Yuri Mansur, le jaune lui va si bien. Comment faites-vous la distinction entre vos chevaux de commerce et ceux qui sont là pour le sport ? Y.M. : « En fait, j'ai toujours voulu me trouver deux très bons chevaux. Je les ai trouvés aujourd'hui et les autres sont des chevaux de commerce. Parfois, je me trompe aussi. J'achète un cheval de commerce et après quelques mois, on se rend compte que c'est un très bon cheval. Mais j'ai fait une véritable séparation alors un cheval comme cela restera à vendre. Je ne monte d'ailleurs jamais les chevaux de commerce. »
C'est une fierté aussi pour vous, au Brésil, d'arriver dans un concours et de voir les chevaux que vous avez vendus ?
Y.M. : « Oui ! C'est magnifique. De temps en temps, tu ne crois même pas que c'est toi qui as fait cela et tu te demandes comment tu y es arrivé. Cela ne s'est pas fait d'un coup, j'ai commencé à le faire et cela s'est amplifié petit à petit. J'ai beaucoup travaillé mais c'était aussi un plaisir de le faire. C'est quelque chose que j'aime beaucoup. Le fait de trouver un cheval, de le vendre, j'aime beaucoup. En fait, plus globalement, j'aime le commerce mais j'ai plus de mal avec le côté administratif, d'autant qu'aujourd'hui, nous avons 25 employés. Il faut aussi s'occuper des déplacements des chevaux, des papiers d'importation, d'exportation … C'est quelque chose de vraiment difficile pour moi, ce n'est pas mon affaire. C'est plus simple depuis que Louisie s'en occupe mais c'est difficile pour elle aussi. En fait, j'aimerais être plus petit et mieux organisé. Je parle beaucoup de cela avec Ludo car lui aussi, il a une grande affaire avec beaucoup de chevaux et je me demande où est le bon équilibre dans tout cela. Je me dis parfois qu'avoir trop, ce n'est pas encore ce que je veux faire tout à fait. »
Revenir en Europe avec cette fois son piquet de chevaux pour faire des gros concours après avoir quitté l'Europe sans un cheval …
Y.M. : « C'est énorme. Il y a 12 ans qui se sont écoulés entre cela. C'est rapide et c'est incroyable. Cette année, j'étais dans la chambre de l'hôtel avant la coupe du monde avec la certitude que je pouvais être en finale et la sécurité de même espérer pouvoir faire bien à la finale. Cela s'est presque produit car sans le premier jour, avec Amor, j'aurais été dans les 12 premiers ! C'est mon rêve, j'ai travaillé tout le temps pour cela ! C'est un sentiment incroyable d'avoir un peu le respect des bons cavaliers qui viennent te féliciter. Néanmoins, il faut être prêt pour cela quand tu arrives à un tel évènement. Au début, on se dit un peu « waw » mais au final, c'est un peu normal aussi comme tu as travaillé pour cela. » Quand vous revenez chez Ludo Philippaerts avec un piquet de quatre chevaux de Grand Prix, le regard de votre ancien employeur a changé ? Y.M. : « Je dis toujours avec Ludo, nous avons beaucoup d'histoires ensemble et finalement, c'est un peu comme un mariage. Je suis arrivé ici, j'avais 18 ans. J'ai vu Olivier et Nicola faire leur premiers sauts à poney. J'étais ici quand son papa est décédé. Il était chez moi quand mon fils est né … Et il m'a vu quand j'ai débuté. D'ailleurs, il rigole toujours en disant que je n'avais même pas de valise, que j'avais juste un sac. J'ai appris beaucoup avec lui, il m'a donné beaucoup d'expérience et nous échangeons toujours beaucoup ensemble.
Cela fait maintenant sept ans qu'il vient au Brésil en début d'année. C'est différent car ce n'est pas « Ludo Philippaerts » qui est là, c'est un homme beaucoup plus normal, moins occupé, plus tranquille. On parle aussi des choses de vie. C'est sûr qu'il me voit plus en tant que cavalier qu'avant peut-être … mais c'est une construction qu'il a vu évoluer avec le temps donc ce n'est pas étonnant pour lui. Je pense que ça doit être beaucoup plus étonnant pour Yves Vilain, s'il me voit à la télévision en finale de la coupe du monde que pour Ludo. » (rire)
Ici, il y a un échange que ce soit avec Ludo Philippaerts ou ses fils ?
Y.M. : « Chacun a ses écuries et chacun s'en occupe. On échange un peu … mais finalement, on fait tellement de concours que l'on n'est pas souvent aux écuries. Ce qui était bien, c'était avant la finale de la coupe du monde où nous nous sommes entrainés beaucoup ensemble. Ludo m'aide toujours et je monte aussi un peu ses chevaux. Il y a toujours un échange même si chacun a son truc à lui. »