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À trente-quatre jours du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris, la France se montre impériale à Rotterdam

Donatello d'Auge
Sport vendredi 21 juin 2024 Mélina Massias

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris aura lieu dans un peu plus d’un mois. Alors que l’objectif de l’année approche à grands pas, la France monte en puissance. En s’appuyant sur les quatre cavaliers les plus susceptibles, pour l’heure, de se produire à Versailles, Henk Nooren s’est offert une victoire à domicile, aux Pays-Bas, dans l’épreuve collective du CSIO 5* de Rotterdam. Donatello d’Auge, Viking d’la Rousserie, Dorai d’Aiguilly et I Amelusina R51, les montures de Julien Epaillard, Kevin Staut, Olivier Perreau et Simon Delestre, se sont montrées impériales, face à un parcours un poil trop accessible. Derrière les Bleus, la Suède, qui avait aligné ses meilleures cartes, et la Grande-Bretagne, se sont octroyé une place sur le podium de cette troisième et dernière étape du circuit de la Ligue des nations Longines.

Privée de Cayman Jolly Jumper, cheval de tête de Simon Delestre, parti passer des examens en Belgique après que son cavalier ne l’a pas senti en pleine possession de ses moyens un peu plus tôt dans la semaine, la France a rassuré ses supporters, à à peine plus d’un mois du coup d’envoi des Jeux olympiques. Grâce à Julien Epaillard et Donatello d’Auge, Simon Delestre et I Amelusina R51, Kevin Staut et Scuderia 1918*Viking d’la Rousserie ainsi qu’Olivier Perreau et GL Events*Dorai d’Aiguilly, le quatuor de Henk Nooren s’est imposé dans la dernière étape du circuit de la Ligue des nations Longines, à Rotterdam, vendredi 21 juin. Cette équipe, qui ressemble fort, au moins pour le nom des quatre pilotes alignés, à une sélection olympique, n’a pas fait dans la demi-mesure et a dominé la compétition de la tête et des épaules, alignant facilement sept sans-faute en autant de parcours.

L'équipe de France est montée sur la plus haute marche du podium de la troisième et dernière étape du circuit de la Ligue des nations Longines. © Benjamin Clark / FEI

L’Allemagne passe à la trappe 

Face au plateau exceptionnel présent aux Pays-Bas, le parcours imaginé par Quintin Maertens et Louis Konickx est apparu presque trop accessible, avec vingt-cinq scores parfaits et quatre entachés d’un ou deux points de temps sur les quarante passages de l’acte initial. D’entrée, les sans-faute ont plu à Rotterdam, ne laissant aucune place à l’erreur, si bien qu’avec… quatre points, l’Allemagne et les Etats-Unis ont été écartés de la deuxième manche de cette épreuve collective. Les escouades d’Otto Becker et Robert Ridland ont totalisé deux secondes de trop sur leur chronomètre cumulé pour passer devant l’Irlande et la Suisse, qui ont frôlé le pire. Finalement, l’équipe de Michael Blake, qui comptait pourtant sur Daniel Coyle et Legacy, née Chavantele, d’ores et déjà sélectionnés pour Paris, a complètement craqué en deuxième manche. Les sans-faute de ce couple et de GRS Lady Amaro et Mark McAuley, qui a tenu bon malgré une acrobatie après le triple et la perte de ses deux étriers pour finir son parcours, en première manche, n'ont rien changé. Encore tendre à ce niveau, la talentueuse Eve d’Ouilly, fille de Qlassic Bois Margot, n’a pas terminé son second tour sous la selle de Cian O’Connor, l'île d'Emeraude n'ayant plus rien à perdre à ce stade. 

Au septième rang, Peter van der Waaij pourra tirer des enseignements de cette épreuve, même si le résultat n’est sans doute pas à la hauteur de ses ambitions. Pius Schwizer et son étalon Vancouver de Lanlore, de retour au sommet de son art, semblent avoir validé leur ticket pour la grande échéance. La paire a été l’une des dix à signer un double clear round. En toute logique, l’Helvète devrait s’aligner aux côtés de Martin Fuchs et Steve Guerdat, que l’on imagine mal passer à côté des Jeux. En revanche, le choix est plus difficile pour la quatrième place. Confrontée à un test grandeur nature dans lequel elles n’avaient pas le droit à l’erreur, Janika Sprunger et Orelie sont passées à la trappe, après un inhabituel refus sur la palanque numéro six en première manche, et une faute en seconde. Eux aussi avaient fort à jouer. Edouard Schmitz et son fabuleux Gamin van’t Naastveldhof ont répondu présent dans l’acte initial, mais n’ont pu éviter une faute lors de leur second passage en piste. Romain Duguet, écarté du deuxième tour, a, quant à lui, signé un très bon parcours avec son très en forme Hunger Games du Champ du Bois, uniquement sanctionné par une faute à la rivière.



