Yves Lauwers sous toutes les coutures.

Yves Lauwers, sans tabou !

Il y a un an, j'avais écris que vous faisiez peut-être une erreur en licenciant Gregory Wathelet. Vous m'aviez répondu que les premières prestations de Mozart sous la selle de Michael Whitaker prouvaient le contraire et nous avions décidé d'en discuter lorsqu'un an serait passé. Nous y voilà !

Depuis, Mozart a enchaîné les performances : victoire dans la Coupe des Nations d'Hickstead, 2 ème du Grand Prix CSIO***** de Rome, 4 ème de celui de Rotterdam et Calgary … Seul bémol, pas de participations aux Championnats du monde.

Hugo Gesmeray a été vendu et a participé aux Championnats du monde.

Lady des Hayettes et Quartz Adelheid Z ont disparu des circuits internationaux alors que Merva et Iqbal font des aller retour entre les écuries de James Davenport et Michael Whitaker. Quelques victoires de second rang et une 3 ème place lors de la Coupe des Nations de Poznan pour Iqbal, et une participation encore plus discrète de Merva.

Mozart des Hayettes (Papillon Rouge x Calbonny) lors du CSI***** de Bruxelles

A contrario, Quidame des Hayettes a été la révélation de ce changement.

Quel est votre bilan ?

Je suis toujours enchanté du montage financier. Une saison me coûte désormais 250.000 euros en moins. Là, ce n'est que du positif. Maintenant, en ce qui concerne les chevaux, des amis m'ont un peu reproché de les avoir tous mis chez Michael Whitaker en me disant que j'aurais dû plus m'adapter à leurs qualités pour les répartir entre plusieurs cavaliers. Pourtant, je n'y crois toujours pas. Je pense que la formule est excellente. C'est certain que dans une écurie, on n'a pas 25 stars. La locomotive, c'est Mozart et puisque l'on parle de lui, on peut dire qu'il a confirmé tout le bien que j'ai toujours pensé de lui. Pour rappel, à l'époque, Gregory (ndlr : Wathelet) ne le cachait pas auprès d'autres que c'était un cheval que l'on pouvait sortir de temps en temps, qu'il n'avait pas trop de moyens, qu'il était juste, limite, mais qu'il pouvait le faire. Maintenant, il s'est quand même avéré que le cheval avait tous les moyens car s'il ne les avait pas, il ne serait pas classé aussi régulièrement à la fois en Coupe des Nations et en Grand Prix. Aujourd'hui, que ce soit Michael ou des spécialistes, ils me demandent comment Grégory a pu dire cela. On rêve tous d'en avoir un comme celui-là. On attend toujours une première grande victoire, mais Michael m'a dit « Ca va arriver. » Il n'y a rien à faire, Mozart, c'est le cheval que tout le monde rêve de faire naître chez lui. On l'avait détecté très vite, mais je pense toujours que les cracks se détectent très jeunes, alors qu'il faut parfois un peu de temps pour les chevaux normaux. Quidame des Hayettes Z (Quidam de Revel x Calbonny)

En ce qui concerne Quidame, c'est également dans le bon sens des choses. Gregory était également persuadé qu'elle n'avait pas de moyens. D'ailleurs, il avait refusé de faire le championnat des 7 ans avec la jument en disant qu'elle allait se tuer. Comme quoi, il y a parfois des erreurs dans les deux sens. La jument a vraiment bien évoluée. Quidame a terminé deuxième du Grand Prix de Göteborg avant de remporter celui d'Amsterdam où il y avait 25.000 euros au premier. Mais ce n'est pas une totale réussite, car si la jument est performante sur le sable, elle garde toujours en mémoire sa chute à Hickstead avec Gregory. Il s'était fait très mal et la jument était restée couchée. A cause de cela, elle garde toujours une appréhension sur l'herbe même si Michael nous a dit que ça s'améliorait.

« Elle vient quand même de terminer deuxième d'une épreuve à Sruce Meadows », intervient Kathleen, son épouse.

Oui, il la travaille bien, les choses évoluent dans le bon sens. Un cheval comme Iqbal, on connaissait ses limites et ses qualités. Ce cheval gagne quand même à chaque concours à peu près 10.000 euros de gains, donc c'est un cheval qui gagne sa croûte.

