Augustus, Ortane et Private Entrepreneur d’Or décrochent les trois titres de champions du monde 2025 mis en jeu à Lanaken

Les pistes de Lanaken ont dignement fêté le trentième anniversaire des championnats du monde des Jeunes Chevaux. Au terme de cinq jours de compétition, l’effervescence a laissé place au calme, une fois le tour d’honneur d’Augustus et Eoin Brennan, nouveaux champions du monde des sept ans, achevé. Et le haras Zangersheide n’aurait pu rêver meilleur dénouement que la victoire d’un représentant de son stud-book et fils d’un de ses étalons, Aganix du Seigneur. Avant lui, un autre Irlandais, Michael Pender, avait ouvert les festivités en fin de matinée aux commandes de Private Entrepreneur d’Or, alias HHS Private Ryan. Entre deux hymnes joués en l’honneur de l’île d’Emeraude, celui des Pays-Bas a aussi retenti pour la victoire de Max van de Poll et sa KWPN Ortane, auteurs du seul double sans-faute de la finale réservée au cru 2019. Retour sur ces trois Grands Prix riches d’enseignement.
Clap de troisième pour Michael Pender !
Chaque année, un inlassable débat revient quant au barème choisi pour couronner le champion ou la championne du monde des chevaux de cinq ans. Alors que ces jeunes pousses pleines de bonne volonté entament à peine leur formation, qui devrait, au sens noble du terme, les amener vers leur plein potentiel dans le respect et la bienveillance, se voient obligés de courir après la montre à Lanaken, le tout après avoir déjà sauter trois parcours, soit autant que leurs aînés de six et sept ans. Et, sans surprise face à leur faible expérience, bon nombre des dix-huit barragistes de la finale 2025, jouée dimanche 28 septembre, ont été à la peine, ne semblant pas toujours comprendre les demandes appuyées de leurs cavaliers. Certains ont même eu bien du mal à prendre le départ, sentant sans doute la pression ressentie par leurs pilotes…
Au terme de 2h30 d’épreuve, la victoire est finalement revenue à Private Entrepreneur d’Or, un hongre KWPN monté par l’Irlandais Michael Pender, habitué de ces Mondiaux Jeunes Chevaux. Renommé HHS Private Ryan par ses propriétaires, le bai est bien né chez M. Van Der Velde, du croisement entre El Baronne 111 (Emerald van’t Ruytershof x Libero H) et La Vie d’Or, une fille du confidentiel High Shutterfly avec une mère par Heartbreaker. À l’aise sur ce barrage, bien que déroulé dans un tempo très soutenu, Private Ryan n’a pas perdu sa qualité de saut ni son style et a été le seul à descendre le chronomètre sous la barre des 39’’00. Dernier à s’élancer sur ce second parcours réservé à la génération 2020, Michael Pender, qui avait aussi présenté la très plaisante HHS Evora (Stakkato Gold x Darco) - bien élevée, elle, par Maria Hughes-Bravo -, mais sanctionnée d’une faute en début d’épreuve, n’a pas tardé à retirer son casque pour le brandir en l’air. Le cavalier de l’île d’Emeraude a ainsi décroché son troisième titre à Lanaken, après ceux acquis avec HHS Mercedes (Can Ya Makan x Couletto) chez les sept ans l’an dernier et HHS Ocala (Urano de Cartigny x Wandor van de Mispelaere) lors de son année de cinq ans, en 2023. “Je ne monte ce cheval que depuis environ six semaines. De fait, tout le mérite revient à celles et ceux qui l’ont amené là où il est aujourd’hui. Il est naturellement très rapide et a survolé le barrage, gardant exactement le bon rythme. Cela a fonctionné de façon fantastique !”, s’est réjoui le désormais triple champion du monde Jeunes Chevaux.
