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“L’équipe des Pays-Bas rencontre quelques difficultés en ce moment”, Maikel van der Vleuten (1/2)

Maikel
mardi 5 décembre 2023 Mélina Massias

Grâce, notamment, à son fidèle et si généreux Beauville, Maikel van der Vleuten a connu une nouvelle saison de rêve en 2023, auréolée d’une deuxième place au classement général du Longines Global Champions Tour, de dix classements et une victoire en Grands Prix 5*. Si les Pays-Bas se sont montrés moins solides et redoutables collectivement qu’il y a quelques années, le Néerlandais dresse un bilan positif de ses derniers mois. Dix-huitième meilleur cavalier du monde en novembre, le médaillé de bronze des Jeux de Tokyo et des Mondiaux de Herning s’est prêté au jeu des questions-réponses lors du CHI d’Equita Lyon. Au menu, le décryptage d’une partie de son piquet de chevaux, dont fait partie le très prometteur O’Bailey vh Brouwershof, neuf ans seulement, l'évocation de la situation de son escouade nationale, des nouvelles du fabuleux Verdi et de la jeune retraitée Dana Blue, mais aussi un mot pour les indispensables grooms, qui œuvrent chaque jour au plus près des cavaliers. Premier volet.

Quel bilan tirez-vous de votre saison extérieure, lors de laquelle vous avez remporté une Coupe des nations et un Grand Prix 5*, en plus de nombreux classements ?

De façon générale, je ne peux pas me plaindre ! Mes chevaux étaient bien, et m’ont permis de récolter de bons résultats. Je me suis davantage concentré sur le Global Champions Tour cette année. J’ai d’ailleurs terminé à la deuxième place du classement général, ce qui était une belle récompense. Les deux Coupes des nations auxquelles j’ai participé se sont bien déroulées. Ce fut un peu moins le cas lors des championnats d’Europe, mais j’avais choisi de miser sur un cheval un peu moins expérimenté. De fait, il est normal que l’obtention d’une médaille ait été difficile. Mais je suis satisfait de ma saison.

Maikel van der Vleuten a remporté le Grand Prix 5* de Cannes avec Beauville début juin. © Sportfot

N’avez-vous pas été trop déçu d’être battu par votre coéquipier et ami Harrie Smolders au classement général du Longines Global Champions Tour (LGCT) ?

J’aurais bien sûr aimé gagner ! J’ai eu de très bons résultats sur la première moitié de la saison, puis j’ai été un peu malchanceux dans quelques Grands Prix. Mon cheval sautait bien, mais nous écopions de quatre points. En parallèle, Harrie a connu une super période. Finalement, il a été un peu meilleur, mais c’est ainsi ! Harrie est un cavalier fantastique, qui a une très bonne gestion de son écurie. C’est un homme de cheval et il méritait de gagner. Cependant, je ne vais pas baisser les bras et j’essaierai de le battre l’an prochain !

Bon amis, Maikel van der Vleuten et Harrie Smolders ont suivi assidument le circuit du LGCT cette saison. © LGCT

Vous avez débuté votre saison indoor avec un double sans-faute et une huitième place à Oslo avec O’Bailey vh Brouwershof (Darco x Contact vd Heffinck), votre étalon de neuf ans, qui vous accompagnait également lors des championnats d’Europe. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur lui ?

O’Bailey a franchi le cap du haut niveau l’an dernier. Si j’ai décidé de le monter aux championnats d’Europe, c’était pour lui donner une bonne expérience avant les Jeux olympiques de l’an prochain. Désormais, il va poursuivre sa saison sur le circuit de la Coupe du monde et je crois qu’après cela il devrait être prêt pour l’an prochain. De cette manière, j’aurais une option supplémentaire pour les Jeux. O’Bailey a un super tempérament, beaucoup de force et des moyens ; c’est un très bon cheval.

O’Bailey vh Brouwershof est dans vos écuries depuis plusieurs années et a été monté par votre frère, Eric Jr…

Oui, O’Bailey est à nos côtés depuis qu’il a six ans. Mon frère l’a mené jusqu’à des épreuves à 1,40 et 1,45m, puis depuis le début de l’année 2022, j’ai pris le relais et nous avons gravi les derniers échelons vers le très haut niveau. 

