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“Je ne peux pas imaginer avoir un meilleur sentiment que sur Picobello van’t Roosakker”, Jason Smith (2/2)

Picobello van't Roosakker
jeudi 6 février 2025 Mélina Massias

Réunissant le meilleur de l’élevage de Marc Kluskens, Picobello van’t Roosakker n’est pas qu’un condensé d’origines. À tout juste dix ans, l’étalon BWP fait des étincelles avec Jason Smith. Associés depuis un peu plus d’un an, tous deux découvrent les joies du très haut niveau ensemble. Natif d’Ecosse, le cavalier de trente-quatre ans, qui défend les couleurs suisses depuis la fin du printemps 2023, ne tarit pas d’éloges au sujet de son fils de Kassander van’t Roosakker… et Daniel Etter, dont l’expérience n’est plus à louer, non plus ! Tous deux voient en lui un cheval de championnat et prendront le temps de le mener vers cet objectif non dissimulé. Portrait.

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

L’an dernier, Jason Smith et Picobello van’t Roosakker ont appris à se connaître, d’abord sur de petites épreuves, puis ont signé leur première vraie performance, en se classant quatrièmes d’un Grand Prix 2* à Gorla Minore en mars. En juillet, au même niveau, tous deux ont amélioré leur résultat de deux rangs, à Samorin, avant d’occuper la dixième position d’un Grand Prix 3*, toujours sur la piste slovaque. Fin octobre, leurs bons résultats et leur régularité ont été récompensées, par une première sélection en Coupe des nations, à l’occasion du CSIO 3* de Vejer de la Frontera. Jason et Picobello quittent la piste avec deux honorables parcours à quatre points, ajoutent quelques classements à leur palmarès commun en Italie en novembre, avant de se rendre à… Genève ! Une première 5* pas comme les autres pour l’ancien représentant britannique, qui a pratiquement vécu plus de temps en Suisse que sur ses terres natales. 

Picobello van't Roosakker semble parfois presque... irréel ! © Scoopdyga

Jason a grandi à Ayrshire, en Écosse, dans une petite structure familiale, où il a pu, aux côtés de ses deux frères aînés, s’adonner à la pratique de l’équitation à poney. Rapidement, le jeune garçon se montre doué, progresse, passe à cheval et enchaîne les bons résultats. À seize ans, ses examens scolaires achevés, il quitte le nid et s’envole direction l’Allemagne, pour les écuries de Dietmar Gugler. Initialement prévue pour durer trois mois, son aventure s’étendra à deux ans, avant de franchir la frontière helvète et intégrer les écuries de Pius Schwizer, en 2008. Cette même année, l’Ecossais participe à son premier championnat d’Europe Jeunes cavaliers avec Rival, qui lui permettra, trois ans plus tard, de contribuer à la médaille de bronze de la Grande-Bretagne. Une expérience supplémentaire de près de trois ans chez Kevin et Andrea Sigrist-Murphy plus tard, Jason s’installe à son compte en 2015, fonde JS Sport Horses aux côtés de sa femme, Julia, accueille son premier fils en 2024, quelques mois avant d’affronter le plus bel événement de sa carrière. 

Jason Smith a disputé deux championnats d'Europe Jeunes avec Rival. © Sportfot



“Participer au CHI de Genève, être ici, avec les meilleurs chevaux et cavaliers du monde, m’a d’abord submergé. J’avais beaucoup de pression, non pas de la part de mon équipe, mais de mon propre fait. Je voulais faire mes preuves. Dès que je suis entré en piste, je me suis dit ‘wow’. J’avais un jeune cheval, mais il a tenu son rang, et moi aussi. C’était un sentiment incroyable”, s’émerveille celui qui défend fièrement les couleurs suisses et peut toujours compter sur Daniel Etter pour l’aiguiller et l’encadrer. “Je travaille avec différents propriétaires et sponsors et nous essayons de construire un bon piquet de chevaux, afin de nous faire un nom. Daniel est mon entraîneur. Cela fonctionne parfaitement entre nous. Il connaît Picobello depuis qu’il a un an, nous nous connaissons très bien tous les deux et pouvons profiter de nos expériences respectives !” 

Le Suisse Jason Smith n'est pas près d'oublier son premier CHI de Genève. © Mélina Massias

Et Daniel Etter, qui ne tarit pas d’éloges sur le duo, d’ajouter : “Que Picobello reste en Suisse était important pour moi. J’avais envie de garder un lien avec lui et j’ai conservé les droits de sa carrière de reproducteur. Et puis, je continue à les entraîner, Jason et lui. C’est une vraie histoire d’amour ! Les propriétaires de Picobello pensent toujours à son intérêt en premier. Évidemment, ils sont heureux de ses réussites sportives, mais ils veulent avant tout autre chose le meilleur pour leur cheval.”

