Sur la piste où se déroulera la prochaine finale de la Coupe du monde, en avril, Julien Epaillard et Donatello d’Auge ont donné le ton en cette nouvelle année. Le Normand et son Selle Français Originel ont ouvert le barrage du Grand Prix Coupe du monde de Bâle et se sont montrés intraitables. En signant les deux seuls autres doubles sans-faute de l’après-midi, Maikel van der Vleuten et Beauville ainsi que Tim Gredley et Imperial HBF ont complété le trio de tête.
Julien Epaillard et Donatello d’Auge n’avaient plus remporté de Grand Prix international depuis mai dernier et leur succès dans l’épreuve reine du CSI 4* de Mâcon-Chaintré. Pour ce couple homemade et particulièrement redoutable, passer sept mois et demi sans s’imposer en solo est presque une anomalie ! Mais le Normand avait certainement à cœur de donner le ton pour débuter l’année 2025. À Bâle, support de la dixième étape de la ligue d’Europe occidentale de la Coupe du monde Longines, l’actuel numéro onze mondial et son Selle Français Originel par Jarnac ont dominé un délicat Grand Prix, dimanche 12 janvier, et un barrage à huit.
Peu verni par l’ordre de départ, Julien Epaillard a affronté le premier acte du Grand Prix Coupe du monde de Bâle en numéro cinq, avec son fidèle Donatello d’Auge, produit maison qui l’accompagne au plus haut niveau depuis 2022. Expérimentés, les deux complices n’ont fait qu’une bouchée du parcours imaginé par Gérard Lachat et Grégory Bodo et ouvert le compteur de sans-faute de l’après-midi. Finalement, seuls sept autres couples parviendront à les imiter, la subtilité du tracé ayant pénalisé plusieurs couples ayant pourtant rendu d’excellentes copies, à l’image de ceux formés par Marcus Ehning et Coolio 42, piégés sur le numéro 2, Henrik von Eckermann et Toveks*Azaria Dinero, Adrian Schmid et Chicharito 11, qui ont renversé l’ultime oxer, Wilma Hellström et Cicci BJN, les grands favoris Richard Vogel et United Touch S, ou encore Eduardo Alvarez Aznar et son cher Rokfeller de Pleville*Bois Margot, officiellement âgé de vingt ans depuis le 1er janvier ! Au total, treize parcours se sont soldés avec une faute, et un avec deux points de temps dépassé. Celui-ci est à mettre au crédit de Sophie Hinners et Iron Dames*My Prins van de Dorperheide, son excellent gris né chez la famille Philippaerts et qui lui a permis de s’imposer dans l’étape de Vérone. La paire s’est une nouvelle fois distinguée par son aisance assez nette au-dessus des barres et devrait en toute logique retrouver l’écrin suisse de Bâle dans quelques mois, à l’occasion de la finale du circuit indoor de la Fédération équestre internationale (FEI).
Ouvreur de l’ultime affrontement du week-end sur la piste de la halle Saint-Jacques, Julien Epaillard et Donatello d’Auge ont fait parler leur sens de la vitesse et ont franchi la ligne d’arrivée en 39’’52, ne laissant que bien peu d’espoirs à leurs adversaires. Pourtant, les plus valeureux d’entre eux ont tenté d’aller plus vite, avec plus ou moins de réussite.
Ben Maher a été le premier à s’y risquer avec son extraordinaire Point Break, qui n’a rien raté ces dernières semaines, entre le CHI de Genève et le CSI 5*-W de Londres. Pour autant, le Britannique était bien décidé à saisir la victoire qui tend les bras à son toujours très (trop ?) démonstratif fils d’Action-Breaker. Le couple a fait les frais d’une option extrêmement osée - et non empruntée par Julien Epaillard et Donatello d’Auge -, pour aborder le double du parcours raccourci. La seconde partie de la combinaison est tombée, et le champion olympique et son étalon SWB ont rallié l’arrivée en 39’’58. De toute façon en retard sur les 39’’52 des lauréats du jour, tous deux se sont contentés du cinquième rang.
Dans le sillage des deux premiers barragistes, Martin Fuchs a, lui aussi, pris tous les risques, face à son public. Le très compétitif Suisse a bien failli transformer l’essai avec son excellent Commissar Pezi et un chronomètre impressionnant de 38’’13, plus d’une seconde plus rapide que celui des fusées Epaillard et Donatello d’Auge. Mais comme pour Ben Maher et Point Break, l’option pour aborder le double leur a été fatale, l’entrée de ce dernier ayant roulé au sol… pour une quatrième place finale !
À son tour, Kevin Staut a tenté sa chance, avec la toute jeune Vida Loca, qui vient de souffler sa neuvième bougie. La fille de Vigo d’Arsouilles a encore prouvé sa qualité exceptionnelle, en signant l’un des meilleurs parcours du Grand Prix, mais a semblé perturbée par le rythme soutenu imprimé par son cavalier au barrage et a, de ce fait, concédé deux fautes coup sur coup, sur les numéros 1 et 2. Avec une telle pépite sous la selle, le Normand aura tout intérêt à se montrer particulièrement patient ces prochains mois, afin de préserver sa complice, qui pourrait bien devenir l’une des meilleures juments de sa carrière.
Sans traîner en route mais sans prendre de risques inutiles, Maikel van der Vleuten et son inoxydable Beauville, toujours au rendez-vous, ont signé le deuxième double zéro du barrage et se sont offert une bonne deuxième place, quelques mois après leur médaille de bronze olympique. Puis Tim Gredley, qui fêtait aujourd’hui son trente-neuvième anniversaire, est venu compléter le podium avec le remarquable Imperial HBF, un fils de Glasgow van het Merelsnest. La paire a conclu son exercice au troisième rang, pour le plus grand bonheur du sympathique Britannique, qui continue de monter en puissance depuis son retour aux affaires après un détour par… le monde des courses !
Dernière prétendante à la victoire, Michael Duffy n’ayant pas pris le départ avec son Selle Français Claptonn Mouche, lauréat du Grand Prix 5* de Miami en 2024, Sandra Auffarth, grande championne de concours complet, a tenté d’ajouter une nouvelle victoire de prestige à la collection qu’elle partage avec son tout bon Quirici H, lauréat du Grand Prix de l’Officiel de Suède l’été dernier. Le couple n’a pas joué placé, mais devra encore patienter pour s’offrir une nouvelle épreuve de prestige, puisqu’il a quitté la piste avec une faute et la sixième place, malgré un bon chronomètre de 40’’07.
“Je me sens très bien. J’étais premier à partir au barrage et j’ai vu en entrant en piste que l’option (pour aborder le double, ndlr) était très difficile. J’ai fait le choix de ne pas la tenter et de passer à l’extérieur. Je n’avais pas beaucoup de points au classement général du circuit avant cette étape. J’ai vraiment envie de participer à la finale. Je visais le Top 3 aujourd’hui et j’ai opté pour ne pas prendre tous les risques. Cela a payé, puisque les cavaliers qui l’ont tentée ont commis une faute”, a réagi l’heureux lauréat. “Donatello est un cheval très spécial pour moi et pour ma famille. Il est en pleine forme et c’est aussi pour cette raison que j’ai vraiment envie de participer à la finale cette année !”
Les résultats complets.
Le classement général provisoire complet.
Photo à la Une : Moment de tendresse entre Donatello d’Auge et Julien Epaillard à la remise des prix. © Martin Dokoupil / FEI
Toutes les épreuves du CSI 5*-W de Bâle sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.