Harry Charles avait déjà remporté une étape de la Coupe du monde, fin 2021, chez lui à Londres, mais jamais le jeune Sherlock, né Novio vd Donkhoeve, n’en avait fait autant. Pour son quatrième parcours à 1,60m, le fils de Bisquet Balou vd Mispelaere a fait honneur à ses prestigieuses origines et a surtout comblé de bonheur toute son équipe, qui l’a vu évoluer depuis ses cinq ans. Décrit comme une future star par son cavalier, l’adorable bai a profité d’un scénario pour le moins atypique au barrage pour s’imposer et supplanté Max Kühner, en selle sur EIC Julius Caesar, neuf ans, et Armando Trapote, brillant sur son énergique Tornado VS.
“Avant la reconnaissance, je me suis dit qu’un sans-faute serait chouette, même si ce n’est pas ce à quoi nous nous attendions. Sherlock est très vert à ce niveau. Il s’agit de sa quatrième épreuve à 1,60m. Je suis donc déjà ravi d’être qualifié pour le barrage. Je vais essayer de lui donner une bonne expérience au barrage, je ne vais pas tenter le diable ni essayer de gagner. Il s’agit plus de préparation pour l’avenir pour lui. On verra ce que font les autres avant moi, puisque j’ai hérité d’un bon tirage au sort. Quoi qu’il arrive, je ne crois pas être un danger pour les autres concurrents.” Tout sourire avant la finale au chronomètre, Harry Charles, lauréat de l'épreuve majeure de vendredi avec Billabong du Roumois, semblait toutefois bien peu optimiste quant à ses chances de victoire avec son “bébé”, Sherlock, qu’il chérit comme la prunelle de ses yeux. Finalement, avant le passage du Britannique et de celui qui a vu le jour en Belgique, chez l’homme d’affaires Gustaaf Quintelier, sous le nom de Novio vd Donkhoeve, derniers à tenter leur chance dans l’étape de la Coupe du monde CSI 5*-W de La Corogne, les barres n’ont cessé de tomber. Avant eux, seuls deux couples étaient parvenus à réaliser le double zéro tant espéré. Enivré par la possibilité d’offrir à son fils de Bisquet Balou vd Mispelaere un premier triomphe à ce niveau, quelques semaines après avoir signé sa première victoire en Grand Prix 3*, le talentueux et précoce Harry Charles a su opter pour la meilleure des stratégies. Rapide, mais raisonné, efficace, mais réfléchi, il a coupé la ligne d’arrivée finale en 44’’92, dimanche 3 décembre, prenant ainsi sa revanche après avoir terminé deuxième de cette même épreuve l’an dernier, au terme d’un scénario fort différent.
Le poing levé dans les airs après la ligne d'arrivée, Harry Charles a mis quelques secondes avant de prendre conscience de sa victoire. © Mackenzie Clark / FEI
“Dans six mois, je crois que Sherlock sera redoutable”, Harry Charles
“La porte était grande ouverte aujourd’hui. On a toujours l’impression que ce genre de barrage n’arrive qu’aux autres, mais j’ai eu la chance d’en être un acteur aujourd’hui. Je n’arrivais pas à croire que les barres tombaient à droite et à gauche. Ma vision des choses a commencé à changer et je me suis dit que, peut-être, nous pourrions enregistrer une belle performance ici. Pour autant, demander à Sherlock de faire ce qu’il a fait restait une vraie mission pour lui. Je n’arrive pas à y croire… Je n’ai pas les mots pour le décrire. C’est juste un cheval incroyable. Il a gravi les échelons un peu plus vite que je ne le pensais. J’ai utilisé ces deux derniers concours pour lui donner de l’expérience. Il a commis deux fautes la semaine dernière à Madrid, mais le sentiment était très bon et il a sauté avec facilité. Une semaine plus tard, il gagne ! Dans six mois, je crois qu’il sera redoutable. Sherlock est mon bébé, je l’ai depuis qu’il a cinq ans et ai tout fait avec lui. Je ne peux pas expliquer à quel point je suis fier de lui”, s’est réjoui Harry Charles. Issu de la même souche qu’un certain Don Juan vd Donkhoeve, médaillé d’argent par équipe aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021 sous la selle de l’Américaine Jessica Springsteen, Sherlock suivra-t-il les traces de son aîné ? Né en 2013, comme nombre d'autres stars qui se révèlent chaque week-end au plus haut niveau, l’adorable bai sera sûrement encore un peu tendre pour se produire à Versailles, mais les occasions ne manqueront pas à cette perle de l’élevage belge. En plus de son excellente lignée maternelle, développée avec passion par Gustaaf Quintelier, Sherlock n’a pas à rougir de son père, Bisquet Balou vd Mispelaere, qui ne cesse de faire des étincelles cette saison. Après Bisquetta à Chantilly Classic et Beau de Laubry à Stuttgart, voilà que l’étalon, ancien complice de Nicola Philippaerts, voit un autre de ses produits s’imposer dans un prestigieux Grand Prix. Remarquable, d’autant plus que la production du fils de Balou du Rouet reste relativement confidentielle, sa première vraie génération ayant vu le jour en… 2013 !
