Yuri Mansur, le jaune lui va si bien. Lorsque vous êtes arrivé en Europe, vous vouliez y rester longtemps ? Y.M. : « Oui, je voulais y rester toute ma vie ! Mais la réalité quand tu es là, que tu es jeune et que tu n'as pas l'expérience, c'est très dur. Le chemin n'est vraiment pas aisé. J'étais vraiment très heureux chez Ludo Philippaerts qui a toujours été vraiment super avec moi mais avec Neil Jones, la relation était plus difficile. C'était le moment où Edwina Alexander était encore là. Tout cela n'était pas facile pour moi et à un moment donné, j'ai dit à Neil que j'allais arrêter de monter pour lui après 2-3 ans de collaboration. J'ai décidé de rentrer au Brésil et d'aider ma maman au sein de son école. Je suis devenu professeur et psychologue. Je n'avais pas d'argent, juste quelques opportunités mais cela me permettait aussi de quitter le froid que je déteste et auquel je ne me suis jamais acclimaté. Yuri Mansur et son crack First Devision (Andiamo x Perhaps vh Molenvondel). Pendant trois mois, j'ai complètement arrêté de monter à cheval. Le problème, c'est qu'au départ, l'école de ma maman fonctionnait très bien mais la région s'est transformée en quelque chose de beaucoup plus commercial et il n'y avait presque plus de maisons … donc plus d'enfants pour l'école. Cette école qui était pour les enfants de 4 à 17 ans devenait trop éloignée des habitations. Mais à un moment, je me suis dit « Non, je dois monter ! », même si je ne savais pas comment j'allais m'organiser. J'ai donc monté pour un marchand qui était le plus grand au Brésil, à cette époque. Néanmoins, quand j'ai travaillé là-bas, je me suis dit que je pouvais faire mieux que ça. J'avais vu Ludo, Neil et beaucoup d'autres en Europe. Ce que l'on faisait au Brésil était très différent et je me suis dit : « si un jour j'en ai l'opportunité, c'est cela que je veux faire. C'est le seul moyen que j'ai de pouvoir sponsorisé mon sport comme j'en avais vraiment envie… » Mais c'était dur car lorsque j'ai commencé là, je n'avais pas de voiture et pas de cheval ! Je me suis demandé comment j'allais bien pouvoir y arriver. J'ai continué à travailler et petit à petit, j'ai commencé à faire un peu de commerce. En deux, trois ans, j'ai quand même vendu 150 chevaux et j'ai pu commencer à garder un peu. Ce que j'ai toujours fait, c'est que tout l'argent que je gagnais, je le dépensais de nouveau dans l'achat d'autres chevaux pour tenter de toujours améliorer la qualité. Les choses ont commencé à grandir. Au début, je louais une bonne place puis j'ai acheté ma propriété. J'ai quitté chez Ludo en 2000 et je l'appelais parfois de temps en temps pour lui souhaiter un joyeux noël ou des choses comme cela et en 2007, c'était assez amusant car il a entendu que je faisais un peu de commerce. Je commençais à importer un peu de chevaux au Brésil. J'avais commencé au début avec Azevedo ainsi qu'avec Emanuelle Neale. Ludo m'a alors proposé que l'on fasse quelque chose ensemble. C'est la première fois que quelqu'un faisait quelque chose au Brésil avec de la régularité. C'est alors qu'il m'a envoyé le premier groupe de chevaux avec l'étalon BWP Upsilon vd Heffinck mais aussi Idéal de Balia qui a été un cheval très important dans ma carrière. Ludo l'avait acheté chez un cavalier de dressage et me l'avait envoyé comme cheval de commerce mais j'ai eu un bon feeling avec le cheval et nous avons bien progressé ensemble et nous nous sommes qualifiés pour la finale de la coupe du monde à Genève. Malheureusement, ça a été un moment très dur pour moi car financièrement, je n'avais pas encore beaucoup de sécurité. Nous étions en Europe pour sauter la finale et une semaine avant … le cheval est mort. C'était vraiment un moment très dur, c'était un cheval important pour moi. » Après, lorsqu'on se retrouve à disputer des épreuves telle une finale de coupe du monde, cela devient difficile de faire un choix entre le sport et le commerce ? Y.M. : « C'est justement pour cette raison que je ne voulais pas faire d'étude universitaire. Je ne voulais pas me retrouver dans un bureau, je voulais toujours monter. Néanmoins, à un moment, le commerce est devenu mon sponsor pour payer le sport. Au final, j'ai tellement développé cela que c'est devenu énorme. D'autant qu'à cette époque, j'étais tout seul car aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir ma femme qui m'aide énormément. Je n'ai jamais eu aucun doute entre le commerce et le sport. Dans ma tête, j'ai toujours donné priorité au sport. Le problème, c'était surtout de réussir à combiner les deux, d'autant qu'au Brésil, c'est plus petit qu'ici .Alors, quel que soit l'endroit où je suis, il y a des gens qui veulent parler commerce avec moi. Il y a des fois où je suis au paddock, en train d'échauffer un cheval pour un Grand Prix et il y a des gens qui veulent faire du commerce. C'est dur car j'ai vendu 200 chevaux par an là-bas, dans un sport qui compte 500 chevaux en compétition chaque week-end. Cela veut dire qu'il y a des épreuves où ce sont uniquement des chevaux que j'ai vendus. C'est la raison pour laquelle je commence à monter mes chevaux à 6 heures du matin pour avoir terminé de monter à 11 heures et je peux m'occuper de mes affaires. Aujourd'hui, malgré les offres que j'ai reçues pour mes chevaux, je ne vends pas. Tout le monde me dit que je suis fou mais j'ai fait le commerce pour pouvoir faire le sport. Lorsque j'ai acheté mes deux chevaux de tête actuels, c'était avec la certitude que c'étaient deux montures qui pouvaient me permettre d'aller aux Jeux Olympiques. Ça, c'est mon rêve. Alors évidemment, on ne sait jamais quelle offre va arriver mais ça doit être vraiment un truc de fou car j'ai déjà eu de très belles offres et je n'ai pas vendu. Je veux attendre les JO de Rio de Janeiro. » La suite, c'est demain.