Quatrième Grand Prix 5*, premier en indoor et une victoire acquise face à nul autre que le couple médaillé de bronze des derniers championnats d’Europe Longines. Grégory Wathelet et son étalon Bond Jamesbond de Hay ont frappé un grand, un très grand coup face aux tribunes pleines à craquer d’Equita Longines Lyon. Grâce à un barrage à couper le souffle, le duo a coupé l’herbe sous le pied de Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre. Dallas Vegas Batilly, troisième Selle Français de ce tiercé gagnant, a permis à Ben Maher d’enregistrer de précieux points au classement mondial.
Bond Jamesbond de Hay, Dubaï du Cèdre, Dallas Vegas Batilly. Ces trois Selle Français, nés respectivement, Jean-Luc L’Helgouarc’h, Perrine Cateline et Sylvain Pitois, et Jean-Claude Viollet, ont formé le trio gagnant de l’étape de la Coupe du monde Longines de Lyon, dimanche 5 novembre. De cet excellent cru, le barrage de Grégory Wathelet, cavalier de l’étalon Bond Jamesbond de Hay, restera sans doute dans les annales. Doté de moyens qui semblent illimités, d’un respect sans faille et d’une amplitude gigantesque, le bai, fils de Diamant de Semilly et Noya d’Orcival, une descendante de Kannan, a tout bonnement réalisé l’impossible : battre Julien Epaillard. Déjà lauréat du Grand Prix Longines de vendredi avec son alezane, médaillée de bronze des derniers championnats d’Europe à Milan, le Normand semblait avoir course gagnée, comme toujours où presque lorsqu’il aligne deux parcours parfaits. Mais c’était sans compter sans son rival du Plat-Pays, qui, en sortie de piste, s’est permis un petit chambrage en règle. “Alors Julien, je croyais que tu étais un cavalier rapide ?”, lui a-t-il lancé avec le sourire. Quel sentiment étrange a dû parcourir l’actuel numéro deux mondial, qui devrait perdre quelques places dans la hiérarchie de novembre sans pour autant quitter le Top 5, si peu habitué à suivre le rythme de quelqu’un d’autre au tour d’honneur !
Si le Breton Jean-Luc L’Helgouarc’h est toujours co-propriétaire de son crack avec Yves Berthollet, tout comme Perrine Cateline et Sylvain Pitois avec leur star, Jean-Luc Viollet a cédé sa fille de Cap Kennedy voilà déjà quelques années. Que lui restera-t-il du succès de son ancienne protégée ? Sans doute pas grand-chose, pas même une anecdotique, mais si symbolique mention, sur l’habillage vidéo proposé par la Fédération équestre internationale (FEI) lors de la retransmission de la compétition, si ce n’est des étoiles dans les yeux et la satisfaction du travail bien fait. En leur qualité de co-propriétaires, les naisseurs de Bond et Dubaï devraient prétendre à une récompense financière, mais combien de sacrifices ont-ils dû concéder avant de les voir briller à ce niveau ? Et que dire alors des cavaliers formateurs de ces montures - Bernard Briand Chevalier, Côme Couturier, Valentin Besnards, Margaux Rocuet, Valentin Very, Claire Fontanel, Mégane Moissonnier et Romain Ozzola -, de leurs grooms, et de toutes les petites mains qui ont pris soin d’eux ces douze ou dix dernières années, dans l’ombre ? Aujourd’hui, toutes ces personnes ont sans doute le sourire de voir leurs anciens protégés exprimer tout leur potentiel, et c’est déjà ça.
La chance sourit à Julien Epaillard… presque jusqu’au bout !
Julien Epaillard a rarement besoin de chance pour s’imposer. Aujourd’hui, elle a pourtant joué en sa faveur une bonne partie de l’après-midi. La bonne fée qui veille sur lui a fait sa première apparition lors de son saut sur le mur numéro quatre du parcours initial. En frôlant très franchement le chandelier droit de l’obstacle, le Tricolore a fait trembler, pendant de longues secondes, toute la construction… qui s’est miraculeusement remise à sa place. Ensuite, Dubaï du Cèdre a donné encore un peu plus d’elle-même, dégageant ses postérieurs aussi haut qu’elle le pouvait à chaque effort. Qualifié pour le barrage, Julien Epaillard espérait bien remettre le couvert après son triomphe de vendredi, et signer un doublé dans cette étape de la Coupe du monde. Alors que Donatello n’a pas réussi à conserver son titre dans les Equita Masters samedi soir, Dubaï était en passe de succéder définitivement à Caracole de la Roque. “Dubaï a réalisé une très bonne saison. Elle est très régulière et a vraiment passé un cap. Je suis ravi de l’avoir à mes côtés”, s’est d’ailleurs réjoui le cavalier de la fille de Baloubet du Rouet.
Malgré quelques nouvelles touchettes ci et là lors de la finale au chronomètre, l’alezane, qui défend le label Selle Français Originel, a arrêté le temps en 33’’10, soit avec plus d’une seconde et demi d’avance sur Ben Maher, possiblement en passe de détrôner Henrik von Eckermann au sommet du classement mondial Longines, alors en tête à ce moment de la compétition après une très bonne copie rendue aux rênes de Dallas Vegas Batilly. Survolté, le public semblait avoir décerné son vainqueur.
