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Comment vendre son poulain ?

Sponsorisé samedi 15 mai 2021 Julien Counet

Le printemps est là et la saison des poulinages bat son plein. L’arrivée de nouveaux nés amène de grands espoirs, des rêves et des projets mais bien souvent la réalité vous rattrape très vite. Quand on produit, il faut aussi pouvoir vendre. Un vaste programme pour tant d’éleveurs : petites annonces, site internet, ventes aux enchères, ventes en ligne... Quelle est la solution ? C'est la question du mois !

Pour répondre à cette question, nous nous sommes tournés vers Guillaume Ansquer de l’élevage de Kreisker, éleveur bien connu dans le Finistère, ainsi que Tom Lemmens qui a développé au sein de Zangersheide plusieurs possibilités pour les éleveurs avec le Z market, les ventes aux enchères en ligne ainsi que la Z Quality Auction, mais aussi à Ludovic Haid, éleveur amateur pour qui l’élevage est une passion.

Guillaume Ansquer

Ici avec sa jument phare Jumpy de Kreisker, Guillaume Ansquer mettra en vente ses premiers poulains de l'année lors de la vente en ligne "Hus Kreisker Auction".


L’éleveur Français se démarque souvent par son ouverture très internationale aussi bien qu’avec des souches très françaises qui ont fait ses plus belles heures à ce jour, comme Jumpy et Quickly de Kreisker : « Chaque année, je vends au moins 60% de ma production. Mon objectif est dès lors de bien choisir mes étalons, en cherchant des étalons « à la mode » comme Chacco White, El Barone 111 Z ou encore Candy de Nantuel, qui sont sous les feux des projecteurs ou testés sur performance. J’essaie des étalons qui ont la côte à l’étranger mais qui ne sont pas forcément connus en France comme je l’ai fait avec Chacoon Blue. Il est encore très peu utilisé ici alors qu’il possède une énorme cote à l’étranger. Pour arriver à faire cela, j’ai de nombreuses antennes auprès desquels je me renseigne sur les tendances. C’est comme cela que j’ai la chance d’avoir l’un des seuls Conthargos de trois ans en France. L’objectif étant d’essayer d’avoir toujours une longueur d’avance, même si évidemment, parfois, il faut bien reconnaitre que l’on se plante aussi. Souvent, je prépare mes croisements durant l’hiver lors des soirées au coin du feu même si les plans sont parfois modifiés en cours de saison si un cheval explose, comme c’est le cas de Mumbai vd Morhoeve (Diamant de Sémilly x Nabab de Rêve) cette saison. On connait également quelques croisements magiques comme Eldorado vd Zeshoek sur des mères For Pleasure ou Carthago sur des mères Heartbreaker ou encore Kannan sur des filles de Diamant de Sémilly, mais la magie de l’élevage fait que parfois cela marche et parfois pas ! » 

Entre la conception et la naissance, c’est souvent bien plus d’une année qui s’écoule et même si le croisement répond à l’attente, il reste encore à le faire connaître à l’éleveur. « Chaque année, je présente plusieurs poulains dans différentes ventes aux enchères mais cette année, nous avons décidé de faire les choses différemment en organisant notre propre vente en ligne. Depuis plusieurs années, nous sommes associés avec Xavier Marie et nous travaillons étroitement avec le Haras de Hus. Du coup, il nous semble logique de travailler main dans la main pour organiser une belle vente qui mettra en avant nos élevages. Nous avons une génétique très intéressante, autant au Hus qu’ici à Kreisker, et c’est l’occasion de pouvoir mettre en avant notre travail car lorsqu’on participe à d’autres ventes, nos poulains sont souvent noyés dans la masse. Nous avons proposé dans cette vente l’ensemble de nos premiers poulains de l’année avec notamment des produits de Shirel de Kreisker, la dernière fille de Betty de Kreisker mais aussi de Quindy de Kreisker ou encore Team de Kreisker, sœur utérine de Quickly de Kreisker. Le fait de ne pas dépendre d’un organisme va également nous permettre d’être en lien direct avec notre clientèle. Je pense que cela pourra sans aucun doute déboucher sur de nouveaux partenaires. Il est certain que ce genre de nouveaux projets amène une adrénaline positive. Une vente en ligne est idéal pour une collection comme la nôtre qui peut toucher des clients au niveau mondial en montrant ce que nous sommes capables de faire. »

