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“Je n’aurais jamais pensé que Long John Silver arriverait un jour dans nos écuries !”, Géraldine Straumann (1/2)

Long John Silver
vendredi 14 février 2025 Mélina Massias

Sixième des Grands Prix Coupe du monde d’Oslo et Vérone, onzième du temps fort du CSI 5* de Stockholm et au départ de la Coupe des nations de Calgary, Géraldine Straumann a probablement connu la plus belle année sportive de sa jeune carrière en 2024. À vingt ans, la Suissesse peut compter sur plusieurs partenaires de choix pour poursuivre ses rêves de grands championnats, dont l’excellent Long John Silver 3. Rencontrée lors du CSI 5*-W de Bordeaux, l’amazone s’est confiée sur sa relation avec son puissant gris, ses ambitions, son parcours, son expérience au Danemark au sein des écuries des frères Schou, ses autres montures et d’autres sujets. Première partie.

Comment est née votre passion pour les chevaux et pour l’équitation ?

J’ai grandi entourée de chevaux. Ma grande sœur, Flaminia, concourait beaucoup, jusqu’au plus haut niveau. Lorsque j’étais petite, nous allions très souvent la voir en compétition. J’ai donc découvert le sport par ce biais-là. Pour ce qui est des chevaux en eux-mêmes, ils m’ont toujours fascinée ! Lorsque nous étions en vacances ou que nous nous baladions en famille le week-end, j’étais toujours attirée par les chevaux que je pouvais apercevoir ci et là dans les prés. J’ai toujours aimé les chevaux et je pense que l’association entre l’amour de l’animal et ma proximité avec le sport grâce à ma sœur sont les raisons pour lesquelles je me suis intéressée et ai commencé l’équitation.

Comment avez-vous mis le pied à l’étrier ?

Lors des vacances d’été, j’ai commencé par prendre un cours, juste pour essayer. C’était le premier jour des vacances. Finalement, cela a duré tous les jours, pendant six semaines ! Lorsque je suis rentrée à la maison après ces vacances, je voulais continuer. Alors nous avons cherché un endroit où le faire. Nous avons trouvé les écuries de Janika Sprunger et son père, où j’ai commencé à monter. L’automne de mes six ans, j’ai eu mon premier poney, puis j’ai pris mes premiers cours de saut d’obstacles, fait mes premiers concours, etc.

Quelle a été l’étape suivante dans votre apprentissage ?

À l’époque, ma sœur s’entraînait à l’étranger, avec Denis Lynch. Elle a souhaité rentrer à la maison, alors nous nous sommes mis en quête d’un endroit plus spacieux où nous pourrions accueillir tous nos chevaux. Je n’avais qu’un seul poney à ce moment-là, donc c’était assez facile pour moi ! Nous avons loué une écurie au Sud de l’Allemagne, où nous avons toujours la plupart de nos chevaux, dont ceux que montait Denis Lynch, comme All Star 5, Lantinus 3, All Inclusive, etc. Ils sont tous ensemble, au même endroit. Mes chevaux sont restés là-bas jusqu’en janvier 2024, date à laquelle j’ai déménagé au Danemark, au sein des écuries Schou, où je m'entraîne depuis désormais un peu plus d’un an. Nos autres chevaux, eux, sont toujours dans le Sud de l’Allemagne.

Géraldine Straumann a commencé très tôt et sur de bonnes bases à monter à poney et a disputé son premier championnat en 2018, à quatorze ans, avec Carielle. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Dans quelle mesure votre sœur a-t-elle joué un rôle capital dans votre jeune carrière ? 

Elle était évidemment une source d’inspiration pour moi lorsque j’étais enfant, mais nous avons aussi partagé des compétitions ensemble. Lorsque j’ai commencé à concourir davantage, Flaminia était toujours sur le circuit. Nous montions aussi ensemble à la maison et vivre cette aventure en famille est super chouette ! Flaminia ne concourt plus de façon active en ce moment, mais elle monte toujours à la maison.



“Andreas et Christian Schou m’ont ouvert les yeux sur tout ce qui entoure l’équitation et le fait de monter à cheval”

En parallèle de vos déplacements en compétition, vous poursuivez vos études. Comment trouvez-vous l’équilibre ?

Je suis toujours dans mon A-Level, qui est l’équivalent de la maturité en Suisse (et du baccalauréat en France, ndlr) et correspond au diplôme de fin d’études au lycée. Je suis passé du système suisse au A-Level car ce dernier me permet de suivre les cours en ligne et d’avoir une grande flexibilité dans mes études. C’est grâce à cela que je peux aller en concours le week-end ! Cela demande beaucoup de discipline, d’être très rigoureux et d’établir un bon plan pour tout concilier, mais je crois qu’aujourd’hui il y a énormément de possibilités pour pratiquer le sport tout en continuant ses études. En tout cas, tout fonctionne bien pour moi pour le moment et je devrais avoir terminé en juin.

