Où s’arrêteront-ils ? En indoor, Richard Vogel et United Touch S sont rois. Après avoir été le théâtre de son éclosion aux yeux de tous il y a deux ans, Stuttgart a assisté à la cinquième victoire en Grand Prix 5* du duo allemand… et la troisième sur le circuit de la Coupe du monde en autant de tentatives ! Denis Lynch et Brooklyn Heights se sont classés deuxièmes, juste devant Kevin Staut et sa généreuse Dialou Blue PS, très en forme ces dernières semaines.
Il y a deux ans, la victoire de Richard Vogel et United Touch S à Stuttgart, face à quelques couples d’envergure, était une petite surprise. Dimanche 17 novembre 2024, elle était le scénario le plus attendu.
Sur un parcours technique, ayant mis à rude épreuve les cavaliers, à commencer par le numéro un mondial, Henrik von Eckermann, qui a jeté l’éponge après le numéro un avec Calizi, l’Allemand et son étalon de tous les superlatifs, désormais âgé de douze ans, se sont aisément qualifiés pour le barrage, faisant passer le tracé de Christa Jung pour une formalité. Pourtant, avant leur passage, le trente-quatrième de l’après-midi, seuls deux duos - dont celui ayant ouvert les hostilités - étaient parvenus à quitter la piste avec un score vierge… et aucun ne s’est ajouté à cette liste ! Derniers à partir au barrage, Richard Vogel et United Touch S étaient définitivement les favoris, face à Denis Lynch et Brooklyn Heights, né Jorden vd Kruishoeve, déjà deuxièmes en 2022, et Kevin Staut, associé à la généreuse Dialou Blue PS.
Ouvreurs de la finale au chronomètre, l’Irlandais et son BWP ont réalisé une prestation de très bonne facture, dessinant un tracé précis et arrêtant le chronomètre en 44’’37. Si tous deux n’avaient pas véritablement perdu de temps en route, leur temps pouvait être amélioré. Kevin Staut a été le premier à tenter de le faire. Après avoir une nouvelle fois prouvé toute sa bonne volonté en première manche, la géniale Dialou Blue PS a réitéré lors de son second parcours, mais n’a pu éviter de renverser l’ultime oxer du parcours raccourci, la faute à une distance trop longue. Pourtant, la belle avait stoppé la montre en 42’’67 et n’était pas loin d’offrir un doublé à son cavalier, vainqueur de cette même épreuve douze mois plus tôt avec Beau de Laubry.
Et puis, les chouchous du public sont entrés en scène. À chacun de leurs sauts et de leurs prises de risques, parfois stupéfiantes, le public a vibré et est resté en apnée jusqu’au passage des cellules d’arrivée… 41’’39 et une nouvelle victoire en poche. Une nouvelle fois au-dessus du lot, ces deux-là sont sur un nuage et confirment que l’indoor est bien leur terrain de jeu favori ! Il convient de souligner que Richard Vogel et son OVNI se sont alignés au départ de trois étapes de la Coupe du monde Longines, pour… trois succès. Étourdissant ! Le premier, ils l'avaient signé sur cette même piste, en 2022. Le deuxième, à Lyon, il y a trois semaines. Jusqu’à présent, trois des cinq étapes de la ligue d’Europe occidentale ont été remportées par la même écurie, que partagent David Will, Richard Vogel et… Sophie Hinners, compagne de ce dernier et surtout devenue la première femme à remporter l’épreuve reine du CSI 5*-W de Vérone, le week-end passé, avec Iron Dames*My Prins van de Dorperheide, produit de l’élevage de la famille Philippaerts et un temps sous la selle du premier cité. Leur petite entreprise ne connaît définitivement pas la crise.
“United me laisse sans voix”, Richard Vogel
“Je suis complètement submergé. United me laisse sans voix. Il est tellement incroyable”, a réagi, à chaud, l’actuel septième meilleur cavalier du monde, bien lancé pour enflammer Palexpo en décembre, à l’occasion du très attendu CHI de Genève. “À Stuttgart, je suis un peu à domicile. L’ambiance est géniale, avec les gens qui nous soutiennent énormément. Ils sont derrière nous et cela donne des ailes ! Je crois que United et moi aimons être sous pression ; cela nous donne un peu plus d’adrénaline. Nous voulions vraiment reproduire notre victoire d’il y a deux ans. Nous sommes ravis d’y être parvenu. Nous avons eu quelques sursis ici et là durant le barrage, mais ici, à la maison, la chance était avec nous !”
