L’heure de la consécration est arrivée pour United Touch S, qui propulse Richard Vogel sur le toit de l’Europe à La Corogne
Intouchables, United Touch S et Richard Vogel ont enfin conquis la médaille individuelle qui manquait à leur palmarès en s’offrant le titre de champions d’Europe ! Époustouflants depuis leurs débuts ensemble, en 2022, les deux complices n’ont cessé d’éblouir le monde par leurs aptitudes hors norme. À un an des Mondiaux d’Aix-la-Chapelle, l’Allemand et son étalon de treize ans, doublement médaillés à La Corogne, semblent plus en forme que jamais. Autour d’eux, Richard Vogel et United Touch S ont accueilli Scott Brash et Hello*Folie de Nantuel, ainsi que Gilles Thomas et Ermitage Kalone sur le podium. Deux fabuleux étalons, autour d’une jument d’exception, chacun représentant, peut-être, le meilleur de sa génération respective : assurément, ces championnats d’Europe ne se sont pas trompés de médaillés.
United Touch S était attendu comme le Messie à Paris, l’été dernier, pour les Jeux olympiques. Malheureusement, l’étalon de Richard Vogel n’était pas parvenu à transformer l’essai et était rentré bredouille. Moins d’un an plus tard, pour ce qui était son quatrième grand championnat, le deuxième en extérieur, le fils d’Untouched et Touch of Class, par Lux, a survolé les Européens de La Corogne. Plus méritocratique encore que les Jeux par son format basé sur la régularité et la constance, ce rendez-vous continental était le moment pour United Touch S et Richard Vogel d’inscrire définitivement leurs noms dans l’histoire du saut d’obstacles. Et après deux nouveaux parcours sans faute, dimanche 20 juillet, tous deux ont enfin conquis cette médaille individuelle tant attendue, et qui plus est dorée.
Acclamés par la foule, Richard Vogel et United Touch S ont savouré un tour d'honneur qu'ils ne sont pas près d'oublier. © Benjamin Clark / FEI
Deuxièmes de la Chasse après un parcours remarquable, United Touch S et Richard Vogel ont profité du forfait de Daniel Coyle et Chavantele, alias Legacy, pour gagner un rang et prendre les commandes du classement provisoire. Tout au long des quatre parcours restants, les deux complices n’ont pas tremblé. Médaillés de bronze par équipes vendredi, l’Allemand et son étalon de treize ans, sans doute le meilleur de sa génération, ont maîtrisé chacun des parcours proposés par Santiago Varela. Pour la finale individuelle, et alors que les deux manches de la Coupe des nations avaient déjà enregistré de nombreux sans-faute, les tracés de l’Espagnol auraient pu poser davantage de problèmes au Westphalien à l’immense amplitude, notamment en première manche, dans l’enchaînement rivière-double de verticaux. Pourtant, là encore, rien n’a semblé trop difficile pour les nouveaux champions d’Europe. Malgré quelques sursis pour leur ultime parcours de la semaine, toutes les barres sont restées sur leurs taquets, pour leur offrir le plus beau des métaux.
Cinq parcours et autant de sans-faute ont mené la paire allemande sur la plus haute marche du podium à La Corogne. © Benjamin Clark / FEI
“Que devrais-je dire à propos de United Touch S ?”, s’est exprimé, à chaud, le numéro neuf mondial, au micro de Jessica Kürten sur Clipmyhorse.tv puis en conférence de presse. “Je pense que tout le monde, ici dans les tribunes ou derrière son écran de télévision, se rend compte à quel point il est incroyable. La façon dont il a performé ici, toute la semaine, m’a procuré un sentiment formidable. Je suis simplement très satisfait et heureux d’avoir pu lui offrir cette médaille, car il la mérite vraiment. Je crois que je ne réalise pas encore… Je suis absolument ravi, United s’est battu avec moi jusqu’au bout. Je suis vraiment soulagé que nous soyons parvenus à conclure cette échéance en apothéose. Depuis mercredi, United a été encore meilleur que je l’aurais espéré. Au bout du compte, nous ne sommes que des cavaliers. Il nous faut des chevaux comme United. C’est ce que l’on souligne tout le temps. Mais, derrière nous, il y a toute une équipe. Dans mon cas, je suis très chanceux d’être entouré par des personnes exceptionnelles : mon équipe à la maison, mes entraîneurs, mes supporters, ma famille, etc. Citer tout le monde prendrait vingt, peut-être trente minutes ! Toutes ses personnes essayent de faire ressortir le meilleur de moi et cette médaille est la leur. Aujourd’hui, ces grands championnats sont très serrés. Si l’on veut figurer en haut de tableau, il faut prêter attention aux moindres détails. C’est ce que nous essayons de faire, moi et surtout tout mon entourage. Je suis très heureux que tout ait fonctionné aujourd’hui. Dans les prochains jours, United ne me verra qu’à pied, et pas sur son dos. Il profitera de sorties en forêt avec sa groom, Felicia, afin de souffler un peu. Initialement, mon plan était de l’emmener aux CSIO 5* de Dublin et Calgary, mais nous verrons d’abord comment il récupère de ces championnats. Il a concouru au CHIO d’Aix-la-Chapelle il n’y a pas si longtemps, donc si je le sens un peu fatigué, je ne l’emmènerai pas à Dublin.” 
