Vejer de la Frontera. Vilamoura. Riyad. Valkenswaard. Rien ne résiste à HHS Calais. À douze ans, l’immense et atypique bai au cœur plus grand que lui s’impose comme l’un des chevaux du moment. Pur produit irlandais, la pépite de Tom Brennan, sublimée par Michael Pender et ses propriétaires, Marion Hughes et Miguel Bravo, est en marche pour se hisser au rang de pilier de l’île d'Émeraude. Lauréat de cinq Grands Prix en l’espace de sept mois, le hongre découle d’une excellente lignée maternelle, cultivée avec brio du côté de Kilkenny depuis plus d’un demi-siècle. Légitimement, son entourage se donne le droit de rêver de Paris. Portrait.
La première partie de cet article est à (re)lire ici.
Avant même de signer les papiers de HHS Calais, Marion Hughes était, en quelque sorte, prédestinée à vivre une belle histoire avec ce grand bai à la technique aussi atypique que son cœur est immense. “Calais est par Cavalier Royale, qui nous appartient. Initialement, mon père l’a importé d’Allemagne. Nous avons toujours eu de la chance avec lui, puisque mon premier grand cheval de championnat, Charlton, était un fils de Cavalier. Nous avons terminé dixièmes des championnats d’Europe d’Hickstead (en 1999, ndlr) ensemble. J’ai également monté le très bon Transmission, qui était aussi par Cavalier. Ses produits ont toujours beaucoup de moyens et sont taillés pour les grands championnats. Certains sont parfois peu orthodoxes, mais, je touche du bois, ce sont des chevaux solides”, débute Marion. “Calais était un grand cheval, brut et un peu dégingandé. Il n’a fini de mûrir qu’à sept ans. Nous lui avons donné du temps et nous sommes toujours montrés patients avec lui.”
Une histoire de famille et de rencontres
En 2016, alors que HHS Calais poursuit sa longue croissance et souffle sa cinquième bougie, paisiblement sur ses terres natales irlandaises, Marion Hughes et son époux, Miguel Bravo, dépêche un jeune talent de dix-sept ans : Michael Pender. “Tom Brennan m’a téléphoné et m’a dit ‘il y a un super gars qui monte à poney, tu devrais l’embaucher pour qu’il travaille pour toi. Appelle-le, il est génial’. Je me suis exécutée et lui ai passé un coup de fil. Il venait de partir en Allemagne pour un mois, mais personne ne lui avait donné sa chance, ni en compétition, ni pour vraiment faire sauter un cheval. Il n’avait que dix-sept ans et était en transitional year (une année facultative correspondant plus ou moins à la période entre le collège et le lycée pour les élèves français, ndlr). Je lui ai demandé s’il était intéressé pour travailler à mes côtés et je l’ai fait venir à Dubaï. Cela lui a plu et il a immédiatement pris part à de belles épreuves. Dès le début, tout a très bien fonctionné entre Mikey et nous”, retrace Marion. “Il a pris beaucoup d’expérience avec les chevaux de l’écurie Z7, que possède Sheikha Maitha, qui soutient maintenant Shane Breen. Par exemple, Mikey et moi avons tous deux monté Can Ya Makan, avec qui Shane a remporté le Derby d’Hickstead. Mikey a pris de la bouteille et, même s’il était un jeune garçon à l’époque, sa super mentalité lui a fait sauter quelques classes. La plupart des jeunes cavaliers ont besoin d’apprendre leur métier, mais tout a été très vite et très naturellement avec lui. Nous avons aussi eu la chance d’être soutenus par Athina Onassis et Jan Tops, qui nous ont offert une place sur les étapes du Global Champions Tour, et que Mikey soit sélectionné pour la Young Riders Academy. Tout s’est bien goupillé pour lui et il a eu des chevaux à son niveau, que nous n’avons jamais vraiment vendus. Je les garde parce que nous apprécions faire partie du top niveau. C’est une chance de faire partie de tout cela et de vivre cette belle histoire. Mikey et Calais se sont rencontrés très jeunes. Je ne m’attendais pas forcément à ce qu’ils fassent partie d’une équipe du Global, mais cela a évolué ainsi. Mikey est tellement talentueux que cela est juste arrivé ! Nous profitons pleinement de tout cela. Mikey est en pleine réussite, le tout avec des chevaux que nous avons formés. Pour mon mari, Miguel, mes enfants et moi, c’est vraiment super. Mes enfants sont trop jeunes pour se souvenir de mon parcours ; il est beaucoup plus simple pour eux de s’inspirer de celui de Mikey. Il les tire vers l’avant. Voir une telle réussite en vrai est fantastique. En Irlande, nous sommes assez loin du reste du monde. Avoir Mikey à nos côtés est un vrai avantage. Il est un mentor et une icône pour nos autres élèves et pour mes enfants.”