Cette saison, Jorden van de Kruishoeve, alias Brooklyn Heights, avait déjà enregistré quelques bons résultats, se classant quatre, cinq et sixième des Grands Prix 5* de Rabat, Bois-le-Duc et Fontainebleau. Relativement peu sorti ces dernières saisons, le BWP de quinze ans par Nabab de Rêve né chez Eric Polfliet a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès, dont la plus s’est écrit au CSIO 5* de Rome, en mai 2022. “J’ai senti mon cheval très bien vendredi, ce qui était une bonne préparation pour aujourd’hui. Je n’ai pas eu le meilleur tirage au sort (le duo est parti en numéro un de l’épreuve, ndlr), mais mon cheval et moi avons un peu d’expérience. Il n’aurait pas pu faire mieux. Le seul désavantage était d’avoir Richard au barrage ! Cela rend les choses difficiles !”, a commenté Denis Lynch.
“Je me sens bien à ce concours”, a souri Kevin Staut, troisième après sa victoire en 2023. “Je suis venu à Stuttgart une dizaine de fois et ai remporté deux fois le Grand Prix et je termine à nouveau sur le podium cette année. Dialou effectue un travail formidable depuis le début de la saison intérieure. Elle était déjà deuxième à Helsinki. On a vu que le parcours initial était difficile, avec seulement trois sans-faute. Dans cette configuration, il fallait tenter quelque chose au barrage. Je savais que Richard était derrière moi et qu’il serait rapide ; j’ai tout tenté. Je n’ai pas de regret, parce que ma jument a tout donné et était super. Je suis ravi de notre performance aujourd’hui.”
Grâce à ce nouveau classement avec Dialou Blue PS, qui aura eu besoin de plus d’un an pour retrouver son meilleur niveau après une expérience peu agréable aux Européens de Milan durant l’été 2023, Kevin Staut est quasiment assuré d’être qualifié pour la finale de Bâle, qui se tiendra du 2 au 6 avril prochain. Le Français totalise quarante-neuf points et fait la course en tête avec son dauphin, Richard Vogel, deuxième avec quarante-deux unités.
Deux parcours sanctionnés par le temps, six par une barre
Si le parcours de cette étape de la Coupe du monde aura été jugé (trop) difficile par certains, notamment avec la présence d’un triple massif en numéro 7, il aura permis à d’autres paires de se distinguer. Celles formées par Victoria Gulliksen et Mistral van de Vogelzang et Tim Gredley et Imperial HBF ont ébloui le public avec une aisance totale au-dessus des obstacles, mais la Norvégienne et le Britannique ont été piégé par le temps. Ils ont ainsi occupé les rangs quatre et cinq, avec respectivement un et trois points de temps dépassé.
Avec de bons parcours à quatre points, Wilma Hellström et sa très en forme Cicci BJN ont terminé sixième, devant deux duos portant les couleurs tricolores. Julien Anquetin, fort bien parti avec Z Ice Cube, a malheureusement concédé une faute, synonyme de septième place, de même que son compatriote Olivier Perreau, huitième sur GL Events*Dorai d’Aiguilly. Les trois seuls autres parcours à quatre points du jour, à mettre au crédit de Pius Schwizer, Kim Emmen et Hans-Dieter Dreher, aux rênes de leurs respectifs Vancouver de Lanlore, Imagine et Elysium, né Ziroquado T, ont complété le top 11.
Les résultats complets.
Le classement général provisoire complet.
Photo à la Une : Après Stuttgart, Genève, Wellington et Lyon, Richard Vogel et United Touch S ont remporté leur cinquième Grand Prix 5*. © Leanjo de Koster / FEI
Les épreuves du CSI 5*-W de Stuttgart sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.