Après, il y a Lady ! Elle s'entend manifestement moins bien avec Michael qu'avec Gregory. Mais il m'avait tout de suite dit que ce n'était pas son type de jument, qu'elle était un peu froide. Et c'est vrai qu'elle convient mieux à un cavalier qui a plus de gabarit, plus de force dans les jambes. J'admets qu'elle n'a pas refait avec Michael les prestations qu'elle avait faites avec Gregory, d'autant plus qu'elle s'est blessée.

En ce qui concerne Merva, c'est un cheval très chaud, très difficile à monter. Elle excellait dans des CSI**, sur des parcours d'1m45. C'était parfait. Maintenant, le problème, c'est que Michael se promène sur de gros CSI où tout est deux trous plus haut et elle se retrouve un peu en porte à faux : Michael n'a pas envie de la tuer en la mettant sur des gros tours et on ne peut pas la mettre tout le temps dans des épreuves de vitesse parce qu'elle chauffe. C'est pour ça qu'elle est un peu difficile à incorporer dans un piquet.

Lord des Hayettes (Adelfos x Calbonny)

J'en oublie deux : Quartz Adelheid dont je pense, et Michael le dit également, qu'il a tous les moyens. Mais malheureusement, il a perdu cet ?il et Michael fait tout ce qu'il peut pour l'aiguiller néanmoins vers une grande carrière. Il faut d'abord obtenir la rectitude dans l'abord des obstacles, ce qui n'est pas encore le cas. C'est pour cette raison que Michael l'engage dans des épreuves quelques peu déclassées pour obtenir une facilité de monte dans les grosses épreuves ultérieurs.

Puis il y a le cas d'Hugo Gesmeray, qui a été très bien vendu et c'était le but de mon arrangement avec Whitaker.

En fait, Michael prend tout en charge : médicament, vétérinaire, maréchal-ferrant, tout. Je ne paie plus un franc, je n'ai évidement pas tous les gains, seulement 25%. Mais dans ce package, il gère chaque cheval avec ses défauts et ses qualités avec évidement Mozart comme cerise sur le gâteau puisqu'ils ont déjà pris 300.00 euros de gain à eux deux. C'est certain que la déception, c'est Lady, mais pour le reste, je suis entièrement satisfait de ma collaboration avec Michael et de la gestion qu'il fait de mes chevaux. Je n'en veux pour preuve que lorsque je lui ai donné mes chevaux à monter, il était 19 ème mondial et aujourd'hui, il se retrouve à la 11 ème place mondiale. Je pense donc lui avoir amené un piquet de chevaux qui lui a permis de gagner 8 place dans les 20 premiers mondiaux, ce qui n'est pas facile du tout.

Vous avez toujours été habitué à diriger la carrière de vos chevaux, est ce que ça n'a pas été trop dur de devenir «spectateur» ?

 

« Non, pas du tout. Je pense qu'à l'époque, nous avons surtout beaucoup dirigé l'écurie, car Gregory est un excellent cavalier, mais en aucun cas un gestionnaire. Ce n'est pas quelqu'un à qui l'on peut donner les clés de l'écurie et lui dire occupe-toi de tout. Il a besoin de quelqu'un. J'en veux pour preuve, à Chantilly, il a Philippe Guerdat qui court derrière lui et qui lui sert de manager. C'est un cavalier, mais en aucun cas un gestionnaire. Il ne veut pas s'occuper de cela, c'est d'ailleurs ce qu'il m'a dit lorsqu'il est arrivé ici : « Je suis débarrassé de tous les trucs qui m'emmerdaient. » Mais bon, on gère toujours notre écurie mais nous ne nous occupons plus que des jeunes chevaux, comme nous l'a toujours fait d'ailleurs. Nous avons moins de chevaux, c'est vrai, mais on dit toujours, gérer c'est prévoir et prévoir, c'est savoir déléguer. Nous avons délégué le haut niveau à Michael Whitaker, nous en sommes très contents. Nous gérons les jeunes, ça nous prend pas mal de temps même si c'est plutôt mon épouse qui s'occupe de cette partie, ayant moi-même plus une fibre élevage. Le but est toujours de détecter les futurs cracks qui vont pouvoir intégrer le piquet de chevaux de cavaliers de haut niveau. Maintenant, en ce qui concerne le fait de ne plus gérer l'écurie de concours, ça ne me dérange pas. Car malheureusement, cela voulait dire payer des tables, ses entrées dans les gros concours. Aujourd'hui, je n'ai plus ce soucis : Michael a ses entrées et dans les jeunes chevaux, c'est encore raisonnable à ce point de vue là. »