Tom Lemmens


Bras droit de Judy-Ann Melchior depuis de nombreuses années, Tom Lemmens, lui-même éleveur passionné, fait partie des chevilles ouvrières de Zangersheide et fait partie intégrante du développement du studbook: « Zangersheide travaille dans la continuité des idées de monsieur Melchior. Il a toujours été très important pour lui que les éleveurs puissent vendre leurs poulains. Il n’a d’ailleurs jamais hésité à en acheter plusieurs durant le Z Festival et souvent lorsque des éleveurs venaient lui présenter des poulains qu’ils voulaient vendre, ils restaient à Zangersheide car c’était une chose qui tenait vraiment à cœur monsieur Melchior. Il a ensuite créé le Z Market ainsi que la vente aux enchères car il a toujours voulu trouver des solutions pour vendre des poulains. Lorsqu’en 2013, nous avons lancé notre première vente de poulain en ligne, c’était une grande nouveauté et les gens pouvaient se montrer septiques. Les prix ont été assez normaux lors des premières ventes mais dès la troisième, nous avons commencé à faire des top prices. Aujourd’hui, les gens se rendent compte que pour des poulains nés tôt dans l’année, il est préférable de les vendre en ligne plus tôt dans l’année que d’attendre le mois de septembre pour notre Z Quality Auction. Je pense que dans le futur, les gens qui auront des lots d’exceptions préfèreront même les vendre en ligne car il est plus facile de mettre ces lots en avant par ce biais-là que lors d’une vente physique. Aujourd’hui, nos ventes se sont fortement développées puisque nous vendons aussi bien des poulains que des embryons, des poulinières ou même des jeunes chevaux. Notre objectif est toujours d’aider les éleveurs à commercialiser leurs produits. Ca c’est le plus important. Les derniers mois, de nombreux marchands sont de plus en plus intéressés de participer à nos ventes mais nous resterons prudents à ce sujet et ne perdrons jamais de vue les éleveurs. Aujourd’hui, les ventes font parties intégrantes de Zangersheide. Judy Ann Melchior s’est beaucoup investie pour cela. La marque Zangersheide ne cesse de grandir même si nous avons encore beaucoup de choses à réinventer.

Il y a 10 ans, nous inscrivions 1000 poulains, aujourd’hui, c’est 7500 poulains qui sont inscrits chaque année. Nous avons également fortement développé notre activité d’étalonnier. Je pense que c’est aussi grâce à notre capacité à trouver des acheteurs pour cette production. Notre plus grande difficulté aujourd’hui, c’est de pouvoir suivre avec notre personnel car cela demande beaucoup de travail. Au-delà des ventes en ligne et de la Z Quality Auction, nous avons également développé la Breeders Auction. Elle va probablement changer de nom dans les mois qui viennent parce que c’est devenu plutôt une vente privée en ligne qu’une vente aux enchères. Nous voyons que sur cette plateforme on vend beaucoup de chevaux si les vendeurs demandent des prix raisonnables. Si les prix sont corrects, les chevaux sont souvent vendus en quelques jours. Le pouvoir de la Breeders Auction réside dans le fait qu'elle est très accessible et peut aller très vite. Un cheval qui a été placé en ligne le matin peut être vendu le soir. Nous sommes passés d’une seule vente aux enchères par an à une véritable ‘auction house’ avec plusieurs employés à plein temps. Le total des ventes c’est un grand travail d’organisation car il faut organiser des journées de sélections, rassembler des chevaux et bien connaître les besoins de nos acheteurs mais nous ne pouvons que nous montrer satisfait du travail accompli jusqu’à aujourd’hui. Après tout, le mieux est de voir que l'éleveur et le nouveau propriétaire sont tous deux satisfaits. Nous avons plusieurs clients internationaux qui achètent plusieurs fois par an et nous font une confiance presqu’ aveugle, et qui sont encore capables de gagner beaucoup d'argent avec les chevaux dans les enchères après nous. C'est en fait le meilleur des compliments. »

Ludovic Haid

Ludovic Haid et son épouse Aurélie avec leur premier poulain 2021, Cisley des Mines Z (Colorit Z x Crown Z).


Chef d’entreprise de construction spécialisée dans le carrelage, Ludovic Haid est surtout un éleveur passionné avec son affixe « des Mines ». Pour lui aussi, quand on produit, il faut vendre. « L’élevage, c’est ma passion et pas mon gagne-pain. Notre politique est très simple : tout est à vendre mais rien n’est à vendre ! Je veux dire que, chaque année, nous vendons des poulains mais je n’ai rien contre le fait de les garder pour les laisser vieillir plus longtemps. Pour vendre un poulain, il faut vraiment pouvoir proposer de la génétique cinq étoiles. J’ai des clients anglais qui sont venus il y a quelques années et sont repartis avec trois poulains sur cinq, en nous laissant Fetching des Mines, qui fut admis et a tourné au niveau international par la suite et reste à ce jour l’une des belles réussites de notre élevage dont nous sommes très fier. Nous avons entre trois et cinq poulains par an. Je laisse toujours l’opportunité à un jeune étalon de faire son chemin et j’utilise des étalons qui sont reconnus ou qui ont performé eux-mêmes en cinq étoiles. Lorsque je choisis mes étalons, je fais des feuilles avec l’arbre généalogique de mes juments et ceux des étalons que je souhaite utiliser. J’essaie toujours de regarder s’il s’agit de croisements qui ont donnés de bons chevaux de concours en essayant de construire des poulains assez modernes. Je n’ai pas encore eu de poulains dans les ventes aux enchères car je pense qu’il faut des lignées que je dois encore construire chez mes juments. Nous avons la chance de jouir d’une belle petite renommée aujourd’hui que nous avons construite notamment via les réseaux sociaux où je suis assez actif. Je pense que c’est le meilleur moyen aujourd’hui d’établir des contacts dans le monde entier. C’est un moyen de communication moderne et on nous demande régulièrement ce que nous avons comme chevaux même si mon objectif n’est pas de les vendre tous comme poulains. »