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“Les tests d’entrée de la Young Riders Academy ont été une vraie prise de conscience pour moi”, Emma Bodier

Emma Bodier
jeudi 23 mars 2023 Mélina Massias

D’année en année, la Young Riders Academy devient un incontournable pour les jeunes talents. Au début du mois, la jeune française Emma Bodier a tenté sa chance, en passant la dernière étape de sélection : les tests à cheval. Bien que les résultats finaux ne lui aient pas été favorables pour cette fois, l’amazone alsacienne dresse un bilan positif de cette expérience. Elle en profite également pour évoquer l’influence d’Eugénie Angot sur ses récents progrès, ainsi que ses objectifs de la saison.

Emma Bodier s’est rendue à Kronenberg, début mars, en compagnie de deux montures, dont son cher Médoc de Muze (Bamako de Muze), frère utérin d’un certain Le Coultre de Muze, qui lui a permis, entre autres, de disputer son premier Grand Prix 4*, à Saint-Lô, fin octobre, et d’empocher de bons classements, notamment dans le Grand Prix CSIO Jeunes Cavaliers 2* de Hagen. Mais, dans les installations hollandaises, la jeune femme n’a pas participé à un nouveau concours. Enfin, pas vraiment. En réalité, les pistes de ce complexe équestre bien connu ont joué les hôtes des tests de sélection pour la promotion 2023 de la Young Riders Academy (YRA), un programme que suit avec attention la Tricolore. Véritable pépinière de jeunes talents, le projet, qui entre dans sa neuvième année, a précipité l’éclosion de plusieurs cavaliers qui ont aujourd’hui le vent en poupe. Remplissant tous les critères, notamment de performances, Emma Bodier s’est lancée. 

Emma Bodier et Médoc de Muze. © Pixels Events

“J’ai la chance d’avoir un super cheval, avec lequel je m’entends très bien. Je l’ai rencontré grâce à ma coach, Eugénie Angot, qui connaît bien son ancien cavalier, Timothée Anciaume. J’ai acheté Médoc il y a environ un an et demi et nous avons disputé toute la saison Jeunes Cavaliers ensemble l’année dernière. Il a beaucoup d’énergie, presque trop, ce qui peut devenir un défaut. Au-delà de cela, il est très volontaire. Il a également énormément de force, toujours envie de bien faire et est très respectueux. On peut le mettre sur n’importe quelle piste, à n’importe quel moment et face à n’importe quelle hauteur, pour n’importe quelle échéance, il sera toujours motivé et partant ! Il ne demande pas beaucoup de préparation à l’obstacle. Nous ne sautons quasiment jamais à la maison et partons directement en concours. En revanche, nous accordons beaucoup d’importance au travail sur le plat. Cela a donc été assez facile avec lui. Je me suis mise en condition concours et j’ai déroulé mes parcours comme si j’étais en compétition. Médoc avait eu un mois de pause avant les tests, afin qu’il soit frais”, entame l’amazone de vingt et un ans. “En revanche, nous devions venir avec une seconde monture : un jeune cheval. J’ai rencontré un peu plus de difficulté puisque je n’avais pas de jeune dans mon piquet. J’ai donc trouvé une jument de sept ans pour l’occasion. J’ai dû apprendre à la connaître, puisque l’idée est de montrer aux membres du jury comment nous faisons travailler un jeune, quels exercices nous mettons en place, etc. Nous ne sommes pas seulement jugés sur nos résultats, mais aussi sur notre méthode et notre fonctionnement en tant que professionnels. La formation des jeunes chevaux n’est pas quelque chose que je connaissais. De fait, je me suis entraînée encore plus pour prouver que je pouvais aussi réussir dans ce domaine.” 

 Emma Bodier et sa jeune jument à Kronenberg. © Collection privée



“Cela m’a fait du bien de pouvoir jauger mon niveau par rapport à celui des autres”

Pendant deux jours, Thierry Pomel, Emile Hendrix ou encore Otto Becker ont observé vingt-cinq cavaliers, dans diverses situations. “Le lundi matin, nous avons assisté à une réunion, où le déroulé des tests d’entrée et de l’année du programme complet nous ont été présentés. Ensuite, nous avons commencé par faire travailler les jeunes chevaux sur le plat. Nous devions décider de l’exercice à effectuer en amont. Certains ont opté pour dérouler un parcours. De mon côté, j’ai préféré utiliser des barres au sol pour essayer de canaliser la jument que je montais, qui est pétrie d’énergie. Les sessions se déroulaient par groupe de quatre couples”, narre Emma Bodier. “Pour finir la première journée, nous devions sauter un parcours, au chronomètre, à 1,40m, avec notre cheval de tête. Comme pour un concours classique, nous détendions et allions enchaîner. Le lendemain, la journée était similaire. Nous avons débuté avec les jeunes chevaux, qui, en fonction de leur âge, devaient effectuer un parcours à 1,10, 1,20 ou 1,30m. Puis nous enchaînions avec notre seconde monture, sur des barres à 1,45m. Le premier jour, l’épreuve s’apparentait à une Vitesse, tandis que le tracé du second jour était beaucoup plus technique, à l’image d’un Grand Prix. Enfin, l’après-midi était consacré aux entretiens en anglais avec le panel de sélection. Il y avait six ou sept personnes, qui nous posaient des questions pour apprendre à nous connaître, savoir comment nous nous entraînons, ce à quoi ressemble notre vie et nos ambitions dans le projet.”

