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Beau de Laubry poursuit sa folle ascencion et s’offre la Coupe du monde de Stuttgart

Staut
dimanche 19 novembre 2023 Mélina Massias

Kevin Staut n’avait plus remporté de Grand Prix majeur en CSI 5* depuis sa victoire dans celui du Saut Hermès, en 2022, avec la géniale Cheppetta. Cette fois, le Normand était associé à Beau de Laubry, un véritable bijou de dix ans, en grande forme depuis le début de la saison indoor. Grâce à un barrage très rapide, le duo a devancé de quelques centièmes Casquo Blue et Harry Charles, auteur d’un week-end grandiose en Allemagne, ainsi que François-Xavier Boudant, toujours sur son nuage avec son attachant Brazyl du Mezel. Pour Kevin Staut, ce succès intervient onze ans après son dernier triomphe à Stuttgart, avec l'inoubliable Silvana*HDC.

Beau de Laubry est un véritable phénomène. En quelques semaines seulement, ce grand bai par Bisquet Balou van de Mispelaere qui a vu le jour en Belgique, chez la famille Haelterman, a gravi les échelons quatre à quatre. À seulement dix ans, celui qui fait partie d’une excellente génération née en 2013 a décroché sa deuxième victoire internationale à 1,60m en moins d’un mois. Puissant, rapide, efficace, le hongre Zangersheide a devant lui un brillant avenir, à condition, bien sûr, qu’il ne se brûle pas les ailes. Après sa quatrième place dans l’étape de la Coupe du monde Longines d’Oslo, en ouverture de la saison, sa victoire dans le Grand Prix secondaire du CSI 5*-W d’Helsinki et un bon parcours à quatre points dans l’épreuve reine d’Equita Lyon, le petit-fils de Nabab de Rêve a mis la main sur son plus beau succès, dimanche 19 novembre, à Stuttgart, concours plébiscité par beaucoup. Sous la selle de Kevin Staut, qui sera jugé, avec son ex-compagne, Marie Longem, pour des faits de violences conjugales mutuelles en janvier prochain, Beau de Laubry a réalisé un barrage au cordeau, lui ayant permis de s’imposer face à une belle concurrence et d’offrir à son groom, Ludovic Escure, une sortie par la grande porte, pour son dernier concours à ses côtés.

Quelle classe, ce Beau de Laubry. © Leanjo de Koster / FEI

Parti en numéro un, François-Xavier Boudant a bien cru tenir entre ses mains une deuxième victoire en Grand Prix 5*. Dans une configuration bien différente de celle du CSIO 5* de Dublin, qui lui avait souri en juillet dernier, le Tricolore a une nouvelle fois fait parler de lui avec son fidèle Brazyl du Mezel. Avec sa technique bien à lui, le grand alezan par Haloubet de Gorze a déroulé un barrage rapide, mais a priori battable. Pourtant, le chronomètre de ce duo si attachant a tenu bon, presque jusqu’au bout du barrage, pour lequel huit couples étaient qualifiés. Presque rênes longues tout au long de sa finale au chronomètre, “FX” a coupé la ligne d’arrivée en 42’’08, mettant la pression sur ses poursuivants. Tour à tour, Hans-Dieter Dreher, associé à son fantastique Elysium, né Ziroquado T, dont le galop semblait pourtant plus rapide que celui de Brazyl, Robert Whitaker, aux rênes de son tout bon Vermento, aux honneurs dans le Grand Prix CSIO 5* d’Hickstead, puis la brillante Kendra Claricia Brinkop, qui fêtait ses vingt-neuf ans samedi et avait aujourd’hui sellé In Time, ont buté. 

En pleine confiance et en pleine osmose, François-Xavier Boudant et Brazyl du Mezel ne s'arrêtent plus, pour le plus grand bonheur de Lucien Hecht, naisseur de l'alezan, ainsi que de Céline et Lionel Maurice, ses propriétaires. © Leanjo de Koster / FEI



Impeccables sur les barres, les deux représentants allemands, qui ont ravi leur public, ont conclu leur semaine aux rangs quatre et six. Avec une faute, et une fin de parcours moins rythmée, la paire britannique a terminé septième, juste devant les géniales Amanda Landeblad, moins bien classée de tous les barragistes au classement mondial Longines, et For Killy. Pétillantes et rafraîchissantes, les deux complices ont concédé neuf points lors de leur second passage en piste, mais ont montré toutes leurs qualités lors de leur premier. Troisièmes à Hickstead, sélectionnées pour les Coupes des nations de l’Officiel de Grande-Bretagne puis pour celle de Calgary, toutes deux sortent avec parcimonie sur la scène internationale mais ne laissent personne indifférent, dans une nation ultra compétitive et sélective.