En seulement quelques semaines, Michael Pender a fait couple avec le styliste Private Entrepreneur d'Or, alias HHS Private Ryan. © Sportfot
Avec à peine plus d’une seconde de retard, le Néerlandais Doron Kuipers, autre habitué des pistes 5*, a mené la grande Olympic van’t Roosakker VK sur la deuxième marche du podium. L’alezane née chez la famille Van Kleef est issue, comme son affixe l’indique, de la souche développée par Marc Kluskens. Electra van’t Roosakker, sa grand-mère, a évolué à haut niveau. Elle est la petite-fille d’Usha van’t Roosakker à l’origine de nombreux très bons performeurs, dont Centoia van’t Roosakker, alias Cella, vice-championne d’Europe en 2013 avec Ben Maher. Cette lignée, très largement exploitée et toujours recherchée, a été croisée au sang d’O’Neill van’t Eigenlo (Vigo d’Arsouilles x Montender), alias Minute Man, notamment passé entre les mains de Willem Greve et plus récemment de l’ancien numéro un mondial Henrik von Eckermann, mais absent des pistes internationales depuis juillet. Petite-fille de For Pleasure, Olympic est inscrite au stud-book Zangersheide.
Doron Kuipers glane l'argent du Mondial des cinq ans avec Olympic van't Roosakker VK. © Sportfot
Derrière, moins de quinze centièmes ont départagé le Top 5. Arrivée à destination en 40’’33, Tysons Lady Lux s’est offert la dernière place sur le podium. Shay Hesnan a fait naître cette baie en Irlande. Il s’agit d’une fille de This Uno (Numero Uno x Voltaire), alias Tyson, un KWPN ayant évolué à haut niveau sous bannière néerlandaise et à l’origine, entre autres, de la fabuleuse Just Be Gentle ! D’ailleurs, sous la selle d’un autre Irlandais, Jason Foley, la petite-fille de Lux a montré, dans sa technique, quelques similitudes avec son extravagante demi-sœur. Sans doute serait-elle bien inspirée de suivre ses traces. Tysons Lady Lux ne devrait, en tout cas, pas manquer de sang et d’énergie si elle parvient à atteindre le très haut niveau, ses ancêtres maternels étant, à partir de la troisième génération de son arbre généalogique, des Pur-Sang !
Fin de parcours et médaille de bronze pour Tysons Lady Lux et Jason Foley. © Sportfot
Tokio de Liebri (Tobago x Darco) et Unicum-H (President x Cicero van Paemel) ont, eux, arrêté leur marathon en terres belges avec un temps de 40’’41 et 40’’45. La première, montée par le Belge Bunoit Moeskops dispose d’excellentes origines, en partie française. Outre Narcos II, que l’on retrouve dans le pedigree de son père et jeune retraité Tobago, sa lignée maternelle est celle de la grande Gazelle d’Elle. Sa grand-mère, Frivole d’Elle, est aussi née chez la famille Pignolet, tandis que sa mère, Bijou van de Vijfheide, qui a évolué à bon niveau, est à l’origine de l’excellent complice de l’Américaine Kristen Vanderveen, Bull Run’s*Faustino de Tili (Caspar, alias Berlin), encore gagnant sur la scène internationale l’an dernier à dix-neuf ans. Chez le BWP Unicum-H, monté par… l’Irlandais Shane Dalton, se retrouve le précieux sang de Wenderkreis, très prisé il y a encore quelques années notamment aux Pays-Bas et au Nord de la Belgique. Le BWP, gris comme son père, représente l’élevage de Victor Hermans.
Des quarante-neuf qualifiés pour cette finale, quatre autres montures sont parvenues à ne pas renverser la moindre barre du week-end. Il s’agit d’Ollalla’ (Orplid x Lesotho), une jument DSP montée par l’Italien Giuseppe Felici, Argentina Das Umburanas (Emerald van’t Ruytershof x Quick Star), associée au Brésilien Vitor Alves Teixeira, Dodette M (Dourkhan Hero x Douglas), confiée à l’Autrichien Benjamin Saurugg et de la plaisante Diora PS (Diaron x Berlin). Pétrie de qualités, cette grise, qui aurait sans doute mérité un peu plus de tact et de finesse de la part du Britannique Alexander McLean au barrage pour sublimer son talent, a pour troisième mère une soeur utérine du crack Don VHP, gagnant en Grand Prix 5* et médaillé d’argent aux Européens de Göteborg en 2017 avec Harrie Smolders.
