Si La Baule a accueilli du grand sport ce week-end, d’autres cavaliers avaient décidé d’honorer les CSI 4* d’Upperville, 5* de Calgary ou Cannes, ou encore les championnats nationaux d’Allemagne, de leur présence. Janne Frederike Meyer-Zimmermann a retrouvé son cher Messi van’t Ruytershof en pleine forme sur la Croisette, son homologue Patrick Stühlmeyer a célébré la plus belle réussite de sa carrière à Balve, tout comme Vaclav Stanek, encore groom il y a deux ans, à Calgary. De son côté, Mimi Gochamn, dix-neuf printemps, a confirmé sa stature du côté d’Upperville.
Le retour de Messi van’t Ruytershof au meilleur de sa forme peut-il laisser un petit espoir à son amazone, Janne Friederike Meyer-Zimmerman, qui avait manqué les Mondiaux de Herning après une excellente saison 2022 ? Compte tenu du réservoir allemand, la bataille s’annonce rude pour le duo, dans le cas où celui-ci ambitionnerait d’intégrer la Mannschaft à Versailles. Sensible, le grand Messi a connu une seconde moitié d’année 2023 allégée, après avoir essuyé une élimination à Hambourg. Depuis, sa cavalière a pris le temps de lui redonner confiance et l’a de nouveau aligné à 1,60m en mars dernier. Le fils de Plot Blue et Inathina van’t Ruytershof a retrouvé tous ses moyens et réalisé un week-end parfait à Cannes. Au lendemain de la victoire de l’Allemagne dans la Coupe des nations de La Baule, la paire s’est montrée sous son meilleur jour, samedi 8 juin au soir, triomphant dans la septième étape du Longines Global Champions Tour. “Je suis si reconnaissante envers Messi ! Quel cheval ! Je pense que c’était juste le bon moment pour gagner. C’est un peu comme un concours à la maison, car je suis dans l’équipe des Cannes Stars. [...] Mon cheval a été exceptionnel. [...] J’ai tellement de chance de l’avoir. Je crois que je ne pouvais pas faire mieux sur ce barrage. Et gagner devant un tel public, c’est fantastique”, s’est réjoui la sympathique amazone, ravie de pouvoir célébrer une nouvelle victoire avec son grand bai, la deuxième en Grand Prix 5*.
Que d'amour pour Messi van't Ruytershof. © Sportfot
Vainqueur de l’étape de Shanghai, impressionnant à Madrid avec son jeune Ermitage Kalone, Gilles Thomas a décroché un nouveau classement avec sa formidable Luna van het Dennehof. L’étoile montante belge et sa fille de Prince van de Wolfsakker ont échoué à un peu moins d’une seconde des leaders. “C’est incroyable ! J’ai Luna, Ermitage, qui a pris beaucoup d’expérience l’année dernière, tout comme moi, et cela débouche sur trois podiums en Grands Prix 5* cette année”, s’est réjoui le discret Diable Rouge.
Gilles Thomas reste sur son nuage à Cannes. © Sportfot
Déterminé à venir à Cannes depuis ses bonnes prestations lors du championnat de France Pro Elite de Fontainebleau, Mathieu Billot n’a pas fait de figuration avec son puissant et généreux Lord de Muze, resté éloigné des terrains de compétition entre septembre 2022 et janvier 2024. “Je suis ravi de mon concours et de mon cheval, qui est de nouveau compétitif après un an d’arrêt. Sa propriétaire a fait un super travail avec lui et nous avons pris le temps pour qu’il revienne en pleine forme. Il a très bien sauté tout au long du week-end”, a déclaré le Tricolore.
Eloigné des terrains de compétition pendant plus d'un an, Lord de Muze est de retour en bonne forme. © Sportfot
Dernier double sans-faute de ce Grand Prix disputé sur la Croisette, Thibeau Spits continue de prouver tout son talent. Cette fois aux rênes de Impress-K van 't Kattenheye, neuf ans, le jeune homme a parfaitement abordé son barrage, sans prendre de risques inutiles compte tenu de la toute faible expérience de son complice, assurément promis à un bel avenir. Il a devancé l’extraordinaire Just Be Gentle, déjà gagnante en Grand Prix 5* avec Philipp Weishaupt et montée depuis un peu plus d’un an par Christian Kukuk, Grégory Cottard et sa bondissante Cocaïne du Val, Edwina Tops-Alexander sur Fellow Castlefield, née Fellow Liefhebber, ainsi que Maikel van der Vleuten et O’Bailey vh Brouwershof, tous quatre sanctionnés d’une faute au barrage.
