Avant de croiser la route de son cher Campari, Elian Baumann n’avait jamais disputé d’épreuve internationale à 1,60m. Grâce au puissant bai, sacré champion d’Europe par équipe en 2021 à Riesenbeck, le Suisse a gravi tous les échelons. À seize ans, et comme nombre de ses compères ces derniers jours, le fils de Contact vd Heffinck tire sa révérence et passe le flambeau, notamment au génial Little Lumpi E.
Leur histoire débutait il y a plus de huit ans. Il y a trois jours, jeudi 14 juin, elle a pris une nouvelle direction. Elian Baumann ne remontera plus son fidèle Campari, le “cheval de [s]a vie”, son “Cher Campi”, en compétition. Le Suisse de trente-quatre ans a annoncé la nouvelle sur ses réseaux sociaux. Ensemble, les deux complices ont gravi les échelons, jusqu’à défendre les couleurs du clan helvète au plus haut niveau. Point d’orgue de leur parcours commun : le titre de champion d’Europe décroché en septembre 2021, à Riesenbeck. “Les souvenirs que nous nous sommes créés ensemble resteront pour toujours avec moi. Grâce à toi, nous avons intégré le cadre suisse Elite, célébré notre première victoire en Grand Prix national, disputé notre premier CSI 5*, nos premières Coupes des nations et gagné les championnats d’Europe de Riesenbeck par équipe. Tu as fait de moi le cavalier que je suis aujourd’hui, et personne n’aurait pu t’en demander davantage. Tu as sincèrement mérité ta retraite et j’ai hâte que nous nous créions de nouveaux souvenirs, en dehors des pistes de saut d’obstacles. Profite, champion”, a écrit dans un message émouvant Elian Baumann.
Né chez Kim Vanderwaeren d’une souche plutôt modeste, Campari, issu de la génération 2007, débute sa carrière sportive sous la selle d’Anita Szabó en 2014, en Suisse. Au départ de quelques épreuves à 1,10 et 1,15m, le fils de Contact vd Heffinck et Olivia van het Provahof, par Platini M, la bai apparaît ensuite aux rênes de Roger Umnus et Marcel Wolf, pour deux parcours. En août 2016, le représentant du stud-book Zangersheide trouve son âme sœur en passant la porte des écuries d’Elian Baumann. D’abord présenté sur le circuit national, le hongre, aujourd’hui âgé de seize ans, ne débute sur la scène internationale que deux ans plus tard. Rapidement, quelques mois après sa première épreuve mondiale, Campari s’offre sa première victoire internationale, à Crans-Montana.
Et puis, tout s’enchaîne. Un succès à 1,50m au Maroc en octobre, une participation au Grand Prix 5* Rolex de Genève deux mois plus tard, une première Coupe des nations et un premier double zéro en 2019. En 2021, tout s’accélère avec une sixième place dans le temps fort individuel du CSIO 5* de Saint-Gall, puis une bonne Coupe (0+4) à La Baule. Suffisant pour convaincre Michel Sorg. Le chef d’orchestre de la Suisse mise sur le puissant bai au à la technique et au passage de dos qui ne laissaient personne indifférent pour l’échéance continentale de l’année. En Allemagne, il aide la Suisse à conquérir l’or, et termine trente et unième en individuel. Davantage consacré à des épreuves jusqu’à 1,50m en 2022 et 2023, malgré plusieurs apparitions au niveau supérieur, le duo savoure une ultime victoire, début mai à Mannheim, avant de tirer sa révérence, sur un abandon, au CSI 4* de Bourg-en-Bresse. Quoi qu’il en soit, le grand bai aura marqué de son empreinte son cavalier, mais aussi toute son équipe, à commencer par Riccarda Wenger, sa propriétaire de longue date. “Nous te devons tellement, à toi et ton Campari”, a salué Elian Baumann sur les réseaux sociaux. “Sans ton soutien continu et ta confiance en nous au cours des années, aucune de nos réussites n’aurait été possible.”
Dernier produit de sa mère, le hongre de seize ans va laisser place à la nouvelle génération. Son cavalier pourra ainsi utiliser toute l’expérience acquise aux côtés de son indéfectible binôme avec le surprenant Little Lumpi E, à son avantage dans le Grand Prix de l’Officiel de Pologne vendredi, ou encore les jeunes Esme von Gurbrue et Vivathago PS.
Photo à la Une : Campari et sa technique caractéristique quittent les tapis rouges. © Sportfot