Abdel Saïd et sa fabuleuse Bonne Amie mettent le Super Grand Prix de Prague à leurs pieds
Alors que Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper, derniers à prendre le départ de la seconde manche du Super Grand Prix de Prague, semblaient avoir toutes les cartes en main pour s’imposer, une barre et deux centièmes de trop les en ont empêché. En tête durant plus de la moitié de l’épreuve, Abdel Saïd, qui misait sur sa formidable Bonne Amie, a pu exulter ! Après un week-end au goût amer, les deux coéquipiers de la Global Champions League ont pris une belle revanche, dans une épreuve au scénario intéressant. Auteur d’une excellente saison, Scott Brash a conclu cette épreuve au troisième rang avec sa bouillonnante Hello*Chadora Lady PS, alors qu’aucun des quinze couples au départ n’a trouvé la voie du double zéro. Retour sur l’un des événements les plus attendus de l’année.
Abdel Saïd a toujours cru en Bonne Amie du plus profond de son cœur. Fabuleuse fille d’A Big Boy et d’une mère par Landfriese I, la géante baie lui avait déjà donné raison en s’imposant par deux fois dans l’étape du Longines Global Champions Tour (LGCT) de Doha, en 2024 puis en 2025, et en signant un très bon championnat d’Europe, cet été à La Corogne. Après sa virée en Galice, la belle a profité de deux mois et demi de pause bien mérités, puis est revenue discrètement aux affaires à l’occasion d’un CSI 1* début octobre à Riesenbeck puis d’un autre de niveau 2* à Lierre au début du mois, avant d’exploser à Prague, pour les Play-Offs du LGCT. Pleine de fraîcheur, bondissante et allante, Bonne Amie a réussi la meilleure prestation du Super Grand Prix, épreuve de prestige réunissant les vainqueurs des quinze étapes de la saison régulière du circuit - ou leurs dauphins en cas de doublé ou de défections diverses. En République Tchèque, la jument estonienne, née pour le compte de Trooja Hobune Oü, et son cavalier belge sont venus à bout d’un scénario de dingue dans l’ultra moderne O2 Arena, samedi 22 novembre, en toute fin de soirée.

Après une démonstration en première manche, Abdel Saïd et Bonne Amie ont fait parler leur sens du rythme en seconde pour ravir leur troisième succès en Grand Prix 5* ! © Sportfot
Pourtant, l’entame de la compétition a été quelque peu décevante, puisque la première des deux manches s’est révélée être une formalité pour onze des quinze paires au départ. Seul Philipp Weishaupt est réellement passé au travers, sans grande surprise compte tenu de la très faible expérience de sa monture du soir, le prometteur Kokomo B. Âgé de neuf ans, le bai, d’ordinaire associé au frère de l’Allemand, Maximilian, n’avait pris le départ que d’un Grand Prix 5*, en septembre à Riesenbeck, et avait jeté l’éponge en cours de route. Bien engagé sur son parcours, le fils de Kannan n’a pas répondu à une reprise de son pilote du jour, le plaçant dans une situation impossible. Une grosse faute l’a déstabilisé et en a entraîné une autre, avant que Philipp Weishaupt ne lève la main. Si le talent de Kokomo B ne fait aucun doute, cette épreuve est sans doute intervenue un peu tôt dans sa progression. Mais les enjeux financiers beaucoup plus fort sur la Global Champions League (GCL) a poussé plusieurs cavaliers à privilégier leurs meilleurs atouts pour les épreuves collectives.
La vraie déception de la soirée est venue de Gilles Thomas et Qalista DN. Auteurs d’une saison exceptionnelle, les deux complices ont été les victimes d’un souci technique bien regrettable. Alors qu’ils abordaient le triple aux couleurs de Longines, sponsor titre de l’événement, en première manche, ils ont vu l’éclairage de la piste considérablement s’assombrir. Résultat, la brillante fille d’Emerald van’t Ruytershof n’a pu éviter une faute sur l’entrée de la combinaison. Cette faute aurait pu être anecdotique, mais l’alezane a accusé le coup dans le second acte. Sur ce même triple, abordé dans l’autre sens, Qalista DN, neuf ans seulement, s’est fortement reculée de l’élément B avant de le franchir tant bien que mal, quasiment de l’arrêt. Son cavalier l’a alors invitée à sortir de la combinaison et a abandonné, sans doute avec une pointe d’amertume.

