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Julien Epaillard caracole en tête, et la Suède prend les devants collectivement à Herning

Sport mercredi 10 août 2022 Mélina Massias

Comme toujours dans un grand championnat, chaque journée révèle son lot de surprises. Ce fut le cas pour la Chasse, qui ouvrait les épreuves de saut d’obstacles des Mondiaux 2022, qui se déroulent à Herning, au Danemark. Entre les deux fautes de Malin Baryard-Johnsson, l’abandon de Bernardo Alves et surtout la chute inattendue de Kevin Staut, les passionnés d’équitation ont vécu un sacré lot d’émotions. Mais, à la fin, le grand sport a triomphé. Tout au long de la journée, les pilotes ont déroulé de magnifiques parcours et les meilleurs se sont hissés en haut du classement provisoire, à commencer par… Julien Epaillard ! Attendue, la fusée tricolore a atterri à bon port avec la toute jeune Caracole de la Roque, en déroulant un parcours plein de justesse. Le Français devance d’un rien le Britannique Scott Brash, sur Hello Jefferson, ainsi que Martin Fuchs, bien engagé aux côtés de son Leone Jei. Par équipe, la Suède mène la danse, devant la France et la Belgique, qui se tiennent dans un mouchoir de poche. Bref, la compétition ne fait que commencer.

Quelle première journée de championnat pour le jumping mondial ! Il suffit de regarder les dix, vingt, voire trente meilleurs duos de la Chasse, qui ouvrait les hostilités des Mondiaux de Herning, mercredi 10 août, pour le saut d’obstacles, afin de comprendre à quel point la compétition s’annonce passionnante et palpitante. Dans l’immense stade Stutteri Ask, qui avait vu Roger Yves Bost et Castle Forbes Myrtille Paulois arracher l’or européen en 2013, cent trois pilotes se sont succédé pendant près de six heures. Sur un parcours long, mais parfaitement dosé par le Néerlandais Louis Konickx, où seul le vertical numéro 2 n’aura causé de souci à aucune paire, les aficionados de saut d’obstacles se sont régalés, voyant les meilleurs mondiaux se livrer de sacrées batailles face au chronomètre.

Jugée au Barème C, où une barre équivaut à quatre secondes de temps supplémentaire, la Chasse a permis de mettre en évidence les as du tracé. Ainsi, personne, ou presque, ne sera surpris de découvrir Julien Epaillard en haut du classement individuel à l’issue de cette journée inaugurale. Associé à sa brillante Caracole de la Roque, encore peu expérimentée, mais ô combien talentueuse, le Normand, actuel numéro neuf mondial, n’a rien laissé au hasard. Sans jamais mettre sa fille de Zandor Z dans le rouge, il a trouvé le tempo et le dessin parfait pour couper la ligne d’arrivée en 79”08.

Une démonstration. Voilà ce qu'on réalisé les vice champion olympique en titre, Peder Fredricson et All In ! © FEI/Leanjo de Koster

Ils auront été six à passer sous la barre des 80”. Le plus rapide ? Steve Guerdat. Mais le Suisse, aux rênes de son Selle Français Vénard de Cerisy a été un poil trop gourmand, effleurant sur son passage la sortie du double numéro 12, extrêmement piégeux. Cette même combinaison aura aussi eu raison de Marcus Ehning, bien parti ce matin sur Stargold, et finalement dix-huitième, cinq rangs derrière son homologue helvète, qui pointe en treizième position ce soir. Eux n’ont pas renversé la moindre barre et se hissent en (très) bonne position pour la suite de la compétition : Scott Brash, sans doute boosté par le retour aux affaires, le week-end dernier, de deux de ses montures longtemps arrêtées et deuxième sur un Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof) des grands jours aujourd’hui, attentif à chaque indication de son cavalier, Martin Fuchs, of course, troisième avec son brillant et encore très jeune Leone Jei (ex Hay El Desta Ali), ainsi que Peder Fredricson, acclamé de toute part avec son déjà légendaire H&M All In de Vinck, absolument étincelant du haut de ses seize ans sur la piste danoise. Juste derrière l’homme d’acier, le nouveau numéro un mondial, Henrik von Eckermann a, lui aussi, fait forte impression aux rênes d’un King Edward démonstratif, parfois presque un peu trop, mais parfaitement conduit de bout en bout, pour terminer à la cinquième place provisoire. Ajoutez à cela la solide performance de Jens Fredricson sur Markan Cosmopolit (vingt-troisième), et la Suède s’installe en tête des opérations collectivement.

