Yuri Mansur, le jaune lui va si bien. Sa veste jaune moutarde marque vite les esprits sur un terrain de concours mais, très rapidement, on se rend compte que Yuri Mansur, installé pour la saison 2014 chez Ludo Philippaerts, n'est pas venu en Europe pour faire du tourisme. Très sympathique, ce jeune papa n'en est pas moins un véritable homme d'affaire qui gère, tout en se concentrant sur son avenir sportif. Après une très belle finale de coupe du monde, Yuri Mansur a continué à se faire remarquer au plus haut niveau en faisant notamment partie des trois « double sans-faute » de la coupe des nations de Rotterdam, avec son formidable First Devision. Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ? Yuri Mansur : « J'ai toujours bien aimé les chevaux mais ma famille n'avait rien à voir avec les chevaux. Au Brésil, il y a beaucoup d'hôtels où il y a des chevaux pour les enfants alors lorsque nous partions en vacances, je voulais retourner au même hôtel pour pouvoir monter les chevaux. Finalement, ce n'est qu'à 13 ans que j'ai véritablement débuté l'équitation. J'ai vu, un jour, dans un journal, que quelqu'un vendait un cheval mais lorsque j'ai téléphoné, l'homme m'a dit : « Non, ce n'est pas un cheval mais un poulain d'un an et demi et cela coûte 100 dollars. ». J'ai dit : « Maman, ça coûte 100 dollars un cheval. » et elle m'a répondu « Oh, si c'est juste ça, je peux l'acheter ! ». Nous sommes donc allés là-bas et nous avons acheté le poulain mais on ne connaissait rien aux chevaux. Nous avons finalement trouvé un centre hippique à Sao Paulo. C'était cher pour mettre un poulain mais nous avions déjà le poulain qui était comme mon chien. Je le promenais tous les jours. Puis finalement, le temps passant, je l'ai débourré et ensuite j'ai commencé le sport. En parallèle, j'ai commencé à monter dans le club. Au départ, le saut d'obstacle ne me plaisait pas trop. Je ne sais pas pourquoi. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte que j'avais un peu de talent pour ça. J'ai toujours fait beaucoup de sport. J'ai commencé à monter de plus en plus régulièrement et j'avais déjà le plaisir, avec ce poulain, de me dire que je l'avais fait un peu moi-même. Après un an et demi, il était débourré et je faisais déjà des parcours 1m-1m10. C'était un poulain Mangalarga, c'est une race de chevaux de promenade brésilienne. C'était un poney d'un mètre cinquante mais c'est grâce à lui que j'ai pu commencer l'équitation. Ensuite, je l'ai donné dans une ferme car j'ai choisi de sauter et de faire de l'équitation et il ne pouvait pas faire cela. Ma maman m'a acheté un cheval pour faire des épreuves 1m10 et nous n'avions pas l'argent pour payer deux chevaux dans un club. Nous n'avions pas d'argent pour payer des chevaux chers et j'étais déjà vieux puisque je n'ai pas fait les épreuves children, ni junior. J'ai fait pas mal de concours de 14 à 16 ans, dans le club. Ensuite à 17 ans, ma maman a eu un problème financier assez important et je ne pouvais plus avoir de chevaux. J'avais également débuté l'université mais elle n'avait plus l'argent pour que je puisse continuer mes études … ce qui m'a finalement bien arrangé. C'était une opportunité magnifique car ce n'était pas ça que je voulais faire. Mon rêve a toujours été de venir en Europe. A cette époque, il ne suffisait pas d'aller sur Youtube pour voir une vidéo. Je me rappelle d'un de mes amis qui revenait d'Europe où il avait été chez Neco et ramenait des vidéos de Franke Sloothaak, Rodrigo Pessoa et tout ça. Nous passions toutes nos journées à les regarder. C'était magnifique et ça a forgé mon rêve de venir ici. Un de mes amis avait travaillé pour Yves Vilain et un jour, il me dit qu'il y avait une place là-bas. C'est comme ça que je suis arrivé en Europe. J'y ai travaillé un an, c'était dur. Je n'avais pas beaucoup d'expérience, j'avais juste monté en club et lorsque je suis arrivé, je me suis retrouvé avec des jeunes chevaux et beaucoup de débourrage puis il a fallu affronter l'hiver. En fait, je suis arrivé à un mauvais moment chez Yves Vilain, c'était la fin de la saison des jeunes chevaux. Lorsque je suis arrivé, j'étais heureux car nous avons été à Gesves pour les finales et nous avons fait quelques concours, c'était super. Mais ensuite, au début de l'hiver, je ne sais pas comment c'est aujourd'hui mais à mon époque, il n'y avait presque que du débourrage alors c'était dur. C'était un bon cavalier mais mon rêve était de travailler pour un grand cavalier et de connaître le grand sport, c'est pour ça que j'avais décidé de venir. J'avais essayé de travailler chez Eric Navet mais il n'avait pas de place, j'ai toujours essayé de rentrer dans une grande écurie. Je suis allé ensuite travailler chez Philippe Gustin, un maréchal-ferrant près de Liège. Ensuite un groom m'a contacté pour me dire que Ludo Philippaerts cherchait quelqu'un pour monter ses chevaux et groomer aussi un peu. A cette époque, Ludo faisait beaucoup de commerce avec Neil Jones. Je commençais à savoir un peu dresser les chevaux et Ludo m'a proposé de passer dans l'écurie à côté et de monter les chevaux de commerce. Pour moi, c'était bien car j'avais l'opportunité d'un peu plus sauter. J'ai fait mon premier concours 1m30 lorsque j'avais 17 ans et mon premier 1m40 quand j'avais 18 ans. Il me semble que c'est tard quand même. » La suite, c'est demain.