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Au terme d’un scénario dantesque, Scott Brash renoue avec Calgary et poursuit sa folle saison

Scott Brash remercie son cher Hello Jefferson, qui imite Ursula et Sanctos, deux de ses meilleurs cracks, en remportant le Grand Prix de Calgary.
Sport lundi 8 septembre 2025 Mélina Massias

Si la seconde manche du Grand Prix d’Aix-la-Chapelle n’avait pas eu une incidence majeure sur le déroulé de l’épreuve, celle proposée par Leopoldo Palacios à Calgary a joué un tout autre rôle dans l’épreuve reine du CSIO 5* canadien. En signant les deux seuls parcours à quatre points de ce deuxième acte, Scott Brash et Kyle King se sont joué la victoire dans un barrage, finalement remporté par le premier. Comme Ian Millar avant lui, l’Ecossais s’est imposé pour la troisième fois de sa carrière dans ce Grand Prix de tradition, cette fois grâce à son attachant Jerenmias van het Hulstenhof, alias Hello Jefferson. Couple surprise et formé depuis peu, Kyle King et Kayenne se contentent volontiers du deuxième rang, devant Steve Guerdat et Venard de Cerisy, habitués des bons résultats sur l’herbe de l’Alberta.

Devenu l’événement sportif le plus richement doté du Canada, avec cinq millions de dollars canadiens, soit un peu plus de trois millions d’euros, distribués dans son seul Grand Prix CPKC présenté par Rolex, le CSIO 5* de Calgary a dignement fêté son cinquantième anniversaire. Celui-ci a souri à la France, qui a compté deux victoires, œuvres de Nina Mallevaey et sa combative My Clementine, mais aussi, et surtout, à la Grande-Bretagne. Si Di Lampard a vu son quatuor s’imposer dans la Coupe des nations grâce aux trois doubles zéro de Ben Maher, Joseph Stockdale et Donald Whitaker sur Enjeu de Grisien, Ebanking et Millfield Colette, puis Joseph Stockdale établir, conjointement avec Vaclav Stanek sur Quintin, un nouveau record dans l’épreuve des Six barres aux rênes d'It’s Confidential, le coup de grâce a été porté par Scott Brash et Jerenmias van het Hulstenhof, alias Hello Jefferson, lors de l’épreuve reine de l’événement. Dimanche 7 septembre, l’Ecossais a retrouvé son trône en s’offrant pour la troisième fois de sa carrière un Grand Prix aussi unique que difficile, et dont la réputation reste la même, ou presque, depuis cinq décennies. 

Hello Jefferson a survolé le Grand Prix Rolex CPKC de Spruce Meadows. © Sportfot

Leopoldo Palcios place la barre à la hauteur de l’enjeu

Particulièrement ouverte pour cette épreuve de prestige, la première manche du Grand Prix de Calgary a débouché sur quatorze sans-faute aux obstacles, pour douze élus dans le second acte. Soixante et un et quatre-vingt-neuf centièmes ont été fatals aux récents vainqueurs des Grands Prix 5* de Dinard et Londres, Aaron Vale et Carissimo 25 ainsi que Christian Kukuk et son champion olympique Checker 47. Treize et quatorzième, l’Américain et l’Allemand n’ont pas pu se frotter au second tracé imaginé par le Vénézuélien Leopoldo Palacios, nettement plus corsé que le premier. Qualifié in extremis avec, lui aussi, un point à son compteur, Willem Greve a été le premier à tenter d’en déjouer les pièges sur son puissant Grandorado*TN. Mais le Néerlandais et son étalon ne sont pas allés à dame, laissant dix points supplémentaires derrière eux. Pourtant particulièrement redoutable, la dernière ligne ne leur a pas posé de souci ; le mur des Jeux de Pékin et la sortie du premier double ont, en revanche, été leurs bêtes noires du jour.

