Yves Lauwers, sans tabou ! (3/5)
Est-ce que vous pensez qu'avoir votre écurie de compétition et votre élevage bien distinct est un atout ou un point faible ?
Cela s'est fait comme cela, car je ne pouvais pas m'étendre à Falaën. J'ai un très bon fermier, avec lequel je m'entends très bien, et qui occupe la ferme juste en dessous de chez moi en utilisant 150 hectares de terres agricoles que je lui loue. J'ai pu, moyennant des efforts surhumains, récupérer quelques petites prairies pour en faire des paddocks.


Finalement, je pense que la séparation de l'écurie de sport et de l'élevage est une assez bonne chose dans le sens où le personnel employé pour ces deux activités n'est pas du tout le même. C'est une tout autre philosophie, mais également d'autres horaires. C'est vrai que maintenant, c'est parfois mélangé, mais au départ les étalons restaient au haras et le sport se faisait à part, donc finalement, la séparation me semble assez logique.
Vous avez souvent eu pour habitude d'utiliser vos propres étalons, quelles en sont les raisons ?
Au départ, cela vient d'une logique tout à fait réfléchie. J'ai tout simplement horreur d'aller à un étalon que je n'ai pas vu sauter et dont je ne connais pas les caractéristique de saut : le geste des antérieurs, la force, le geste des postérieurs car j'essaie de faire toujours ce qu'il y a de plus judicieux au point de vue de la complémentarité technique. Par exemple, un étalon qui est très lent devant, je vais le croiser avec une jument très vite devant… etc. Après, il faut évidement espérer que les poulains prennent les qualités des deux parents et non leurs défauts, mais ça, c'est le triste sort de l'éleveur.




Ce n'est pas du tout le but recherché, en effet. Je n'ai pas l'âme de vendeur, c'est pour cela que j'ai confié tout cela à Linalux qui s'occupe du reste du monde alors que je vends moi-même quelques saillies en France chaque année. Là, je m'en occupe personnellement, car c'est un marché que je connais bien et où les gens me connaissent aussi. Mais mon but est avant de tout d'avoir une structure qui fait naître des chevaux qui vont pouvoir évoluer sur les plus beaux terrains du monde. C'est ça mon but. Il n'a jamais été question dans mon esprit d'essayer de vendre de la semence ou des saillies, ni même des chevaux à 3 ans lors des ventes. Mon but, c'est de faire naître des champions à confier à des pilotes de grands renoms.
J'ai eu le plaisir de recevoir le magazine « L'éperon » au tout début lorsque Merva et Mozart avait successivement gagné le championnat de France et le championnat du monde. Il avait fait un reportage d'une douzaine de pages sur mon élevage et en conclusion, il me demandait quel était mon souhait et je leur avais répondu que j'espérais être dans le top 50 avec mon cavalier, ce qui a déjà été fait deux fois avec Grégory et maintenant Michael, et de remporter le Grand Prix d' Aix-la-Chapelle. Là, je pense que j'ai été un peu ambitieux, mais enfin, qui sait : ça pourrait arriver un jour. En tout cas, je continue de croire que lorsqu'on arrive à un certain niveau et que l'on monte sur le podium à Aix-la-Chapelle, on a fait le tour de sa carrière et l'on ne fera jamais beaucoup mieux après. Finalement, mon ambition est toujours la même : voir mes chevaux avec les meilleurs cavaliers sur les plus beaux terrains de concours et Aix-la-Chapelle a toujours été le terrain mythique pour moi car même s'il y a des terrains plus beaux, plus esthétique au monde, Aix, ça reste la Mecque des sports équestres.