La Suède bien partie pour signer un nouvel exploit à Herning, où Julien Epaillard poursuit sa domination
Entre déception, maîtrise et retournement de situation, la deuxième épreuve de saut d’obstacles des championnats du monde édition 2022 a tenu tout le monde en haleine. Bien que les tribunes étaient clairsemées, les fans de sport se sont fait attendre, acclamant leurs favoris comme de véritables héros dans l’antre du stade Stutteri Ask. Les informations principales du jour ? La Suède reste hégémonique, mais la France n’est pas loin derrière. La France, justement, est portée par la fusée Julien Epaillard, à nouveau sans-faute aujourd’hui et toujours en tête de l’individuel, devant Scott Brash et les deux diables suédois : Peder Fredricson et Henrik von Eckermann.
“Ce parcours n’est pas horriblement difficile en termes de hauteur, mais il a été dessiné pour faire émerger les meilleurs cavaliers.” Les mots de Jessica Kürten, prononcés au micro de Clipmyhorse.tv, ne pouvaient pas être mieux choisis pour résumer le travail du Néerlandais Louis Konickx, une nouvelle fois impeccable dans son rôle de chef de piste, en cette deuxième journée de saut d’obstacles aux championnats du monde de Herning. Du grand sport, de la tension, des retournements de situation, un public peu nombreux mais sacrément enthousiaste… Après une très belle Chasse, qui avait permis de départager quelques cadors, la première manche de la Coupe des nations a tenu toutes ses promesses, jeudi 11 août au Danemark.
Et il ne fallait pas être en retard en cette journée ensoleillée ! Le coup d’envoi de l’épreuve a été donné à 13 heures, et quelques minutes après, entraient déjà en scène des Marcus Ehning, Henrik von Eckermann et autres Simon Delestre. Associés à leurs respectifs Stargold, King Edward et Cayman Jolly Jumper, tous trois ont parfaitement interprété le tracé du jour, quittant la piste sans la moindre faute. L’Allemand et son étalon de dix ans n’ont peut-être pas été aussi démonstratifs que leurs deux homologues, mais ont assuré l’essentiel. Plus relâché qu’hier, le partenaire du Suédois et actuel numéro un mondial, a, quant à lui, livré une démonstration, tout comme le bondissant fils de Hickstead, piloté de main de maître par son cavalier Français, qui n’hésitera pas à décrire sa prestation comme un “parcours d’anthologie”.
Portés par l’un de ses leaders, parti en numéro cinq, la Suède a logiquement conservé les commandes au classement collectif après le passage de ses quatre couples. Souverains de bout en bout, ou presque, les Scandinaves touchent du doigt un nouvel exploit, un peu plus d’un an après leur démonstration aux Jeux olympiques de Tokyo. En plus du clear round d’Henrik von Eckermann, Jens et Peder Fredricson, les deux frères au talent monstrueux, ont imité leurs camarades, sur des Markan Cosmopolit et H&M All In de Vinck fort à leur affaire. Soutenue par des fans bruyants et survoltés, la bannière bleue à la croix jaune a de quoi rêver, d’autant plus que Malin Baryard-Johnsson, dont la puissante H&M Indiana semblait un peu fébrile hier, a su rectifier le tir, ne concédant qu’une faute, sur le deuxième plan de l’ultime oxer du parcours. Rageant, mais rassurant.
Avant de lever les bras et de se couvrir d’or, la Suède devra se défaire des Bleus, valeureux de bout en bout aujourd’hui, et qui ont, eux aussi, conservé leur score de la veille intact. Mieux encore, Julien Epaillard reste en tête des opérations en individuel. Si sa Caracole de la Roque a prouvé une nouvelle fois toute sa qualité, il aura fallu toute la classe d’un grand Julien Epaillard pour l’aiguiller jusqu’au sans faute. À tout juste dix ans, la très plaisante baie n’affiche pas encore l’expérience d’autres montures engagées dans ce championnat. Pour autant, elle pourra compter sur la rage de vaincre de son pilote, qui pourrait, s’il continue sur le même rythme, signer un véritable exploit dimanche, pour sa première grande sélection en Séniors.
