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Xavier Marie, l'avenir comme obsession.

Interviews mardi 24 mai 2011
Xavier Marie, l'avenir comme obsession. (1)

Sans prévenir, un homme s'est penché sur le monde de l'équitation. Il a affolé les ventes aux enchères en Allemagne, investi durant plusieurs années sur tous les fronts. Pourtant, l'homme est discret. Rarement présent sur les terrains de concours, il reste mystérieux, laissant planer une ombre, des doutes sur ses projets. Cet homme, c'est Xavier Marie. Son projet, le haras de Hus.

Un projet immense où l'on pourrait perdre pied, des investissements colossaux qui pourraient décourager … pourtant notre homme a les pieds sur terre, se remettant continuellement en cause, admettant ses erreurs et essayant toujours de positiver. Homme d'affaire brillant à la tête de « Maisons du monde », Xavier Marie est bien plus qu'un passionné de chevaux. Véritable amateur de nature et d'animaux en tout genre, il n'hésite jamais à recueillir chez lui un animal en détresse pour le soigner, avec toujours comme obsession de le réintégrer dans son milieu naturel. Il nous aura reçu chez lui en toute simplicité et n'aura éludé aucune question.

Studforlife : Quels ont été vos premiers contacts avec les chevaux ?

Xavier Marie : « Très tardifs. J'ai toujours eu une fascination pour les chevaux et ma mère m'a toujours dit que, petit, c'est le premier mot, ou la première onomatopée en tout cas, que j'avais prononcé en voyant des chevaux à la télévision. Ensuite, j'ai été élevé en Afrique alors oui, j'ai un peu monté à cheval mais comme ça, à cru sur des plages … puis plus rien dans mon adolescence à ma vie adulte. Ce n'est qu'à quarante ans que j'ai laissé libre cours à cette fascination. Xavier Marie avec Danemark de Hus Z (Dancier et une des deux clones de Poetin) qui a également un frère utérin par Totilas né il y a quelques jours. J'ai donc commencé à monter à cheval avec toute ma famille. Nous nous sommes donc inscrits dans un club équestre où nous avons sauté dès notre deuxième leçon. A partir de là, cela a été à la fois une rapide et longue évolution. D'abord, nous avons appris à monter à cheval, ensuite il a fallu acheter des chevaux pour toute la famille. J'ai donc appris à connaître le milieu des chevaux en France. Je cherchais des chevaux de loisir et j'ai donc acheté au départ des chevaux ibériques : portugais et espagnols. J'ai découvert à ce moment là qu'il était difficile de trouver en France un cheval « normal », c'est-à-dire pas abîmé… etc. En achetant des chevaux ibériques, j'ai rencontré des gens de l'équitation classique et le hasard, comme toujours dans la vie, a fait que j'ai rencontré Jean Alazard, qui aujourd'hui fait travailler Kevin Staut. J'avais entendu parler de lui et j'ai débarqué un jour dans sa petite maison en Camargue au milieu de la nature. Je lui ai demandé s'il accepterait de venir nous faire travailler. Il a été difficile à convaincre mais il a accepté de venir. Cela a été le début de la découverte d'une autre équitation. Plus légère, il n'était pas question de brûler les étapes. Nous avons dû travailler notre assiette car pour Jean, il n'était pas concevable de passer à une autre étape tant que notre assiette n'était pas parfaite. Nous avons dû nous plier à la rigueur d'une équitation classique et légère. A partir de ce moment, un de mes fils a pris goût à cela et a voulu à un moment donné en faire un métier. Comme nous étions plus dans cette culture du dressage, j'ai voulu lui chercher un cheval car j'avais compris la limite de nos ibériques. J'avais fait à peu près le tour des possibilités en France, alors je suis parti acheter un cheval en Allemagne. Là, j'ai découvert un tout autre monde par rapport à ce que j'avais vu en France : extrêmement professionnalisé