L’avenir de la Belgique assuré

Côté Pays-Bas comme Brésil, respectivement six et cinquième, chaque duo a signé un sans-faute, mais aucun n’en a enregistré deux. À domicile, Beauville, très préservé depuis la fin d’année dernière, continue sa montée en puissance avec Maikel van der Vleuten, tout comme le tout bon Uricas vd Kattevennen, auteur d’une démonstration lors de sa deuxième entrée en piste avec Harrie Smolders. Pedro Paulo Lacerda et Philippe Guerdat se réjouiront, eux, des très bons retours au plus haut niveau de Luciana Diniz et Vertigo du Désert (0+4), Stephan de Freitas Barcha et Chevaux*Primavera*Imperio Egipcio (0+4) et de Rodrigo Pessoa et Major Tom (0), né Nielsdaka vd Rhamdiahoeve, épargné d’un second parcours. Non partant en première manche, son équipe ayant aligné trois sans-faute, Pedro Veniss a tenu son rang dans la seconde avec son génial Nimrod de Muze*Imperio Egipcio, auteur d'une prestation pleine d’aisance. En lice pour s’imposer à la mi-temps, les Auriverde ont finalement pris trop de retard pour accrocher le podium avec deux fois quatre points en seconde période.

Grégory Wathelet et Jérôme Guéry étaient excusés à Rotterdam, après avoir plus que fait leurs preuves à La Baule avec Bond Jamesbond de Hay, troisième du Grand Prix, et Quel Homme de Hus, né Quempas et apparu en pleine forme dans la Coupe des nations et dans le temps fort individuel du même CSIO 5*. La chance était donnée, pour cette dernière épreuve collective avant les Jeux, à Abdel Saïd et Bonne Amie (1+4), Koen Vereecke Kasanova de la Pomme (2), mais aussi et surtout à deux stars de neuf et dix ans : Casual DV et Ermitage Kalone, champion de Belgique en titre. Guidés à merveille par Pieter Devos et Gilles Thomas, la fille de Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, et le fils de Catoki étaient intouchables. Si la baie avait déjà montré l’étendue de son talent lors de la dernière finale de la Coupe du monde et du CSIO 5* de Rome, son conscrit alezan, lui, affrontait pour la première fois ce format. Et comme à chaque fois qu’il franchit un nouveau cap, le Selle Français né chez Magali Dessalles a fait parler tout son génie pour survoler les deux parcours. Malgré un manque d’expérience relative au plus haut niveau, le crack de Gilles Thomas mériterait de se produire à Versailles… mais il n’est pas le seul. Peter Weinberg devra se creuser les méninges. Peut-être que le Grand Prix de dimanche lui donnera les dernières indications dont il a besoin, même si la route est encore longue. Une chose est sûre, la Belgique tient la relève de son vétéran Quel Homme de Hus, qui pourra passer le flambeau avec sérénité quand l’heure sera venue.

Comme à Rome, Casual DV a signé deux parcours parfaits, pour sa deuxième Coupe des nations. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Rien ne semble pouvoir résister à Ermitage Kalone et Gilles Thomas, qui forment un couple hors normes. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Des allures de répétition générale pour la Suède

Dominé par la France, dont le dernier équipier, Julien Epaillard, n’avait pas le droit à l’erreur pour offrir la victoire aux siens, le podium a également ouvert ses portes à la Suède et la Grande-Bretagne, à égalité avec quatre points en seconde manche et départagées par leurs chronomètres. Chez les Britanniques, Ben Maher et Harry Charles n’ont fait qu’une bouchée de l’épreuve avec Point Break, toujours aussi styliste et envoûtant, et Romeo 88, né Champion of Picobello. Avec Imperial HBF, Tim Gredley n’a disputé que la première manche, qu’il a conclue avec deux points de temps, tandis que Joseph Stockdale a réussi un sans-faute, avant de renverser une barre avec son attachante Equine America*Cacharel.

Une fois n’est pas coutume, la Suède s’est inclinée. Cette saison, les Scandinaves soufflaient le chaud et le froid, mais à Rotterdam, la donne était différente, puisque Henrik Ankarcrona a aligné son équipe type, cavaliers et chevaux inclus. Seule Malin Baryard-Johnsson et H&M*Indiana, qui passaient un vrai test, ne sont pas parvenues à quitter la piste avec un score vierge. King Edward Ress et Catch Me Not S, qui n’avaient chacun disputé qu’un CSI 2* depuis la dernière finale de la Coupe du monde, il y a deux mois, avec Henrik von Eckermann et Peder Fredricson, ont sorti le grand jeu pour prouver, s’il le fallait encore, leur suprématie. Rolf Göran Bengtsson et son brillant Zuccero ont été impeccables en première manche et sont restés sur la touche pour la seconde, le couple n’ayant sans doute pas besoin d’un parcours supplémentaire. 



