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Xavier Marie, l'avenir comme obsession. (3)

Interviews jeudi 26 mai 2011
Xavier Marie, l'avenir comme obsession. (3) SFL : Cela vous dérange justement si on vous qualifie de mécène ? X.M. : « Aujourd'hui, oui, beaucoup. Aujourd'hui, je ne suis pas un mécène, je ne suis pas un propriétaire, je suis un éleveur, point ! Je suis un professionnel de la filière et ça, je n'ai aucun complexe. Je l'ai toujours vu comme ça. J'apprends très vite et j'ai toujours eu l'intention de monter un projet ultra professionnalisé. Je l'ai toujours abordé de cette façon-là. Gastronom de Hus (ex Castronom Z) A un moment donné, je comprenais très bien la critique et cela me paraissait tout à fait naturel car j'avais encore beaucoup de choses à apprendre et encore, je pense que chaque personne qui a de l'expérience dans le milieu du cheval est amené à dire qu'on ne fait jamais le tour du sujet car plus ça va, plus on découvre et plus on apprend… et moins on a de certitudes. C'est assez fantastique d'ailleurs. Maintenant, je pense que si l'on réussit avec l'expérience que nous avons emmagasiné, ce ne sera plus une question de moyens mais une question de savoir. Lors de la première phase, c'est vrai que l'on peut critiquer en disant que c'est facile parce qu'il a les moyens mais à un moment donné, on passe à une autre étape. Maintenant pour en revenir à la question précédente qui était intéressante. Nous avons rencontré Kevin au moment où l'on a bâti notre activité qui est l'étalonnage. Bien entendu en mettant de l'argent dans de jeunes étalons, j'ai l'espoir de me tromper le moins possible et d'amener ces chevaux au haut niveau puisqu'on sait que c'est le meilleur moyen de promouvoir un étalon. Champion de la Korung du Hannovre, Cosinhus (Cornet Obolensky x Gambler's Cup xx) aura été l'un des premiers achats retentissants du haras de Hus. J'ai à ce moment-là pour but clair d'avoir une collaboration avec un cavalier de haut niveau à un moment donné, mais en terme de timing, plutôt 4 à 5 ans après. Charles de Gaulle (ex Felton des Monts ; Clinton x Rebel II Z), vainqueur du Masters sBs 2010. Néanmoins, il y a cette rencontre avec Kevin. Lorsque je le rencontre, je cherche un cavalier de jeunes chevaux mais je comprends très vite dans la discussion que j'ai avec lui qu'il a passé cette étape là et qu'en plus ce n'est pas son truc … et au fond, il a assez peu d'expérience à ce niveau-là et je pense d'ailleurs qu'il n'aurait pas été le cavalier jeunes chevaux qu'il aurait fallu, s'il avait accepté de faire marche arrière. For Hero (For Pleasure & la propre soeur de Stakkato) Peu importe, au fond, j'arrive à la conviction que ce garçon a vraiment un très gros potentiel de réussite car il a une volonté farouche. Je décide d'anticiper, entraînant une nouvelle fuite en avant. On va très vite, trop vite, on anticipe de nouveau. Chaque projet est un projet pour amener des chevaux à… 4 ans, mais 4 ans, c'est trop loin donc on va acheter des chevaux de 3-4 ans pour être déjà dans cette situation-là au moment où on a bouclé la création de l'élevage. Silvana, la crack actuelle du haras. Au moment où on achète des chevaux de 3-4 ans, on se dit qu'il faut les amener à 7 ans … mais les circonstances font qu'on va intégrer déjà cette étape là au lieu de l'attendre. C'est un peu comme cela que l'on s'est construit ici. Pour Kevin, cela s'est passé comme ça. Je me suis dit « puisqu'on devra y être dans 5-6 ans, autant se préparer, se construire et acquérir cette expérience ». On décide donc de démarrer avec Kevin et de créer un piquet de chevaux de haut niveau et de financer ce piquet par le commerce. C'est-à-dire acheter un certain nombre de chevaux, en les valorisant et en revendant une partie … sauf que, comme à chaque fois qu'on démarre une activité - et au