Des retours pour quatre chevaux de Grand Prix, une nouvelle monture de choix pour le numéro cinq mondiale, du mouvement au sein de la cavalerie brésilienne, l’élevage en deuil, trente-six nouveaux approuvés au stud-book Zangersheide… On fait le point sur les dernières actus.
Comme l’a relevé le Journal Le Cheval, Julien Epaillard a une nouvelle recrue ! Présent à Oliva depuis le début du mois de février, le Normand a posé sa selle sur le dos de Grabuge, un étalon de huit ans inscrit au stud-book du Cheval de sport anglo-normand (CSAN), qui séduit chaque année de nouveaux éleveurs. Formé par Elodie Fortiée à quatre et cinq ans, le fils de Quick Star et Kamtchatka, la mère d’un certain Orient Express*HDC, était passé brièvement aux rênes de Duarte Romao avant de poursuivre sa route, jusqu’en décembre dernier, avec Alexis Deroubaix. Appartenant toujours au haras de la Gisloterie de Patrice Boureau, le bai a déjà pris ses marques avec son nouveau pilote, en attestent ses trois sans-faute à 1,25m pour leurs premiers parcours ensemble, en Espagne.
Crédité d’un ISO 150 au terme de sa saison 2023, le propre frère d’Orient Express, double médaillé d’argent aux Jeux équestres mondiaux de Caen en 2014 avec Patrice Delaveau, a notamment remporté une épreuve Top 7 à 1,40m et pris part à la finale du championnat de France réservé aux chevaux de sept ans à Fontainebleau avec son ancien cavalier. Côté élevage, Grabuge a honoré sa première jument en 2023. Aux côtés de l’actuel numéro cinq mondial, nul doute que les objectifs sont grands pour ce CSAN au pedigree d’exception. Rappelons que Kamtchakta, sa mère, est une fille de Loripierre et donc une sœur utérine du champion du monde par équipe Dollar dela Pierre, entre autres.
Du mouvement dans l’effectif brésilien
Le Brésil ne manque pas de couples et semble bien armé à l’aube des Jeux olympiques de Paris. Les bonnes montures n’étant jamais assez nombreuses, le piquet de certains cavaliers phare de l’équipe a récemment connu quelques modifications. Outre Luciana Diniz, qui a retrouvé Clair de Lune 11, une excellente fille de Calido I âgée de seize ans qu’elle avait déjà montée entre janvier et avril 2019, Marlon Modolo Zanotelli et Yuri Mansur peuvent désormais compter sur Carte de Blue PS*Marathon pour le premier et Catch Me*Marathon pour le second, deux anciennes montures de leur homologue Francisco José Mesquita Musa. Carte de Blue, par Cartoon 21 et une fille de Chacco-Blue, s’est classé jusqu’en Grand Prix 5* et a notamment pris part à la finale du circuit des Coupes des nations de Barcelone en 2022. Avec son nouveau pilote, le hongre de douze ans s’est déjà offert un Grand Prix 2* à Opglabbeek, début février, ainsi qu’un sans-faute aux obstacles et une septième place dans un Grand Prix 3* du Mediterranean equestrian tour (MET) d’Oliva, deux semaines plus tard.
Fils de Contagio, Catch Me a évolué au même niveau que son ancien voisin d’écurie et a, elle aussi, disputé plusieurs Grands Prix 5* et autres Coupes des nations. Lauréate du Grand Prix 4* de Wiesbaden en 2017 avec Holger Wulschner, l’Hannovrienne de seize ans a fait ses débuts avec Yuri Mansur à Bâle, avant de se présenter à Leipzig puis Amsterdam, où elle s’est classée huit puis septième de deux épreuves à 1,45 et 1,50m. Dans le même temps, Yuri Mansur, qui peut toujours miser sur ses stars Vitiki, QH Alfons Santo Antonio, né Alfons RA, et Miss Blue Mystic Rose, révélation de la saison dernière mais plus vue sur la scène internationale depuis septembre dernier, a cédé les rênes de Cheyenne de la Violle. Arrivé au sein de son écurie fin 2022, le Selle Français de douze ans, sacré champion de France à six et sept ans, est apparu sous la selle de l’Italien Guido Grimaldi lors du Jumping international de Bordeaux, début février. Pour l’heure, le fils de Nabab de Rêve n’a pas changé de propriétaire sur la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI) et apparaît toujours sous les couleurs de Clear Round BV, société de Yuri Mansur.
