Marcus Ehning, triple vainqueur de la finale de la Coupe du monde Longines, tentera d’ajouter une quatrième victoire à son palmarès, début avril, à Bâle. Dans cette quête, celui qui est souvent comparé à un Centaure, tant il fait corps avec chacune de ses montures, sera accompagné par son meilleur cheval : Coolio 42. En rodage à Bois-le-Duc, à l’occasion de la première étape du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles de l’année, l’Allemand de cinquante printemps s’est prêté au jeu des questions - réponses. Au menu de cette première partie, une plongée dans son piquet de chevaux, composé de plusieurs très bons éléments.
Coolio 42 (Casalito x Quidam de Revel) est votre cheval de tête. Ces derniers mois, il s’est classé troisième de l’étape Coupe du monde de Vérone, dixième de celle de Leipzig ou plus récemment quatrième du Grand Prix du Global Champions Tour de Doha. Vous le montez désormais depuis un an et demi. Quel regard portez-vous sur ses progrès ?
Je suis très heureux de son évolution. Depuis nos débuts, il se montre très régulier au plus haut niveau (le couple avait notamment remporté le Grand Prix Coupe du monde de Madrid en novembre 2023, deux mois après ses débuts internationaux, ndlr). C’est un cheval très sûr. Dans quelques jours, nous participeront à notre deuxième finale de la Coupe du monde (à Bâle, début avril, ndlr). C’est un grand objectif pour la fin de la saison indoor.
Est-ce en raison de cet objectif que vous n’avez pas tenté de remporter les Grands Prix de Vérone et Doha, ou du moins que vous n’avez pas pris tous les risques pour ?
J’ai essayé, mais cela n’a pas fonctionné !
Quel regard portez-vous sur le couple que vous formez avec Coolio ? Souhaitez-vous encore améliorer certaines choses entre vous ?
Lorsque l'on monte à cheval, il y a toujours des choses que l’on peut mieux faire et l’entente entre un cheval et un cavalier peut toujours s’améliorer. Mais je dois dire qu’avec Coolio, dès le départ, cela a plutôt bien fonctionné entre nous. Nous pouvons faire un peu mieux, mais je crois que nous sommes déjà sur une bonne voie.
Marcus Ehning a rapidement fait couple avec Coolio 42, son actuel cheval de tête. © Mélina Massias
Quelle a été votre première impression lorsque vous l’avez essayé ?
Je l’avais déjà vu quelques fois avec son ancien cavalier (Marcel Marschall, ndlr) et je l’appréciais déjà. J’ai été surpris que ses anciens propriétaires souhaitent le vendre ! Lorsque je l’ai essayé, j’ai senti à quel point il avait du potentiel. Je crois que nous ne nous sommes pas trompés en l’achetant ! C’était un bon investissement.
Quelles sont, selon vous, ses principales qualités ?
Celles dont a besoin un cheval de Grand Prix : il a des moyens, il est très intelligent et veut toujours faire les choses bien. Il est très motivé, a une bonne façon de sauter. Il est très facile au quotidien. Il n’est jamais las ou indifférent. Il est toujours aux aguets et intéressé par tout ce qu’on lui propose. C’est un très chouette cheval.
Vous êtes engagé avec Coolio 42, mais aussi DPS Revere (Hermès de Rêve x Cento) pour la finale de la Coupe du monde Longines. Quel est votre plan ?
Cette année, j’ai monté Priam du Roset (Plot Blue x Tanael du Serein), Revere et Coolio sur les étapes qualificatives du circuit. Mais comme vous l’avez dit, Coolio est mon cheval de tête en ce moment. Je pense avoir le plus de chances avec lui. Mon plan est donc de le monter lors de la finale.
Le triple vainqueur de la Coupe du monde tentera la passe de quatre à Bâle début avril. © Mélina Massias
À Bâle, vous pourriez entrer définitivement dans l’histoire en devenant le premier et seul cavalier à remporter quatre finales de la Coupe du monde. Est-ce une motivation supplémentaire pour vous ?
Non, parce qu’en principe, on essaye de faire de son mieux lors de chaque finale de la Coupe du monde. Je n’y pense pas vraiment… Cela dit, cela souligne ma longévité à ce niveau. Ce sera ma vingt-deuxième finale de la Coupe du monde (depuis 2001, l’Allemand n’a échoué à se qualifier qu’une seule fois, en 2019 !, ndlr). Cela fait beaucoup ! Mais, bien sûr, si j’y vais, c’est que je veux gagner.
Vous semblez particulièrement apprécier ce circuit hivernal, n’est-ce pas ?
Absolument. Il s’agit du temps fort de la saison indoor. La plupart des pistes intérieures sont largement plus étroites que celles extérieures. Cela ne rend pas les choses plus faciles, mais je m’y suis habitué au fil des années et j’aime vraiment la Coupe du monde.
Marcus Ehning a remporté sa dernière finale de la Coupe du monde en 2010, à Genève. © Scoopdyga
Priam du Roset, qui a été absent quelques mois en fin d’année dernière avant de signer un très bon retour à Genève puis quatre classements dans les temps forts des CSI 5*-W de Bordeaux et Amsterdam, semble en grande forme !
