Loin du statut de star, l'homme d'affaire répond sans détour de manière claire... et brève, à nos questions.
Aujourd’hui, le fait d’avoir la société de transport et votre travail ici, qu’est-ce que ça vous apporte ? Ça vous apporte une stabilité dans les chevaux ?
Y. V. : « Oui ça apporte une stabilité. Je peux mettre moins de pression sur mes chevaux ou sur le sport grâce au transport. Il y en a d’autres qui se mettent plus de pression parce qu’ils en ont besoin mais chez moi ce n’est pas le cas. »
Yves et l'étalon Muscaris d'Ariel (Diamant de Sémilly) ont connu de très nombreux succès dont une troisième place aux championnats du monde des jeunes chevaux à 6 ans.
En Belgique, votre talent et vos capacités de cavalier n’ont jamais vraiment été mises en doute et vous avez finalement toujours trouvé l’une ou l’autre personne qui avait un cheval, qui vous a permis de tourner du deux ou trois étoiles. Ça vous convenait bien, ça ? C’était un peu ce que vous cherchiez à ce moment-là, en plus de la société justement ?
Y. V. : « Chez Van Dijck aussi, Muscaris d’Ariel, Prince van de Wolfsakker qui étaient de tous bons chevaux ; quand ils ont été vendus, ça m’a rapporté aussi quelque chose. Entretemps, j’ai toujours continué. J’ai pris un peu d’expérience. J’ai toujours eu de bons chevaux. J’ai toujours tourné et puis un jour, j’ai eu un bon cheval et j’ai pu directement commencer, j’avais l’expérience et je sais comment ça fonctionne. Je ne l’ai jamais vraiment fait ou pas longtemps. J’ai aussi fait la coupe du Monde à Malines et j’ai aussi fait l’une ou l’autre coupe des Nations avec Prince vd Wolfsakker mais c’était chaque fois une courte période puis les chevaux étaient vendus. Mais j’ai toujours monté, j’ai toujours eu de l’expérience, j’ai toujours écouté, j’ai toujours appris et maintenant que j’ai eu Jeunesse, je sais un peu comment ça fonctionne et je pense que j’ai assez d’expérience pour bien gérer même si je n’ai pas vraiment fait de haut niveau avant. »
Quand vous étiez chez Marc Van Dijck, tous ces chevaux que vous avez amenés jusqu’à un certain niveau puis qui étaient vendus, c’était la décision de Marc, vous saviez que c’était l’objectif ou vous étiez concerné par le commerce aussi ?
Y. V. : « Non c’était Marc. Une fois j’ai demandé à Marc pour pouvoir garder un cheval un peu plus longtemps, c’était Prince van de Wolfsakker mais lui c’était un phénomène et j’avais dit « attends, attends et tu vas voir qu’il est beaucoup mieux que… » mais bon finalement, il a fait la vente, il l’a bien vendu et donc voilà. » Mais non parce que chez Van Dijck, on monte et on ne pense pas au commerce. Puis il est vendu, et on se dit « oh, dommage » mais il y a d’autres chevaux et on continue. Mais aujourd’hui ça m’intéresse plus qu’avant : l’élevage, le commerce, le contact avec les éleveurs. Je suis obsédé par l’élevage, moi. J’aime bien. »
Yves et l'étalon Prince vd Wolfsakker (Nabab de Rêve) ont évolué en coupe des nations pour la Belgique.
Mais il y a toujours eu ça finalement parce qu’il y a toujours eu des éleveurs qui vous mettaient des chevaux, des amis qui vous mettaient des chevaux…
Y. V. : « Oui j’ai toujours connu toutes les origines et tout ça. J’ai toujours bien parlé avec les éleveurs. Ça m’intéresse. »
Vous vous entraîniez déjà avec Marc van Dijck avant de travailler pour lui ?
Y. V. : « Oui, déjà quand on était tous petits. Il venait au cours chez nous. »
À un moment donné, on a toujours beaucoup entendu qu’Yves était l’un des plus talentueux cavaliers en Belgique, pas le plus courageux, qui allait juste monter son cheval, qui faisait des concours formidables, qu’il réglait tout en piste. Ça vous a fait un peu mal quand vous entendiez ça ou ça correspondait à ce que vous faisiez à ce moment-là ?