Alors que leur état de forme les destinaient à une place parmi les meilleurs du Super Grand Prix de Prague, Gilles Thomas et Qalista DN ont été handicapé par la lumière de l'O2 Arena, qui a totalement changé en plein milieu de leur parcours en première manche ! © Sportfot
Onze sans-faute en première manche, un seul en seconde et du suspens à revendre !
Juste avant l’abandon de Gilles Thomas, Grégory Cottard a ouvert le deuxième parcours imaginé par Uliano Vezzani. Et contrairement au premier, celui-ci s’est d’entrée montré beaucoup plus exigeant. Si les apparitions en piste du duo formé par le Francilien et Cocaïne du Val sont toujours aussi agréables à observer, quelques imprécisions lui ont coûté deux fautes, après en avoir déjà récolté une dans l’acte initial. La paie a finalement accroché le neuvième rang, devant Jérôme Guéry et Thibault Philippaerts. En bonne voie pour obtenir un bon résultat, les deux compatriotes belges ont payé le prix fort en fin de parcours avec leurs tout bons Careca LS Elite et Pittman v/h Lilleveld, pénalisé de seize points chacun.
Troisième à prendre le départ de la seconde manche de ce Grand Prix doté de 1,25 million d’euros et annoncé à 1,65m, Olivier Philippaerts a été le premier… et le dernier à signer un parcours parfait avec sa fidèle Katanga v/h Dingeshof ! Leur prestation a mis la pression sur les suivants qui ont, tour à tour, quitté l’arène avec au moins quatre points, permettant au Diable Rouge et à sa fille de Cardento d’accrocher le cinquième rang du classement final. Provisoirement en tête, ils ont d’abord observé Marco Kutscher et Catelly, un Holsteiner de treize ans peu habitué à ce niveau de compétition, concéder une faute, pour une septième place. Puis, après le passage de Jérôme Guéry, Abdel Saïd et Bonne Amie les ont délogés. Piégé à l’entrée du difficile double numéro 8, le couple a fait parler sa vista pour couper la ligne d’arrivée en 62’’43. Les tentatives pour les doubler, multipliées jusqu’à la fin de l’épreuve, ont toutes été vaines. Au bord du paddock, Abdel Saïd a pourtant tremblé jusqu’à la fin.

Nicola Philippaerts et Katanga vd Dingeshof ont été les seuls à signer un sans-faute en seconde manche. © Sportfot
Juste après lui, entrait en lice un certain Harrie Smolders. Associé à Monaco, seize ans, le Néerlandais était l’un des grands favoris à la victoire. Très en forme, le hongre Holsteiner a exprimé sa joie d’une légère ruade à la réception du premier oxer du tracé… mais a effleuré la palanque qui défendait le vertical suivant, la poussant à terre. Malgré une fin de parcours rapide, les vainqueurs des temps forts des étapes de Cannes, Valkenswaard et Rome n’ont pu faire mieux que 66’’40, synonymes de sixième place.

Une quart de seconde d'inattention a privé Harrie Smolders et Monaco du double zéro qui semblait leur tendre les bras. © Sportfot
Ont suivi Thibault Philippaerts, puis Anastasia Nielsen. Surprise par sa propre performance en première manche, la Monégasque n’a pas mené son parcours à terme avec le tout bon Action Man. Le lauréat du Grand Prix de Rabat a dit stop devant la palanque située en numéro 2 et a refusé de faire un pas de plus sur ce parcours. Après le fils d’Action-Breaker, l’excellent Chageorge a enregistré deux fautes sous la selle de Christian Kukuk. Ils terminent huitièmes.
La revanche des Warriors d’Istanbul
Gerrit Nieberg a sans doute été le premier à faire réellement trembler Abdel Saïd. Sur son génial Ping Pong van de Lentamel, qui s’était imposé sur la vaste piste en herbe de Riesenbeck en septembre, entre autres excellents résultats, l’Allemand semblait filer droit vers le clear round tant espéré quand la sortie du diabolique double numéro 8 a roulé au sol. En coupant les cellules d’arrivée en 63’’01, l’attachant couple espérait décrocher une place sur le podium, mais en a été privé pour quelques centièmes.

