a son propre style et cela fonctionne bien”, a commenté Richard Vogel.
Et Hans-Dieter Dreher, l’homme en forme du moment outre-Rhin, de compléter : “C’était une très bonne semaine. Mon cheval a sauté de façon incroyable. J’ai eu de la chance sur l’entrée du double numéro cinq, mais c’est entièrement ma faute car mon abord était trop loin. Je suis tout de même ravi. J’ai vécu une bonne raison. À chaque concours Elysium saute de mieux en mieux et il est en pleine forme.”
Vamos Brasil!
Derrière l’Allemagne, la France a réalisé une belle opération, avec un score final de huit points. Simon Delestre, François-Xavier Boudant et Julien Epaillard ont tous trois déroulés un parcours à quatre points de bonne facture, en selle sur I Amelusina R 51, Brazyl du Mezel et Dubaï du Cèdre. Déterminé à rectifier ses huit points de jeudi, Olivier Perreau a sorti le grand jeu en compagnie de sa géniale GL Events*Dorai d’Aiguilly, qui ne cesse de prendre du galon ces dernières semaines. Le duo a été le seul à réaliser le score parfait pour les Tricolores, mais a donné de l’air aux hommes d’Henk Nooren, leur permettant de terminer deuxièmes.
Troisième, la Belgique a soufflé le chaud et le froid. Le froid d’abord avec deux parcours à huit points signés Koen Vereecke et Niels Bruynseels. Sans grande catastrophe, les cavaliers de Lector vd Bisschop et Delux van T&L se sont montré un poil en dessous de leur niveau habituel. Ils ont toutefois pu compter pleinement sur Wilm Vermeir et Grégory Wathelet, auteur de deux magnifiques prestations avec Iq van het Steentje et Bond Jamesbond de Hay. Même si la Belgique n’a pas conservé son titre, nul doute que ces deux couples-là ont marqué de précieux points dans une équipe belge qui se cherche et se renouvelle, à quelques mois des Jeux de Paris.
À la grande fête de Paris, justement, le Brésil y sera ! Et plutôt deux fois qu’une. Dans un duel qui l’opposait à une équipe américaine guerrière et déterminée, l’escouade de Pedro Paulo Lacerda et Philippe Guerdat est sortie gagnante. Malgré les dix points de Stephan de Freitas Barcha et Chevaux Primavera Imperio Egipcio, d’ordinaire très fiables, les Auriverde ont pu compter sur leur sauveuse : Luciana Diniz. Alors qu’elle (re)arborait ses couleurs natales pour la première fois depuis sa longue pause, l’ancienne représentante portugaise a signé un parcours parfait aux rênes du Selle Français Vertigo du Désert. Dans une superbe connexion, tous deux ont offert un sans-faute salvateur à leur équipe, qui a enregistré les deux parcours à quatre points de Pedro Veniss sur Nimrod de Muze, venus remplacés Marlon Modolo Zanotelli et Grand Slam VDL, né Lucky Won van het Bevrydthof, sans-faute jeudi et au repos aujourd’hui, ainsi que Rodrigo Pessoa et Major Tom.
Cinquièmes, les Etats-Unis vont se mordre les doigts. Le quatuor de Robert Ridland est passé à un cheveu de son ticket pour Paris, qu’il pourra encore glaner aux Jeux panaméricains de Lima, dans quelques semaines. Avec deux parcours à une faute, oeuvres de McLain Ward sur Callas et Karl Cook aux rênes de la bouillonnante Kalinka van’t Zorgvliet, les Américains ont effacé les deux fautes d’Eddie Blue, partenaire de longue date de Devin Ryan et suppléant de Jessica Springsteen, qui avait défendu le Stars and Stripes en faisant bonne figure jeudi. À ces prestations, s'est ajouté celle de Laura Kraut, pénalisée… d’un point sur le prometteur Dorado 212 ! Rageant, d’autant que le duo pouvait prétendre au bonus sans ce maudit chronomètre.
Malgré le double zéro de Martin Fuchs, la Suisse était trop loin pour offrir une sortie par la grande porte à son formidable chef d’équipe, Michel Sorg, qui ne sera jamais bien loin des siens. En queue de peloton, la Grande-Bretagne et l’Irlande ont sombré après un bon premier acte jeudi. Malheureusement, le sans-faute du Lily Attwood et Cor-Leon vd Vlierbeek pour les premiers, et le parcours à un point de Trevor Breen aux commandes d’Highland President pour les seconds, ont été anecdotiques.
Photo à la Une : United Touch S et Richard Vogel ont délivré l'Allemagne à Barcelone. © Mélina Massias
Toutes les épreuves du CSIO 5*-F de Barcelone sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.