Dans ses rêves les plus fous, le jeune Yuri Mansur s’imaginait sans doute gagner un jour le Grand Prix du CSIO 5* de Rome. Au lendemain de son quarante-sixième anniversaire, le rêve s’est transformé en réalité pour le Brésilien. Lauréat du quatrième Grand Prix 5* de sa carrière, il a imposé, comme à Hambourg en 2024 et Fontainebleau le mois dernier, une certaine Miss Blue Mystic Rose, alias Miss Blue*Saint Blue Farm. La fille de Chacco-Blue a réalisé le meilleur double sans-faute de l’après-midi sur la place de Sienne, supplantant Cian O’Connor et C-Iron, alias Iron Man, ainsi que Nina Mallevaey et son excellente Dynastie de Beaufour.
Deux sur deux. Pour sa première sortie internationale depuis sa victoire dans le Grand Prix 5* de Fontainebleau fin avril, Miss Blue*Saint Blue Farm, née Miss Blue Mystic Rose au Brésil, au haras Santa Rosa, a encore fait rêver son entourage, à commencer par son cavalier, Yuri Mansur, et sa groom concours, Oona Eerola. La fille de Chacco-Blue au talent indéniable s’est montrée irrésistible sur la place de Sienne, empochant le Grand Prix CSIO 5*, dimanche 25 mai. Après Hambourg et Fontainebleau, en plus d’une victoire dans le Prix de l’Europe à Aix-la-Chapelle, la belle ajoute à sa collection un nouveau Grand Prix de prestige.
Pour la troisième fois de leur carrière commune, Yuri Mansur et Miss Blue ont défilé en tête du tour d'honneur d'un Grand Prix 5*. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Un Grand Prix à la hauteur de l’enjeu
En conclusion d’un week-end de grand sport au CSIO 5* de Rome, Uliano Vezzani a proposé un parcours à la hauteur de l’événement à l’occasion de l’épreuve reine en individuel. Parfaitement dosé, son tracé a permis de dégager neuf sans-faute sur quarante-cinq, pour douze prétendants à la deuxième manche. Quelques cadors sont passés au travers, comme les Allemands Mario Stevens et Katrin Eckermann, qui ont abandonné avec Starissa et Iron Dames*Cala Mandia, pas aussi brillants que d’ordinaire vendredi déjà dans la Coupe des nations. Scott Brash, Max Kühner ou encore Lillie Keenan, terminent, une fois n’est pas coutume, en bas de tableau avec leurs respectifs Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof, EIC*Cooley Jump The Q et Argan de Béliard. Et puis, onze paires ont quitté la piste avec une faute. Si les chronomètres de Rodrigo Pessoa, aux rênes de Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve, alias Major Tom, Steve Guerdat, accompagné par Albführen’s*Iashin Sitte ou Olivier Perreau, juché sur sa médaillée olympique GL Events*Dorai d’Aiguilly, n’ont pas suffi pour obtenir un classement, Martin Fuchs, Giulia Martinengo Marquet et Janne Friederike Meyer-Zimmermann se sont frayé un chemin en deuxième manche. Le Suisse, l’Italienne et l’Allemande ont pu compter sur Hay El Desta Ali, alias Leone Jei, Delta del’Isle et Dubaï du Cèdre. Le premier a réussi un très bon clear round pour son second parcours, pour une septième place finale, tandis que les deux Selle Français n’ont pu éviter une nouvelle faute chacun, très certainement imputable au rythme élevé imposé par leurs cavalières dans cette finale contre la montre. L’agile petit bai et la puissante alezane au label Originel concluent finalement au neuf et dixième rangs.
Belle opération pour Martin Fuchs et Leone Jei, septièmes malgré une faute en première manche. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Si Martin Fuchs en a tiré profit, Emilie Conter et Lorenzo de Luca, eux, ont davantage pâti du format de ce Grand Prix en deux manches. En effet, la Belge n’a pu éviter deux fautes dans le double aux couleurs du sponsor de l’épreuve, Rolex, avec son excellente fille de Bamako de Muze, Portobella van de Fruitkorf. L’alezane, lauréate d’un Grand Prix 5* à Wellington avec son amazone, se contente cette fois de la onzième position. Engagé avec Jappeloup, qui a montré de très belles choses pour son troisième parcours à 1,60m avec lui, Lorenzo de Luca a péché sur le numéro 3 puis sur l’ultime oxer du second parcours. Si ce n’était pas pour cette fois, le double zéro ne semble pas loin pour ce duo prometteur.