Envisagez-vous de poursuivre votre cursus scolaire au-delà de ce diplôme ?

Oui, j’aimerais continuer d’étudier à l’université par la suite, mais je dois trouver une bonne formation, que je pourrais également suivre en ligne. Je pense peut-être à quelque chose lié au sport, mais je suis encore en recherche à ce niveau-là. Là aussi, j’estime qu’il y a beaucoup d’opportunités pour combiner sport scolarité.

Et dans un avenir plus lointain, aimeriez-vous avoir un métier en plus du sport ou souhaitez-vous vous dédier entièrement aux chevaux ?

Entièrement aux chevaux ! C’est mon but. Une fois mes études terminées, l’objectif est de me concentrer pleinement sur le sport. Cela étant, je trouve important et bénéfique d’avoir un bagage à côté, une forme d’éducation ou un plan B. 

Depuis un peu plus d’un an, vous travaillez au sein des écuries Schou. Comment se déroule votre collaboration et pourquoi avoir choisi de vous installer au Danemark ?

J’apprécie vraiment le temps que je passe là-bas. Nous sommes entrés en contact grâce à un cheval, Unbelievable (Untouchable 27 x Windows vh Costersveld, né Cornet Obolensky), que nous avons acheté auprès d’Andreas. Nous avons commencé à parler de l’avenir, d’entraînement. J’ai toujours dit que j’aimerais m'expatrier quelque temps, afin de voir autre chose, un autre système, d’autres écuries, une autre entreprise, etc. Initialement, je n’avais pas prévu de rester aussi longtemps ! Nous avions d’abord convenu d’une forme de stage de six mois, avant que je rentre à la maison. Et puis, au bout de quelques mois, nous avons constaté que tout fonctionnait super bien entre nous. Le travail d’équipe est génial et je sens que je progresse dans mon équitation. Alors, nous avons décidé que je reste et poursuive l'aventure ! 

La Suissesse est très bien entourée au sein des écuries d'Andreas et Christian Schou. © Sportfot 

À quoi ressemble le système des écuries Schou ?

Tout est très individualisé, en fonction de chaque cheval. C’est ce que j’aime le plus dans ce système. Nous essayons de considérer chaque cheval et ses besoins individuellement. L’un peut avoir besoin de travailler un peu plus, là où un autre préfèrera en faire un peu moins ou de façon différente. Le planning des concours est aussi propre à chacun. L’autre chose très importante pour moi est qu’il y a toujours quelqu’un pour m’encadrer aux écuries. Lorsqu’Andreas est en pleine période de compétition, ou que Christian est en déplacement, il y a aussi Lars Pedersen sur place. En fait, j’ai trois entraîneurs et au moins l’un d’eux est toujours à la maison ! Être entourée d’une équipe comme celle-ci est primordial pour moi.  

Qu’est-ce qui a changé dans votre équitation depuis votre arrivée au sein de la structure de la famille Schou ?

Assurément, ils m’ont ouvert les yeux sur tout ce qui entoure l’équitation et le fait de monter à cheval. Bien sûr, au bout du compte, une fois en piste la performance dépend de soi et de son cheval, mais il y a tellement plus autour de cela ! Je regarde les choses comme un puzzle : toutes les pièces doivent s’assembler. Ils se concentrent beaucoup sur cet aspect, sur le fait d’avoir une vision globale, de tout faire fonctionner ensemble, en harmonie.

“Long John Silver a un cœur immensément grand”

Vous avez vécu une très bonne année 2024, gratifiée de plusieurs classements en Grands Prix 5*, d’une sélection pour le CSIO 5* de Calgary et de nombreuses autres expériences. Tout cela a notamment été rendu possible grâce à votre cheval de tête, Long John Silver 3 (Lasino x Corrado I), ancien complice de Jur Vrieling dont vous avez pris les rênes fin 2023. Comment l’avez-vous rencontré ?

C’est une histoire assez drôle ! Parfois, en discutant avec des amis, ils me demandaient quel cheval j’aimerais monter, même pour une journée. J’ai toujours répondu que j’adorerais essayer Long John Silver. Je n’aurais jamais pensé qu’il arriverait un jour dans nos écuries ! Par l’intermédiaire d’Andreas, nous avons finalement pu l’acheter. Nous sommes allés l’essayer et cela s’est très bien passé. On sentait dès le départ que cela collait entre nous.