À leur suite, le jeune Roy van Beek n’a pu éviter quatorze pénalités sur son fidèle Cavoiro-H, tandis que les Allemands Jörne Sprehe et Daniel Deusser et le Brésilien Yuri Mansur ont chacun mis deux barres à terre sur Hot Easy, Otello de Guldenboom et le vétéran QH*Alfons*Santo Antonio, pour finir huit, six et septièmes. L'une des surprises du jour est venue de Martin Fuchs et Hay El Desta Ali, alias Leone Jei. Vainqueur à Aix-la-Chapelle, le duo pouvait tenter de préciser son rêve de Grand Chelem par une deuxième victoire consécutive dans un Majeur, dans cette épreuve qu’il avait décrochée les deux dernières années. Sans-faute en première manche, le Suisse et son gris ne se sont pas compris à l’abord du numéro un de la seconde et se sont tous deux retrouvés à terre, sans blessure majeure pour le fils de Baltic VDL, et avec une amère déception non dissimulée pour son pilote, qui traverse décidément une période bien tumultueuse.

Juché sur un Hello Jefferson des très grands jours, particulièrement aérien et à l’aise face aux gigantesques obstacles canadiens, Scott Brash a été le premier à écoper de moins de huit points dans cette seconde manche. Une faute frustrante aurait pu mettre à mal tous les espoirs de l’Ecossais, déjà aux honneurs avec Hello*Sanctos van het Gravenhof en 2015, puis avec Ursula XII en 2016, mais le scénario, toujours si singulier à Spruce Meadows, en a décidé autrement.



Steve Guerdat, toujours souffrant du dos, n’a rien laissé paraître aux côtés de son fidèle Venard de Cerisy. Désormais âgé de seize ans, le fils du regretté Open Up Semilly prenait le départ de sa quatrième épreuve à 1,60m de la saison. Grandement préservé, le bai a parfaitement répondu présent, mais s’est fait piéger par l’assassine bicyclette, avant-dernier effort du parcours. La stratégie du Suisse, de soigner chaque saut, l’a, en plus, sanctionné d’un point pour temps dépassé… qui a effacé toutes ses chances de victoire et de barrage. Sa troisième place aura toutefois ravi son cavalier, mais aussi son naisseur, Laurent Vincent, qui a vécu, aux côtés de sa fille et associée, Gabrielle, un week-end de rêve, entre la troisième place de Joe de Cerisy, six ans, à Fontainebleau, et cette nouvelle performance XXL de Venard. 

Steve Guerdat et Venard de Cerisy, vainqueurs de ce Grand Prix en 2021 et deuxièmes en 2022 sont troisièmes cette année. © Sportfot

Kyle King, qui, au fil des années a fait de Spruce Meadows son jardin secondaire, a créé une immense surprise pour les spectateurs européens en égalant la prestation de Scott Brash sur Kayenne, toute jeune jument de dix ans. Arrivée en début d'année dans les écuries de l’Américain, qui a entamé des démarches pour devenir canadien, cette fille de Kannan n’avait jusqu’alors disputé qu’un seul et unique Grand Prix 5*, sur cette même piste, qu’elle avait conclu… en deuxième position, le 5 juillet dernier. Les parcours à huit points de Max Kühner et Nicola Philippaerts, respectivement quatre et cinquièmes au classement final avec Elektric Blue P et Katanga v/h Dingeshof, et celui à treize points de Sophie Hinners sur Iron Dames*My Prins van Dorperheide, ont finalement propulsé ce jeune couple à l’expérience toute relative vers un barrage face à Scott Brash !

Et de cinq pour Scott Brash cette saison

Fort de son expérience, Scott Brash a, une fois de plus, montré ses nerfs d’acier. Alors qu’il effectuait un ultime saut au paddock, Hello Jefferson a perdu un fer. Ce dernier remis en place par l’un des nombreux maréchaux-ferrants présents sur place, l’attachant petit bai qui a donné tant de fil à retordre à son ancienne cavalière, Charlotte Philippe, pour la laisser percer au jour sa personnalité, a survolé le barrage, sans toutefois prendre tous les risques. Son chronomètre de 46’’97 est alors devenu la cible de Kyle King et Kayenne. 