Y. V. : « ça correspondait à ce que je faisais à ce moment-là parce que je ne montais jamais les chevaux mais aujourd’hui, la situation est tout à fait différente parce que Jeunesse je l’ai toujours montée moi-même. J’ai commencé à quatre ans et il n’y a personne d’autre qui l’a montée et qui l’a entraînée. Aujourd’hui, je le fais moi-même, j’adore travailler un cheval. Moi, je préfère un bon quatre ans qu’un cheval de dix ans à un propriétaire qui n’est quand même pas bien assez, je préfère commencer avec un bon quatre ans, ça me donne plus de satisfaction. »
Passionné d'élevage et de génétique, Yves présente les produits de ses juments en avant plan, Madness Vitseroel Z (Mylord Carthago & Jeunesse) et en arrière-plan, Fonzy Vitseroel Z (For Pleasure & Kiki Vitseroel par Accardi du Houssoit Z).
Ça c’est toujours la philosophie que vous avez eue quand vous avez monté les jeunes chevaux ?
Y. V. : « J’ai toujours monté les jeunes chevaux, chez Van Dijck aussi, les quatre ans, les cinq ans, j’ai toujours monté les jeunes chevaux, toujours à Lanaken, à Gesves… j’ai toujours été faire les championnats. »
Quand vous voyez justement, après on a vu beaucoup de chevaux que vous aviez formés comme Cornet d’amour ou d’autres, ça c’était quoi ? C’était une fierté ou une forme de regret à chaque fois que vous les revoyiez plus tard ?
Y. V. : « Ah non plutôt une fierté oui. Et Cornet d’amour, mon beau-père l’avait acheté à deux ans et demi et c’est moi qui l’ai monté à quatre ans, Evelyne l’a monté à cinq ans. C’est moi qui l’ai souvent monté à la maison et je l’ai monté aussi à Gesves et tout ça et puis, il ne convenait pas à 100 % à Evelyne alors c’est son frère qui l’a essayé pendant quelque temps mais il ne convenait pas beaucoup au frère d’Evelyne non plus et donc mon beau-père l’a vendu. Il y avait beaucoup de demandes et il l’a vendu et non, il n’y avait aucun regret après, au contraire, aujourd’hui, on est toujours aussi fier d’avoir eu Cornet, d’avoir formé Cornet. Non pas de regret. »
Quand on voit parfois dans les jeunes chevaux, quand on discute avec vous sur un quatre ans ou un cinq ans, quand vous pensez avoir un bon cheval, c’est très rare qu’il ne confirme pas plus tard ?
Y. V. : « oui oui ».
La pouliche Souplesse Vitseroel (Hallifax vh Kluizebos & Jeunesse).
Ça c’est quand même une capacité que l’on n’a pas toujours ?
Y. V. : « Ça je ne sais pas. »
Ça vous a aidé, vous croyez ? Car vous n’avez pas acheté beaucoup de chevaux ?
Y. V. : « Non ».
Mais quand on voit, il y a quand même beaucoup de chevaux qui sont à bon niveau. Évidemment, Jeunesse qui est à un niveau incroyable. Vous êtes difficile quand vous achetez un cheval ? Qu’est-ce que vous recherchez quand vous achetez un cheval ?
Y. V. : « La sensation doit être bonne quand on est dessus. Jeunesse aussi elle était débourrée, à peine débourrée, je pouvais me mettre dessus et sauter un obstacle mais ce qu’elle faisait à ce moment-là, c’était incroyable. Je n’avais jamais ressenti ça. Elle frappait le sol. Elle faisait un truc qu’un autre cheval ne faisait pas. Aussi, elle venait d’une bonne souche. La grand-mère c’était aussi la grand’mère d’Ultra top Paradijs entre autres, à ce moment-là, je ne connaissais pas encore Venezia d’Ecaussinnes. Elle venait aussi d’une bonne souche, j’ai toujours un peu cherché des chevaux qui viennent d’une bonne souche mais Jeunesse quand je l’ai essayée, j’en ai été fou immédiatement. Même à cinq ans, la sensation dessus était anormale et quand on la voyait sauter en vidéo, c’était assez normal à voir mais dessus, c’était… À chaque fois que je sortais de la piste, je disais « c’est extra » et les gens me regardaient et pensaient « mais qu’est-ce qu’il dit, lui ? » mais la sensation dessus, c’était phénoménal. »
Et comment aviez-vous trouvé cette jument-là qui sortait du débourrage ?
Y. V. : « Oh, elle était chez quelqu’un pour être débourrée et je discutais un jour avec un bon ami à moi qui va assez souvent boire un verre là-bas. Un jour, il m’a dit « je pense qu’il y a un bon quatre ans ici » et voilà quoi, on est allé voir. »
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