Madrid a sacré une nouvelle reine le week-end dernier. La Grecque Ioli Mytilineou a décroché la première victoire de sa carrière dans un Grand Prix 5* à l’occasion d’une étape du Longines Global Champions Tour. Associée à son olympique L’Artiste de Toxandra, l’amazone a mis tout le monde d’accord. De son côté, Grégory Wathelet s’est baladé dans son jardin de Windsor, raflant la mise aux rênes du puissant étalon Bond Jamesbond de Hay. Retour sur ces deux épreuves majeures.
Son talent ne faisait aucun doute et son palmarès le confirme désormais. Révélation des championnats d’Europe de Riesenbeck en 2021, Ioli Mytilineou a remporté le premier Grand Prix 5* de sa carrière, dimanche 18 mai à Madrid, aux rênes de son excellent L’Artiste de Toxandr(i)a. Grâce à ce succès hautement mérité, la Grecque a corrigé une anomalie : l’absence de victoire au plus haut niveau à son palmarès. “J’ai fait tout ce que j’ai pu ! Je sais que je dois apprendre à aller plus vite, mais mon cheval a sauté de manière incroyable aujourd’hui. Le public était exceptionnel et a rendu cette victoire encore plus belle !”, s’est réjoui la cavalière de vingt-sept printemps. “Il s’agit de ma première victoire en Grand Prix 5*. Il y a deux ans, lors du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de La Corogne, j’étais dans une position similaire, mais le dernier cavalier du barrage (Bertram Allen, ndlr) a battu mon chronomètre. Honnêtement, je ne pensais pas que cela tiendrait jusqu’au bout !” Et pour preuve, Ioli Mytilineou, membre de la seconde équipe engagée par Deborah Mayer sur la Global Champions League, n’a pas pu cacher sa surprise au paddock lorsque Marco Kutscher, dernier à tenter sa chance sur le tracé raccourci imaginé par Santiago Varela, s’est rangé en deuxième position avec son tout bon Aventador S.
Face à un public nombreux et enthousiaste, et dans un cadre somptueux, Ioli Mytilineou a décroché la plus belle victoire de sa carrière. © LGCT
Tout sauf une surprise, cette victoire est un juste retour des choses pour la Grecque et une réapparition en état de grâce de son fils de Toulon, absent des pistes internationales en mars et avril et auteur d’une saison allégée en 2024, avec, en point d’orgue, les Jeux olympiques de Paris, conclus avec un score inhabituel de douze points. Ce succès permet aussi de remettre en lumière l’élevage belge du sympathique Werner Dierckx, qui a fait naître le puissant BWP, petit-fils de Kashmir van’t Schuttershof, en collaboration avec Karel Sebrechts, mais qui est aussi à l’origine des premiers pas en prairie et en compétition d’un autre fleuron de son affixe, Tabasco de Toxandria, onzième de cette même épreuve après un tour initial à quatre points sous la selle de Tom Wachman. Dans ce Grand Prix, seul le gigantesque Gestüt Lewitz de Paul Schockemöhle rivalise en nombre, avec deux produits engagés. Mais le ratio de réussite est bien loin d’être le même entre ces deux éleveurs aux moyens et à la taille incomparables.
La jeune Grecque n'a pas manqué de remercier son fidèle L'Artiste de Toxandra. © LGCT
Aventador S, dauphin de L’Artiste de Toxandra a, lui, vu le jour chez Erwin Risch. L’alezan par Armitage permet, depuis plusieurs saisons, à Marco Kutscher de retrouver l’élite du saut d’obstacles mondial. Ensemble, la paire avait notamment terminé cinquième du Grand Prix Coupe du monde de Leipzig en 2023, avant de remporter le temps fort du CSI 4* de Pinneberg sept mois plus tard. Écarté des terrains de compétition après sa première et dernière victoire internationale en date, l’étalon de douze ans a retrouvé le très haut niveau en fin d’année dernière et confirme tout son potentiel grâce à cet excellent classement espagnol. “Je suis très content de notre résultat. Aventador S a tout donné. Le parcours était délicat, mais juste. L’ambiance, ici à Madrid, est toujours spéciale. Le soutien du public est formidable. Monter dans un tel environnement est un plaisir !”, a commenté l’Allemand, ancien cavalier du légendaire Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky, et quatrième de ce même Grand Prix l’an dernier aux rênes de Karajan, plus vu sur la scène internationale depuis juillet dernier et un abandon dans le Grand Prix 5* de Riesenbeck. Disposant d’un piquet de chevaux réduit pour le très haut niveau, Marco Kutscher, ancien cavalier des écuries Beerbaum a présenté… Mumbai van de Moerhoeve en compétition à Hagen, fin avril ! Pour rappel, l’étalon gris est habituellement associé au champion olympique Christian Kukuk. Installé outre-Atlantique pour l’hiver, ce dernier n’avait pas imposé le voyage - et la quarantaine obligatoire - à ses étalons, restés en Allemagne auprès de son patron.
