Yuri Mansur, le jaune lui va si bien. Lorsque vous venez en Europe pour acheter des chevaux, qu'est-ce qui vous fait acheter un cheval plus qu'un autre ? Y.M. : « Vous savez, chaque fois que j'ai voulu pensé comme ça, je me suis trompé. Moi, c'est au feeling. Il faut toujours que je pense que le cheval est intéressant pour moi et ce ne soit jamais en me disant que c'est un cheval que je veux vendre et qu'il pourrait correspondre à telle ou telle personne. Il faut que ce soit un cheval que j'ai envie d'emmener au concours, même si ensuite, je le vends. Je dois apprécier le cheval avant de l'acheter, même si je ne sais pas très bien expliquer pourquoi. »
Quel était votre sentiment lorsque vous avez essayé First Devision pour la première fois ?
Y.M. : « C'est vraiment une drôle d'histoire. J'avais déjà Amor depuis un an lorsque j'ai acheté First Devision. J'avais donc Amor comme référence. Je m'étais dit que c'était un cheval différent et que c'est avec lui que ma carrière allait réellement commencer. Je suis ensuite venu en Europe pour essayer des chevaux alors que Vip était malade, il avait de l'infection. Le jour où j'ai essayé First Devision, Vip est mort mais lorsque je suis descendu, j'ai dit : « Ca, c'est un cheval qui est peut-être encore meilleur qu'Amor. » J'ai téléphoné à un très bon ami au Brésil pour le lui dire et il m'a répondu « Impossible ». Je lui ai dit que je le pensais vraiment alors il m'a répondu de l'acheter… Au départ, je l'ai revendu à quelqu'un au Brésil mais cette personne a trouvé le cheval un peu trop difficile. Je n'avais pas l'argent pour acheter un cheval tout de suite à ce moment-là mais quand le gars m'a appelé, j'ai remonté le cheval et j'ai dit au gars : « Ecoute, mais pour moi, le cheval est vraiment fantastique. » … et je l'ai racheté avec l'argent que j'avais touché de l'assurance de Vip. C'est comme ça que j'ai pu l'acheter. C'est vrai qu'au début, First Devision était très difficile. Lesley McNaught est venue plusieurs fois au Brésil et m'a aidé avec lui. Elle m'a toujours dit que c'était un bon cheval et je n'en ai pas douté. Jusqu'au mois d'août de l'année dernière, j'avais vraiment difficile, je ne pouvais pas le monter. Puis tout d'un coup, il a terminé deuxième d'une épreuve de coupe du monde, il a été vice-champion du Brésil senior alors qu'avant ça, je ne trouvais pas le bon système. Il n'y a rien à faire. C'est un fils d'Andiamo. Il a un galop particulier comme son père puis autant il est calme quand on s'en occupe autant une fois en piste, il a énormément d'énergie. En parcours, il venait sur les obstacles en se mettant de travers. Il se décale toujours d'ailleurs mais moins fort. L'équilibre a toujours été incroyable mais j'ai commencé à faire du vrai « schooling » à la maison, de manière exagérée même. Par exemple, je mettais une ligne de 14 mètres en montant jusqu'à un mètre trente et je fais cinq foulées. C'est vraiment dur, un peu comme Jos Lansink peut faire. Après cela, ça a été de mieux en mieux. »
Avec vos jeunes chevaux, il y a un circuit spécial au Brésil ?
Y.M. : « Ca, c'est une catastrophe au Brésil. Il y a une dispute entre les chevaux européens et les chevaux brésiliens. Les gens n'arrivent pas à avoir la mentalité que la concurrence est la meilleure chose. Quand on regarde le nombre de races qu'il y a en Allemagne, quand on voit le nombre de système qu'il y a là-bas, on comprend que ce pays soit bien. Au Brésil, il n'y a pas un seul concours où tu peux sauter une épreuve de jeunes chevaux avec un cheval européen, c'est interdit. Juste le championnat Brésilien mais le circuit, vous ne pouvez pas.
Je pense que c'est pour ça que mes chevaux ont été prêt si jeune, c'est parce qu'à six ans, ils sautaient déjà les petites épreuves des deux premiers jours qui devaient être à 1m35. Je ne le faisais pas souvent mais comme je faisais de beaux concours au Brésil, je ne peux pas sauter les petites épreuves … mais comme j'ai toujours cru que ces deux chevaux allaient être très bons, je voulais vraiment faire le travail moi-même et ne pas les confier à d'autres cavaliers. Ma solution était donc celle-là : une fois par mois, je les emmenais dans un beau concours, je faisais les deux premières épreuves mais je ne sautais pas le « petit Grand Prix » le troisième jour. Le reste du temps, je travaillais leur dressage à la maison. Au Brésil, il n'y a pas non plus cette culture d'aller sur d'autres pistes comme vous avez ici De Warre ou Opglabbeek. Parfois, on peut aller au club pour faire un entrainement mais le terrain n'est pas super. Mes chevaux n'ont pas fait beaucoup de concours dans leur vie. Ils ont chacun fait 7 concours l'année passée et 6 l'année avant. »
Aujourd'hui être en Europe avec quatre chevaux, cela ressemble un peu à des vacances ou vous en profitez pour bouger beaucoup et voir beaucoup de chevaux ?
Y.M. : « Oui, je profite de cela. Presque tous les jours, je vais voir des chevaux. Ici, je monte le matin et l'après-midi, avec le décalage horaire, mon téléphone commence à sonner. Louisie s'occupe de l'administratif avec l'ordinateur et moi, j'essaie d'acheter et de vendre des chevaux. Je veux aussi profiter d'être ici pour faire du commerce et vendre aussi un peu en Europe. Lorsque j'étais aux USA, j'ai aussi entre-ouvert des portes. Partout où je suis, j'essaie de faire des choses. Ici, nous avons vendu la jument de mon élève Geisha van Orshof à Stephan Conter. Tout le monde était content, c'est une bonne jument et Stephan est aussi content avec la jument. » La suite, c'est demain.