Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

“Je pense que les Allemands seront les favoris à Paris”, Karl Cook (2/3)

Karl Cook
jeudi 20 juin 2024 Mélina Massias

Son épouse, Mackenzie Drazan, le décrit comme un homme aux nombreux talents, dont la plupart sont ignorés par le plus grand nombre. Jardinier, lecteur, créateur des crampons portés par Caracole de la Roque à Rome et La Baule, Karl Cook possède de multiples facettes. Pressenti pour intégrer l’équipe américaine qui se produira devant le château de Versailles dans moins de cinquante jours, le trentenaire a trouvé les codes pour composer avec le tempérament de feu de sa Selle Français, acquise en fin d’année 2022. Toujours enclin à partager avec les autres et analyser ses propres performances, comme il le fait régulièrement dans sa série “Walking and talking”, qu’il partage sur diverses plateformes - Instagram, Spotify, YouTube -, Karl Cook a eu le courage de tout reprendre à zéro, ou presque, voilà un peu plus de dix ans. Grâce à l’aide précieuse de son mentor, Eric Navet, dont le palmarès comprend, entre autres, un titre de champion d’Europe, trois de champion du monde dont deux en individuel et une médaille de bronze olympique, l’Etats-Unien, basé à San Diego, où sont situées ses écuries, Pomponio Ranch, a complètement changé de stature. Entretien, en trois épisodes.

La première partie de cette interview est à (re)lire ici.

En plus de Caracole de la Roque, vous pouvez compter sur votre fidèle Kalinka van’t Zorgvliet (Thunder vd Zuuthoeve x Flipper d’Elle), avec qui vous avez décroché vos deux premiers Grands Prix 5* en 2022, pour évoluer au plus haut niveau. Elle n’a plus concouru depuis fin mars. Comment va-t-elle ?

Kalinka s’est blessée après notre retour de Floride. Elle n’est pas en France et est restée à San Diego. Elle va se rétablir entièrement de cette blessure et sera de retour. Cela va simplement prendre du temps. Cette blessure nous a forcé à engager Caracole à Rome et La Baule, deux concours auxquels Kalinka devait participer.

Karl Cook et Kalinka van't Zorgvliet ont accumulé d'excellents résultats ensemble. © Mélina Massias

Comment avez-vous rencontré Etundel de Marocy (Diamant de Semilly x President), un Selle Français de dix ans ? Quels sont vos objectifs avec lui ?

Nous l’avons trouvé grâce à François Mathy. Etundel est super. Notre objectif est qu’il devienne un très bon cheval à 1,50m, afin qu’il puisse épauler Caracole et Kalinka. S’il parvient à sauter encore plus haut, ce sera un plus ! Il n’est pas venu avec nous en Floride cette année car il avait déjà concouru un peu plus tôt dans l’année en Californie. Il s’est donc reposé et reprend la compétition en Europe.

Quid de Candy (Coventry x King Louie) ?

Candy est une nouvelle monture pour moi. Nous apprenons encore à nous connaître et travaillons sur certains points. Comme avec Caracole, nous prenons notre temps pour trouver le bon programme pour elle.

Candy fait partie du piquet de l'Américain. © Agence Ecary



À quel point est-ce important à vos yeux d’être patient avec les chevaux ?

Je pense qu’ils le méritent. De cette façon, les chevaux ont aussi de plus longues carrières. Il est difficile de trouver les bons chevaux, alors autant pouvoir travailler avec eux le plus longtemps possible.

Depuis votre arrivée en France, vous avez également pris les rênes des jeunes Giulia Hoy (Litchi Hoy x Dollar dela Pierre), huit ans, et Lianos Sitte (Comme Il Faut 5 x Dayton Sitte), sept ans. Percevez-vous en eux le potentiel de futures montures de niveau 5* ?