Côté collectif toujours, l’Allemagne remonte au troisième rang, alors que la hiérarchie a été complètement chamboulée tout au long de la journée. À plus de deux barres de la Suède, et une de la France, la Mannschaft n’aura pas le droit à l’erreur si elle veut décrocher une médaille. Aujourd’hui, en plus du Centaure Marcus Ehning, André Thieme et sa géniale Chakaria (ex Carelia), ont rayonné, effaçant la malheureuse faute concédée dans la Chasse. Pour Jana Wargers, qui a une nouvelle fois montré une superbe équitation, tout comme Christian Ahlmann, une faute est venue alourdir leurs compteurs respectifs, avec Limbridge et Dominator 2000 Z.
Les Pays-Bas, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Suisse, le Canada, l’Irlande et le Brésil qui se tiennent tous en moins de quatre points, pourront également venir batailler pour une médaille… et une qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024. En effet, cinq tickets seront offerts aux meilleures équipes du classement final - qui ne prendra pas en compte la France, automatiquement qualifiée - pour l’échéance. Une motivation supplémentaire pour dix délégations encore en lice.
La force des champions
Alors que Julien Epaillard a assuré sans trembler, l’Ecossais Scott Brash en a fait de même. Avec toute sa maîtrise et son calme olympien, l’ancien numéro un mondial a dosé chacune de ses actions au millimètre, passant non loin d’une faute sur la rivière et sur quelques verticaux, pour maintenir son Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof) et son équipe à flot. Mission réussie pour le trentenaire, désormais poursuivi par deux sérieux concurrents : Peder Fredricson et Henrik von Eckermann, très, très faciles aujourd’hui. Suivent ensuite Tiffany Foster, qui a fait la joie de son chef d’équipe, Eric Lamaze, en signant le deuxième clear round des Canadiens sur Figor - après celui enregistré par Beth Underhill et la très jeune Nikka vd Bisschop -, Ben Maher, souverain sur l’excellent Faltic HB, Maikel van der Vleuten, qui a tout donné avec Beauville Z, médaille de bronze au Japon l’été dernier, Jérôme Guéry, impeccable et audacieux sur un grand Quel Homme de Hus, Marcus Ehning en compagnie de son cher Stargold, ainsi que Jens Fredricson, désormais dixième avec Markan Cosmopolit. Ils sont désormais quatorze à afficher moins de quatre unités de différence au classement, puisque Simon Delestre, McLain Ward, Eduardo Alvarez Aznar et Yuri Mansur n’ont rien laissé au hasard aujourd’hui et quitté la piste sans la moindre erreur au compteur.
Le superbe parcours de la Chinoise Ella Yunjing Wang et Quidamia D.
Si les parcours de la Grecque Ioli Mytilineou, révélation des derniers championnats d’Europe Longines avec le crack Levis de Muze et présente au Danemark avec le bien nommé L’Artiste de Toxandria, de la Chinoise Ella Yunjing Wang, déjà remarquée hier, et du Libanais Roger Chammas ont été de très bonne facture, la palme revient à l’inébranlable Kevin Staut. Victime d’une terrible chute dans la Chasse, qui a réduit ses espoirs de classement individuel à néant, le Normand a montré de quelle trempe il était. Une fois encore, le pilier des Bleus a été exemplaire, dévoué et fiable, aux rênes d’un Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie encore un poil inquiet, mais sublimé par l’équitation parfaite de son pilote. Le tempétueux, mais ô combien talentueux alezan a produit de superbes sauts dans le grand stade Stutteri Ask, donnant parfois l’impression de voler. En franchissant l’ultime oxer du parcours, son champion olympique de cavalier avait de quoi lever le poing en l’air.