Marco Kutscher, membre de l'équipe des Riesenbeck International sur le circuit de la Global Champions League, n'est pas parvenu à rattraper Ioli Mytilineou avec son tout bon Aventador S. © LGCT
Alors qu’elle avait triomphé l’an dernier, l’Allemagne, vaincue en 2025, s’est vengée en occupant les deux et troisième places du Grand Prix. Derrière Marco Kutscher, Hans-Dieter Dreher a, en effet, pris le meilleur sur son voisin belge Pieter Devos. Le Germanique a guidé son génial Ziroquado T, alias Elysium, vers un double zéro, et qualifié le barrage de “très intéressant”, regrettant un mauvais début de parcours, sans toutefois entacher sa satisfaction finale. Aux rênes de Casual DV, Pieter Devos termine quatrième, avec un énième sans-faute à la clef avec sa jument maison, née, élevée et formée par ses soins. La belle histoire continue donc de s’écrire pour ces deux-là, dont Peter Weinberg devrait avoir du mal à se passer cet été, en Espagne toujours, mais cette fois à La Corogne, pour les championnats d’Europe.
Double sans-faute et troisième place pour Hans-Dieter Dreher et Elysium. © Ljuba Buzzola / LGCT
Les trois cavaliers du Top 10 mondial qualifiés pour le barrage n’ont pas trouvé le chemin du double clear round. Cian O’Connor a laissé une barre à terre avec Bentley de Surry, son Selle Français par Sunday de Riverland avec lequel il semble en grande forme, tandis que Kent Farrington, l’imbattable numéro un mondial américain a ouvert cette finale au chronomètre avec… deux fautes sur sa fantastique Contina 47, alias Greya. Christian Kukuk, lui, a été éliminé du barrage avec Cepano Baloubet, ancien complice de Richard Vogel avec lequel il disputait son tout premier Grand Prix 5*, en raison d’une chute.
Bond Jamesbond de Hay, retour en force
À Windsor, Grégory Wathelet est un peu comme chez lui ! Après avoir fait retentir la Brabançonne avec Nevados S en 2022, le Belge s’est de nouveau imposé, cette fois avec le Selle Français Bond Jamesbond de Hay, perle de l’élevage de Jean-Luc L'helgouarc'h, qui en est toujours co-propriétaire. Dimanche 18 mai, tous deux se sont emparés de la première place et ont ainsi remporté leur troisième Grand Prix 5*, le premier sur une piste extérieure. Une belle revanche pour l’étalon par Diamant de Semilly, qui avait été vaincu par Miss Blue Mystic Rose*Saint Blue Farm le mois dernier à Fontainebleau. Après s’être exprimé à Bâle et un changement de protections aux postérieurs, le bai semble avoir retrouvé tout son brillant et sa grande compétitivité.
“Ces quatre dernières années, les résultats au concours de Royal Windsor ont été très bons : j’ai gagné en 2022, terminé deuxième l’an dernier et je suis de nouveau sur la plus haute marche du podium cette année ! Je suis ravi. J’apprécie vraiment de monter ici. C’est un super concours, et le public nous pousse. Le parcours d’aujourd’hui était très juste. Partir à la fin du barrage est toujours un avantage car l’on peut voir les résultats de nos homologues et adapter notre plan. J’ai vu que tout le monde allait de plus en plus vite, mais je connais mon cheval et sa vitesse. Je sais qu’il aime aller vite, alors j’ai pris des risques ; des jours comme aujourd’hui, on n’a pas le choix !”, s’est exprimé Grégory Wathelet.
Grégory Wathelet et Bond Jamesbond de Hay ont remporté leur troisième Grand Prix 5* à Windsor. © Peter Nixon
Grâce à un second parcours bouclé en 37’’18, le duo a supplanté… Harrie Smolders et Monaco ! Une nouvelle fois impeccables, le Néerlandais et son fils de Cassini II retrouvent une place qui leur a si souvent tendu les bras après leur brillante et méritée victoire dans le Grand Prix Rolex de Genève en fin d’année dernière. Désormais âgé de seize ans, l’agile Holsteiner continue de briller et de se bonifier comme le bon vin. Six petits centièmes seulement l’ont privé de la tête du tour d’honneur. “Royal Windsor est un concours de prestige, avec une super ambiance. Nous avons vu un Grand Prix Rolex très sérieux, avec un bon nombre de sans-faute, ce qui est le signe du bon travail du chef de piste (le Portugais Bernardo Costa Cabral, ndlr). Monaco est rapide, mais je pense que j’aurais pu aller un cheveu plus vite. C’est ce qui a fait la différence entre la première et la deuxième place”, a analysé Harrie Smolders.
Le podium a été complété par un local de l’étape, Harry Charles. Après une bonne préparation au Touquet Classic une semaine plus tôt, le Britannique a une nouvelle fois pu compter sur Novio vd Donkhoeve, alias Sherlock, son actuel cheval de tête. Le fils de Bisquet Balou vd Mispelaere s’est arrêté dans la même seconde que ses deux bourreaux du jour, en 37’’70, tout comme Vermento, qui a passé la ligne d’arrivée en 37’’86. Le fils d’Argento s’est classé quatrième avec Robert Whitaker, son fidèle cavalier. Pour l’Irlande, la Belgique et les Etats-Unis, Billy Twomey, Jordy van Massenhove et Eve Jobs se sont distingués grâce à trois doubles zéro. Ils étaient respectivement associés à Jumping Jack van de Kalevallei, un fils de Kannan sur la montante, Verdiamo et Canto Bruno.
Egalement qualifiés au barrage, Kim Emmen, Joseph Stockdale et Ben Maher sont huit, neuf et dixième aux rênes d’Imagine, Its Confidential et Point Break, avec quatre et huit points et une élimination pour le dernier duo cité.
Photo à la Une : L’Artiste de Toxandra a survolé le Grand Prix 5* de Madrid avec l’art et la manière aux côtés de Ioli Mytilineou. © Ljuba Buzzola / LGCT