Huitième à Omaha, sixième à Bâle et rentré bredouille de Paris, United Touch S tient enfin la médaille individuelle qu'il méritait tant. © Benjamin Clark / FEI
Après être monté sur la plus haute marche du podium, entouré de Scott Brash et Gilles Thomas, et avant de remettre le pied à l’étrier pour mener le tour d’honneur aux rênes de son cher United Touch S, né chez Julius-Peter Sinnack d’un croisement un peu fou entre un frère et une sœur utérins, le nouveau champion d’Europe a passé sa médaille d’or autour du cou de Felicia Wallin, membre ô combien important de son équipe. À ses côtés depuis la fin de l’été 2020, la Suédoise prend soin de United Touch S sept jours sur sept et ne le lâche jamais d’une semelle. En cinq ans, elle aura vécu cinq victoires en Grands Prix 5*, deux finales de la Coupe du monde, les Jeux olympiques et l’obtention de deux médailles européennes. La jeune femme est finalement bien plus qu’une groom pour son duo fétiche, puisqu’elle assure l’entraînement de l’étalon Westphalien en l’absence de son cavalier, notamment l’hiver, lorsque celui-ci traverse l’Atlantique pour concourir aux Etats-Unis avec ses autres montures. Un petit geste… qui vaut de l’or pour Felicia, mais aussi pour tous ses collègues, si souvent dans l’ombre.
Dans la réussite de Richard Vogel et United Touch S, Felicia Wallin a joué un rôle capital, que le numéro neuf mondial ne reconnaît que trop bien. © Lukasz Kowalski/ FEI
Folie de Nantuel, une nouvelle coqueluche est née
En état de grâce depuis le début de l’année, Scott Brash est plus que jamais de retour au sommet. Déjà couvert d’argent par équipe vendredi, l’Ecossais de trente-neuf ans a doublé la mise, cette fois en individuel, lui qui n’avait plus décroché de médaille individuelle en championnat extérieur depuis… 2013 et le bronze conquis aux rênes de Hello*Sanctos van het Gravenhof lors des Européens de Herning. Cette année, après avoir raflé quatre Grands Prix 5* avec trois montures différentes, et alors que son piquet de chevaux n’avait plus été aussi étoffé depuis longtemps, l’ancien numéro un mondial avait l’embarras du choix. L’expérience, avec Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof, l’efficacité, incarnée par Hello*Chadora Lady PS, l’avenir, avec Hello Mango, née Keswichtime HV et qu’il voit comme sa future jument de championnat, ou l’audace, avec Hello*Folie de Nantuel. C’est finalement la dernière citée qui a eu les faveurs du double champion olympique par équipe. En début d’année, l’alezane n’avait disputé que deux parcours à 1,55m dans toute sa carrière. Sa première épreuve à 1,60m ? Elle l’a remportée, en janvier, à l’occasion d’un Grand Prix 5* à Doha. Sur cette même piste, elle a pris part à une deuxième épreuve de ce niveau, bouclée avec quatre points, avant d’enchaîner la Coupe des nations (4+0) et le Grand Prix du CSIO 5* de La Baule, conclu au cinquième rang. Cinq tours initiaux à 1,60m plus tard, la petite lionne à l’immense talent a été propulsée dans le grand bain, à dix ans, pour son premier championnat. Tout au long de la semaine, la fille de Luidam, née chez Claire et Jacques Gouin, leur fille, Marie-Laure Deuquet et leurs petits-fils, Arthur et Eliott Deuquet, a impressionné son monde et conquis le cœur de tous les passionnés, en traversant toutes les frontières. Sautant parfois trop haut, entraînant d’autres fois son cavalier dans des distances impossibles pour produire des acrobaties dont elle seule semble avoir le secret, l’alezane n’a pas renversé la moindre barre en cinq parcours, pour achever la plus folle expérience de sa jeune carrière sur son score de la Chasse. Nouvelle coqueluche des fans de saut d’obstacles, la si bien nommée Folie a écrit la première page d’une saga qui promet d’en compter bien d’autres. “Folie est une jument incroyable. Au paddock, elle semblait un peu fatiguée, mais elle a quand même tout donné en piste. Une nouvelle fois, elle a montré toute sa détermination et sa combativité, comme pour franchir le triple en deuxième manche. Je voulais arriver doucement, mais j’ai probablement attendu une foulée de trop. Quelle jument !”, a réagi Scott Brash après son parcours. “Ce résultat est fantastique. Mes propriétaires ont sauté de joie au téléphone ! Ils sont aux anges avec Folie. Tout le monde travaille tellement dur à la maison pour que nous arrivions en piste dans la meilleure forme possible. Les membres de mon équipe s’occupent incroyablement bien des chevaux. Cela rend ma vie plus facile. Ces médailles sont aussi pour eux et nous allons les fêter comme il se doit en rentrant à la maison !”