Martin Fuchs et Leone Jei, récents vainqueur du Grand Prix 5* de Dinard, sont pour l'heure troisièmes. © FEI/Leanjo de Koster 

À une longueur des Scandinaves, la France, portée par son leader Julien Epaillard, aura toutes les cartes en main, demain, pour la première manche de la Coupe des nations, qui débutera à 13 heures. Le clan tricolore peut en effet s’appuyer sur les parcours impeccables de Grégory Cottard et sa crack Bibici, et de Simon Delestre, aux commandes de son phénomène Cayman Jolly Jumper. Il faudra aussi compter sur la Belgique, d’une régularité quasi parfaite aujourd’hui. Longtemps en tête, Nicola Philippaerts et sa fidèle Katanga v/d Dingeshof pointent ainsi au septième rang et ouvrent la voie à leurs trois autres coéquipiers, qui réalisent un excellent tir groupé. Jos Verlooy et Igor sont ainsi quinzièmes, Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus dix-septièmes et Grégory Wathelet et Nevados S, sanctionnés sur l’oxer numéro sept, vingt et unièmes. Au classement par équipe, suivent la Grande Bretagne, la Suisse, l’Allemagne, le Brésil, les Pays-Bas, les Etats-Unis, l’Italie et l’Irlande, que l’on attendait certainement à une meilleure position, mais qui peine encore à performer collectivement.

Nicola Philippaerts et Katanga, numéro 4 de la liste de départ ce matin, ont réalisé un magnifique parcours. © Scoopdyga

Une fois les écarts de chronomètre converti en points, les trente-sept (!) premiers du classement provisoire se tiennent en moins d’une barre. Autant dire que la bataille s’annonce rude et longue, tout au long de cette semaine au Danemark…

Des bonnes surprises…

Si la plupart des favoris ont répondu présents, quelques couples se sont immiscés en haut de tableau en faisant sensation. Meilleure cavalière du monde, Tiffany Foster a, par exemple, signé un parcours très rapide sur son fidèle Figor et tire l’équipe d’Éric Lamaze vers le haut. Expérimenté et toujours prêt à en découdre, Daniel Bluman a également offert aux spectateurs une belle prestation sur son fidèle Ladriano Z. Alors que le grand hongre a eu chaud, en étant contraint de passer une seconde fois l’inspection vétérinaire obligatoire avant toute compétition, il a prouvé qu’il était plus en forme que jamais.

Les supporters suédois, ravis de voir leur équipe prendre la tête du classement collectif. © FEI/Leanjo de Koster

Que dire alors de la prestation de l’Italien Antonio Maria Garofalo ? Double sans-faute dans la Coupe des nations de La Baule, le Transalpin s’est une nouvelle fois transcendé avec le bien nommé Conquestador, pour se hisser à un très honorable douzième rang. Si le couple a déjà prouvé toute sa qualité par le passé, on ne l’attendait peut-être pas entre les Christian Ahlmann, Ben Maher, Bertram Allen et autres Steve Guerdat. Sa jeune compatriote, Francesca Ciriesi, de plus en plus présente à haut niveau ces derniers mois, aurait même pu faire mieux, sans une faute échappée en route par sa Cape Coral.

Antonio Maria Gorofalo et Conquestador, fort à leur avantage aujourd'hui. © Scoopdyga

Même si leurs classements provisoires ne leur font pas franchement honneur, soulignons les belles prestations de l’Australien Billy Raymont, sur l’étalon Selle Français Black Jack Ixe, fort à son affaire aujourd’hui, de Mike Kawai, bien aidé par un Saxo de la Cour de retour à son meilleur niveau, ou encore de la Chinoise Ella Yunjing Wang, qui a piloté avec beaucoup de légèreté Quidamia D, malgré une faute sur le piégeux oxer numéro 4.