Nous verrons. Je ne les monte que depuis quelques semaines, mais ils nous appartiennent depuis plusieurs années. Nous avons acquis Lianos lorsqu’il avait quatre ans et il en a désormais sept. Nous avons également acheté Giulia lorsqu’elle était plus jeune. Ils sont restés en Europe car il n’y a aucun intérêt à emmener un cheval de quatre ans outre-Atlantique. Comme je suis ici cet été, ils m’ont rejoint. J’ai le sentiment qu’ils ont beaucoup de potentiel. Mentalement, tous les feux sont au vert, mais les jeunes chevaux demandent du temps. Ils ont beaucoup de force, de moyens et ils comprennent le sport.

La puissante Giulia Hoy a fait ses débuts avec Karl Cook il y a quelques semaines. © Agence Ecary

Tout comme Lianos Sitte, sept ans. © Agence Ecary

“Il faut faire ce qui est juste pour les chevaux”

Caracole et Kalinka sont assez similaires sur certains aspects. Quel est votre type de cheval ?

J’aime dire “donnez-moi un cheval intelligent et je m’adapterai”. Ces chevaux-là apprennent à mesure que l’on travaille avec eux. J’aime les chevaux intelligents, rapides et naturellement respectueux. J’apprécie aussi qu’ils aient un gros moteur. Cela correspond à mon équitation : je ne suis pas assis, en train de rassembler mes chevaux. Je préfère galoper et sauter. Cette façon de monter ne convient pas à tous les chevaux, et inversement. Il n’y a pas de meilleure façon de faire ; chacun a ses préférences.

Karl Cook aime les chevaux intelligents et capables de galoper et sauter sans être trop assistés par leur cavalier. © Mélina Massias

Vous travaillez en étroite collaboration avec François Mathy. Quelle relation entretenez-vous avec lui ?

Nous travaillons ensemble depuis un certain nombre d’années. François a tellement d'expérience ! Bénéficier de cette expérience, de ses connaissances et contacts sont une aide précieuse. Cela nous a servi lorsque nous avons passé du temps en Europe et pour plein d’autres choses. Il dirige une super structure et nous sommes très chanceux de collaborer avec lui.

Comment cela fonctionne-t-il entre vous ? Sur quels plans vous aide-t-il ? Les jeunes chevaux, la recherche de nouvelles montures, etc ?

Nous faisons un peu de tout ensemble. Nous avons des chevaux avec François, qui sont montés par João (Victor Castro Aguiar Gomes de Lima, ndlr) ou d’autres cavaliers. Il nous aide également à trouver les bonnes personnes pour travailler avec nos chevaux, suit les chevaux en Europe, etc. Il s’occupe de toutes les fondations pour nos jeunes chevaux, puis ils arrivent sous ma selle. Les gens se demandent d’où sortent ces chevaux, alors que nous les avons depuis toujours ! Et puis, occasionnellement, lorsqu’une opportunité d’acquérir un cheval comme Caracole se présente, il faut être le premier sur le coup. Comme avec Eric, le rôle de François ne se résume pas à une seule chose. Il y a tout un tas d’éléments qui mènent à ce que nous faisons aujourd’hui.

François Mathy a permis à Karl Cook de s'offrir la crack Caracole de la Roque. © Mélina Massias

En début d’année, Cashpaid J&F (Casall x Chicago) a rejoint les écuries Mathy, où João Victor Castro en a pris les rênes. Comment et pourquoi avez-vous choisi de laisser cet excellent étalon à un autre cavalier ?

Cashpaid a beaucoup performé en Europe et João fait un très bon travail. Je voulais me concentrer sur Caracole et Kalinka cette année. Avec elles et mes autres chevaux, j’avais le sentiment d’avoir assez de montures dans mon piquet. Je suis très heureux de voir João et Cash (qui n’a plus concouru depuis Compiègne Classic en avril, ndlr) faire de belles choses ensemble. Ce choix faisait sens. Il faut faire ce qui est juste pour les chevaux.

En début d'année, le démonstratif Cashpaid J&F a changé de selle. © Sportfot



“Je n’aime pas me fixer des objectifs parce que les chevaux évoluent chacun à leur propre rythme”

Vous êtes un nom connu sur le circuit international de saut d’obstacles, mais quelle est votre histoire avec les chevaux ? Comment êtes-vous parvenu à atteindre le plus haut niveau ?