avec énormément de bons chevaux … Cela a vraiment été une très grande surprise pour moi de voir une telle différence et je me suis demandé comment cela été possible qu'il puisse y avoir autant d'écart dans le monde du dressage, même si j'étais très amateur, entre ces deux pays. J'ai acheté un premier cheval pour mon fils… mais au bout d'un an où il a travaillé les chevaux ibériques que nous avions ainsi que ce cheval, je me suis aperçu que ce n'était pas du tout une voie pour lui et qu'il ne faisait pas cela de manière très sérieuse. Néanmoins pour ma part, j'avais appris un peu plus et ce que j'avais découvert en Allemagne m'avait assez fasciné. J'avais dès lors l'envie de ramener une partie de ce savoir allemand. Nous entretenions déjà un petit piquet de 5-6 chevaux pour la famille et je me suis donc dit que j'allais commencer à élever. De toute façon, je n'avais pas le temps de m'occuper de ce piquet de chevaux et il me fallait engager quelqu'un alors tant qu'à faire autant avoir quelques poulinières et faire naître, ce que je trouve passionnant. J'ai donc commencé comme cela. J'avais de très bons contacts en Allemagne et j'y ai acheté quelques très bonnes poulinières. Malheureusement, je ne sais pas faire les choses petitement. J'ai acheté les mères ou les s?urs des meilleurs étalons du moment qui marchait bien en Allemagne et de l'objectif d'en acheter deux, trois, j'en ai acheté un peu plus. Le petit élevage a pris une dimension un peu plus importante d'une dizaine de poulinière puis au fond, je me suis rendu compte que je ne savais pas grand-chose et que j'avais envie d'apprendre et pour moi, le meilleur moyen d'apprendre était de donner un accélérateur au temps donc j'ai acheté une trentaine de poulains.Je me suis dit que de toute façon, en dressage toujours, il n'y avait pas en France de chevaux de cette qualité donc je ne prenais pas beaucoup de risques. Mon but étant de voir comment ils évoluaient puis de le revendre soit directement, soit à 3 ans … mais cela ne s'est pas du tout passé comme ça. Je me suis donc retrouvé avec ma première génération, c'est-à-dire une dizaine de poulains, ainsi que les poulains que j'avais achetés, tout simplement parce que nous n'avions pas trouvé de clients et que nous les avions achetés beaucoup trop chers pour pouvoir les revendre sur le marché français. J'avais donc acheté des poulains, des poulinières et quelques chevaux de selles en vue de la compétition - dont le cheval de mon fils Benjamin, que j'ai ensuite confié à un cavalier du sud et qui a remporté le championnat de France de dressage des 4 ans. Je me suis dit que vu où j'en étais, autant aller jusqu'au bout des choses. D'autant que chaque mois, j'en apprenais un peu plus sur le dressage, sur l'Allemagne, sur l'état du dressage en France … etc. J'ai donc décidé de recruter une jeune cavalière de talent puisque j'avais des jeunes chevaux et cela lui permettrait d'évoluer avec les chevaux en étant bien encadrée. Je me suis dit qu'en prenant un bon entraineur, vu qu'il n'y avait pas grand monde en France, nous pourrions préparer pour l'avenir tout en bénéficiant du savoir-faire de l'Allemagne. C'est ainsi que Jessica Michel est arrivée chez nous il y a maintenant 6 ans, un an après que j'aie débuté mon petit projet d'élevage. Après cela s'enchaine car on ne peut pas se contenter d'un cheval donc nous avons acheté plusieurs chevaux. Avec cet objectif qui était toujours de valoriser et de vendre. Malheureusement, commercialement, les premières années, ça ne marchait pas du tout. Cela fonctionnait très bien niveau sportif puisque, j'avais mis un petit peu de sous, et on arrivait avec des chevaux d'une meilleure qualité en moyenne que ce que l'on trouvait sur le dressage français. Avant que nous arrivions, la culture était plutôt de dire que l'on