Quatrièmes, Gerrit Nieberg et Ping Pong van de Lentamel confirment leur place parmi l'élite du saut d'obstacles. © Sportfot
Si Emanuele Camilli et Chacareno PS ont craqué, le bai de dix ans ayant infligé une surprenante dérobade à son cavalier sur l’oxer 9 avant de fauter sur son second plan en le franchissant au deuxième essai, portant son score à vingt-deux unités pour une douzième position, Scott Brash et Simon Delestre ne se sont pas défilés. Comme Gerrit Nieberg, l’Ecossais a vu la victoire s’envoler à cause du double numéro 8. Pas tout à fait en ligne pour franchir l’entrée de la combinaison, sa bouillonnante Hello*Chadora Lady PS a concédé une minuscule touchette, après avoir réalisé une gymnastique impressionnante dans le triple un peu plus tôt. La belle, qui s’était imposée à Shanghai puis Ramatuelle, conclut sa saison du LGCT par une excellente troisième place. Son chronomètre, fixé à 62’’81 ne l’a séparée que d’une poignée de centièmes de ses deux bourreaux de la soirée.

La bouillonnante Chadora Lady PS n'est pas passée loin de la victoire sous la selle de Scott Brash. © Sportfot
Dans un scénario qui rappelait étrangement celui du Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc, où Scott Brash et sa fille de Chacco-Blue lui avaient laissé un boulevard, Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper étaient alors les seuls à pouvoir l’emporter. Deux options s’offraient à eux : un sans-faute ou un parcours à quatre points en moins de 62’’43. Le Lorrain est sans doute parti avec l’ambition de remplir la première condition tant son fils de Hickstead, bien que plus vu à ce niveau depuis sa victoire à Monaco début juillet qui a laissé place à une pause de quatre mois, est régulier au plus haut niveau. Mais le milieu de triple lui a coûté quatre points. Dès lors, le rythme imprimé par le Tricolore s’est intensifié, et ce jusqu’à la fin de son parcours. Toujours aussi brillant dans les airs malgré des signes d’inconfort assez marqués dans les courbes, le vaillant bai a tout donné à son cavalier. Jusqu’au bout, le suspense a été total. Et puis, l’écran géant a affiché 62’’45, soit deux centièmes de trop pour empocher les 300.000 euros promis au vainqueur. Une déception d’autant plus frustrante pour Simon Delestre qui avait sans doute à cœur de prendre sa revanche après un week-end éprouvant. Jeudi, lors des quarts de finale de la GCL, le Français a vu la jugulaire de son casque se détacher contre son gré en plein parcours. D’abord comptabilisé comme tel, son sans-faute a finalement été déclassé en élimination, sans que les juges ne lui aient signifié un quelconque problème en piste. Cette décision a privé Simon Delestre et ses coéquipiers de la moindre chance de défendre leurs couleurs pour le reste de la compétition. Une situation ubuesque, qui a suscité de nombreuses réactions, d’autant plus qu’un événement similaire s’était produit un peu plus tôt durant la saison, pour la cavalière d’une autre équipe, sans que celle-ci ne soit sanctionnée. Abdel Saïd, membre de cette même escouade de la GCL, et Simon Delestre ont finalement mis tout le monde d’accord à Prague, en répondant de la meilleure manière : par un résultat sportif incontestable.
Deuxième du Super Grand Prix aux rênes de Cayman Jolly Jumper, Simon Delestre s'est consolé après son élimination contestable de la compétition par équipe, jeudi. © Sportfot
Photo à la Une : Bonna Amie succède à Foxy de la Roque au palmarès du Super Grand Prix, qui retrouvait Prague cette année après avoir été organisé à Riyad en 2024. © Sportfot