Cian O’Connor sécurise deux espoirs olympiques
Par voie de communiqué, Cian O’Connor a annoncé que Maurice et Fermoy, né Chacco’s Light, resteraient sous sa selle au moins jusqu’aux Jeux olympiques de Paris. Fort bien équipé et soutenu, le marchand irlandais s’est réjoui de cette nouvelle, qui devrait l’aider dans sa quête olympique. Sarah Stoute, à la tête de la société Keysoe International, qui appose ses initiales K.I devant le nom de ses chevaux, a investi dans ces deux espoirs olympiques, qu’elle espère ensuite voir évoluer sous la selle de sa fille, Keira, dix-neuf ans, et qui monte déjà à temps plein d’anciens coéquipiers de Cian O’Connor, notamment les étalons Taj Mahal, né Étoile vd Neerheide, Checkter et Festival du Banney, mais aussi Germaine W. Dans le même communiqué, le cavalier des écuries Karlswood n’a pas manqué de remercier ses autres fidèles propriétaires, la famille Magnier, Pat Crean et Nikki Walker, et de saluer le travail et l’investissement de toute son équipe.
Urvoso du Roch orphelin
Plus vu en compétition internationale depuis plus d’un an, Urvoso du Roch, monté depuis les Jeux de Tokyo par Tom et Max Wachmann, élèves de Cian O’Connor, est orphelin. Le 7 février dernier, le haras du Roch, situé dans le Pas-de-Calais, a annoncé la nouvelle. “C'est avec tristesse que nous vous annonçons que notre jument Émilie du Grand Bois s'est éteinte à trente-deux ans. Elle a fait partie de notre quotidien pendant vingt-huit ans. Arrivée en trombe à la ferme à quatre ans, celle qui ne devait jamais avoir de poulains, car issue d'une grossesse gémellaire, nous en aura donné dix ! Et parmi eux, naîtra notre crack, son crack, Urvoso du Roch ! Un poulain fragile qu'elle aidera à grandir grâce à son instinct de mère inébranlable et avec l'aide de son éleveur passionné, Antoine (Bollart, ndlr). Une ‘bonne mère’ qui verra son Urvoso aller jusqu'aux jeux olympiques de Tokyo. Avec son caractère affirmé, notre matriarche est restée jusqu'au bout la ‘cheffe’ de l'élevage, se faisant respecter par sa nombreuse descendance qui l'entourait. Aujourd'hui, elle laisse un grand vide à l'élevage du Roch, surtout dans le cœur de son humain préféré, son éleveur adoré, Antoine, qui l'aura accompagnée jusqu'au bout. De ses premiers concours d'obstacles, à la blessure qui l'éloignera des parcours, aux concours modèles et allures, aux nombreux poulinages, Antoine a appris et grandi à ses côtés, pour être aujourd'hui un éleveur aguerri, renommé et toujours passionné. La relève est assurée et Emilie vivra toujours au travers de la nombreuse descendance qu'elle nous a laissée”, peut-on lire sur la page Facebook de l’élevage. Au printemps 2022, Studforlife avait retracé l’histoire de l’élevage, dans un article en deux parties.