L'excellente Diora PS est issue de la souche d'un certain Don VHP ! © Sportfot
Ortane boucle l’unique double zéro d’une délicate finale des six ans
La carrière Ratina, piste principale du complexe sportif de Zangersheide, a vibré toute la journée au rythme des jeunes chevaux. Après la classe des cinq ans, celle des six ans est entrée en lice sur les coups de 12h15. Les quarante meilleurs couples, départagés en fonction de leurs résultats sur les deux premières épreuves qualificatives, étaient invités à s’élancer sous le soleil belge dominical. Lauréate de la première puis deuxième de la seconde mise en bouche, jeudi et vendredi, Miss Contoulonia PS (Messenger x Conthargos) était l’une, si ce n’est la grande favorite au titre. Moins brillante qu’en fin de semaine, la complice d’Alexander McLean n’a pas échappé aux pièges de Bernard Mathy, comme bien d’autres de ses camarades, et a conclu son aventure avec deux fautes. Seuls sept chevaux nés en 2019 ont finalement accédé au barrage, là encore déroulé tambours battants pour tenter d’empocher les 12.500 € promis au vainqueur.
Deuxièmes à affronter le tracé raccourci, Ortane (Balou du Rouet x Quinar) et son cavalier et propriétaire néerlandais, Max van de Poll, ont plié le match. Poussés à la faute, leurs adversaires ont échoué un à un, sans jamais battre leur chronomètre, fixé à 42’’26. Surtout, la KWPN à la robe alezane a été la seule à réaliser un double sans-faute lors de cette finale. Pour autant, la vive et efficace fille de Balou du Rouet ayant été sanctionnée d’une faute dans la Deux Phases du premier jour, aucun duo n’est parvenu à boucler son championnat sur un score vierge. Née pour le compte de Dirk van der Linden et Corinna van der Heijden, Ortane bénéficie non-seulement de l’apport des chefs de race Galoubet A en voie mâle et Quidam de Revel en voie femelle, mais aussi de l’excellente génétique de la Stamm 741 de la famille Witt, dont proviennent aussi Amsterdam 27, Carsten, sixième du Grand Prix 5* de Cascais avec Marco Kutscher en 2016, Cardento ou encore le gagnant en Grand Prix 5* et prometteur reproducteur Cartello. De retour au goût du jour, cette lignée maternelle avait aussi consacré Cendrillon Loca, quatre ans, dans le Critérium rattaché aux championnats de France de Fontainebleau, au début du mois de septembre. “Je ne m’étais jamais qualifié pour une finale avant aujourd’hui. Je ne vais pas dire que je n’avais pas de plan avant le barrage, mais j’ai la chance de pouvoir compter sur le respect et la vitesse d’Ortane. Le parcours était assez exigeant, et la compétition féroce, mais ma jument a tellement de qualités que je n’étais pas inquiet. Je suis heureux d’avoir si bien performé dans un tel cadre !”, a savouré le Néerlandais.
Ortane a offert son premier titre de champion de monde Jeunes Chevaux à Max van de Poll. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Grâce au barrage à quatre points le plus rapide, le très plaisant BP*Othello (Ganesh Hero x Tygo) se classe deuxième sous la selle de Niamh McEvoy. La jeune Irlandaise, vingt et un ans, avait fait sensation l’an dernier en imposant Orange de Baugy à la vitesse de l’éclair chez les cinq ans. Cette fois, sa prestation, bien que rapide, fut plus mesurée avec son hongre irlandais né chez les frères Andrew et Niall Hughes, à la tête de l’élevage Ennisnag. Issu d’une lignée KWPN, l’alezan est le fils de H5*Ganesh Hero, classé en Grand Prix 5* avec Carlos Hank Guerreiro et fruit du mélange entre le clone Gemini et la souche Roosakker. Côté maternel, BP Othello est le frère utérin du tout bon ESI Ali (Stakkato Gold), dix ans, vainqueur des Talents Hermès puis d’un Grand Prix 2* à seulement huit ans avec Seamus Hughes Kennedy et vendu dans la foulée à l’Egyptien Nayel Nassar avec lequel il a sauté ses premiers Grands Prix 5* en début d’année.