“Je n’ai jamais eu un cheval comme Picobello dans ma carrière”, Jason Smith

Si ni Picobello van’t Roosakker, ni Jason Smith ne disposent d’une importante expérience au plus haut niveau, ils compensent cela par leur harmonie et leur talent. Pour le gris, qui fête ses dix ans en 2025, rien n’est trop grand. “J’avais le sourire aux lèvres à chaque fois que je montais Picobello. Il a continué à me faire rêver et ne m’a pas déçu une seule fois. Il n’a jamais fait un pas de travers de sa vie. Avec lui, c’était vraiment spécial. Je pouvais prendre mon fils de deux ans devant ma selle et galoper à une main. Picobello a un caractère en or”, savoure Daniel Etter, qui ne cache pas son fanatisme pour son cher Pico. “J’ai monté beaucoup de chevaux dans ma vie, dont plusieurs ont fait les Jeux olympiques, comme Baloutinue par exemple. Baloutinue était très spécial, mais il avait vraiment besoin de la meilleure cavalière du monde pour atteindre son plein potentiel. Laura Kraut est incroyable pour lui, mais peut-être qu’avec un autre cavalier, cela aurait moins bien fonctionné. C’est comme pour United Touch S : il ne pourrait pas performer comme il le fait avec n’importe quel cavalier. Alors que tout type de cavalier pourrait évoluer avec Picobello. Cela a toujours été clair, il a toujours eu un super état d’esprit. Jason est un cavalier très doux, très talentueux et avec beaucoup de sentiment. Il manque d’expérience, mais cela se gagne, contrairement au talent. Soit on a du talent, soit on en n’a pas.”

Le fils de Kassander van't Roosakker réunit tous les ingrédients pour devenir l'un des meilleurs chevaux du circuit. © Mélina Massias

Discret et travailleur, Jason Smith peut légitimement se permettre de rêver avec son partenaire d’exception. “Je n’ai jamais eu un cheval comme lui dans ma carrière. Je n’ai pas l’expérience pour le comparer à d’autres chevaux de sa trempe, mais je ne peux pas imaginer avoir un meilleur sentiment sur un cheval…”, tranche sans détour l’Helvète, qui va même plus loin. “L’idée est de rester calme, de prendre notre temps. À long terme, le plan est évidemment de sauter les plus gros Grands Prix du monde avec lui. Je n’ai aucun doute : c’est un cheval de championnat.” Et Daniel Etter d’enchérir : “L’archétype même du cheval de championnat !” 



Un caractère qui sort du lot

Pour l’heure, Picobello van’t Roosakker n’a disputé que deux CSI 5* avec Jason Smith et huit épreuves à plus d’1,45m. Celui de Genève, évidemment, puis celui de Bâle, début janvier. Dans le premier, le BWP s’est fait remarquer en terminant neuvième samedi soir, dans une épreuve à 1,55m ayant causé nombre de difficultés, en attestent les treize abandons. Mais quelles caractéristiques rendent le fils de Kassander van't Rossakker si doué ? Quels atouts poussent son entourage à l’estimer autant ? “Je pense que sa qualité première est son caractère. Il croit complètement en lui. Il n’y a pas une once de son être qui pense que quelque chose peut être difficile. Je prends part à mes premiers 5* et lui à ses premières épreuves majeures à ce niveau. C’est quelque chose de nouveau, mais il me donne l’impression qu’il n’y a rien à craindre. Par sa qualité et sa puissance, il donne une pleine confiance à son cavalier ; on sait que rien n’est trop haut pour lui. Il a ce côté athlétique qui le rend excellent. Il a un super galop, de la souplesse, la volonté d’être sans-faute couplée à des moyens phénoménaux : tout ce qu’il faut pour un cheval de Grand Prix !”, répond Jason. “Picobello est adorable. Au box, c’est une vraie peluche. On peut faire ce qu’on veut avec lui. Il adore avoir de l’attention. Et dès que l’on commence à sauter, le moteur se met en route. Son but ? Briller.” 

Le style parfait de l'étalon BWP immortalisé à Bâle. © Tiffany Van Halle

L’intelligence du très plaisant étalon constitue aussi l’un de ses nombreux points forts. “Il suffit d’une fois pour qu’il apprenne quelque chose. Tout vient naturellement pour lui. On doit se forcer à trouver de nouvelles choses à travailler, à lui proposer. Et si on commet une erreur, on peut être sûr qu’il ne la reproduira pas le lendemain”, ajoute Jason. “Peu de cavaliers de haut niveau ont eu l’occasion de monter un cheval comme Picobello. Depuis qu’il a cinq ans, j’ai toujours dit qu’il était le cheval de ma vie. Et j’ai monté quelques très bons chevaux !”, avoue Daniel Etter. “Chaque jour est un plaisir avec Pico. Travailler avec lui peut presque être ennuyant car il fait tout ce qu’on lui demande !”

Daniel Etter n'a jamais douté de son joyau. © Sportfot

La relève déjà en marche

Origines, look, style, caractère, talent et premiers résultats, Picobello van’t Roosakker semble avoir tous les ingrédients pour atteindre le haut de l’affiche dans les mois et années à venir. Pendant qu’il poursuit patiemment son ascension vers les sommets, pour, qui sait, peut-être atteindre celui de l’Olympe en 2028, ses premiers produits grandissent paisiblement pour suivre ses traces. “Picobello vient d’une lignée fantastique. Ses premiers poulains ont six ans en 2025. Ils ne sont pas nombreux, mais sont très, très bons”, assure Daniel Etter, co-propriétaire de plusieurs d’entre eux avec Jason Smith. “En Allemagne, les éleveurs sont très enthousiastes au sujet de leurs produits de Picobello. Je crois que l’avenir est prometteur ! J’ai acheté la mère de Picobello, son frère, etc. Je suis fan de lui !” Et à mesure que le grand public continuera de le découvrir, nul doute que le spectaculaire gris au passage gagnera bien davantage de fans encore.

En attendant son avènement au plus haut niveau, Picobello van't Roosakker prépare déjà sa relève grâce à ses poulains. © Mélina Massias

Photo à la Une : Rien n'est trop haut pour Picobello van't Roosakker. © Mélina Massias