Le tapis de la YRA. © Collection privée

Après deux parcours sans-faute avec Médoc de Muze, la jeune femme n’a malheureusement pas obtenu son sésame pour cette année. Toutefois, ce résultat n’a entaché ni sa motivation ni sa bonne humeur. “Ces deux jours ont été très bénéfiques, pour mes chevaux et moi. J’ai pu regarder comment travaillent les autres candidats, dont certains font partie des meilleurs. En tout, il y a eu environ huit sans-faute sur la totalité des participants, ce qui n’est pas énorme. Cela m’a fait du bien de pouvoir jauger mon niveau par rapport à celui des autres et voir où j’en suis. Je suis partie en me disant que je n’étais pas nécessairement au même niveau que tout le monde. Finalement, cette expérience a été une vraie prise de conscience pour moi. Désormais, je sais que je suis capable d’assumer mentalement une sélection. C’était important de voir que, même si je suis évaluée par des gens que j’admire, je suis capable de garder mes moyens et bien monter. Même si on n’est pas sélectionné, je trouve vraiment positif de tenter sa chance”, assure la native de Colmar. 

Bonne ambiance aux tests de sélection de la YRA ! © Fabio Petroni

Au-delà d’une simple prise d’expérience sur le plan technique, ces deux journées ont avant tout été une aventure humaine. “L’idée est vraiment de créer un groupe, une famille. L’ambiance était très bonne. Certains jeunes se côtoient déjà depuis plusieurs années et ont disputé les championnats d’Europe ensemble. Personnellement, je ne connaissais personne, mais j’ai tout de suite été bien accueillie. Tout le monde vient nous parler, etc. Nous savons que nous sommes tous là pour la même chose et que nous avons la même catégorie d’âge. C’était vraiment chouette ! Les grands cavaliers présents étaient ouverts à toutes nos questions, nous incitaient à aller les voir, etc. On est tout de suite à l’aise !”, savoure Emma Bodier.

Médoc de Muze ne manque pas une occasion de donner le sourire à sa cavalière. © Pixels Events



“Eugénie Angot est un vrai mentor pour moi”

Et de reprendre : “Je n’ai pas été sélectionnée cette année, mais on m’a conseillé de retenter l’année prochaine, puisque je n’aurais que vingt-deux ans. Tout va dépendre de mon évolution cette année, mais je ne suis pas fermée. Thierry Pomel a échangé avec ma coach et lui a fait un retour sur ma prestation. Il en est ressorti que j’ai fait bonne impression. C’est hyper positif. L’idée pour moi avec la Young Riders Academy était de partir à l’étranger. J’aimerais mener à bien ce projet, même sans le soutien du programme. Cela aurait évidemment été plus simple, mais nous allons essayer de trouver une place, même si ce n’est que pour deux ou trois mois. Pour le moment, je n’ai pas encore choisi où. Je pense que si cela doit se faire, ce sera plutôt au mois d’août, afin de bien finir la saison.”

Medoc de Muze. © Pixels Events

En attendant, la dynamique jeune femme se tourne vers l’avenir avec sérénité et détermination. “Mes objectifs avec Médoc seraient d’obtenir des classements en Grands Prix 3 et 4* et, si tout se passe bien, pourquoi pas disputer notre premier CSI 5* cet hiver. Ensuite, je vais m’atteler à former mes deux autres chevaux, âgé de huit et neuf ans. Tous deux sont très bons et vont au moins atteindre le niveau 1,50m. J’espère qu’ils pourront prendre la suite de Médoc d’ici quelques années. À plus long terme, je pense évidemment à l’équipe de France Seniors. J’aimerais disputer un ou deux CSIO 3*. Désormais, les équipes composées pour ces échéances doivent comporter un cavalier de moins de vingt-cinq ans, ce qui est une vraie opportunité pour nous. Cela sera un objectif pour cette année ou la prochaine”, expose l’amazone. Bien entourée et encadrée, dans les écuries Angot, la Française a l’avenir devant elle. “Depuis mon arrivée aux côtés d’Eugénie et Cédric, tout n’a été que positif. Cela fait trois ans que je travaille avec eux et Eugénie est un vrai mentor pour moi”, loue Emma Bodier. “En dehors de m’avoir appris à monter à cheval, en recommençant par les bases, elle m’a aussi enseigné comment gérer tout un système, une écurie, comment acheter des chevaux, à quel âge, à quel prix, comment les essayer, etc. Au-delà des qualités qu’elle a pu me transmettre à cheval, elle m’a formée à devenir une cavalière professionnelle et non plus à être une amateur qui monte de bons chevaux. Grâce à elle, j’ai une gestion professionnelle, stricte et claire. Nos relations sont excellentes et je n’ai pas du tout envie de partir. Je me sens bien où je suis.” Et c’est bien là le principal.

 Le prometteur Bubado, huit ans. © Pixels Events

Photo à la Une : Emma Bodier tout sourire au pied de la Dame de Fer, en 2021. © Sportfot