Saisissant sa chance sur sa styliste jument Zangersheide, celui qui n’a jamais concouru en Europe, adoubé par la foule, a joué sa carte avec confiance et détermination. Pour quelques millimètres à peine, la palanque aux couleurs de ce qui sera peut-être son futur drapeau, l’érable canadien, est tombée au sol, juste avant un virage à main gauche sans doute légèrement trop anticipé. Mais cette deuxième place, Kyle King et Kayenne auraient sûrement rêvé de l'obtenir avant le coup d’envoi de ce Grand Prix extrêmement difficile. 

Kyle King peut serrer le poing après une performance remarquable de Kayenne. © Sportfot

“Je suis choqué, surpris et ravi d’être assis ici”, a réagi Scott Brash, vainqueur, comme Ian Millar, à trois reprises de ce Grand Prix, en conférence de presse. “Après ma faute en deuxième manche, je pensais que tout était fini pour moi. Mais nous avons finalement eu une seconde chance. Je suis aux anges pour mon cheval. Plus que tout, il mérite un titre. Il a été un compagnon formidable pour moi pendant tant d’années. Nous avons connu des hauts et des bas, mais il a été fantastique. C’est super qu’il ait enfin ce titre ! [...] Avoir un cheval capable d’affronter une telle épreuve est déjà difficile, alors la remporter l’est encore plus. J’ai été très chanceux dans ma vie.” De retour en état de grâce cette saison, dans une spirale positive qu’il n’avait plus connue depuis plusieurs années, Scott Brash a remporté son cinquième Grand Prix 5* de l’année, le deuxième aux rênes de son fils de Cooper vd Heffinck né chez Bernard Mols.

Cette nouvelle victoire, Scott Brash l'a partagée avec son fidèle groom, le Français David Honnet. © Sportfot

Cette conférence de presse fort intéressante et diffusée en intégralité sur Clipmyhorse.tva aussi été l’occasion de mettre en avant le travail de Leopoldo Palacios. Si certains trouvent ses parcours trop difficiles, Steve Guerdat a un avis bien précis sur la question. “Il y a une quinzaine d'années, je me suis plaint en conférence de presse du travail de Leopoldo. J’avais dit qu’il construisait des parcours trop difficiles, et qu’il fallait changer quelque chose. Dieu merci, Leopoldo ne m’a pas écouté !”, a-t-il spontanément confié au sujet du Vénézuélien, qui dit aimer construire des parcours qui se rapproche de la “nature”. “La vérité est que, parfois, en tant qu’athlète, ou même en tant que personne, nous n’aimons pas être challengés et préférons rester dans notre zone de confort. Mais ce n’est pas pour cela que nous sommes ici. Avoir ces parcours qui sortent de l’ordinaire est génial. La façon dont Leopoldo joue avec les obstacles et les lignes est vraiment chouette, car c’est la seule fois de l’année que l’on voit cela. Grâce à Leopoldo et son équipe, grâce à Spruce Meadows, je suis devenu un meilleur cavalier et mes chevaux, de meilleurs chevaux. Leopoldo, j’espère vraiment que tu vas continuer et que d’autres chefs de piste s’inspireront de toi.”

Le prochain rendez-vous du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles sera celui de Genève, en décembre. Et, à domicile, Steve Guerdat devrait être un sérieux concurrent aux plans de Scott Brash, en lice pour reproduire l’exploit qu’il est et reste le seul à avoir réalisé, il y a dix ans.

Les résultats complets et les vidéos.

Photo à la Une : Scott Brash remercie son cher Hello Jefferson, qui imite Ursula et Sanctos, deux de ses meilleurs cracks, en remportant le Grand Prix de Calgary. © Sportfot