Il conviendra aussi de saluer les nerfs d’acier de Pius Schwizer, impeccable sur Vancouver de Lanlore, qui avait traversé un obstacle hier. Si son entrée en matière peut lui laisser des regrets pour le classement individuel compte tenu de la forme de son étalon, le duo a été d’une grande aide pour son équipe, en signant l’unique sans-faute des siens cette après-midi.
Déceptions et regrets
Si les journées se suivent et se ressemblent pour quelques couples bien engagés dans la course aux métaux, ce n’est pas le cas de tout le monde. À commencer par les Etats-Unis. Champions du monde en titre, les Américains sont hors course et ne pourront pas défendre leur médaille d’or demain. Sacré coup dur pour cette nation, qui misait sur la jeunesse et la fraîcheur de nouveaux visages.
S’ils sont toujours en course, les Belges ont passé une journée bien maussade aujourd'hui. Après une faute de Nicola Philippaerts et Katanga v/d Dingeshof en début de journée, Jos Verlooy a valsé sur le sable danois après que son Igor, médaillé de bronze individuel aux Européens de Rotterdam en 2019, a pilé devant l’élément b du difficile triple numéro 9. Alors qu’il avait déjà consenti de gros efforts, l’adorable alezan, longtemps blessé, n’a pu achever son parcours. Seul Jérôme Guéry, qui a opéré une belle remontée en solo, a sauvé l’honneur du Plat-Pays, qui a également compté une faute de Grégory Wathelet et Nevados S. Bien sûr, il n’y a pas péril en la demeure, mais on imagine aisément la déception de Peter Weinberg, qui alignait une solide équipe et devra désormais batailler pour espérer arracher une place sur le podium.
Pour la Suisse non plus, la journée n’a pas été bien brillante. Si Pius Schwizer a signé un bon parcours, ses camarades, eux, ont cruellement manqué de chance. Le jeune Edward Schmitz, d’abord, qui a piloté à merveille son grand Quno, mais est retombé sur le second plan de l’ultime oxer du parcours. Martin Fuchs, ensuite, qui a été victime de l’oxer numéro 3, alors même que son extraterrestre Leone Jei (ex Hay El Desta Ali) a survolé toutes les autres difficultés. Et puis, enfin, il y a eu les huit points accusés par Steve Guerdat sur Vénard de Cerisy. Les Helvètes pointent désormais au septième rang.
Sixième, la Grande-Bretagne fait à peine mieux. Ses deux stars, Scott Brash et Ben Maher, ont assuré, mais Harry Charles et Joseph Stockdale ont été plus à la peine. Le premier, piégé sur le dernier saut du parcours d’hier, a, cette fois, concédé huit points dans le triple avec Roméo 88, franchement peu coutumier du fait. De son côté, Joseph Stockdale a quitté la piste avec douze points, aux rênes d’une Equine America Cacharel qui semblait dépassée par les événements.
Déception également pour Grégory Cottard, qui, sans commettre de grosses erreurs, a concédé trois fautes avec sa Bibici. Dommage pour la paire, qui aura encore l’occasion de prouver sa qualité demain, lors de la finale par équipe. Et puis, le dernier déçu de cette journée sera sans doute Bernardo Alves. Surmotivé après son élimination d’hier, le Brésilien avait de la niaque. Mais cela n’a pas suffi. Après plusieurs efforts conséquents consentis, son Mosito van het Helleshof, encore tendre à un tel niveau, a dit stop devant la palanque numéro 10. Résigné, le pilote a quitté l’arène. Pour se consoler, il peut se satisfaire du comportement de ses collègues, qui permettent à leur équipe nationale de défendre ses chances demain, dans la finale collective, dont le coup d’envoi sera donné à 21 heures.
Le parcours de Julien Epaillard et Caracole de la Roque.
Le classement individuel provisoire complet ici.
Le classement par équipes provisoire ici.
Le parcours du jour ici.
Toutes les épreuves des championnats du monde de Herning sont diffusées en direct et en intégralité sur Clipmyhorse.tv.
Photo à la Une : Julien Epaillard et Caracole de la Roque. © Sportfot