Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Grand Prix du CSIO 5* d’Ocala, deuxième étape de la Ligue des nations Longines, a sacré Martin Fuchs et son génial Leone Jei, toujours au rendez-vous lorsque les épreuves comptent. Réservé aux événements majeurs, le génial hongre de douze ans n’a fait qu’une bouchée de ce délicat temps fort individuel. Grâce au meilleur double sans-faute de la soirée, le champion d’Europe de 2019 a devancé son ami Steve Guerdat, aux rênes de Albführen’s*Iashin Sitte, qui prenait part… à sa première épreuve de ce niveau ! En forme olympique, l’Américaine Callie Schott a complété le tiercé gagnant avec le génial Garant, l’une des nombreuses pépites de l’élevage de la famille Bosch.
L’été dernier, le formidable Leone Jei, né Hay El Desta Ali chez le regretté Gijs van Mersbergen, a été relativement sollicité par son cavalier et a enchaîné les beaux événements : Saint-Gall, La Baule et Aix-la-Chapelle en juin, Dinard puis Milan, pour les championnats d’Europe, en juillet, et Calgary, où il a triomphé dans le Grand Prix Rolex, juste après son escale italienne. Cela étant, le gris de Martin Fuchs n’a pris part qu’à quinze événements en 2023 et profité de deux mois de pause en début d’année 2024. À douze ans, celui qui côtoie le haut niveau depuis déjà trois saisons affiche une régularité impressionnante, sans doute car toute son équipe sait choisir et cibler les échéances qui comptent. Après le Grand Prix de Bois-le-Duc, conclu sur un excellent double sans-faute et une quatrième place, le KWPN avait rendez-vous à Ocala, au sein du gigantesque World Equestrian Center (WEC), pour la deuxième étape du circuit des Ligues des nations Longines. Avant le rendez-vous collectif, programmé samedi en Floride, le fils de Baltic VDL, né Bears, et son pilote suisse se sont offert une petite balade de santé pour s’imposer dans un Grand Prix particulièrement relevé, jeudi 21 mars.
Leone Jei à l'attaque du Grand Prix 5* d'Ocala. © Andrew Ryback Photography / WEC
“Leone a vraiment réalisé une performance fantastique ce soir”, a réagi l’Helvète, qui montera à nouveau son crack, propriété d’Adolfo Juri, dans la Coupe des nations. “Il a sauté de manière formidable les deux parcours et se sentait très bien. Il était vraiment avec moi et j’ai le sentiment qu’il a pris du plaisir sur les deux parcours.”
Pour s’imposer, le couple a arrêté le chronomètre en 36’’68 et a retrouvé le chemin de la victoire, six mois après son dernier triomphe, au Canada. “Lorsqu’on est dans un Grand Prix comme celui-ci, on veut vraiment faire de son mieux au barrage. On ne pense pas encore trop à la Coupe des nations. Leone a tellement d’expérience à ce niveau que je lui fais vraiment confiance pour aller vite dans des barrages comme celui d’aujourd’hui et être tout à fait concentré et à son meilleur niveau samedi pour l’équipe suisse”, a ajouté l’heureux lauréat. Pour triompher, la paire a dû se défaire de trois autres couples, Kevin Staut, sans-faute grâce à Beau de Laubry dans l’acte initial, ayant sagement décidé de se ranger à la cinquième place et de ne pas prendre le départ du second tour.
Malgré la difficulté de l'épreuve, Leone Jei et Martin Fuchs ont survolé tous les obstacles. © Andrew Ryback Photography / WEC
Et pour le clan suisse, fraîchement passé sous les ordres de Peter van der Waaij, remplaçant de Michel Sorg, l’heure était à la fête. Avec trois cartouches engagées dans le Grand Prix, les Helvètes ont fait très fort en s’emparant des deux premières places du classement final. Juste derrière Martin Fuchs, Steve Guerdat a mené le jeune Albführen’s*Iashin Sitte vers le deuxième rang. À tout juste dix ans, le fils de Bamako de Muze, issu d’un véritable concentré de génétique, au sein duquel se trouve l’olympique et regrettée Gutte Sitte en septième génération, a créé une petite surprise en réalisant le deuxième meilleur double zéro de l’épreuve. Enfin, sans doute pas pour son cavalier, qui l’a parfaitement préparé en ce début d’année, sur les immenses et confortables pistes du Sunshine Tour de Vejer de la Frontera. Après avoir disputé sa toute première épreuve à 1,60m fin octobre 2023, puis une deuxième à Londres en décembre, le hongre SBS prenait part à son premier Grand Prix 5*. Prêt à affronter ce niveau, l’alezan né chez l’excellent Daniel Boudrenghien a laissé toutes les barres sur leurs taquets et confirmé les espoirs entrevus depuis son arrivée sous la selle du champion olympique de Londres, en juillet 2023, après avoir été formé pour la quasi-totalité de sa carrière internationale par la Belge Pascale Haep.
