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“Je pense avoir une excellente relation avec chacun de mes chevaux”, Sophie Hinners (2/2)

Sophie Hinners
mardi 11 février 2025 Camille Pineau

À seulement vingt-sept ans, Sophie Hinners a tout de l’étoffe des plus grandes cavalières. Soutenue par ses proches, l’amazone originaire de Hesse s’est imposée comme un pilier de l’équipe féminine Iron Dames de la Global Champions League. En 2024, elle brille en remportant trois étapes du circuit, notamment portée par My Prins van de Dorperheide et Singclair. Sa régularité lui offre aussi et surtout sa première victoire en Coupe du monde, lors de l’étape de Vérone. Retour sur le parcours de l’actuelle soixante-troisième mondiale, son rôle de femme dans ce sport et les promesses d’un avenir radieux.

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

 Retour en Allemagne

En 2021, les projets de Sophie Hinners la ramènent sur sa terre natale, l’Allemagne. Elle rejoint alors son compagnon, Richard Vogel, ainsi que son partenaire commercial, David Will, en Hesse. “Richard et moi partagions déjà notre vie avant que je ne parte chez Emile Hendrix. Cela fait maintenant sept ans que nous sommes ensemble. Nous nous étions toujours promis qu’un jour, nous travaillerions côte à côte. En quittant l’Allemagne, je savais donc que j’y reviendrai un jour. Il n’y avait pas de date précise, mais nous avons senti que le moment était venu”, confie-t-elle avec conviction. Les trois cavaliers de jumping louent les pistes dans deux écuries : le Hofgut Dagobertshausen près de Marburg, et le Prinzenberg Stud à Pfungstadt. Richard Vogel et Sophie Hinners dirigent V&W Equestrian GmbH sur le second site. 

Ce retour en Allemagne s’avère particulièrement fructueux pour la jeune femme. Deux ans après avoir décroché la deuxième place, elle accède enfin au sommet en devenant championne d’Allemagne féminine. “Cette victoire a une grande signification pour moi. C’était ma première année de retour en Allemagne, ce qui m’a permis de partager ce succès avec Richard. Et surtout, je l’ai remportée avec Vittorio”, glisse-t-elle avec émotion. Cette année-là, la cavalière ne se contente pas de ce titre national. Elle brille également sur la scène internationale, s’adjugeant une deuxième place dans la finale U25 à Aix-la-Chapelle et en remportant les demi-finales du circuit des Coupes des nations de la Fédération équestre européenne (EEF), à Budapest. Une saison marquée par des réussites, qui ne font que confirmer son talent et sa détermination.

Sophie Hinners a foulé la piste en sable d'Aix-la-Chapelle avec son fidèle Vittorio 8. © Dirk Caremans / Hippo Foto

En dehors des compétitions, Sophie peut compter sur un soutien précieux : celui de sa meilleure amie, Finja Bormann, également cavalière. Leur amitié remonte aux championnats d'Allemagne 2012 à Munich, où Sophie concourait avec son poney Nabucco. “Sophie est ma meilleure amie, c’est la personne à qui je peux tout confier et en qui j’ai une confiance absolue. Nous passons beaucoup de temps à discuter au téléphone, au moins quatre ou cinq fois par semaine, pour partager nos vies. Heureusement, j’habite sur la route qu’elle emprunte pour rentrer chez elle, alors elle s’arrête souvent me voir, et chaque visite est un vrai bonheur”, confie Finja Bormann, pleine d’affection. Et lorsqu’elle évoque sa meilleure amie, elle ne tarit pas d’éloges : “Sophie est la personne la plus humble et terre à terre que je connaisse. Son empathie et le soutien inconditionnel qu’elle offre à ses proches sont exceptionnels. Même lorsqu’elle est prise par les plus grandes compétitions du monde, Sophie reste cette amie sur qui on peut toujours compter.”

L’histoire et le parcours de Sophie sont, pour Finja, une véritable source d’inspiration. “Sophie a grandi dans une famille de cavaliers sans aucun sponsor. C’est grâce à son amour des chevaux, son travail acharné et sa discipline qu’elle a réussi à gravir les échelons. Ce qui est admirable, c’est qu’elle n’a jamais perdu ses valeurs ni oublié d’où elle venait. Elle reste concentrée sur ce qui compte : le développement de ses chevaux”, souligne la jeune femme.