avait repéré un cheval dans un champ avec de bonnes allures et qu'on allait en faire un cheval de Grand Prix. On avait tendance à faire le dressage français à base de bric et de broques. Et en fait, il n'y a pas de secret : pour être compétitif face à des nations comme la Hollande , l'Allemagne… etc, il faut d'excellents chevaux en plus d'une excellente équitation … et encore, cela ne suffit pas toujours. Ca, je l'ai très très vite compris. Lorsque nous avons débarqué à Saumur, chaque année, nous avons gagné. Cela a fait élever un peu le niveau car les gens ont compris qu'effectivement, on ne gagnait pas spécialement parce qu'on était meilleur mais parce qu'on avait de bons chevaux. Tout ceci avec une philosophie en plus particulière. Jean Alazard m'avait bien appris à m'imprégner d'un type d'équitation mais aussi d'une certaine culture. Cette culture consistant à attendre les chevaux, à ne pas brûler les étapes, à bien comprendre que les cycles jeunes chevaux sont des cycles de formation et pas de compétition à proprement parler. Vouloir forcément gagner, en fonction de l'évolution physique du cheval, ce n'est pas toujours possible et de le tenter, c'était assurément casser le cheval surtout en dressage mais c'est également vrai en obstacle bien sûr. Jean a beaucoup travaillé avec Jessica ici au début durant 3 ans. Dans notre projet, nous avons vraiment intégré ce principe d'avoir de bons chevaux, d'attendre qu'ils arrivent à maturité et de bien les construire. Parallèlement à ça, ça n'a pas marché du tout durant 2-3 ans. Tout le monde me disait : « mais enfin, les investissements que tu as fait, c'est complètement ridicule : le dressage en France, ça ne marchera jamais. Il n'y a pas de vie pour le dressage, il faut que tu fasses de l'obstacle. » Et moi, l'obstacle, ça ne m'intéressait pas du tout. Pour être honnête, ce n'était pas ma culture puis je me suis retrouvé scotché avec cette activité et je me suis dit : « Au fond, ils ont peut-être raison ». Après tout, l'espèce de scission qu'il y a aujourd'hui en France entre le dressage et l'obstacle n'existe pas en Allemagne. C'est-à-dire que dans les mêmes approbations, les chevaux d'obstacle et de dressage cohabitent. Il y a beaucoup d'éleveurs qui élèvent pour les deux disciplines. Je me suis dit qu'au fond lorsque j'ai commencé, c'était la mode des étalons étrangers, alors j'ai pensé que ce que je pouvais faire de bien en obstacle, c'était de faire ce que j'avais fait en dressage, c'est-à-dire non pas de ramener des étalons car ce n'était pas le regard que j'avais à ce moment là, mais de ramener des souches maternelles en essayant de trouver les meilleurs souches allemandes pour être aussi la base d'un élevage mixte. J'ai essayé, et j'ai plutôt réussi je pense, à acheter de très bonnes mères non seulement par le papier mais également par la qualité, avec des mères ou des s?urs d'étalons. D'après mon expérience, je pense que les mères d'étalons : ça marche. Par contre, pour les s?urs d'étalons, ça ne fonctionne qu'une fois sur trois. Voilà la réalité. L'important, c'est la mère, la s?ur, ce n'est pas une vérité systématique. Propre soeur du crack d'Anky van Grunsven, Salinero, champion Olympique en 2004. Tout cela s'est passé très vite, sur un laps de temps de 3 ans. Comme en dressage, nous avons dû chercher après un cavalier d'autant qu'en plus des poulinières, nous avons acheté plusieurs chevaux de 3 et 4 ans. J'ai recruté Marc Dilasser et les deux cavaliers montaient sur la carrière devant le château que je venais de rénover. Nous avions des boxes qui ne nous servent plus aujourd'hui que comme boxes de poulinage, ainsi que des boxes démontables … en attendant de réaliser le haras tel qu'il est aujourd'hui… mais cela a encore pris deux ans à se construire. » fin de la première partie ...