Cette année, Niamh McEvoy décroche une médaille d'argent grâce à BP Othello. © Sportfot
La médaille de bronze a, elle, été décernée à Thibeau Spits. Malheureux la veille dans son championnat national, le jeune Diable Rouge a pu se consoler en montant sur le podium de ce Mondial grâce aux prestations admirables de sa bien nommée Touch of Joy Dwerse Hagen (Nixon van’t Meulenhof x Casall). Si tout l’entourage de cette jument à fort potentiel espérait l’or, cette performance récompense une fois de plus une belle histoire familiale. Produit de l’élevage de Jos Ceulemans, éminent passionné et grand-père du jeune prodige belge, cette alezane est la fille de… Classic Touch DH, partenaire de Thibeau Spits lors de la conquête de son double titre de champion d’Europe Jeunes Cavaliers à Oliva en 2022. Cette même année, Paulien Dwerse Hagen terminait cinquième des Mondiaux des sept ans avec Jeroen de Winter, cousin de Thibeau, deux rangs derrière… Precious Dwerse Hagen, montée par Olivier Philippaerts. Propres sœurs, les deux filles de Classic Touch DH ! Classée en Grand Prix 4* à neuf ans, la première a été vendue et est passée aux rênes de différents cavaliers depuis. La seconde vient de terminer quatrième du Grand Prix 5* de Williamsburg pour sa première apparition à ce niveau avec la jeune Stella Wasserman et sa deuxième tentative tout court sur ces hauteurs, après avoir occupé la sixième place de l’étape Coupe du monde Malines avec son ancien pilote. Bref, Touch of Joy devrait encore procurer beaucoup de joie à son entourage !
Quelle belle histoire de famille, dans tous les sens du terme, autour de Touch of Jow Dwerse Hagen et Thibeau Spits, médaillés de bronze ! © Sportfot
La véloce Claudia Optima (Cicero van Paemel x Balou du Rouet) se range à la quatrième place. Déterminé, Stef Bossaerts n’a pu éviter une faute en bout de ligne après le double et une distance avalée à toute allure. Elle devance le délicieux KWPN Oreo Brownie H (Diarado x Carembar de Muze, alias London) monté par la Norvégienne Benedikte Serigstad Endresen. Ouvreur du barrage, le bai brun a montré moyens, technique et force, mais a poussé une barre à terre.
Avec deux fautes au compteur, Thierry Goffinet et Clo-Clo (Casallo x Chin Chin) ont concédé deux fautes, sur les deux derniers sauts du barrage. Léger et agile, l’étalon Zangersheide représente la Stamm 425 du Holstein, qu’il partage, entre autres, avec la crack d’Abdel Saïd, Bonne Amie ! Enfin, si l’Irlandais Jack Ryan n’est pas allé au bout de son barrage en raison de deux réactions de défense de sa partenaire devant le double, sa septième place n’occulte pas la séduisante impression, peut-être l’une des meilleures de l’épreuve avec Touch of Joy DH, laissée par sa très belle grise Thera van Heiste (Nevados S x Contact vd Heffinck).
Thera van Heiste, fille de Nevados S, a réalisé une superbe première manche avec Jack Ryan. © Sportfot
Aganix du Seigneur, maître de la classe 2018
À Lanaken, la sentence est parfois terrible et toujours irrévocable. Certains chevaux de sept en ont fait les frais : sauter deux parcours parfaits lors des deux journées de qualification ne permet pas à coup sûr d’accéder à la finale. Aller vite offre quasiment plus de chances, d’autant que les scores sont remis à zéro avant le Grand Prix dominical, lors duquel sont nommés les champions de l’année. Avec les quarante derniers concurrents de cette grande semaine consacrée à l’élevage au cœur du Plat-Pays, les spectateurs ont une nouvelle fois retenu leur souffle jusqu’au bout. Alors que Soria Orange (Bamako de Muze x Elvis Ter Putte), arrière-petite-fille de Walloon de Muze manquait de leur sauter dans les bras à la réception de la rivière, Sniper des Lilas Blancs (Hamilton du Chapitre x Calvaro), le chouchou de Kendra Claricia Brinkop, se faisait… éliminer. Après deux désobéissances tout sauf caractéristiques dans le double, en toute fin de parcours, l’adorable alezan n’a pas obtenu un résultat à la hauteur de son talent et de sa saison.
L’élimination a aussi été fatale à Muze van Klapscheut (Mugano van Klapscheut x Heartbreaker) et Blitz van de Molenbrug (Bisquet Balou van de Mispelaere x Darco) pour une raison bien différente. En effet, leurs cavaliers, le Belge Steven van Rossem et le Brésilien Yuri Mansur ont… franchi le mauvais obstacle au beau milieu de leur parcours ! Un scénario lunaire, certainement inédit dans cette compétition. Pour le second, les allers-retours entre la Belgique et l'Autriche, pour l'étape du Global Champions Tour et de sa Ligue disputée à Vienne n'ont certainement pas aidé.