La Corogne a été le théâtre de la naissance d'un véritable phénomène, nommé Hello*Folie de Nantuel. © Benjamin Clark / FEI
Ermitage Kalone double la mise
Pour ses deuxièmes championnats, Ermitage Kalone ne repartira pas avec une mais deux médailles ! Profitant des deux parcours fautifs de Steve Guerdat et Albführen’s*Iashin Sitte, qui ont craqué pour cette ultime journée de compétition, l’étalon alezan de onze ans et Gilles Thomas en ont profité pour se faufiler sur le podium individuel. Une fois encore, le Selle Français, le deuxième à monter sur le podium, a prouvé son immense talent. Comme United Touch, le fils de Kannan était attendu, scruté. S’il avait déjà remporté son championnat national en 2023, beaucoup d’observateurs exigeait une confirmation, une consécration internationale. Depuis deux mois, la perle de l’élevage de Magali Dessalles semble encore avoir franchi un cap supplémentaire. Dès la Chasse, celui qui porte le sang de la matrone Anglo-arabe Jasione dans ses veines a montré qu’il avait tous les atouts pour rivaliser avec les meilleurs. Quatre nouveaux parcours sans-faute plus tard, et une médaille d’or avec la Belgique en poche, l’étalon de onze ans et son cavalier se sont offert le bronze en solo. Amené patiemment à ce niveau, malgré la ferveur et l’attente populaire, et propulsé au plus haut niveau l’année dernière seulement, Ermitage Kalone est arrivé à pleine maturité, comme son jeune cavalier, que rien ne semble pouvoir perturber. Peut-être moins brillant que d’ordinaire après une semaine de compétition, le petit-fils de Catoki a puisé au-delà de son simple talent naturel pour décrocher cette médaille individuelle. “Je suis très reconnaissant envers mon cheval. Il est formidable ; tout le monde le sait, mais il a désormais deux médailles ! Il les mérite vraiment. Je le monte depuis quatre ans, nous avons grandi ensemble et je suis habitué à la pression qui règne autour de lui. C’est un étalon que tout le monde regarde, mais je crois que nous gérons plutôt bien cet élément et que nous arrivons à performer dans ces conditions. Avec la pression, nous sommes tous les deux un peu plus concentrés. Ermitage était en super forme cette semaine”, s’est réjoui Gilles Thomas, qui en a aussi profité pour remercier le propriétaire de son complice, Joris van Dijck. “Ermitage est un cheval exceptionnel et il a toujours suscité beaucoup d’intérêts et d’offres. La décision que son propriétaire a prise, de le conserver pour moi, la confiance qu’il m’a accordée : cette médaille est pour lui. Son choix a payé. Je suis aussi très reconnaissant envers mon équipe, ma famille et mes proches, à la maison et ici.”
Comme United Touch S et Hello*Folie de Nantuel, Ermitage Kalone a décroché deux médailles à La Corogne ! © Benjamin Clark / FEI
Une pluie de sans-faute
Après une Chasse d’une justesse exceptionnelle, Santiago Varela a vu ses parcours être survolés par bon nombre de couples, si bien que six ont bouclé leur championnat sans renverser la moindre barre. À l’abord de la finale individuelle, treize duos se tenaient dans la même barre et pouvaient prétendre à une médaille. Selon les données d’Equiratings, la première manche s’est conclue par cinquante-deux pour cent de sans-faute, là où le total le plus important remontait à 2011, avec trente-cinq pour cent de sans-faute dans l’acte initial de la finale individuelle. En moyenne, lors des sept dernières éditions des championnats d’Europe, ce taux s’est élevé à vingt-deux pour cent seulement. Pourtant, le chef de piste espagnol n’a pas manqué de proposer des parcours techniques, offrant des choix aux cavaliers. Alors, le niveau des couples était-il simplement trop élevé, aidé par une piste à la qualité très largement plébiscitée ? La question mérite d’être soulevée. “Cette semaine, nous avons vu beaucoup de parcours sans faute, mais cela montre à quel point le sport a évolué. Santi a essayé de nous départager, mais, même lorsque les parcours nous semblaient délicats à la reconnaissance, il y a eu beaucoup de parcours parfaits. Il se trouve que la piste a été excellente tout au long du championnat”, a analysé le nouveau champion d’Europe. Fort heureusement, les trois couples médaillés n’ont pas volé leur breloque, eux qui figuraient déjà, dans un ordre différent pour le premier et le troisième, sur le podium de la compétition par équipe.