La meilleure amie de l'Allemande loue le fait que cette dernière n'ait jamais perdu ses valeurs, malgré le succès grandissant. © Mélina Massias



L’intégration au projet Iron Dames

Cette discipline de fer propulse Sophie tout droit vers une opportunité de rêve : celle d’intégrer les rangs de l’équipe féminine Iron Dames. Ce projet, créé en 2018 et dont l’objectif est de promouvoir les femmes dans les sports, a d’abord vu le jour dans les sports automobiles. Derrière cette initiative, Deborah Mayer, une femme d'affaire, passionnée d'automobiles et de sport automobile. En 2023, le projet Iron Dames s’étend jusqu’à l’équitation et s’offre une équipe entièrement féminine pour participer à la Global Champions League (GCL). À cette époque, Sophie montait encore les chevaux de Karl Schneider, ancien propriétaire de la célèbre Mary Lou. “Il travaillait sur ce projet et m’en avait parlé, estimant que ce serait une superbe opportunité pour ma carrière”, se souvient-elle. “Je savais que c’était un projet très spécial et, bien sûr, j’étais intéressée. Mais je n’étais pas certaine d’avoir la puissance nécessaire pour participer à des épreuves 5*.” Après réflexion, l’Allemande se décide : “Je voulais vraiment faire partie de cette aventure.”

Sophie Hinners peut compter sous le soutien d'Iron Dames et de ses coéquipières sur le circuit de la Global Champions League. © Sportfot

Au-delà de l’enjeu sportif, la philosophie du projet a profondément résonné avec les valeurs de l’amazone. “Encore aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes au plus haut niveau. Avec Iron Dames, nous voulons changer cela, inspirer les femmes à croire en elles et leur montrer que, lorsque l’on travaille dur et que l’on poursuit ses rêves, tout devient possible”, livre-t-elle. Avant de rejoindre officiellement les rangs des Iron Dames, Sophie Hinners a eu l’occasion de participer à plusieurs réunions et échanges avec les partenaires du projet. “Nous avons également rencontré toutes les filles de l’équipe automobile, puis la saison 2024 a commencé”, poursuit-elle. Une année particulièrement exceptionnelle pour la cavalière. 

Le millésime 2024 à peine entamé, Sophie s’illustre en remportant le Grand Prix CSI 4*-W d’Abou Dabi. En mars, elle brille à nouveau, cette fois à Doha et sous les couleurs des Cannes Stars, qui remportent l’étape de la GCL. “C’était ma toute première compétition avec l’équipe et Déborah Mayer. Cette victoire a une signification toute particulière pour moi”, avoue Sophie avec émotion. Tout au long de la saison, les succès s’enchaînent pour elle : à Paris, Monaco, Riesenbeck, puis Londres et Valkenswaard, sous le rose caractéristique d’Iron Dames, mais aussi à Londres, Madrid, Monaco, Riesenbeck, Valkenswaard et Cannes, où elle se classe, à chaque fois, dans le Grand Prix. Mais Sophie savoure son plus beau triomphe en novembre, à Vérone. C’est aussi à ce moment qu’elle prend pleinement conscience de la singularité de sa saison 2024. “Tout au long de l’année, avec les Iron Dames, nous avons remporté plusieurs étapes. Mais c’est en arrivant en tête du classement général en fin de saison que nous avons vraiment réalisé, moi y compris, combien 2024 avait été une année exceptionnelle”, souligne-t-elle.

L'excellent Singclair a offert de nombreux classements en Grand Prix 5* à sa cavalière l'année dernière. © Sportfot

Un lien unique avec ses chevaux

Pour performer au plus haut niveau, Sophie Hinners s’appuie sur ses deux chevaux de tête : Iron Dames*My Prins van de Doperheide, un hongre BWP de treize ans né chez Ludo Philippaerts, et Iron Dames*Singclair (Singular LS La Silla x Cardento), un hongre SWB de dix ans. “Je monte Iron Dames*Singclair depuis un peu plus d’un an. Cette année était sa première dans les épreuves majeures, et bien qu’il soit encore jeune, il a accompli un travail absolument fantastique. Il entre toujours en piste avec une envie incroyable de se battre et de donner le meilleur de lui-même”, apprécie l’Allemande au sujet de son hongre.  