Pour les Bleus, les feux sont au vert

Après un début d’année en demi-teinte et une convaincante deuxième place chez elle à La Baule, la France a frappé et envoyé un message fort, à trente-quatre jours du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris. Entouré de son quatuor, Henk Nooren avait le sourire et était d’humeur blagueuse au micro de Clipmyhorse.tv. “J’ai dit à mes cavaliers : vous êtes encore tous en lice pour aller à Paris… ou non. Et bien sûr, je pense que le fait qu’aujourd’hui soit l’anniversaire de Simon Delestre a motivé tout le monde a donné leur meilleur pour gagner !”, s’est-t-il amusé. “Ces dernières semaines, nous sommes montés en puissance pour notre Coupe des nations à La Baule, où nous avons obtenu un formidable résultat, comme celui que nous venons d’obtenir ici. C’est ce que mes cavaliers voulaient. Nous allons désormais ralentir un peu, participer à un dernier concours puis nous irons probablement tous ensemble aux Jeux olympiques.” 

Quelle montée en puissance ces derniers mois pour I Amelusina R51, l'étalon de onze ans de Simon Delestre. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Toujours aussi démonstratif, I Amelusina R51 a fait forte impression à Rotterdam et a fait encore mieux qu’à La Baule, en alignant deux scores parfaits. “Nous avons Amelusina depuis un moment. Il a toujours beaucoup progressé. Il avait besoin d’un peu plus de temps tant il est respectueux. Il devait grandir, mais nous l’avons préparé dans la perspective des Jeux. Aujourd’hui, il est dans la bonne forme au bon moment”, a déclaré un Simon Delestre heureux, malgré l’inquiétude suscitée par son bouillonnant Cayman Jolly Jumper. “La route a été si longue pour que Viking et moi retrouvions le haut niveau. J’étais motivé pour cette semaine, mais je ne savais pas ce que cela allait donner. Mon sourire en fin de parcours représentait une forme de soulagement après ces longs mois de travail. Tellement de nuits et de journées ont été consacrées à la réflexion, afin de savoir comment progresser. J’étais très, très heureux”, a ajouté Kevin Staut, dont le talentueux Viking d’la Rousserie s’est montré sous son meilleur jour. 

Viking d'la Rousserie a répondu présent pour sa première Coupe des nations disputée sur une seule journée depuis celle de... Rotterdam il y a deux ans. © Benjamin Clark / FEI

“Je suis très heureux. Ma jument a sauté d’une super façon. Il fallait faire un choix après le premier tour et je suis content de concourir à côté de ces cavaliers. Pour moi, c’est formidable”, a commenté à son tour Olivier Perreau, au rendez-vous avec Dorai d’Aiguilly, remarquable à Milan l’été dernier pour son premier grand championnat, écarté de la seconde manche de cette dernière étape du circuit de la Ligue des nations Longines. Et Julien Epaillard, dont le complice n’avait pas les pieds nus aujourd’hui, de compléter : “Je me sens bien ce soir ! Il s’agissait de la première Coupe des nations de Donatello aujourd’hui. C’est agréable d’avoir deux chevaux comme Donatello et Dubaï. Je profite de ce moment. Ma première idée est d'emmener Dubaï aux Jeux olympiques, mais s’il se passe quelque chose, je sais que Donatello est là. Je connais très bien Donatello. Cela a pris du temps pour qu’il soit vraiment en confiance avec moi, mais il est désormais capable de sauter des rivières et dans différentes ambiances. J’ai un super sentiment avec lui et beaucoup de confiance.”

Donatello d'Auge est apparu en pleine forme à Rotterdam et bien dans ses sabots... ferrés. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Brillants aux championnats d'Europe de Milan l'été dernier, Olivier Perreau et sa jument maison GL Events*Dorai d'Aiguilly ont réalisé un premier tour parfait aux Pays-Bas. © Benjamin Clark / FEI

La Grande-Bretagne et la Belgique non invités à Barcelone

Si Rotterdam revêtait des enjeux olympiques, une qualification pour la finale du circuit, qui se tiendra de nouveau à Barcelone, était aussi en jeu. Après seulement trois étapes, celle prévue à Saint-Gall ayant été annulée en raison de la météo et le Grand Prix dominical lui ayant été préféré, le classement général a été dominé par l’Irlande, très en vue à Abou Dabi et Ocala, devant la Suède et la Suisse et l’Allemagne, à égalité. Le Brésil, la France, qui a sauvé sa peau grâce à sa victoire, les Pays-Bas et les Etats-Unis seront aussi de la partie… à l’inverse de la Grande-Bretagne et de la Belgique. Neuf et dixième, ces deux nations ne devraient pas être invitées en Espagne début octobre.

Les résultats complets.

Photo à la Une : Dontallo d’Auge disputait sa première Coupe des nations avec Julien Epaillard ! © Benjamin Clark / FEI