En quelques mois, Géraldine Straumann et Long John Silver sont parvenus à former un véritable couple. © Sportfot 



Que préférez-vous chez lui ?

Sans aucun doute son attitude ! Il a un cœur immensément grand. Il fait toujours de son mieux, d’autant plus sachant que j’ai encore peu d’expérience à ce niveau. J’ai l’impression qu’il le sait et le ressent et qu’il m’aide. Il me donne confiance et je sais qu’il fera tout pour moi. Avec un tel cheval, je sens que je peux vraiment progresser et grandir en tant que jeune cavalière.

Votre façon de monter et celle de Jur Vrieling sont forcément différentes. A-t-il été facile pour vous et Long John Silver de vous adapter l’un à l’autre ?

Non, cela a pris du temps et en prend encore. Nous avons des styles et des expériences différents avec Jur. Au début, cela a été assez difficile. J’ai dû apprendre à le connaître, découvrir comment je devais le monter. Long John a aussi dû me découvrir, savoir où se situent mes points faibles, et inversement. Avec le temps et l’expérience, tout s’est mis en place.

Finalement, votre entente s’est faite assez rapidement. Avez-vous été surprise que cela aille aussi vite entre vous deux ?

Oui, c’est vrai. J’ai assurément été surprise. En fait, il y a eu un tournant dans notre relation, mais je n’arrive pas vraiment à l’identifier. Après cela, nous avons commencé à avoir vraiment plus d’harmonie tous les deux. Je ne m’attendais pas à ce que cela arrive aussi rapidement. Avoir l’opportunité de prendre part à ces grands événements est incroyable pour une jeune cavalière, mais obtenir de bons résultats est formidable ! Nous essayons de construire sur ces réussites, tout en apprenant et en engrangeant autant d’expérience que possible.

Cette saison, Long John Silver devrait être épaulé par plusieurs montures de Grand Prix 5*. © Sportfot 

Peu de chevaux parviennent à performer au plus haut niveau avec différents cavaliers. À votre avis, qu’est-ce qui fait la différence avec Long John Silver ?

Je pense que cela dépend vraiment des couples, de quand la connexion se fait. Je pense qu’avec Long John, la différence réside vraiment dans son mental : il donne toujours tout pour moi. Ma volonté de faire de mon mieux pour lui doit aussi jouer. Lorsqu’on forme un couple avec un cheval, il se bat pour nous. Si on monte bien, on peut alors obtenir de bons résultats.

“Je dois encore trouver comment faire bon usage de la grande amplitude de Long John”

Long John Silver ne vous était pas totalement étranger lorsque vous l’avez acquis. Est-il exactement comme vous l’imaginiez ou certaines choses chez lui vous ont-elles surprise ?

(Elle réfléchit) Non, il n’est pas exactement comme je le pensais. Ce qui m’a le plus surprise est son fort caractère ! Il a vraiment sa propre personnalité, ce qui est très bien. J’aime les chevaux qui ont du tempérament. J’adore travailler avec eux, apprendre à se connaître mutuellement. Mais cela m’a étonnée qu’il ait un caractère aussi fort ! (rires)

Sur quoi devez-vous encore travailler avec lui ?

Je dois encore trouver comment faire bon usage de sa grande amplitude, en particulier en ce qui concerne le temps accordé. J’ai encore du mal à être un peu plus rapide sur mes parcours et à ne pas être pénalisée par le chronomètre. Avec un cheval comme lui, qui n’est pas le plus rapide, cela complique un peu la tâche. Mais je crois qu’avec l’expérience dont il dispose et son amplitude, je peux vraiment apprendre, travailler et faire en sorte que cela soit moins pénalisant.

Y’a-t-il un type de cheval que vous préférez monter ? Si oui, comment le décririez-vous ?

En réalité, j’ai des chevaux assez différents, et c’est quelque chose que j’apprécie. J’aime ne pas avoir des chevaux similaires en tous points, mais j’ai un faible pour les grands chevaux. J’adore qu’ils aient une grande amplitude, tout en ayant du sang. Long John a un peu moins de sang, mais en a tout de même, tandis que d’autres de mes chevaux en ont énormément. En tant que jeune cavalière, monter des chevaux différents et ne pas m’enfermer dans un seul type de monture me semble bénéfique. On peut beaucoup apprendre avec des chevaux de toutes sortes. 

Lui aussi très puissant, le bien nommé Unbelievable avait fait des débuts prometteurs avec Géraldine Straumann avant de se blesser. © Sportfot 

La seconde partie de cet entretien est disponible ici.

Photo à la Une : Géraldine Straumann et Long John Silver 3 lors du Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux. © Mélina Massias