Steve Guerdat et Harry Charles trop courts

François-Xavier Boudant et Brazyl du Mezel, né chez Lucien Hecht et propriété de Lionel Maurice, qui ont encore dû vibrer cette après-midi, ont dû attendre le passage du duo numéro cinq, formé par Kevin Staut et Beau de Laubry, pour laisser leur trône de leaders provisoires. Avec une option osée pour aborder l’ultime vertical, le Français et son Zangersheide ont arrêté la montre en 41’’78 ! Amanda Landeblad et For Killy écartées d’une possible victoire, il ne restait plus que deux concurrents potentiels, et pas des moindres.

Beau de Laubry enchaîne les classements ces dernières semaines. © Leanjo de Koster / FEI

Champions d’Europe en titre, Dynamix de Bélhème, fleuron de l’élevage de la famille Aimez, et Steve Guerdat ont déroulé un nouveau parcours d’école, tentant de prendre la même option que les vainqueurs du jour, en vain. Malheureusement, Stuttgart, qui a tant de fois réussi au Suisse, ne lui a pas permis de s’imposer cette fois-ci. L’an dernier, le monde entier découvrait sa pépite Selle Français, deuxième de cette même épreuve. Cette fois, tout le monde a pu admirer les somptueux médaillés d’or européens, cinquièmes. 

Quelle semaine a vécu Harry Charles en Allemagne ! Vainqueur d'une épreuve avec Billabong du Roumois, ancien complice de… Julien Epaillard, et d’une autre, vendredi soir, avec la fantastique Aralyn Blue, le Britannique espérait bien enfoncer le clou avec une nouvelle première place. En lançant son génial et si volontaire Casquo Blue à la poursuite du chronomètre de Beau de Laubry, le meilleur cavalier du monde âgé de moins de vingt-cinq ans est passé près, tout près du Graal. Quatorze centièmes l’en ont malheureusement privé, la faute, peut-être, à son tracé pour aborder l’ultime obstacle du parcours. Qu’importe, Harry Charles, qui a donc fait l’impasse sur Prague, n’est pas près d’oublier ces quatre derniers jours. “Scheiße (sic)”, a-t-il plaisanté à l’issue de l’épreuve, charmant encore un peu plus les tribunes déjà acquises à sa cause. “Pour être franc, cela a été l’un des meilleurs concours de ma carrière. Dans ce sport, des semaines comme celles-ci n’arrivent pas si souvent. Je ne pensais pas vraiment pouvoir rattraper Kevin Staut en m’élançant au barrage. Casper (surnom de son fils de Chacco-Blue, ndlr) n’est pas le plus rapide, mais avec un public comme celui-ci derrière soi, on donne tout. Mon cheval a tout donné aussi. C’était serré, mais, honnêtement, à mes yeux, c’est comme une victoire. Je suis venu à Stuttgart pour la première fois l’an dernier. Je n’ai pas eu beaucoup de chance, mais je m’étais promis de revenir cette année, avec l’envie de bien performer. J’aurais adoré remporter l’étape Coupe du monde, mais je retenterai ma chance l’an prochain ! Casper est incroyable. Parfois, il me donne l’impression de ne pas vraiment être un cheval. Ce qu’il peut faire avec son corps, et son côté si athlétique le rende très spécial. Il a aussi prouvé qu’il pouvait être rapide. Les trois chevaux qui m’accompagnaient ce week-end sont exceptionnels. Je suis très chanceux d’être leur partenaire. Alors, merci à mes propriétaires, ma famille et toutes les personnes qui m’entourent de me permettre de vivre des moments comme ceux-là. Stuttgart, vous êtes le meilleur public face auquel je n’ai jamais sauté !”

Quel week-end pour Harry Charles, (presque) conclu de la meilleure façon ! © Leanjo de Koster / FEI




Pour conclure une semaine de grand et vrai sport, le CSI 5*-W de Stuttgart ne pouvait guère imaginer meilleur scénario pour son épreuve phare. Certes, le public se serait sûrement réjoui encore davantage d’une victoire germanique, mais le déroulement du Grand Prix a été impeccable. Le parcours du Néerlandais Louis Konickx, qui passe progressivement la main à ses disciples, a offert un barrage parfaitement équilibré. Et, sur les douze couples classés, quatre n’ont été piégé que par le temps, volontairement serré. Ainsi, Scott Brash et Hello*Valentino n’ont pas été conviés pour ce second acte pour… deux centièmes, tandis que Pieter Clemens et Emmerton en ont été éloignés pour cinquante-trois centièmes. Avec deux points chacun, Mario Stevens, juché sur son fidèle et démonstratif Starissa, et Adrian Schmid, auteur d’une magnifique prestation sur son très plaisant Chicharito 11, dix ans et au départ de sa deuxième épreuve de ce niveau, ont terminé onze et douzième. 

Les résultats complets.
Le classement général complet.

Photo à la Une : Beau de Laubry et Kevin Staut lors du tour d’honneur des Stuttgart German Masters. © Leanjo de Koster / FEI

Le CSI 5*-W de Stuttgart est à (re)vivre sur Clipmyhorse.tv.