Yuri Mansur, le jaune lui va si bien.
Maintenant, vous commencez à penser aux JEM ?
Y.M. : « Oui, après Rotterdam, j'ai profité un peu. Ce n'est pas longtemps que je laisse venir ce feeling mais je suis un peu léger car j'avais beaucoup de pression sur les épaules. Désormais, je dois me reconcentrer sur cet objectif. Je dois faire un travail mental pour me dire que c'est possible d'aller en finale. Je pense que c'est vraiment possible quand je vois ce que mon cheval a fait à ses derniers concours mais pour nous qui venons du Brésil, c'est difficile de croire que c'est vraiment possible. Alors la première chose que je veux, c'est en être véritablement convaincu. » Yuri Mansur avec sa femme, Louisie Weber, et leur fils.
Actuellement, tous les regards sont portés sur le Brésil à travers les télévisions pour le mondial de football et vous, vous êtes ici !
Y.M. : « Oui, c'est vrai. Vous savez, j'adore ça, j'adore la coupe du monde et la seleçao alors c'est difficile d'être ici mais c'est aussi fantastique. Pour nous, au Brésil, le football, c'est quelque chose de vraiment important … mais je me rends compte que c'est important partout ! Pour un match de la Belgique, tout le monde s'arrête pour regarder. C'est donc un peu la même chose et c'est chouette de voir cela. C'est un sport national ici aussi. »
Vous avez fait votre formation sans vraiment intégrer le « clan Pessoa », c'était pour vous un avantage ou une difficulté au moment d'intégrer l'équipe ?
Y.M. : « Pff. Je ne peux pas dire que c'était un avantage mais à la fin, je pense que c'était un chemin plus riche pour moi. Cela m'a vraiment permis de sortir de la culture brésilienne que ce soit pour monter ou sur la manière dont on fait les choses. Necco dit toujours qu'à la fin, il n'existe qu'un système mais c'est quand même bien de voir de quelle manière Ludo travaille, c'est intéressant de voir comment les chevaux sont débourrés en Belgique, chez Yves Vilain.
Si j'étais arrivé directement chez Rodrigo ou Neco, j'aurais juste vu ce qu'était le haut niveau dans le sport, pas l'envers du décor. C'est ça aussi l'avantage de Neco, c'est qu'il a tout vu, tout vécu dans sa vie. A un moment donné, j'ai rencontré Neco et nous sommes aujourd'hui assez proche, nous parlons beaucoup. Il fait partie des personnes avec qui j'apprends beaucoup, en parlant avec lui. Je m'entends aussi assez bien avec Rodrigo aujourd'hui. Alors je ne sais pas si c'est un avantage ou pas mais je pense que j'ai suivi le meilleur chemin. Je suis arrivé près d'eux lorsque j'étais prêt. Et je pense que je peux désormais utiliser tout ce qu'ils peuvent m'apporter aujourd'hui tout en ayant aussi appris par ailleurs. »
L'intronisation de Jean-Maurice Bonneau à la tête de l'équipe Brésilienne, comment l'avez-vous vécue?
Y.M. : « C'est sûr que c'est mieux qu'avant ! C'est mieux organisé et en plus, il s'est battu, grâce au nouveau système, pour obtenir des équipes dans de beaux concours. C'est aussi beaucoup plus équitable car avant, il y avait un cavalier qui sautait le 4* de Fontainebleau pendant que l'autre faisait un trois étoiles en Allemagne … et il y avait toujours des discussions. Je sens qu'il est motivé. Il a réussi à changer beaucoup de choses en Europe et je sens qu'il aimerait aussi changer beaucoup de choses au Brésil mais c'est difficile de faire bouger notre fédération. Il ne sait jamais le programme qu'il va suivre là-bas. Je pense que c'est nécessaire d'avoir quelqu'un pour nous entrainer au Brésil, quelqu'un qui soit capable de nous dire si notre cheval est bon assez pour que nous le gardions ou pas. Quand tu es au Brésil et que tu commences à gagner, tu penses que ton cheval c'est Baloubet du Rouet ! Il faut quelqu'un pour guider les cavaliers, quelqu'un qui pourrait aussi faire changer ce problème avec les jeunes chevaux… Jean-Maurice Bonneau fait vraiment du bon travail et il nous fait progresser. En plus de La Baule et Rotterdam, il nous a également eu des invitations pour Aix-la-Chapelle et Dublin mais finalement il a pensé que ce serait un peu trop pour les chevaux. Tout cela, c'est un peu son mérite. »
Quand on voit votre parcours, vous souhaiteriez que plus de cavaliers brésiliens puissent venir en Europe ou que le sport évolue au Brésil ?
Y.M. : « Ce que l'on doit faire, c'est faire évoluer notre sport au Brésil. Réussir à mettre plus d'argent, rendre plus technique, avec de meilleurs obstacles … puis ensuite ramener les 3, 4, 5 meilleurs en Europe. J'ai beaucoup parlé avec McLain Ward qui me disait que lui il venait en Europe juste pour savoir où il en était. Quand on voit, que McLain est venu des USA pour aller directement à la finale de la Coupe du monde, la semaine suivante et il remporte le Grand Prix du Global à Anvers … puis il rentre aux USA. Si tu peux faire ça, c'est toujours mieux … tu ne dois pas subir le froid de l'Europe ! (rire). C'était aussi mon but en préparant mes chevaux au Brésil durant deux ans. Aujourd'hui, ils sont prêts et si on arrive à faire chaque fois mieux, c'est encore mieux. C'est aussi l'expérience qui commence tout doucement à parler. »
Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?
Y.M. : « Ah … de monter aux Jeux Olympiques ! Je travaille pour ça tous les jours. Après ça, je n'en ai aucune idée mais jusque-là, mon chemin, ce sont les Jeux Olympiques. »