Mais Grégory Wathelet et son agent secret sont sortis de l’ombre. Pas de tutoiement, pas de temps à perdre, pas d’hésitation ; tous deux ont tout bonnement survolé ce parcours. Sans conteste, tous deux ont glané leur première victoire à ce niveau, pour leur… quatrième tentative ! Lors de leurs trois précédents Grand Prix 5*, Grégory et Bond s’étaient octroyé une sixième place à Paris, puis une quatrième à Dinard, avant de concéder deux fautes à Rome. Entre parallèle, tous deux avaient aussi défendu les couleurs de la Belgique, à Bruxelles puis à Barcelone. Grand espoir olympique du Diable Rouge, le Selle Français a franchi un nouveau cap et semble arriver à pleine maturité. “Je n’ai pris part qu’à deux barrages avec James. Naturellement, ce n’est pas encore son point fort, même si son évolution est remarquable ces derniers temps. Je commence à le connaître de mieux en mieux. J’avais une idée un peu différente de ce qu’il est vraiment lorsqu’il est arrivé dans mes écuries. Je ne pensais pas qu’il avait une telle agilité et facilité. Il a une énorme qualité et un immense respect. Sur lui, je ressens la même chose qu’avec Nevados, ce qui n’était pas du tout le cas au début. Je pense que nous touchons au but. Aujourd’hui, je savais que nous avions quelque chose à jouer. J’ai enlevé une foulée du un au deux, et j’ai pris un risque sur le dernier. James était avec moi, il a joué le jeu. C’était son jour et on ne peut qu’être fier de lui”, s’est satisfait Grégory Wathelet, qui prendra part à sa prochaine étape du circuit indoor en décembre, à Londres, où il tentera de grappiller quelques points avant Malines notamment, dans l’espoir de se qualifier pour la finale printanière. D’ici là, le grand vainqueur de cette trente-neuvième édition de Longines Equita Lyon s’envolera dès lundi matin pour le Mexique, où il retrouvera d’autres de ses chevaux, déjà sur place.
Reçu cinq sur cinq pour la délégation britannique
Vainqueure du temps fort individuel du CSIO 5* de Bruxelles, la paire que forment Ben Maher et Dallas Vegas Batilly ont cette fois joué placer. Parti en début de barrage, tous deux ont déroulé leur plan sans forcer, pour conclure leur course avec un chronomètre de 34’’59, synonyme de troisième place. “Ce serait chouette d’avoir une deuxième chance ! J’ai essayé d’enlever une foulée entre le un et le deux, mais je me suis ravisé au dernier moment, ce qui explique pourquoi mon barrage n’était pas le plus fluide. Je suis allé aussi vite que j’ai pu, mais je savais qu’au bout du compte, peu importe ce que je faisais, si Julien ne commettait pas de faute, il serait de toute façon plus rapide. De plus, Grégory a été fantastique aujourd’hui. Tous ses sauts étaient parfaits, et cela n’est pas dû au hasard. Je suis ravi de ma jument”, a souri le champion olympique en titre, qui a également annoncé avoir reçu le feu vert des vétérinaires pour remonter - au pas - son cher Explosion W, convalescent depuis le CSIO 5* de La Baule. Pour l’heure, difficile de prédire l’avenir du grand alezan, mais son cavalier a partagé la nouvelle avec une certaine forme de soulagement. “Explosion ne semble pas prêt à rester à la maison. Il y a peut-être une chance, mais nous allons prendre notre temps. Sa santé est le plus important pour nous. Nous n’avons pas pris de décision quant à son potentiel retour pour l’instant ; nous attendons de voir comment il se remet”, a-t-il précisé.
Second représentant britannique engagé à Lyon, Harry Charles a signé deux parcours parfaits avec son superbe Romeo 88, né Champion of Picobello, pour se hisser à une honorable quatrième place. Il devance Pieter Devos, surprenant avec sa toute jeune Jarina J et Mégane Moissonnier, dernière double zéro avec le surpuissant Cordial. Rapide, mais fautif, Simon Delestre s’est cette fois contenté de la septième place avec Dexter Fontenis. Même sort pour Jana Wargers et la très démonstrative Dorette, née Dollar Girl. François-Xavier Boudant, Martin Fuchs, Wilma Hellström et Emanuele Gaudiano complètent le Top 12 d’un barrage à quatorze avec Brazyl du Mezel, Commissar Pezi, Cicci BJN et Crack Balou. Treize et quatorzièmes, Roger-Yves Bost et Pénélope Leprevost - qui chuté sur l'ultime obstacle du barrage - n’ont pas été classés avec Delph de Denat*HDC et Bingo Del Tondou. La faute, selon Grégory Bodo, a “des détails”, dont le temps imparti, trop long d’une seconde selon le chef de piste, et pourtant déjà bourreau des belles prestations de Yuri Mansur et Jessica Springsteen, aux rênes de QH Alfons Santo Antonio, né Alfons RA, et Don Juan van de Donkhoeve.
Les résultats complets.
Le classement provisoire du circuit de la Coupe du monde Longines.
Photo à la Une : La joie de Grégory Wathelet, auteur d’une prestation magistrale avec son étalon Bond Jamesbond de Hay. © Mélina Massias
Les épreuves de Longines Equita Lyon sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.