Ma mère montait à cheval lorsqu’elle était plus jeune. Nous avons toujours eu des chevaux dans le jardin. J’allais en balade, montais à cru sur les poneys et m’accrochais à la crinière comme tous les petits enfants. Lorsque j’ai grandi, je me suis rapproché de mon premier entraîneur, qui était aussi celui avec lequel ma mère montait à cheval. Cela était logique de commencer avec cette personne, et j’ai effectué toute ma carrière en Junior et Jeunes cavaliers à ses côtés.

Grâce à l'aide d'Eric Navet, Karl Cook a gagné sa place parmi l'élite mondiale du saut d'obstacles. © Mélina Massias

Avez-vous toujours su que vous vouliez faire des chevaux votre métier ?

Lorsque j’étais plus jeune, je pratiquais ce sport car j’étais assez doué. J’avais un bon groupe de chevaux et cela était une chouette activité. Si l’on m’avait demandé à treize ans ce que je voulais faire, je ne sais pas si j’aurais été catégorique. J’appréciais l’équitation et les chevaux. Et puis, à mesure que j’ai progressé, que j’ai participé à davantage de concours, j’ai eu un aperçu plus précis de ce à quoi la suite pourrait ressembler et j’ai continué dans cette voie.

Vous êtes en bonne voie pour intégrer l’équipe américaine qui se produira à Versailles cet été. Les Jeux olympiques étaient-ils déjà un rêve pour vous, il y a de cela quelques années ?

Oui. Je n’aime pas me fixer des objectifs et j’essaye de ne pas le faire, parce que les chevaux ont chacun leur propre rythme. Parfois, on finit par trop pousser pour atteindre un objectif qui n’est pas raisonnable. Mais bien sûr, cette année nous aspirons à participer aux Jeux olympiques. C’est le souhait de tout le monde. Cela étant, individuellement, avec chaque cheval, je me pose les questions suivantes : où en sommes-nous aujourd’hui ? Quelles choses devons-nous modifier pour être meilleur demain ? plutôt que de me dire “je dois en être là dans deux mois”.

Caracole de la Roque accompagnée de son cavalier et de Tessa Falanga, sa groom, lors de la remise des prix du Grand Prix CSIO 5* de La Baule. © Mélina Massias



“Lorsque nous en serons à l’étape de la sélection, la bonne équipe sera choisie”

Quel regard portez-vous sur l’équipe américaine ? Quelles sont ses forces, ses faiblesses ?

Je pense que nous avons un grand nombre de cavaliers et de chevaux assez jeunes. Je ne sais pas ce que notre chef d’équipe pense en ce moment, mais nous avons un bon mélange entre des cavaliers aguerris et plus jeunes. Idem pour les chevaux, certains sont expérimentés, d’autres un peu plus verts. Nous avons de la diversité. Certaines années étaient peut-être plus claires en termes de composition d’équipe et les choix plus évidents. Dans tous les cas, nous avons de super chevaux, de super cavaliers et de super propriétaires. Lorsque nous serons à l’étape de la sélection, la bonne équipe sera choisie.

Karl Cook fait assurément partie des options sérieuses pour le clan américain en vue des prochains Jeux olympiques. © Mélina Massias

Selon vous, quelles nations seront vos plus grandes rivales à Paris ?

L’Allemagne semble très forte. Elle a remporté la finale des Coupes des nations l’année dernière, a gagné à Rome, La Baule (et Abou Dabi, ndlr). Je pense que les Allemands seront les favoris. Je crois que la France a un bon groupe de chevaux et cavaliers. Les Néerlandais et les Belges sont toujours bons également, mais en étant réaliste, les Allemands semblent être au-dessus du lot. Derrière, je dirais que la France mène le groupe des autres nations.

La troisième et dernière partie de cet entretien est disponible ici.

Photo à la Une : Karl Cook et son Selle Français Etundel de de Marocy. Mélina Massias