Une évolution inattendue, des rêves réalisés, Jonna Ekberg travaille au quotidien pour s'illustrer au plus haut niveau.
Pour votre maman qui vous accompagnait partout, ça a été dur de vous voir partir ?
J. E. : « Oui. Quand j'ai quitté la maison, cela a été difficile pour elle d'autant qu'elle m'accompagnait à chaque concours et qu'elle aimait ça mais elle m'accompagne toujours aujourd'hui. Elle vient me voir sur quelques concours et elle était à Aix-la-Chapelle. Elle est venue à Falsterbo et Goteborg, elle était au Brussels Stephex Masters ainsi qu'au Knokke Hippique. Elle ne vient plus qu'aux meilleurs concours en fait (rires) ! Je suis heureuse quand elle vient me voir et contente qu'elle ait toujours cette passion pour le saut d'obstacles et le haut niveau. Elle ne va plus autant au concours que quand j'étais petite mais elle y va toujours beaucoup. »
Pour vous, participez à Aix-la-Chapelle, c'était un rêve ou ça a dépassé vos rêves ?
J. E. : « C'était un rêve lais de ceux que l'on pense qu'ils ne se réaliseront jamais ! Si quelqu'un m'avait demandé si j'allais monter le Grand Prix d'Aix la Chapelle en début d'année, je lui aurais répondu que non mais aussi qu'il était fou ! C'est un tellement gros concours avec tant de tradition. C'est un concours que certains cavaliers espèrent toute leur vie pouvoir monter alors que tout s'est enchaîné si vite pour moi. J'étais à Falsterbo la semaine précédente et juste avant le Grand Prix, notre chef d'équipe est venu me voir en me disant « Veux-tu aller à Aix la Chapelle la semaine prochaine ? ». La visite vétérinaire était déjà le lendemain ! Nous sommes donc rentrés de Falsterbo, avons embarqué un jeune cheval en plus et sommes repartis directement sur Aix-la-Chapelle. Finalement, ce n'était peut-être pas plus mal car je n'ai pas eu le temps de tergiverser. »
Jonna Ekberg & Air Pia VG Z dans le Grand Prix d'Aix la Chapelle en 2016
Est-ce que c'est votre plus grande réussite d'avoir pu participer à cet évènement ?
J. E. : « Je n'ai pas gagné et ce n'est pas mon plus grand succès sportif quand on regarde les résultats mais c'est la plus grande chose que j'ai pu faire et je suis très fière de la manière dont cela s'est déroulé et dont mes chevaux ont sauté. J'avais deux barres dans le Grand Prix mais c'était un des Grand Prix les plus difficiles de l'année. Air Pia a sauté son premier Grand Prix cinq étoiles à Knokke puis elle a sauté celui de Falsterbo et la semaine suivante, c'était son troisième Grand Prix d'un CSI 5* à Aix-la-Chapelle ! C'était gros et difficile mais c'était avant tout un rêve qui devenait réalité et j'espère que cela pourra se reproduire encore dans le futur. »
Jonna Ekberg à l'entrainement avec la 7 ans sBs Dolitaire Chavannais (Cicero Z x Voltaire), soeur utérine de l'international Azimut Chavannais Z, considérée comme l'une des grands espoirs de la Suédoise.
Cela vous arrive quand même de parler d'autres choses que de chevaux ?
J. E. : « C'est sûr que durant la journée, nous travaillons ensemble mais nous avons chacun notre équipe et nos chevaux. Nous discutons lorsque nous en avons besoin mais autrement, nous faisons chacun notre travail. Les gens peuvent parfois penser que c'est difficile de travailler ensemble toute la journée et de se voir en plus après mais ce n'est pas vraiment comme cela. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais cela fonctionne très bien pour nous. Evidemment, on parle beaucoup de chevaux car cela fait partie de nos vies mais pas seulement heureusement. »
Quand on voit l'exemple de Malin Bayard qui est probablement la plus grande icône féminine de notre sport et qui a réussi à joindre parallèlement sa vie de famille et de cavalière, c'est un rêve pour vous ?
J. E. : « Oui, bien sûr, c'est ce que je veux faire ! Malin est le meilleur exemple qu'il soit. Elle est restée au plus haut niveau alors qu'elle a une famille et elle a continué à participer aux championnats. C'est l'un des cavaliers les plus importants pour la Suède et ce depuis très longtemps. J'espère que ce sera la même chose pour moi un jour car je ne suis pas encore prête à quitter le sport mais c'est pour le futur alors je ne dois pas encore trop m'inquiéter pour cela maintenant. »
Les sports équestres en Suède sont très importants, peut-être même encore plus importants qu'en Belgique ou en France. Comment ont réagi les médias et les gens quand ils vous ont découvert ?
J. E. : « Je ne retourne en concours en Suède que trois, quatre fois l'année et je dois bien admettre que je suis fort sollicitée car les médias locaux se disent « ah, elle est là » et tout le monde vient me trouver pour faire quelque chose. Je suis donc très occupée quand je retourne au pays. J'aime bien cela tant que cela n'empiète pas sur ma concentration pour le concours. Je pense que c'est vraiment important pour nous cavalier de dégager quelque chose de positif dans les médias et d'apporter quelque chose de positif dans les magazines. J'essaie de toujours répondre positivement aux sollicitations même si parfois, il faut bien expliquer que l'on est désolé mais qu'aujourd'hui, cela ne va pas être possible car on n'a pas le temps pour telle ou telle raison. C'est amusant d'autant que les gens ne me connaissent pas finalement. »
Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?
J. E. : « C'est une bonne question, je ne sais pas ! Si je garde de bons chevaux comme cela a pu être le cas ces deux dernières années chez Stephex, je pense pouvoir encore beaucoup m'améliorer d'autant que ce niveau est encore très nouveau pour moi, je commence seulement à prendre de l'expérience et je m'améliore toujours alors mon plus grand rêve est de participer à un championnat pour la Suède. Je ne sais pas quand ce sera mais quand j'aurai le bon cheval et que je pourrai le conserver assez longtemps. J'espère avoir une chance. Mais c'est difficile à dire. Evidemment, l'année prochaine, les championnats d'Europe ont lieu à Goteborg, c'est le plus grand rêve que je pourrai jamais avoir et je pense qu'avec un cheval comme Air Pia si elle peut rester, je peux avoir une chance même si nous avons beaucoup de bons cavaliers avec beaucoup de bons chevaux… mais vous ne savez jamais. Je suis déjà tellement heureuse de faire ce que je fais maintenant mais si je continue à progresser, on verra bien où cela me mènera ! »