Premier fan du prodige irlandais, Tom n’en démord pas. “Mikey Pender est un génie absolu, c’est un génie”, martèle-t-il. “Si on le mettait sur un poney, il pourrait gagner une épreuve pour chevaux ! C’est un cavalier fantastique. Il a un talent naturel, et les chevaux sautent pour lui. Il les comprend depuis qu’il a cinq ans et a toujours été une super star en Irlande.” Cette aisance auprès des équidés, et ce feeling inné a permis à Michael de tirer le meilleur de son brillant Calais. “Mickey et lui ont une super relation. Il a toujours adoré ce cheval”, apprécie Marion.
La force de l’expérience commune
Un beau jour d’avril 2016, Calais, cinq ans, prend le départ de sa toute première compétition officielle, à Warrington, en Irlande. Aux commandes du fils de Cavalier Royale ? Michael Pender, of course. “J’ai rencontré Calais lorsqu’il venait de prendre cinq ans, au moment où j’ai commencé à travailler pour Hughes Horse Stud”, conte l’intéressé. “Je l’ai monté un peu cette année-là (en alternance avec Ethen Ahearne et Louis Mellier, ndlr), puis un ami qui travaillait ici, Jack O'Donohue, l’a formé à six ans.” Après quelques parcours à 1,10m à cinq ans, avec, déjà, de nombreux sans-faute à la clef, puis une bonne saison des six ans sur le circuit national dédié, Calais apparaît brièvement sous la selle de Miguel Bravo en fin d’année 2017. Quelques semaines plus tard, revoilà Michael Pender aux commandes du hongre ISH. “Je crois que le fait d’avoir monté Calais depuis ses cinq ans nous aide tous les deux. J’ai passé beaucoup de temps avec lui et cela joue dans notre relation”, avoue le pilote, devenu, en 2019, le plus jeune vainqueur du Derby d’Hickstead avec Hearton du Bois Halleux.
Les deux complices n’ont, en effet, (presque) jamais été séparés. À l’exception de deux parcours disputés en juin 2019 sous la selle de Miguel Bravo, Calais a effectué l’intégralité de sa carrière internationale auprès de Michael Pender. Quatrième de la finale réservée aux chevaux de sept et huit ans au CSIO 5* de Dublin dès 2018 - remportée par la brillante Legacy, née Chavantele, et où les excellents Fellow Castlefield, né Fellow Liefhebber, et Figor s’étaient aussi démarqués -, le grand bai n’a cessé de progresser au fil des mois. En mars 2019, pour son premier Grand Prix 3*, le fils de Cavalier Royale se classe cinquième, puis enchaîne dans les temps forts des CSI 2, 3 ou 4* de Vilamoura, Opglabbeek et Abu Dhabi. En juillet 2020, après quelques mois loin des terrains en raison de la pandémie de Covid-19, Calais décroche sa première victoire internationale à Vilamoura, le début d’une longue série. L’année suivante, le duo met la main sur quatre nouvelles épreuves, dont trois Grands Prix, dispute ses premiers CSI 5*, étapes de la Coupe du monde Longines et autres Coupes des nations. À chaque fois, le succès est au rendez-vous. Et en 2022, tout s’accélère.
Photo à la Une : HHS Calais et Michael Pender sous le soleil de Rome. © Sportfot
La troisième et dernière partie de ce portrait est disponible ici.