fond, c'est sur l'élevage que l'on a fait le moins d'erreur à ce sujet en faisant le choix de nos poulinières - il y a eu des erreurs. Once de Kreisker (Papillon Rouge), propre frère de Kirfa et frère utérin de Fakkir et Jumpy de Kreisker, démontre la synergie entre les deux élevages. Nos cavaliers ont souvent mal investi et c'est pour ça que cela s'est mal passé car chaque cavalier qui achetait « ses » chevaux de commerce nous les a ensuite fait vendre moins cher que lors de l'achat. Chaque cavalier a laissé son empreinte et c'est d'ailleurs cela qui m'a poussé à arrêter l'idée de tout commerce de jeunes chevaux et qu'on est vraiment dans une idée de valorisation. Maintenant, chaque expérience négative aura été une occasion d'apprendre. Ce n'était peut-être pas les bons cavaliers, ce n'était peut-être pas du commerce de jeunes chevaux qu'il fallait faire … et il valait mieux acheter des chevaux à gros potentiel. Tout cela aura finalement servi à une chose : le resserrement vers la top qualité. Au fond, j'ai dit un jour : ça suffit, dès l'instant où on a besoin de vendre un cheval, c'est qu'il n'est pas bon ! Mettons-nous donc en situation où l'on n'a plus à avoir à vendre des chevaux. C'est donc un resserrement vers l'excellence. A partir du moment où on achète un cheval 30-40.000 euros en se disant que normalement l'année prochaine, on le revendra 50.000, il faut arrêter. Maintenant, on achète des chevaux pour les amener loin et si on s'est trompé, on les élimine au fur et à mesure, sans état d'âme. Avec Kevin, c'est exactement ce qu'il s'est passé … mais je n'ai pas arrêté avec lui à la différence des autres cavaliers avec lesquels j'ai arrêté lorsqu'ils s'étaient beaucoup planté sur les achats … Zeta Z de Hus, soeur utérine de l'Olympique Bonito Z. Lui s'est planté sur les achats mais a eu beaucoup de résultats en même temps… donc au moins, on avait un des deux. C'est-à-dire que, pour moi, on pouvait avoir un échec économique mais s'il y avait les résultats et que le reste, on avait compris pourquoi, ce n'est pas grave, ce sera pour la prochaine fois, on va y arriver. Ca s'est déroulé comme ça avec Kevin, c'est-à-dire qu'on a acheté une dizaine de chevaux avec un très gros budget et sur les dix chevaux, c'est-à-dire ceux qui correspondent aux deux premières années, cela a été catastrophique puisqu'on les a revendu très peu chers ou, pour ceux qui restent encore dans le piquet, ils valent moins aujourd'hui que ce qu'on les a payés. A côté de ça, il y a des chevaux qui valent aujourd'hui beaucoup plus d'argent qu'on ne les a payés. Le problème, c'est que l'on a aujourd'hui un double objectif à la fois sportif et à la fois économique. » SFL : Et justement, est-ce que c'est dur pour vous qui voulez faire du commerce de refuser de vendre certains chevaux pour les conserver ? Est-ce que vous n'avez pas peur que les gens ne viennent plus vers vous par la suite ? X.M. : « Non, je ne pense pas. Dans ce cas-là, il suffira de faire comme les propriétaires de Lamm de Fetan. Pendant longtemps, il a refusé de vendre son cheval à des prix très importants puis à un moment, il a envoyé un courrier à tous les marchands et les grands propriétaires pour dire que son cheval était à vendre et qu'il suffisait de faire une offre et il l'a vendu très rapidement. Je pense quand même que les bons chevaux sont faciles à vendre. C'est vrai que pour le moment, nous avons refusé des prix assez énormes pour des chevaux car il y a des échéances importantes à venir et nous sommes dans une dynamique de résultats et il faut qu'on arrive à aller au bout de cette dynamique et à reconstituer un piquet sur des critères plus raisonnables avec l'expérience en plus. Aujourd'hui, il n'y a aucun soucis : aucun des chevaux achetés il y a deux ans ne serait acheté ni par Kevin, ni par moi. » Fin du troisième volet