Pas de double sans-faute aujourd'hui pour Emilie Conter et Portobella van de Fruitkorf, mais un beau classement tout de même. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Des confirmations et des indications avec les Européens de La Corogne
Premier Grand Prix 5*, qui plus est lors d’un CSIO, double sans-faute et quatrième. Qui dit mieux ? Quatrième à tenter sa chance face au chronomètre, le jeune et talentueux Seamus Hughes Kennedy a saisi sa chance et ne l’a pas laissé passer. Avec la complicité de son fidèle ESI Rocky, dont il a assuré toute la formation internationale et avec lequel il fut doublement médaillé d’or lors des championnats d’Europe Jeune cavalier de Gorla Minore en 2023, le représentant du Trèfle a une nouvelle fois prouvé ses qualités de pilote et ses nerfs d’acier. Décidément à son aise en Italie, le couple n’a pas fini de faire parler de lui, d’autant que le bai, fils de l’excellent Stakkato Gold et petit-fils de For Pleasure, n’a que dix ans. De quoi rêver d’un brillant avenir.
Quelles démonstrations pour Seamus Hughes Kennedy, pensionnaire de la Young Riders Academy, et ESI Rocky ! © Sportfot
Un autre Irlandais s’est aussi distingué à Rome. Cian O’Connor, décidément très à l’aise aux rênes du démonstratif C-Iron, alias Iron Man, s’offre un nouveau classement. Fraîchement entré dans le Top 10 mondial, le cavalier aux multiples casquettes a rallié la ligne d’arrivée en 35’’76, synonyme de… deuxième place finale. Sixième à Fontainebleau fin avril, la paire a encore vu la victoire lui filer entre les doigts, comme à Ocala et Abou Dabi un peu plus tôt dans l’année ! Quoi qu’il en soit, sa régularité ne doit pas laisser Michael Blake indifférent, à quelques mois des championnats d’Europe de La Corogne.
Cian O'Connor et son fantastique gris ont encore marqué des points en signant un nouveau double sans-faute. © Sportfot
Bien partie pour battre le temps de référence imposé par Cian O’Connor, Nina Mallevaey a finalement perdu quelques précieux centièmes en cours de route, notamment dans la dernière ligne, après un début de parcours au cordeau avec sa crack Dynastie de Beaufour. D’une aisance remarquable, les deux complices se rangent à la troisième position. Et, encore une fois, la Tricolore prouve que sa place est bien là, parmi l’élite. Avec deux juments de très, très haut niveau, la championne de France en titre et leader du classement mondial des cavaliers de moins de vingt-cinq ans semble légitimement partie pour s’imposer comme un pilier des Bleus, pour cette saison et celles à venir. Et un voyage en Espagne cet été semble de plus en plus évident.
Nina Mallevaey encore et toujours au rendez-vous, cette fois grâce à Dynastie de Beaufour. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Moins rapide que ses homologues du jour, Stephan de Freitas Barcha n’a pas manqué d’efficacité avec sa Chevaux*Primavera*Imperio Egipcio, de retour au meilleur de sa forme après une saison 2024 et un début d’année allégés. Le Brésilien, double sans-faute et cinquième, a ouvert la voie à son compatriote Yuri Mansur. Alors que le chronomètre intermédiaire laissait penser que la victoire ne serait pas pour lui, l’Auriverde a ouvert les doigts et laissé filer sa si douée Miss Blue sur la dernière ligne, pour couper les cellules en… 35’’65. Applaudi par Uliano Vezzani en quittant l’arène, le quarante-neuvième mondial n’avait pourtant pas encore course gagnée. Et les tentatives de Laura Kraut, sur la bondissante Bisquetta, et Ben Maher, en selle sur son exceptionnel Point Break, ont dû lui donner des sueurs froides. La première est partie à une vitesse folle, surprenant quelque peu sa partenaire, obligée de produire un saut peu académique pour s’extirper du troisième vertical du tracé raccourci, avant de renverser l’entrée du double suivant. Rageant, puisqu’à l’arrivée, le chronomètre est dithyrambique : 33’’39 et plus de deux secondes d’avance sur Yuri Mansur ! Mais la victoire en Grand Prix 5* devra attendre pour ces deux-là, déjà aux honneurs à Chantilly Classic en 2023 et cette fois bonnes sixièmes. Après quelques instants de suspense, en raison d’un fer perdu au paddock, Ben Maher et Point Break, victime d’une chute sur le sable de Windsor le week-end dernier, ont tenté de ravir la victoire. Mais, eux aussi ont été les victimes du vertical défendant l’entrée du double Rolex. Un peu sur la retenue, le fils d’Action-Breaker s’est fortement reculé de la combinaison et n’a pu éviter la faute. Après une fin de parcours moins véloce, l’étalon est huitième. Soulagement et bonheur pour Yuri Mansur, qui poursuit son rêve et ravit le quatrième Grand Prix 5* de sa carrière, après ceux de Hickstead en 2017 avec Babylotte, Hambourg en 2024 et Fontainebleau en 2025 aux côtés de cette géniale Miss Blue Mystic Rose.
Miss Blue décroche les étoiles les unes après les autres. © Sportfot
Photo à la Une : Miss Blue a offert un joli cadeau d'anniversaire à son cavalier, un jour après qu'il a soufflé sa quarante-sixième bougie ! © Dirk Caremans / Hippo Foto