Le podium individuel des championnats d'Europe Longines de saut d'obstacles a sacré des cracks chevaux... et cavaliers ! © Lukasz Kowalski/ FEI
Si les clear rounds ont été légion malgré la tension, certains, comme Steve Guerdat et Iashin Sitte, ont craqué. Nicola Philippaerts et Katanga vh Dingeshof, si aérienne depuis mercredi en ont fait de même et ont terminé au-delà du Top 12, tandis que les remarquables Seamus Hughes Kennedy et ESI Rocky ont concédé un point de temps en première manche, pour s’emparer de la cinquième place finale. Après une finale exemplaire, les deux complices ont confirmé leur place parmi l’élite, après une saison extérieure remarquable, marquée par leur quatrième place dans leur premier Grand Prix 5*, lors du CSIO de Rome, ainsi que leur double zéro dans la Coupe des nations du CSIO 5* de La Baule. S’il aurait pu figurer un rang plus haut sans son point de temps, le duo n’a pas à rougir de sa performance, lui qui avait été double médaillé d’or en Jeunes cavaliers en 2023 à Gorla Minore. En se rangeant en cinquième position, l’Irlandais et son fils de Stakkato Gold ont permis à Ben Maher et Dallas Vegas Batilly de s’offrir… une médaille en chocolat, comme celle que le Britannique avait déjà savourée en 2023, à Milan, avec Faltic HB, plus vu en compétition depuis mars 2024. Mais cette fois, Ben Maher aura de vrais regrets à nourrir, puisqu’il est passé à côté de sa Chasse, en concédant une faute, et que sa… Selle Français a une nouvelle fois excellé sur les quatre parcours suivants. Sans ses quatre secondes de rab encaissées mercredi, la paire aurait pu prétendre à l’argent. Rageant.
Dallas Vegas Batilly et Ben Maher concluent leur excellente semaine espagnole au quatrième rang. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Quel premier championnat Séniors pour Seamus Hughes Kennedy et ESI Rocky, si près d'une médaille ! © Dirk Caremans / Hippo Foto
Même bilan ou presque pour Sophie Hinners, sixième avec son grand gris Iron Dames*My Prins van Dorperheide, et Darragh Kenny, septième sur Eddy Blue, qui ont chacun commis une faute dans cette épreuve inaugurale avant d’aligner les sans-faute. Tous deux ont pu opérer de belles remontées après les fautes des Suissesses Janika Sprunger, qui n’a pas trouvé la bonne distance pour aborder le double de verticaux en première manche et ayant causé un refus de sa toute bonne Orelie, et Nadja Peter Steiner, aux rênes de Mila, et du Belge Nicola Philippaerts sur Katanga v/h Dingeshof. Kim Emmen et Imagine, eux, ont signé une Chasse parfaite, mais trop lente pour rivaliser avec le podium. Une fois de plus, la Néerlandaise et son gris, révélés l’an dernier aux Jeux olympiques, ont été de véritables métronomes, enchaînant sans-faute sur sans-faute… comme Thibeau Spits et Impress-K van’t Kattenheye, qui ont signé un championnat absolument exceptionnel, simplement sanctionné d’un point de temps dépassé vendredi lors de la finale par équipe. Les Britanniques Donald Whitaker et Jessica Mendoza, qui n’ont pas démérité mais ont chacun laissé échapper une barre aujourd’hui, complètent le Top 12 devant Steve Guerdat sur leurs respectives Millfield Colette et In The Air. Très impressionnant pour son premier championnat, Floyd des Prés offre à Antoine Ermann la seizième place finale, après n’avoir renversé aucune barre entre jeudi et aujourd’hui, mais concédé deux fautes lors de la Chasse, qui lui ont fermé les portes de l’ultime parcours de cette dernière journée de compétition à La Corogne.
Sixième, Sophie Hinners confirme sa fiabilité avec Iron Dames*My Prins van Dorperheide et pourra aussi célébrer la victoire de son complice à la ville, Richard Vogel. Une bien belle semaine pour le couple germanique ! © Sportfot
Photo à la Une : Richard Vogel et United Touch S, les nouveaux champions d'Europe en titre, ont pleinement savouré le plus beau tour d'honneur de leur aventure commune, dimanche 20 juillet à La Corogne. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Les championnats d’Europe de La Corogne sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.