Deux passionnés d’élevage nous ont quitté
À quelques jours d’intervalle, Marc Verrier, immense passionné d’élevage et indissociable des pages élevage de GRANDPRIX Magazine et GRANDPRIX.info, et Miranda de Toulouse Lautrec, éleveuse d’Anglo-arabe installée en Haute-Vienne, se sont éteint. Touche à tout, généreux et extrêmement cultivé, Marc Verrier aura marqué toutes celles et ceux qui auront eu la chance de croiser sa route. Nombre sont ceux à lui avoir rendu hommage à l’annonce de sa disparition, survenue brutalement le 14 février dernier. “Un passionné parmi les passionnés, un corps et une générosité immenses, une voix de stentor reconnaissable entre toutes. Un homme de mots, un homme d’images qui posait son regard noble et sensible sur les poulains comme sur les musiciens et les fleurs des champs. Un géant qui ne vous regardait jamais de haut, un Ch’ti qui vous racontait le Cotentin et le pays d’Auge comme personne, un ancien cheminot qui n’a jamais oublié d’où il venait ni hésité à s’engager pour les autres, la collectivité, le bien commun, pour ce en quoi il croyait. Nous savions les problèmes et faiblesses de son cœur, son talon d’Achille, mais rien, selon ses proches, ne laissait présager une nouvelle crise, ni que celle-ci serait d’une telle gravité. Il allait bien hier matin, il n’était plus hier soir… [...] La mort survient (presque) toujours trop tôt dans la vie, mais là, je dois bien avouer que la tienne, si brusque, si injuste, me laisse dans l’incompréhension la plus totale”, a notamment écrit Sébastien Roullier Varlamov, rédacteur en chef des titres du groupe GRANDPRIX.
Indéfectible au stud-book Anglo-arabe, Miranda de Toulouse Lautrec est décédée vendredi 16 février. Elle avait fait naître plus d’une centaine d’Anglo-arabes, parmi lesquels quinze avaient obtenu un indice de performance supérieur à 120. “Une figure légendaire de l'anglo-arabe nous a quittés. Le meilleur anglo que j'ai jamais vu provenait de son élevage. Pas besoin d'affixe quand on baptise ses poulains avec autant d'esprit, on se rappelle de Leroidec ou encore d’Ixigreczed”, a-t-on pu lire sur les réseaux sociaux en hommage à l’éleveuse.
Check In débarque en France
Alors qu’il distribuait déjà sa semence en France, le haras de Clarbec a annoncé l’arrivée en France du génial Check In 2. “Le phénoménal Check In pose ses valises au haras de Clarbec pour la saison de monte 2024 ! Il vous sera présenté lors du Salon des Etalons de Saint-Lô fin février. Un performer et reproducteur 5* avec une semence de qualité exceptionnelle, que demander de plus ? Merci à sa cavalière Samantha McIntosh et à ses propriétaires Takapoto Equestrian de leur confiance”, ont écrit les équipes du haras. Charismatique, le fils de Cordalmé et petit-fils de Lord Pezi compte notamment parmi ses descendants les géniales Fischer*Chelsea, qui a permis à Michael Jung de se faire une place parmi l’élite du saut d’obstacles, et Che Fantastica, la bien nommée, ancienne complice de Philipp Weishaupt et montée par Michael Duffy en 2023. En France, l’étalon de vingt et un ans compte une soixantaine de descendants et a honoré plus de quatre-vingts juments l’an dernier.
Quatre chevaux de Grand Prix de retour aux affaires
Jade vd Bisschop, Quel Homme de Hus, né Quempas, Bibici et Equine America*Cacharel ont retrouvé le chemin des terrains de concours. Sixième des Européens Longines de Riesenbeck et médaillée de bronze par équipe, la brillante Jade vd Bisschop, également lauréate du Trophée de la ville de Barcelone au CSIO 5* espagnol en 2019, n’était plus apparue en compétition depuis septembre 2021 et une participation au CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Deux ans et demi plus tard, l’alezane issue du croisement entre Ogano Sitte et une fille de Grannus a retrouvé l’effervescence des événements internationaux, toujours sous la selle de son cavalier belge, Pieter Devos. Le duo a repris progressivement du côté d’Oliva, puis au CSI 4* d’Opglabbeek, sur des épreuves allant d’1,25 à 1,40m.
Après avoir passé une partie de sa convalescence au pré, la reine Bibici a repris du service à Valence, en Espagne, sur deux épreuves à 1,30m mi-février. La grise et Grégory Cottard intègreront cette année et pour la première fois une équipe de la Global Champions League et n’avaient plus concouru depuis août et le CSIO 5* de Dublin où la fille de Norman Pré Noir et Uélème s’était blessée. Absente depuis fin juin et le CSIO 5* de Saint-Gall, Equine America*Cacharel, la géniale partenaire du Britannique Joe Stockdale, a elle aussi fait son come-back. Depuis janvier, la Holsteiner de treize ans retrouve ses marques aux Emirats arabes unis. À Abou Dabi et Charjah, elle a signé plusieurs bons parcours jusqu’à 1,50m avec son fidèle cavalier.