Comme toujours, et même parmi les paires restées hors du barrage, quelques origines intéressantes étaient à relever. Gilles Thomas présentait ainsi deux fils de Ducati vh Schuttershof (Kashmir van’t Schuttershof x Tenor Manciais). Au-delà du remarquable Saladin ‘S’ (mère par Cash), issu de la souche de l’étalon Chepetto, frère utérin de son ancienne gloire Konak (Nabab de Rêve) et sanctionné de neuf points, le jeune Belge, décidément équipé de montures fort bien nées, présentait aussi Scotch van het Dennehof. À son affixe, son physique et plus encore son père de mère, Prince van de Wolfsakker (Nabab de Rêve x Chin Chin), le bai ne peut renier sa mère, Luna van het Dennehof, gagnante en Grand Prix 5* et championne de Belgique 2024 sous la selle de… Gilles Thomas ! Malheureusement, une faute de jeunesse les a écartés du barrage. Seul fils de What A Quickstar R, alias Big Star, engagé dans cette finale, Super Star van’t Keikelhof, qui a concédé neuf points avec Marthe Heudens, semble pourtant avoir tous les ingrédients pour faire honneur à son nom dans les années à venir, à commencer par… ses origines maternelles. L’alezan est, en effet, un petit-fils de For Pleasure et Adeline (Power Light), mère de la brillante et regrettée Flora de Mariposa. En tout cas, le BWP, champion de Belgique l'an dernier, s’est déjà affairé à transmettre ses précieux gènes à quelques poulains.
Belle histoire pour Gilles Thomas et Scotch vh Dennehof, le fils de sa chère Luna van het Dennehof. © Sportfot
Dans son look, Super Star van't Keikelhof, qui partage sa souche maternelle avec la regrettée Flora de Mariposa, a des airs de ressemblance avec Carissimo 25. © Sportfot
Première à affronter le tour initial avec son hongre Zangersheide Aggie van de Start (Aganix du Seigneur x Cooperfield von der Held), Leah Stack a aussi signé le premier sans-faute de la classe 2018 et, de fait, ouvert le barrage. Immensément respectueux, le hongre alezan n’avait aucune intention de frôler une barre, pas même celles de l’antépénultième obstacle du tracé raccourci, abordé tant bien que mal après un virage délicat. Les quelques secondes perdues en route sur cette courbe ont sans doute coûté un podium au couple, qui a pourtant cru en ses chances de médailles jusqu’au bout. Qu’importe, le hongre de l’élevage de Jan Van Alken devrait avoir bien d’autres défis à relever dans le futur.
Aggie van de Start semble avoir un respect sans limite et n'a pas touché une barre en quatre parcours avec Leah Stack, comme les trois médaillés du jour ! © Sportfot
Son double zéro a tout de même poussé plusieurs binômes à la faute, et notamment Secret Touch JW van’t Meulenhof (Denzel van’t Meulenhof x Elvis Ter Putte), la jument de la Luxembourgeoise Odile Girech, par deux fois. La BWP est une nièce de Moneymaker van’t Meulenhof, qui était aussi présent à Lanaken pour courir le Grand Prix des étalons de huit ans et plus, et dont la souche remonte à la berrichonne Fragance de Chalus. Toutes deux terminent finalement neuvièmes, juste devant Jonna Ekberg et Bjufors Nikora (Aganix du Seigneur x Unaniem), l’un des trois produits du fils d’Ogano Sitte qualifiés pour le barrage. Avec la Suédoise, le mâle ISH né chez Nigel Poynton a aussi quitté la piste avec huit points. Le très beau mâle au geste des antérieurs impeccables est un frère utérin d’une certaine Gemma W (Luidam), gagnante en Grands Prix 4 et 5* outre-Atlantique avec Daniel Bluman.
En commettant chacun une faute tout en signant un bon chronomètre, la merveilleuse Nikita B (Grandorado x Heartbreaker) et le charismatique Boleybawn Alvaro (Dominator 2000 x Crown) offrent les rangs six et cinq à leurs cavaliers, la Néerlandaise Renee de Weert et l’Irlandaise Niamh McEvoy, comme chez elle à Lanaken. Respectivement élevés par la famille Brinkmann et par Ronan Rothwell, tous deux comptent plusieurs collatéraux ayant affronté des parcours jusqu’à 1,60m et ont fait forte impression en Belgique.