Il se sent très bien, en effet. Il a contracté une petite blessure, qui l’a éloigné quelques temps des compétitions, mais il est de retour en pleine possession de ses moyens et l’a prouvé lors de ses dernières sorties. Ce n’est pas un cheval lambda. C’est une seconde monture de choix. Il était d’ailleurs sans-faute dans le Grand Prix de Bois-le-Duc en 2023 et 2024. Mais un cheval comme lui est souvent dans l’ombre de ses voisins d’écuries, de Stargold ou Coolio. Mais à mes yeux, une monture de la trempe de Priam est extrêmement importante. Il a marqué de précieux points cet hiver sur le circuit Coupe du monde. Il en va de même pour Revere. Pour être qualifié pour la finale sur la ligue d’Europe occidentale, il faut avoir un solide groupe de chevaux.
Priam du Roset a retrouvé une forme exceptionnelle ces derniers mois. © Mélina Massias
Justement, quid de Revere ? Il semble monter en puissance au plus haut niveau ces dernières semaines…
Avec Revere, trouver le bon équilibre prend plus de temps. Il n’avait pas beaucoup d’expérience au plus haut niveau, mais il a beaucoup progressé ces dix-huit derniers mois. Je sais qu’il a le potentiel et qu’il est en mesure de sauter de beaux Grands Prix, mais trouver les bons boutons n’est pas toujours aisé. Nous devons encore travailler.
DPS Revere constitue un très bon atout au sein du piquet du jeune quinquagénaire. © Mélina Massias
Dans une interview accordée à Springreiter.de en fin d’année dernière, vous avez révélé que Stargold (Stakkato Gold x Lord Weingard), avec qui vous avez, entre autres, remporté le Grand Prix Rolex d’Aix-la-Chapelle en 2023, avait subi une petite intervention chirurgicale au niveau d’un tendon, mais qu’il était de retour sous la selle. Comment se porte-t-il ? Sa dernière apparition sur la scène internationale date de mai 2024. Êtes-vous toujours optimiste quant à un retour prochain en concours avec lui ?
Oui, c’est exact. Nous commençons doucement à le remettre en route. Cela va encore prendre un bout de temps, mais j’ai toujours espoir. Il a désormais quatorze ans et j’espère l’avoir de nouveau à mes côtés, parce qu’il est incroyable.
La convalescence de Stargold suit son cours et son cavalier espère le retrouver un jour en piste, à son meilleur niveau. © Mélina Massias
Flower Girl (Hickstead x Catoki) a, elle, affronté son premier Grand Prix 5* à Bordeaux, en 2023. Depuis, elle n’est plus apparue sur une épreuve de ce calibre. Pensez-vous qu’elle soit capable de retrouver ce niveau, ou la destinez-vous davantage à des épreuves de vitesse ?
Non, non. Elle peut totalement sauter des épreuves majeures, mais compte tenu de mon piquet actuel, elle n’a pas toujours l’occasion d’affronter des Grands Prix 5*. Mais elle peut tout sauter, il n’y a pas de question de limite avec elle. Elle a aussi beaucoup de caractère et n’est pas la plus simple à gérer. Je verrai cet été comment les choses évoluent avec elle.
Depuis février 2023, Flower Girl n'a plus disputé de Grand Prix 5*, mais a les moyens pour selon son cavalier. © Mélina Massias
En début d’année, vous avez effectué vos premières sorties internationales avec Sandenal (Sandro Boy x Nabab de Rêve), un cheval assez spécial pour vous puisqu’en plus d’être le fils de Sandro Boy il est aussi le petit-fils de Cristy (Canturo x Lanlord), votre ancienne jument. Quel regard portez-vous sur vos débuts avec ce hongre de dix ans ?
Je connais Sandenal depuis toujours, puisque son éleveuse et propriétaire, Judith Gölkel (qui était ou est aussi propriétaire de Sandro Boy, Sabrina ou encore Forlap et Corée, pour ne citer qu’eux, ndlr), et moi sommes très proches. Il a toujours eu du potentiel, mais avec besoin de temps pour grandir, ce qu’il a eu avec son précédent cavalier (Wolfgang Zimmermann, ndlr). Cela fait quelques concours que je le monte, et l’histoire est intéressante. Le fait que Cristy soit sa grand-mère et que je connaisse ce cheval depuis longtemps rend sa progression et les perspectives qui s’ouvrent à lui encore plus spéciales.
Depuis peu, le prometteur Sandenal a intégré le piquet de l'Allemand. © Mélina Massias
Vous montez également quelques jeunes chevaux. Qu’aimez-vous le plus dans le travail de ces montures en formation ?
Avec les jeunes chevaux, le travail est nettement plus intéressant, car on apprend à les connaître. En règle générale, on trouve plus rapidement le moyen de progresser ou de modifier les choses nécessaires. Arrivé à un certain âge, comme moi, les jeunes chevaux nous maintiennent éveillés, parce qu’ils apportent un sentiment de nouveauté, différent. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je suis toujours motivé à monter, que j’aime toujours cela.
La seconde partie de cet entretien sera disponible mercredi prochain sur Studforlife.com…
Photo à la Une : Marcus Ehning et Coolio 42 participeront à leur deuxième finale de la Coupe du monde Longines dans quelques jours, à Bâle. © Mélina Massias