Pétri de talent, Sherlock, né Novio vd Donkhoeve, est formé par la famille Charles depuis ses cinq ans et semble promis à de grandes choses. © Mackenzie Clark / FEI
F One USA, qui sera prochainement vendu aux enchères, tout près du but
Premier à avoir trouvé les clefs du double zéro, sur les deux parcours dessinés en cette soirée de décembre par Javier Trenor et son équipe, Armando Trapote a fait vibrer et lever le public, son public, grâce à son petit et énergique Tornado VS. “Je suis extrêmement fier de mon cheval. Il a sauté de façon incroyable et a tout donné. J’ai fait de mon mieux et c’est un résultat fantastique pour moi. Je n’ai peut-être pas la même expérience que certains de mes concurrents, mais en partant en fin de barrage, et avec aucun sans-faute avant moi, ma stratégie était de laisser toutes les barres à leur place, sans pour autant être trop lent. C’est ce que j’ai fait et cela a fonctionné. Le public était incroyable, comme tout le monde ici ! C’était une superbe expérience”, a réagi celui qui co-organise le Sunshine Tour aux côtés de sa compagne, Teresa Blazquez - Abascal, elle aussi engagée dans cette épreuve et sanctionnée de huit points lors de l’acte initial, une semaine après son classement à Madrid aux rênes de la géniale Nasa de Toxandria.
Le petit mais brillant Tornado VS ne cesse d'impressionner son monde depuis les Européens de Milan. © Mackenzie Clark / FEI
Un temps en tête, Armando Trapote s’est rapidement fait doubler par Max Kühner, qui a fait profiter son jeune EIC Julius Caesar, neuf ans, de toute son expérience, avant de reculer au troisième rang, à la suite du passage des lauréats du jour. Arrivé en 45’’98, le duo espagnol n’était pourtant pas loin des 45’’69 affiché par son homologue autrichien, mais en équitation peut-être encore plus que dans n’importe quel sport, le diable se cache dans les détails. “J’ai une grande confiance en mon cheval. Il est jeune, mais il a beaucoup de qualités. Il aime être sans-faute. J’ai imprimé un bon rythme, mais sans prendre de grands risques. Mon cheval a encore sauté de manière fantastique”, s’est réjoui Max Kühner, deuxième.
Du haut de ses neuf ans, EIC Julius Caesar a signé deux parcours parfaits dans le manège de Casas Novas. © Mackenzie Clark / FEI
Avec son chronomètre supersonique et un barrage monté au cordeau, Lorenzo de Luca avait toutes les raisons de croire à une place dans le trio de tête, aux rênes de son fabuleux F One USA, visiblement aussi doué en piste qu’à l’élevage. Malgré une faute, l’Italien s’est contenté du quatrième rang. Un poil rageant, d’autant que son complice, désormais hongre mais père de plusieurs chevaux intéressants, et auteur d’un retour progressif depuis juin et après six mois de break, sera mis aux enchères dans moins de dix jours. En effet, à l’occasion d’une vente d’exception, plusieurs candidats pour les Jeux olympiques de Paris 2024 seront sous le feu des projecteurs à Deauville, le 12 décembre prochain. Quoi qu’il en soit, après avoir été éloigné des terrains de compétitions pendant de longs mois, F One USA est bel et bien de retour, lui qui terminait treizième des Mondiaux de Herning en 2022.
Eux aussi très rapides, Henrik von Eckermann, Willem Greve, Mariano Martinez Bastida, Pieter Devos et Christian Ahlmann n’ont pu venir à bout du barrage sans laisser de barre à terre, malgré les efforts de Glamour Girl, Highway M TN N.O.P, Belano vd Wijnhoeve, Mom’s Toupie de la Roque et Mandato van de Neerheide, tous classés, voire gagnants, au plus haut niveau ces dernières saisons. Le Suédois, le Néerlandais, l’Espagnol, le Belge et l’Allemand se sont contentés des rangs cinq, six, sept, huit et neuf. Dix, onze et douzième Santiago Nuñez Riva, Emanuele Camilli et Barbara Schnieper ont été les derniers classés de ce Grand Prix grâce à Chakira, Odense Odeveld et Canice. Qualifiés pour le barrage, Evelina Tovek et Leopold van Asten, n’ont pas été récompensés financièrement malgré les deux parcours bouclés par Moeboetoe v/d Roshoeve et VDL Groep Iron, né C-Iron et issu de la même famille maternelle que Nascar van’t Siamshof.
Coup double pour Harry Charles !
Non content de son triomphe, Harry Charles s’est aussi payé le luxe de prendre les commandes du classement général de la ligue d’Europe occidentale du circuit de la Coupe du monde Longines. Après sept étapes, le Britannique compte cinquante-cinq points, largement assez pour s’assurer une place à Riyad au printemps prochain. Il devance de trois unités son coéquipier Ben Maher, de quatre le vainqueur sortant, Henrik von Eckermann, de treize René Dittmer et de quinze Richard Howley, malchanceux aujourd’hui avec Consulent de Prelet, auteur d’un doublé en Scandinavie en ouverture de la saison indoor, ainsi que Kevin Staut.
Grâce à sa victoire à La Corogne, Harry Charles a pris la tête du classement général du circuit de la Coupe du monde Longines. © Mackenzie Clark / FEI
Le classement général provisoire complet.
Photo à la Une : Le charismatique Sherlock, né Novio vd Donkhoeve, a remporté la plus belle victoire de sa jeune carrière dans le manège de Casas Novas, tout près de La Corogne. © Mackenzie Clark / FEI
Le CSI 5*-W de La Corogne est à (re)vivre sur Clipmyhorse.tv.