Enfin, à dix-huit ans, et après une longue convalescence et de nombreux soins prodigués par toute son équipe, Quel Homme de Hus est lui aussi de retour ! Blessé lors du CSI 5* de Prague en novembre 2022, l’étalon fils de Quidam de Revel a pris part à deux parcours à 1,25m sous le soleil d’Oliva, mi-février. De quoi réjouir tout l’entourage de l’étalon, qui ambitionne toujours de le voir briller à Paris cet été.
Une affaire gagnante pour Jérôme Guéry
En plus de se réjouir du retour de son crack, Jérôme Guéry a un autre motif de satisfaction à Oliva. En début de semaine, le Belge a, en effet, fait l’acquisition de Hitch d’Ellipse, en partenariat avec Ashford Farm. À peine le temps de faire connaissance que le néo-duo a déjà triomphé, dans la finale réservée aux chevaux de sept ans. “Quoi de mieux pour vous présenter notre nouvelle recrue que de le faire à l’occasion de notre première victoire ? Une victoire dans la finale des sept ans aujourd’hui avec Hitch d’Ellipse que nous avons achetés ensemble avec Ashford farm à Thierry Rozier lundi, oui oui, il y a deux jours ! Déjà sans faute hier, cet étalon ne peut cacher ses très nombreuses qualités comme il a pu en faire la preuve cet après-midi. Une nouvelle recrue qui va faire parler d’elle pendant longtemps”, a écrit le Diable Rouge sur ses réseaux sociaux. Fils de Canturo et Ketty du Plessis (Adelfos), le bai est un frère utérin de l’étalon Padock du Plessis, ancien complice de Timothée Anciaume, et donc issu de la souche de Bourrée. Principalement formé par David Gomez et Guillaume Bourgier, le Selle Français avait intégré les écuries de Thierry Rozier il y a à peine quelques semaines.
Zangersheide approuve trente-six nouveaux mâles
En parallèle du CSI 4* d’Opglabbeek, le stud-book Zangersheide organisait une approbation d’étalons en Belgique et en profitait pour présenter les étalons de son catalogue. Au terme des divers ateliers, notamment de saut en liberté, Éric Levallois, Heinz Meyer et Luc Tilleman ont approuvé trente-six mâles. Très en vue, les fils d’Aganix du Seigneur et les descendants directs et indirects de Diamant de Semilly, notamment via Emerald van’t Ruytershof ou Dourkhan Hero, ont séduit les experts. Le sang de Clinton a aussi fait mouche, par l’intermédiaire d’Eldorado vd Zeshoek, mais aussi de Cornado II, Corydon van T&L ou Comme Il Faut. Parmi les papiers les plus intéressants, citons celui de Kall In H5 des Premices, propre frère du légendaire et jeune retraité H&M All In de Vinck, qui devrait à coup sûr convaincre de nombreux éleveurs… bien que près d’une vingtaine d’embryons de Fortune, la mère d’All In, aient vu le jour entre 2020 et 2023… Kall In est né pour le compte de Carlos Hank Guerreiro et la société Bernollin Equestrian et appartient à Zubri Gumarny. Lors de la vente aux enchères consécutive à cette cession d’approbation et d’observation, Dourking Hero, quatre ans, a enflammé la salle et a été adjugé pour 340.000 €. L’Allemagne a remporté la bataille pour ce fils de Dourkhan Hero et issue de la très prolifique souche d’Usha van’t Roosakker, sa cinquième mère. Attoucha Hero, sa deuxième mère, a brillé sous la selle de Paris Sellon.
La liste complète des étalons approuvés.
Photo à la Une : Grabuge, ici sous la selle d’Alexis Deroubaix, a fait ses débuts avec le numéro cinq mondial en février. © Agence Ecary