Quelle première pour Steve Guerdat et son SBS Albführen's Iashin Sitte ! © Andrew Ryback Photography / WEC
“C’est la première fois que ce cheval voit une piste comme celle-ci, des obstacles comme ce soir, et la première fois qu’il sautait en nocturne. À la reconnaissance, tout dépend du cheval que l’on monte. Comme je savais que je manquais un peu d’expérience avec lui, je trouvais que le Grand Prix était très difficile. J’ai trouvé le temps trop court d’une ou deux secondes, donc je savais que cela ne serait pas une tâche aisée. Mon cheval a superbement répondu à tout ce que je lui ai demandé. Cela n’aurait pas pu être mieux et il m’a rendu très fier ce soir”, a souligné Steve Guerdat, qui a coupé la ligne d’arrivée en 36’’68.
Déjà quatrièmes sur cette même piste début mars, Callie Schott et Garant ont confirmé leur forme étincelante. Né au sein de l’élevage de la discrète famille Bosch, pourtant à l’origine de pléthores de stars internationales, dont Romanov, ancienne gloire de Bertram Allen, Hoover, brillant avec Aymeric de Ponnat puis passé aux rênes de Julien Epaillard, ou encore Incredible, récent vainqueur du sublime Grand Prix CSI 4*-W de Live Oak International, l’alezan a réalisé deux parcours parfaits avec son amazone américaine. Moins rapides, avec un chronomètre de 37’’88, les deux complices n’ont pas démérité, loin de là. Et si ces deux-là venaient jouer les troubles fêtes au sein de l’escouade américaine, à quelques mois des Jeux de Paris ?
En tout cas, Callie Schott, trente-huit ans, était plus qu’à sa place au milieu des trois cavaliers olympiques qui l’accompagnaient au barrage jeudi soir. “C’était très excitant de pouvoir concourir face à eux”, a-t-elle assuré. “Réaliser un premier sans-faute me paraissait déjà être un vrai accomplissement. Je n’ai pas tant d’expérience dans les barrages de ce niveau, donc j’ai simplement essayé de faire de mon mieux. Si nous faisons partie de la short list pour les Jeux olympiques, je pense que nous essaierons de suivre cet objectif. Sinon, nous ferons ce qui est le mieux pour tous nos chevaux et verrons à partir de là.”
Avec l'excellent Garant, Callie Schott est en forme olympique. © Andrew Ryback Photography / WEC
Aux rênes de la prometteuse RR Combella, qui avait brillé il y a quelques semaines en participant à la victoire de l’équipe irlandaise dans la Coupe des nations du CSIO 4* de Wellington, Shane Sweetnam a pris la quatrième place. Lui aussi impeccable de bout en bout, le représentant du Trèfle n’a pas pris tous les risques au barrage et a arrêté le temps en 39’’44.
Très serré, le temps imparti a privé cinq duos du barrage. Parti en numéro deux, Richard Vogel a été le premier à en faire les frais avec son extraordinaire United Touch S, sanctionné de trois points et dixième. Jur Vrieling et Jourdain VDL ont quant à eux terminé neuvièmes, avec deux points à leur compteur, tout comme Petronella Andersson et son génial Castres van de Begijnakker, huitièmes. Juste devant sa compatriote, la Suédoise Amanda Landeblad a mené For Killy en septième position pour soixante-dix-sept centièmes de trop, tandis que Laura Kraut a définitivement retrouvé son cher Baloutinue au sommet de son art. Sanctionné d’un point elle aussi, pour trente-huit centièmes d’excès, la paire a réalisé un excellent clear round sur les barres et pris la sixième place de l’épreuve. De quoi laisser présager une belle et riche saison 2024, ô combien importante pour tous les athlètes de la planète.
Photo à la Une : Martin Fuchs et Leone Jei ont été les meilleurs jeudi soir à Ocala. © Andrew Ryback Photography / WEC
Toutes les épreuves du CSIO 5* d’Ocala sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.