Le nouveau champion d’Allemagne est Selle Français !
Quel bonheur pour Nicolas Normand et Sarah Dhennin de voir leur ancien protégé, Drako de Maugré, vendu en 2022 à Paul Schockemöhle, être sacré champion d’Allemagne sous la selle de Patrick Stühlmeyer. Alors que l’Allemagne a brillé à La Baule et Cannes, ’étalon Selle Français, fils de Kannan et petit-fils de l’Anglo-arabe Fusain du Defey, a été le seul de tous les concurrents engagés dans ce championnat national à conclure son week-end à Balve sans avoir renversé la moindre barre. Une performance qui s’inscrit dans la droite lignée de ce que le couple avait montré l’an dernier. Vainqueur du Grand Prix 4* de Pinneberg en août 2022, celui qui fût valorisé par Bérenger Oudin, Sarah Dhennin puis Alexandra Francart, a enregistré le plus beau résultat de sa carrière.
“Normalement, je n’ai aucun problème avec la pression, mais je dois admettre que je l’ai beaucoup ressentie lors du dernier parcours. C'était tout simplement une semaine incroyable. Mon cheval était de bonne humeur dès le premier jour. La façon dont il a performé au cours des quatre parcours est incroyable. Nous avons beaucoup travaillé ces dernières semaines et le fait que cela ait porté ses fruits me rend extrêmement fier. C'est un cheval très intelligent. Il n’est pas le plus démonstratif sur les barres, mais sait exactement où elles se trouvent. Je suis très reconnaissant de pouvoir le monter”, a confié le nouveau champion d’Allemagne, pour qui cette médaille d’or est son “plus grand succès à ce jour”.
Patrick Stühlmeyer a dominé le podium des championnats d'Allemagne 2024, succédant ainsi à Marcus Ehning. © FN / Nina Böker
Pour un point de temps enregistré lors de l’acte initial de la compétition, Cedric Wolf, vingt-six ans, et Chicitito, plus sorti en concours depuis janvier, se sont contentés de l’argent. Une satisfaction pour le jeune homme, originaire de Buchholz et venu sans aucune attente à Balve. Âgé de quatorze ans, Chicitito est un fils de Crossfire et petit-fils de Balou du Rouet. Sa deuxième mère, Piggi, est la mère de Beau du Rouet, classé jusqu’en Grand Prix 3*. Avec son cavalier, le hongre avait notamment conclu le Grand Prix du mythique CHIO d’Aix-la-Chapelle avec une faute, en 2021, et terminé sixième en individuel et troisième par équipe lors des Européens Jeunes cavaliers de Zuidwole, deux ans plus tôt.
Sacrés en 2022, un an avant Marcus Ehning et Priam du Roset, Mario Stevens et Starissa FRH ont remporté la dernière épreuve de ces championnats d’Allemagne, dimanche 9 juin, mais ont terminé la compétition sur la troisième marche du podium en raison d’une faute commise en ouverture de la compétition. Même sanction pour Marco Kutscher et Karajan 39, quatrièmes, tandis que Rene Dittmer et sa Corsica 14, auteurs d’un excellent hiver, occupent le sixième rang du classement, après quatre points enregistrés lors de la première manche de la finale.
Vaclav Stanek créé la surprise à Calgary
Quel meilleur cadre que celui du somptueux écrin de Calgary pour s’offrir sa première grande victoire internationale ? Protégé des écuries Lothlorien, qui brillent régulièrement par l’intermédiaire de l’Irlandais Daniel Coyle, le Tchèque Vaclav Stanek, inconnu du grand public ou presque, a fait sensation, dimanche 9 juin, en remportant le premier Grand Prix 5* de la saison estivale à Calgary. Jusqu’alors, il n’avait jamais remporté d’épreuve internationale, et son meilleur résultat au-delà d’1,45m restait une sixième place à 1,50m, obtenue… trois jours plus tôt, déjà à Calgary et en compagnie du même partenaire : Quintin, né First Knight VT.