À seulement neuf ans, O'Bailey vh Brouwershof a déjà quelques belles expériences à son actif. © Mélina Massias



Fils de l’excellent Darco, disparu depuis dix-sept ans, et issu de la très bonne souche française d’Opaline des Pins, qui a notamment donné les étalons Jus de Pomme, Shogoun II, Quintus D’09, Richebourg et Trésor d’Opaline, O’Bailey vh Brouwershof fait-il la monte ?

Oui. Au début, il honorait évidemment un peu moins de juments, mais en a toujours eu environ une cinquantaine par an. Cette année, nous avons été sacrés champions des Pays-Bas ensemble, ce qui l’a mis davantage en lumière. Les gens se sont donc davantage intéressés à lui et il a saillie cent cinquante juments, ce qui est un bon pas en avant pour sa carrière d’étalon. Comme vous l’avez souligné, il vient en effet d’une très bonne lignée maternelle et sa mère a très bien produit. Il est bien né et bien fait, et de ce que j’ai pu voir pour l’instant, ses produits semblent intéressants, ce qui est de bon augure pour le futur.

Malgré des championnats d'Europe décevant, le jeune O'Bailey a un grand avenir devant lui, tant dans le sport qu'à l'élevage. © Mélina Massias

La finale de la Coupe du monde, qui se déroulera à Riyad au printemps, pourrait-elle être un objectif pour lui ?

Oui, pourquoi pas. J’ai encore quelques étapes du circuit de prévues (entretien réalisé le 2 novembre, dans le cadre du CHI Longines d’Equita Lyon, ndlr). J’espère que je pourrais obtenir suffisamment de points. Participer à la finale de la Coupe du monde serait une super expérience pour O’Bailey ou peut-être pour Beauville. Nous verrons comment ils se portent le moment venu. Quoi qu’il en soit, cette échéance est évidemment un objectif pour la saison intérieure.

Quel bilan tirez-vous des Européens de Milan en ce qui concerne l’équipe des Pays-Bas, que beaucoup attendait sans doute plus redoutable qu’elle ne l’a été ? Comment expliquez-vous l’état de forme actuel de vos troupes ?

Je dois dire que notre équipe nationale rencontre quelques difficultés en ce moment, et cela dure depuis un petit moment. Lors des Européens, Harrie et moi avions choisi d’emmener nos deuxièmes chevaux, mais de manière générale, nous avons de bons cavaliers aux Pays-Bas.

Ces derniers mois, les Pays-Bas ont du mal à performer en tant que collectif, malgré de très fortes individualités. © Mélina Massias

Justement, les Oranje peuvent compter sur de très fortes individualités, dont plusieurs couples cavaliers/chevaux qui sont classés voire gagnants en Grand Prix 5*. Cela renforce le contraste entre les performances individuelles et collectives des représentants de votre escouade…

Il nous a aussi été difficile de réunir tous les bons cavaliers et chevaux en même temps. Harrie était en tête du Global Champions Tour, donc Monaco était principalement dédié à ce circuit. Idem pour Beauville et moi. En fin de compte, cela est beaucoup plus intéressant pour nous financièrement parlant. Nous avions nos meilleurs couples réunis à Rotterdam, où nous avons gagné la Coupe des nations. Malgré tout, en ce moment, nous n’avons pas tant de très bons chevaux, capables de faire la différence au plus haut niveau et dans un championnat. Avec un peu de chance, cela va redevenir le cas prochainement. Lors de nos années fastes, il y a plusieurs saisons, nous comptions sur un groupe de chevaux qui était sécurisé par des propriétaires qui n’avaient pas l’ambition de les vendre. Et c’est ce qui est difficile pour nous en ce moment. Les dotations ne font pas le poids par rapport à ce que peut nous rapporter la vente d’un cheval fantastique. Et, tant que l’on n’a pas un propriétaire incroyable derrière soi, ou des sponsors qui nous soutiennent, cela reste très difficile. 

Le départ - forcé - de Rob Ehrens a-t-il changé quelque chose à votre force collective ?

Non, en tout cas pas d’une façon négative. Pour moi, Rob n’avait toutefois pas à partir. J’ai toujours eu une bonne relation avec lui et j’ai des souvenirs formidables avec lui. La Fédération a choisi de changer de chef d’équipe et je pense que nous pouvons être heureux de compter sur Jos Lansink. Il est motivé et se donne beaucoup pour ce rôle. Je trouve qu’il fait un travail fantastique.