Quant à My Prins van de Dorperheide, Sophie en a pris les rênes seulement cet été, mais une certaine complicité était déjà en place. “David Will l’a monté pendant deux ou trois ans, donc je le connaissais depuis longtemps. Lorsque j’ai commencé à le monter cette année, le fait que David puisse me transmettre toutes ses connaissances sur lui m’a énormément aidée. Il m’a indiqué comment le monter au mieux, ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. My Prins est déjà très expérimenté, ce qui me donne beaucoup de confiance. Je sais qu’aucun saut n’est trop haut pour lui. Il suffit que je réalise un bon parcours”, s’enthousiasme celle qui peut aussi compter sur d’autres montures de choix. Parmi celles-ci, figurent Iron Dames*Kaleni JO (Kannan x Indoctro), une prometteuse jument Zangersheide de neuf ans, ou encore Nuraya 3 (Nurjev x Golden Joy J), une jument de onze ans.

David Will et Sophie Hinners profitent de leurs expériences respectives pour se tirer vers le haut. © Sportfot



Et lorsqu’il s’agit de choisir ses futurs partenaires, Sophie aime retrouver chez eux un certain état d’esprit compétitif. “Avec mon compagnon, nous accueillons de nombreux jeunes chevaux que nous installons dans nos écuries pour les former. Lors de leur sélection, nous recherchons toujours la qualité, mais le plus important est leur mentalité. Il faut que ces chevaux apprennent vite et qu’on sente qu’ils aiment partager le sport avec nous”, expose la cavalière allemande. Pour tisser un lien solide avec ses montures, cette dernière aime passer du temps à leurs côtés. “Je pense avoir une excellente relation avec chacun de mes chevaux. J’apprécie m’occuper d’eux aux écuries, les emmener au paddock et apprendre à connaître leur caractère. Cela permet également aux chevaux de s’habituer à moi et de développer une confiance mutuelle”, note-t-elle.

Sophie Hinners dit apporter beaucoup d'importance aux relations qu'elle tisse avec chacun de ses chevaux. © Mélina Massias

Convaincue qu’une connexion authentique entre cavalier et cheval est déterminante pour les performances, Sophie Hinners insiste sur l’importance de ce lien : “Le cheval doit nous faire confiance, et on doit lui faire confiance. Les résultats sont bien meilleurs dans ces conditions.” Une philosophie qui reflète son amour pour ses partenaires et pour son sport. “J’aime profondément mes chevaux et l’équitation. Si je pouvais choisir ce que les gens retiendront de moi, ce serait cela”, martèle-t-elle. D’ailleurs, la jeune femme met un point d’honneur à adapter l’entraînement à chacun de ses chevaux, afin de développer leur potentiel. “Chaque cheval a des besoins spécifiques. Parfois, j’aime aller me promener dans les bois avec eux, d’autres fois, je privilégie des exercices de gymnastique ou bien des séances de saut d’obstacles, bien sûr”, détaille-t-elle. Un travail rigoureux que l’amazone met à profit pour préparer la saison 2025. À cette occasion, elle aura une nouvelle chance de se démarquer dans la Global Champions League, tout en gardant en ligne de mire les championnats d’Europe de La Corogne. “Ce serait un bel objectif”, confie-t-elle avec enthousiasme. Face à ces échéances, l’amazone avance pas à pas, sans se précipiter, comme elle aime le dire. Mais elle ne cache pas son rêve ultime : “Et bien sûr, l’objectif à long terme serait de participer aux Jeux olympiques.”

Sophie Hinners a porté plusieurs fois la veste allemande, notamment à l'occasion des Coupes des nations de la série de la Fédération équestre européenne, comme ici avec le remarquable Million Dollar vh Schaeck, qui se consacre désormais à l'élevage. © Yadel Mo¨hler Photography / European Equestrian Federation

Dans la poursuite de ses objectifs les plus fous, Sophie Hinners pourra toujours compter sur son atout secret : le précieux allié qu’est son compagnon, Richard Vogel. “Il est la personne la plus importante pour moi. Il me soutient dans tous les aspects de ma vie, aussi bien dans le sport qu’en dehors”, confie-t-elle, non sans émotion. “Il veut toujours ce qu’il y a de mieux pour moi et, comme il me connaît parfaitement, il est capable de m’apporter une aide immense. Il a un impact considérable sur ma carrière sportive.” Un petit plus qui, couplé au talent débordant de cette nouvelle grande Dame de la Mannschaft pourrait bien faire la différence.

En décembre dernier, Sophie Hinners était au plus proche de son compagnon, Richard Vogel, et du phénomène United Touch S pour les soutenir lors du CHI de Genève. © Mélina Massias

Photo à la Une : Sophie Hinners sera de la partie lors de la finale de la Coupe du monde de Bâle, qui constituera son premier grand championnat ! © Mélina Massias