… et des moins bonnes

Au rang des déceptions, comment ne pas évoquer cette chute inattendue de Kevin Staut ? Le pilier des Bleus, dernier à s’élancer pour son escouade sur son tout bon Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie a vécu une complète désillusion. Alors que tout semblait bien engagé et qu’il venait de franchir le vertical qui défendait l’entrée du double numéro cinq, son complice alezan a fortement regardé une ombre sous l’oxer de sortie. Produisant un saut monstrueux pour tenter de se sortir de cette situation, le fils de Quincy a complètement déséquilibré son pilote, qui n’a eu d’autre choix que de tomber à la réception… Même si ses chances individuelles sont réduites à néant par cette élimination, aucun doute ne fait que le grand champion qu’est le Normand aura à cœur de se rattraper pour le clan tricolore, dès demain, dans la première manche de la Coupe des nations. Dura lex sed lex. 

Ici lors de la warm-up de mardi, Viking et Kevin Staut sont éliminés de la compétition individuelle. © Sportfot

Deuxième à prendre le départ pour la Suède, Malin Baryard Johnsson n’a pas vécu le plus agréable parcours de sa vie. Après trois franches touchettes de sa championne olympique H&M Indiana, l’amazone a atterri directement dans l’eau de la rivière placée en numéro dix, puis fait rouler à terre la barre de spa positionnée à l’entrée du double numéro 12. Journée noire pour la cavalière, soixante-quinzième ce soir… Alors qu’il aurait dû miser sur le chevronné Alamo, l’Espagnol Sergio Alvarez Moya a composé avec Malibu de Muze, dix ans. Si le gris a montré de très belles choses, ses quatre fautes l’ont relégué en bas de tableau, quelques rangs derrière… Pius Schwizer. Accompagné par Vancouver de Lanlore, ancienne monture de Pénélope Leprevost, le Suisse a perdu tout espoir en abordant l’entrée du maudit double 12. Alors que le couple allait bon train et sans le moindre sursis, l’étalon n’a tout bonnement pas sauté la première partie de cette combinaison. Un coup dur pour le cavalier, qui retrouvait la veste de son équipe nationale et semblait si bien engagé sur son parcours.

À quatre sauts du terme de son parcours, Pius Schwizer a perdu gros. © Scoopdyga

Bernardo Alves, lui aussi, avait ressorti sa veste nationale du placard, après plus de dix ans d’absence. L’Auriverde avait à cœur de bien lancer ses coéquipiers, mais a été éliminé sur… le numéro 6 ! Son étalon a catégoriquement refusé de franchir le mur aux couleurs de Longines et son pilote a quitté la piste au pas. Bien qu’il n’y ait pas vraiment de catastrophe, les champions d’Europe en titre, que l’on attendait parmi les favoris, terminent en deuxième moitié de tableau, après avoir concédé une toute petite faute sur le vertical 11 et effacé une belle frayeur sur le vertical 3.

Quelques chiffres

41. Le nombre de sans-faute totalisé lors de cette première épreuve, sur 103 parcours.

6. Le nombre d’heures qu’a duré la Chasse. Après chaque groupe de vingt ou vingt et un cavaliers, la compétition était interrompue une petite demi-heure pour une pause technique, permettant d’offrir des conditions idéales à tous les engagés.

7. Le nombre de cavaliers qui ont, ce soir, moins d’un point d’écart au classement général.

118. Le nombre total de fautes accumulées sur les quatorze obstacles et dix-sept efforts érigés dans le stade Stutteri Ask.

2. Le numéro du seul et unique obstacle à n’avoir pénalisé aucun cavalier tout au long de la journée !



À suivre, l'analyse de Ludo Philippaerts sur cette première épreuve...

Les résultats complets de l’épreuve de Chasse ici.
Le classement provisoire complet par équipe ici.
Le parcours de l’épreuve du jour ici.

Toutes les épreuves des championnats du monde de Herning sont diffusées en direct et en intégralité sur Clipmyhorse.tv.

Photo à la Une : Julien Epaillard et Caracole de la Roque. © FEI/Leanjo de Koster