Il y a deux ans de cela, Vaclav Stanek était bien loin d’imaginer un jour s’imposer sur cette piste. En effet, le jeune Tchèque était alors de l’autre côté de la piste, puisqu’il exerçait également en tant que groom ! “Je ne m’attendais pas à un sans-faute, et encore moins à décrocher ma première victoire en 5* !”, s’est étonné l’heureux lauréat, également passé par les rangs de la Young Riders Academy (YRA). “Ce moment est encore plus spécial, car il s’agit de mon concours préféré de tous les temps ! Je regarde Calgary depuis que je suis petit, avec l’espoir d’un jour pouvoir essayer de monter sur cette piste. Toutefois, je n’aurais jamais pu rêver de gagner ici ! J’ai finalement gagné ma première couverture séchante de la meilleure manière possible.”
La belle histoire du week-end est signée Vaclav Stanek, encore groom il y a deux ans et vainqueur de son premier Grand Prix 5* à Spruce Meadows. © Spruce Meadows
Auteur de bonnes performances avec Daniel Coyle, Quintin, un hongre KWPN par Quincy, alias Quaprice Bois Margot, a enregistré la plus belle performance de sa carrière. Et même si la concurrence n’était pas celle du CSIO 5* de La Baule, Vaclav Stanek et sa monture n’ont pas volé leur victoire. Bien au contraire. Deuxièmes, Matthew Sampson et Daniel n’en sont pas à leur coup d’essai à ce niveau là. Cet hiver, le Britannique a notamment pris part à plusieurs étapes de la Coupe du monde Longines en Europe, tandis qu’il avait, lui aussi, réalisé un rêve en décrochant son premier Grand Prix 5* sur cette même piste l’an dernier aux côtés de Fabrice DN. Avec chronomètre de 45’’36, Matthew Sampson s’est montré trop lent de précisément trente centièmes pour offrir la victoire à son fils de Heartbreaker. Supersonique, l’Irlandais Conor Swail avait toutes les cartes en mains pour l’emporter aux rênes de Casturano, un représentant de l’excellente génération 2013 en lequel il fonde d’immenses espoirs, mais a renversé un obstacle sur son passage. Tous deux ont terminé troisièmes, devant Nicholas Dello Joio et Sharn Wordley, derniers barragistes aux commandes de Cornet’s Cambridge et Champion League. Daniel Coyle, Daniel Bluman, Tiffany Foster, Kyle Timm, Jos Verlooy ou encore Nayel Nassar, entre autres prétendants à une potentielle victoire, ont tous échoué à se qualifier pour le barrage. De quoi mettre encore plus en perspective l’exploit réalisé par Vaclav Stanek.
Mimi Gochman trace sa route à Upperville
Jeune et talentueuse, Mimi Gochman a garni son palmarès d’une ligne supplémentaire. Grâce à la complicité de Cosmos*BH, un fils du clone Chellano Alpha et issu de la même souche que les étalons Robin I et Robin II, l’Américaine s’est imposée dans le Grand Prix 4* d’Upperville, dont vingt et une paires ont pris le départ. Du haut de ses dix-neuf ans, l’amazone, troisième en solo et médaillée d’or par équipes lors des Jeux olympiques de la jeunesse à Aix-la-Chapelle en 2022, a décroché le plus beau succès de sa carrière.
Le deuxième rang est revenu à Carly Anthony, dont le meilleur résultat en Grand Prix 4* restait une troisième place décrochée à Wellington, en mars 2016. Cette fois, la cavalière américaine avait misé sur Heavenly W, un fils de Calvaro précédemment vu sous les selles de Richard Howley et McLain Ward, entre autres, et neveu utérin de G&C Arayan. Zayna Rivizi a complété un podium cent pourcents étatsuniens aux commandes d’Exquis du Pachis, une jument SBS par Vagabond de la Pomme.
Pour la Grande-Bretagne et de nouveau les Etats-Unis, Jessica Mendoza, sur son tout bon I-Clap CL, et Chloe D. Reid, aux commandes de son démonstratif Crossover 4, en pleine forme ces dernières semaines, se sont classées quatre et cinquième. Outre-Atlantique, la gent féminine était décidément la plus forte.
Photo à la Une : Janne Frederike Meyer-Zimmermann et son cher Messi van’t Ruytershof ont décroché leur deuxième Grand Prix 5* à Cannes, après s’être offert l’étape de la Coupe du monde de La Corogne en 2022. LGCT