Pendant plusieurs années, sous l'aire Rob Ehrens, les Bataves semblaient intouchables en grand championnat. © Dirk Caremans / Hippo Foto



Encore une fois, votre fidèle Beauville (Bustique x Jumpy des Fontaines) a signé une fantastique saison, avec à la clef sept classements en Grands Prix 5*, sur onze disputés avant les Play-Offs de Prague. Que représente ce cheval à vos yeux ? 

Cela fait déjà quelques années qu’il est mon cheval de tête. J’admire sincèrement sa mentalité. Il a sa propre façon de sauter, mais il a une telle envie de se battre ! Beauville est arrivé chez nous à sept ans. Lors de nos premières années ensemble, nous avons pris notre temps, mais à neuf ans il remportait déjà son premier Grand Prix 5* à Monaco avec moi. Depuis, nous avons vécu de super moments. Il m’a offert deux médailles en championnat (le bronze olympique à Tokyo en 2021, puis de nouveau le même métal aux Mondiaux de Herning un an plus tard, ainsi que l’argent en équipe, ndlr). J’espère que nous avons encore de belles années à vivre ensemble. Beauville a treize ans, mais si nous faisons attention à son programme, il devrait être en pleine forme pour deux ou trois saisons de plus. 

Le génial Beauville a décroché deux médailles de bronze individuelles, à Tokyo puis à Herning, preuve de son incroyable régularité. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Quel est votre plan pour lui dans les mois à venir ?

Nous ferons de nouveau partie d’une équipe du GCT l’an prochain, mais dans mon esprit les Jeux olympiques restent l’objectif principal. À l’approche des Jeux, je vais essayer d’établir un bon programme pour Beauville, afin qu’il reste dans le rythme, sans le mettre trop à l’effort. Je tiens à m’assurer qu’il reste en bonne forme, qu’il garde le moral. Nous ferons au mieux et verrons lorsque nous serons plus proches de l’échéance quel cheval est en meilleure forme.

Malgré ses médailles et ses impressionnants résultats, Beauville semble être davantage dans l’ombre que d’autres chevaux, comme King Edward Ress ou Donatello d’Auge par exemple. Ressentez-vous cela et avez-vous une explication ?

Je ne sais pas vraiment… Peut-être que je ne parle pas assez de lui, mais je l’apprécie énormément. Il a des résultats bien supérieurs à la moyenne. Il est simplement très doué. 

Maikel van der Vleuten et Beauville forment l'un des duos les plus redoutables de la scène internationale. © Dirk Caremans / Hippo Foto

En juillet puis septembre, vous avez pris part à vos premiers parcours internationaux avec Dreamland (Sunday de Riverland x For Pleasure), né Boy de Riverland, ancien cheval de tête de votre illustre père, Eric. Allez-vous continuer à monter ce grand Selle Français ?

Oui, je vais continuer à le monter, parce que mon père est à un point de sa carrière où il ne souhaite plus concourir autant qu’avant. Il prend encore plaisir à monter à cheval et à passer du temps sur la formation des jeunes chevaux, ce qui m’aide beaucoup, mais il ne ressent plus le besoin de participer à des événements majeurs chaque week-end. J’ai donc accueilli Dreamland au sein de mon piquet et j’espère pouvoir compter sur lui l’an prochain.

Eric van der Vleuten a récemment cédé les rênes du bon Dreamland, né Boy de Riverland, à son fils, Maikel. © Sportfot

Quid de Dywis HH (Toulon x Corofino II) ? Comment jugez-vous son potentiel ? 

C’est une très bonne deuxième jument, davantage destinée aux épreuves de vitesse. Elle peut sauter des parcours à 1,60m, mais je trouve qu’elle est un peu moins à l’aise et compétitive à ce niveau, ce qui peut nous conduire à avoir une faute ci et là. Elle est un super atout dans mon piquet. Marta Ortega, qui est aussi la propriétaire de Beauville, l’a achetée il y a deux ans. Elle est très chouette, même si elle n’est pas de la même trempe que O’Bailey et Beauville. Chaque cheval a un niveau qui lui correspond.

Dywis est un très bon élément du piquet du Néerlandais. © Mélina Massias

Photo à la Une : Maikel van der Vleuten à Equita Lyon. © Mélina Massias

La seconde partie de cet entretien est disponible ici.