La très plaisante Nikita B en action. © Sportfot
Cinquième à tenter sa chance, Eoin Brennan a littéralement fait imploser le chronomètre de référence établi par Leah Stack. En selle sur le produit maison Augustus (Aganix du Seigneur x Vigo d’Arsouilles), dont la démarche au pas était particulièrement atypique, l’Irlandais a attaqué chaque obstacle avec férocité. Résultat ? 35’’20 à l’arrivée et une course gagnée d’avance. “Mon équipe et moi ne pourrions pas être plus fiers d’August ! Son histoire est singulière. Nous l’avons fait naître à la maison, mais, à trois ans, il a eu un accident au marcheur et a subi des problèmes neurologiques. Heureusement, il s’en est remis et cela ne l’a jamais arrêté ! Il a toujours sauté de façon incroyable, alors, nous avons commencé la compétition avec lui. Il a toujours été un cheval incroyable pour moi. Augustus a beaucoup de moyens et j’ai pu suivre mon plan au barrage. Nous sommes ravi de ce résultat”, a détaillé l’Irlandais. Derrière son hongre Zangersheide aux mères irlandaises, dont les deux premières, âgées de onze et quinze ans seulement ont tourné à bon niveau en compétition, la course ne s’est pas arrêtée là pour les deux médailles encore en jeu.
Augustus a pris sa revanche sur la vie à Lanaken avec Eoin Brennan, qui l'a vu naître et grandir dans l'écurie familiale. © Sportfot
Chouchou du public, et pour cause, le Belge Niels van Rossem, seize ans (!), est passé à un rien de l’exploit aux côtés du qualiteux Speedy van Klapscheut (Chaiton F x Peppermill). Arrière-petit-fils de Corianna van Klapscheut, comme une certaine Odiana van Klapscheut (I’m A Moerhoeve’s Star), complice de Petronella Andersson au plus haut niveau, l’agile bai a fait étalage de son talent… tout comme son tout jeune cavalier. Alors qu’il monte encore à poney, le jeune homme a fait preuve d’une maîtrise et d’un sang froid tout bonnement bluffants pour couper la ligne d’arrivée avec seulement cinquante-six centièmes de retard sur la médaille d’or ! Une performance d’autant plus sensationnelle qu’il s’agissait d’une grande première à ce niveau sur la scène internationale pour le garçon, solidement médaillé d’argent. La Belgique pourvoit définitivement de sacrés talents équins… mais aussi humains !
Speedy van Klapscheut et Niels van Rossem ont fait sensation face à leur public et se sont couverts d'argent. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Enfin, Sushi L3B (O’Neil van’t Eigenlo x Echo van’t Spieveld), énième représentant de la souche Roosakker, cette fois né en Italie mais inscrit au BWP, a concédé une faute. Alors qu’il avait jusque là très bien jaugé tous les obstacles qui se dressaient sur sa route, ne produisant pas d’effort inutile, le complice du Transalpin Alessandro Colombo termine septième et supplante HHS Venice (Emerald van’t Ruytershof x Heritage Fortunus), que présentait le vainqueur sortant de cette épreuve, l’Irlandais Michael Pender. La paire avait déjà remporté la première qualificative, mais a cette fois mis deux obstacles à terre. Leur temps, extrêmement rapide, ne leur aurait, quoi qu’il arrive, octroyé qu’une deuxième place.
Trouvant le bon dosage entre vitesse et maîtrise avec son petit mais bondissant Ici et La Courcelle (Cocktail de Talma x Kashmir van’t Schuttershof), issu de l’élevage d’Yves Chauvin et déjà auteur d’un très bon championnat de France à Fontainebleau il y a trois semaines, Thibault Thevenon s’est offert une médaille de bronze bien méritée !
Excellente troisième place pour le Selle Français Ici et La Courcelle et Thibault Thevenon ! © Dirk Caremans / Hippo Foto
Photo à la Une : Belle victoire et belle revanche pour Augustus, victime d'un accident au marcheur à trois ans. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Les épreuves des Mondiaux Jeunes Chevaux de Lanaken sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.